FOURTEEN
Cela fait une semaine que mon frère et moi sommes revenus chez nous, et malgré l'absence de mon père, qui nous a tous les deux réjouis, je n'arrive pas à être heureux. En effet depuis le soir où Chris m'a bien fait comprendre qu'il n'y aurait jamais de nous, je ne l'ai pas revu, ni même contacté. Et bordel que j'en souffre.
Je ne l'ai pas contacté mais lui non plus, et je pense que c'est ce qui fait le plus mal. J'avais mes raisons de partir, il était en tort et il aurait dû réaliser ses erreurs et donc revenir vers moi, mais il n'a rien fait.
J'ai essayé de ne pas penser à lui, mais la stricte et douloureuse vérité c'est que je n'arrivais pas à vivre sans lui.
Or j'ai continué de lutter, ne voulant pas revenir à lui aussi facilement.
C'est donc pour cette raison que je suis sorti à une soirée, accompagné de Connor et Daiki. J'ai d'abord hésité, ne voulant pas croiser le brun, mais Connor m'a assuré que Chris ne devait pas être là. Donc j'ai accepté.
L'alcool coule à flot, la musique plus forte qu'elle ne le devrait et des filles se déchainant alors que les mecs cherchent à les coller par tous les moyens.
Mais pour ma part, je ne me joins pas à eux. Je me contente de boire, de rire avec mes deux amis et quelques nouvelles personnes rencontrées à la soirée.
Et alors que je suis en pleine conversation avec un type aux cheveux bruns bouclé, je sens une main s'appuyer sur mon épaule. Je lève les yeux et rencontre le regard bleu océan de Connor.
Je fronce les sourcils et il s'approche de moi pour venir chuchoter à mon oreille.
- Tu n'as pas eu de ses nouvelles depuis la soirée ?
Je n'ai pas besoin de lui demander de qui il parle, car je sais très bien qu'il fait référence à Chris, son absence marquant aussi le blond.
Alors je secoue la tête et l'interroge.
- Et toi ?
- Non. J'ai essayé d'aller le voir à l'entrepôt, mais il a refusé d'ouvrir la porte. Je savais qu'il était là à cause de la musique et de ses insultes. Il savait que c'était moi, mais il n'a pas voulu ouvrir.
Je soupire.
Connor me fait un signe, comprenant parfaitement à quoi je pense et le formulant à voix haute.
- Ce type est un connard, mais il compte pour nous et je m'inquiète.
- Oui, un gros connard.
Le blond me sourit puis enchaine.
- Peut-être que si tu vas le voir il va redevenir lui-même et arrêter de déconner ?
- Pourquoi moi ?
- Toi et moi savons très bien pourquoi.
Connor m'accorde un regard plein de sous-entendus, mais je ne veux pas l'avouer à voix haute. Donc