L'alcool coule à flot, et ma tête commence à me tourner. Mais je m'en fous, Chris est de nouveau à moi, je suis de nouveau à lui. Il reste à mes côtés, passant parfois sa main dans mes cheveux alors qu'il rit à en souffrir.

Mon cœur cogne dans ma poitrine et c'est là que je me sens vivre, c'est ça la raison pour laquelle je suis en vie, pouvoir ressentir toute cette avalanche de sentiment quand le brun pose un seul regard sur moi. Et quand il me sourit, je me dis que toutes les années où je ne le connaissais pas, n'étaient que douleur et souffrance. Je survivais, alors que maintenant je vis.

Alors que je bois une nouvelle gorgée de bière, je sens une main se poser sur mon bras. Je me tourne et rencontre le regard sombre de Daiki. Je ris en voyant sa casquette rose et je viens même la toucher de mes doigts alors qu'il s'adresse à moi.

- Tu pourras en ramener une autre ?

- De quoi ?

Ma voix est pâteuse, mais je m'en fous. J'attrape la casquette de mon ami et la pose sur ma tête alors qu'il enchaine.

- Une fille. Je veux baiser, mais ta copine n'en a yeux que pour Chris. Toutes les meufs sont à fond sur lui, à chaque fois que je parle à une fille c'est directement 'ah mais tu es pote avec Chris, alors il est si génial que ça ? Gna, gna, gna' j'en ai marre.

Je ris à l'imitation de Daiki, puis je hausse les épaules en répondant d'un ton las.

- Tout le monde veut avoir Chris dans son lit.

- Je sais, même moi j'ai parfois envie de le baiser.

Je m'étouffe brusquement avec de la bière, en crachant un peu par terre alors que je me mets à tousser.

Quoi ? Qu'est-ce que je viens d'entendre ?

Mes yeux s'écarquillent et je jette un coup d'œil à Chris, qui est en pleine discussion avec un type dont je ne me souviens pas du nom.

Alors je m'approche de Daiki et m'exclame.

- C'est une blague ?

- Bien sûr que non. Et si tu dis que toi tu n'as pas envie, c'est que tu es un menteur. Il a quelque chose qui fait qu'on craque tous.

Bien sûr que j'ai envie de le mettre dans mon lit, j'en suis fou amoureux. Je pourrai vendre mon âme pour avoir un moment intime avec lui. Mais je ne pensais pas que Daiki éprouvait de l'attirance lui aussi envers le brun.

Alors je reprends, en posant une question peu assurée.

- Tu es gay ?

- Non je ne suis pas PD. Je n'aime pas les hommes, ils ne m'attirent pas, c'est juste Chris. Bordel de merde, Chris.

Je ne sais pas trop comment réagir.

D'un côté, je comprends parfaitement ce qu'il ressent, cette attraction puissante envers le brun. Daiki est, comme moi, hypnotisé par le regard sombre et pénétrant de Chris. Mais de l'autre côté, je ne comprends pas comment il ne peut être qu'hétéro et à la fois être attiré par notre ami. C'est trop complexe pour moi je suppose.

Alors je réponds vaguement.

- Mais Chris n'aime pas les hommes.

Daiki jette à son tour un regard vers Chris, puis il répond d'un ton assuré, comme si c'était une évidence.

- Chris aime baiser. Que ce soit une femme ou un homme. Il s'amuse sans se prendre la tête.

J'ouvre la bouche, mais nous sommes tout à coup interrompu par un cri.

Mes yeux se lèvent et je voix Connor frapper un type en plein ventre, avant de lui donner de multiples coup de poings dans le visage et sur le torse.

Voilà, une soirée sans que Connor ne se batte n'est pas une soirée.

Je lève les yeux au ciel alors que Daiki se lève tout à coup et commence à applaudir le blond en l'encourageant vivement.

Puis je me tourne vers Chris. Et mon cœur se serre de nouveau.

Le brun embrasse de nouveau Ava, il pose ses mains sur le bas du dos de la blonde, et leurs corps se collent brusquement. Mais cette fois-ci, je croise le regard du brun et un air de malice passe dans son regard. Et rapidement il se détache de la blonde. Il lui attrape la main et s'avance.

Je reste crispé alors qu'il me tend sa main, me demandant silencieusement de la saisir et donc de le suivre. J'hésite, ne comprenant pas la situation, et surtout inquiet par rapport à l'émotion qui passe dans son regard.

Mais je me laisse envahir par son aura séductrice et je lui saisis la main, avant de me lever et de me laisser entrainer je ne sais où.

Chris ouvre la porte d'une chambre, puis il nous demande, à Ava et moi, d'entrer. Nous obéissons, bien que je me demande ce qu'on fait ici. Puis il ferme la porte derrière nous.

Je sens l'odeur de l'alcool, et je comprends qu'ils sont tous les deux bourrés, comme moi, mais un peu plus fortement. Je peux deviner à la démarche de la blonde qu'elle est à deux doigts de franchir sa limite. Mais pour le brun, bien que son humeur trop enjouée prouve un haut niveau d'alcoolémie, son attitude reste intacte et parfaite.

Tout à coup il glisse une main sur ma joue, puis l'autre sur celle de la blonde. Et il prend la parole, d'un ton dur et doux à la fois, ce qui me rend légèrement perplexe.

- Embrassez-vous.

- Quoi ?

Je suis celui qui s'offusque.

A quoi est-ce qu'il joue ? Pourquoi est-ce qu'il veut que j'embrasse ma collègue de travail, surtout que je n'en ai pas l'envie. Je ne sais pas à quel jeu y joue, mais ce qui est certain c'est qu'il a l'air de connaitre les règles.

Je commence à vouloir sortir de la chambre mais le corps du brun s'impose à moi et reprend d'une voix plus forte.

- Embrassez-vous.

Je me tourne vers la blonde, m'attendant à rencontrer la même surprise que celle que je vis. Mais il n'en est rien, au contraire, elle a l'air satisfaite de la situation et me sourit soudainement avant de s'exclamer.

- Avec plaisir.

Sans que je ne m'y attende Ava pose ses mains sur mes joues, puis capturent tout à coup mes lèvres.

Je sens mon corps se crisper à son contact, sous le choc.

Mais rapidement je sens sa langue s'infiltrer dans ma bouche, et je sens l'alcool me désinhiber jusqu'à me prendre au jeu. Je pose mes mains sur ses hanches et l'embrasse à mon tour, un peu de fièvre se mêlant à notre échange.

Puis tout à coup je m'éloigne d'elle, ma respiration saccadée et mon esprit totalement en bordel.

Je lance un regard interrogateur à Chris, mais ce dernier me répond par un sourire satisfait et rapidement je le vois s'approcher de moi. Sa main glisse sur ma joue alors que son regard plonge dans le mien.

Mon cœur s'arrête durant une seconde, puis il repart de plus belle alors que mon esprit s'agite dans tous les sens, incapable de penser correctement.

Bordel de merde.

Chris approche son visage du mien, puis prend possession de mes lèvres en un baiser passionné. Je sens sa main glisser sur ma nuque pour approfondir son baiser alors que sa langue commence une danse endiablée avec la mienne.

Alors à mon tour je me colle contre lui, même si dans ma tête je pense qu'il ne s'agit que d'un rêve et que je vais me réveiller, je continue de l'embrasser. Je veux profiter avant qu'il ne s'échappe et que je ne puisse plus jamais le rattraper.

Mon pantalon devient de plus en plus étroit et j'ai envie de le déshabiller, de me mettre à genoux et de réaliser un de mes fantasmes.

Cependant je le sens se détacher de moi, et je n'ai aucun moyen de le retenir.

Une des mains du brun reste posée sur ma joue alors qu'il s'éloigne de moi.

Je peux sentir mes jambes flageller sous mon poids, menaçant de me laisser tomber à tout moment, l'émotion m'ayant vidée de toutes mes forces. Mais pourtant je lutte, je reste debout, ne quittant pas une seule seconde le regard du brun.

Puis brusquement il se met à rire, comme je ne l'avais jamais vu rire auparavant. Il pose sa main sur son ventre, alors qu'il plisse les yeux, riant de plus belle.

Alors durant un instant je me sens mal.

Est-ce qu'il se moque de moi ? Est-ce qu'il vient de réaliser un pari stupide ou je ne sais quel genre de chose humiliante pour moi ? J'ai peur soudainement, j'angoisse et je ne sais pas si je pourrai y survivre.

Mais Chris s'arrête soudainement, il dépose un nouveau baiser sur mes lèvres puis passe un bras sur mes épaules en s'exclamant.

- Retournons à cette soirée de merde.

Et c'est alors que je comprends pourquoi il riait, c'était simplement parce qu'il était heureux.

Alors je souris, vraiment heureux à mon tour, parce que putain, je l'ai embrassé, et mon dieu c'est la meilleure sensation que je n'ai jamais ressenti dans ma vie. Du bout de mon doigt je touche mes lèvres, les poils de ma nuque s'hérissent alors que je sens encore les effets de ses lèvres sur les miennes.

Mon dieu, j'en veux encore.

Alors que nous sortons de la chambre, la main de Chris passe dans mes cheveux en un doux et agréable toucher, puis il s'éloigne de moi, m'accordant un dernier clin d'œil avant de descendre les marches et de rejoindre la soirée.

Je m'assis dans le canapé, un sourire toujours aussi grand sur les lèvres.

Connor s'assit à côté de moi, et sa voix glisse à mon oreille. Son haleine est fraiche et je comprends qu'il n'a pas bu avec excès et qu'il sera sûrement celui qui prendra le volant pour rentrer à l'entrepôt.

- Pourquoi est-ce que tu as cette tête de con ?

- Je t'emmerde.

Je lui accorde un doigt d'honneur et le blond rit. Il me donne ensuite un coup de coude, puis reprend de nouveau.

- Non vraiment, pourquoi est-ce que tu souris ?

- Parce que je suis heureux.

Je croise le regard bleu de Connor, et je peux voir qu'il ne comprend pas tout. Mais il m'accorde un sourire bienveillant alors qu'il me répond d'une voix douce.

- Je suis heureux aussi alors.

Je lui accorde un sourire franc, bien que tout à coup sa bagarre me revient en tête. Donc je l'interroge.

- Pourquoi est-ce que tu t'es battu ?

Le blond se mord la lèvre inférieure, signe qu'il essaye de cacher quelque chose. Je ressens comme un courant électrique le long de ma colonne vertébrale, et donc je me redresse vivement sachant qu'il y a quelque chose à découvrir.

Connor évite mon regard, et je dois de nouveau attirer son attention pour avoir une réponse.

- Anderson, pourquoi est-ce que tu t'es battu ?

- Pour rien, par plaisir.

Il tourne la tête, mais je ne compte pas abandonner aussi facilement. Alors je pose ma main sur son épaule et m'exclame d'un ton assuré –du moins aussi assuré que je le puisse à cause de l'alcool qui court dans mes veines.

- Ne me mens pas.

Connor grogne et finalement tourne son visage vers moi. Il affiche une émotion que je n'arrive pas à décrypter, puis il soupire avant de finalement me donner une réponse.

- J'ai entendu ce type se moquer de toi, faire des allusions vraiment méchantes à propos de ta...

Les mots de Connor restent en suspens. Donc je finis sa phrase, sans en être perturbé une seule seconde.

- Ma brûlure.

- Voilà. Donc je t'ai défendu, comme Chris me l'a demandé.

- Attends, quoi ? Chris t'a demandé de frapper quelqu'un si on venait à se moquer de ma brûlure ?

- Même s'il ne me l'aurait pas demandé, je l'aurais frappé. C'est ce que les amis font n'est-ce pas ?

J'acquiesce mais reste silencieux.

Cette soirée a pris des tournants auxquels je ne m'attendais pas, le plus fou étant les lèvres du brun sur les miennes, rendant un de mes rêves réalité.

Mais même si je n'apprécie pas que Chris ait demandé à Connor de frapper quiconque qui oserait se moquer de moi, je ne peux pas lui en vouloir, certainement pas alors que je sens des papillons s'envoler dans mon estomac.

Je suis saoul ce soir, mais je pense que ce qui pourrait réellement me rendre fou, c'est l'amour que je lui porte.

J'ai fini cette histoire, du coup je me mets à publier tous les jours !

AudreyPh18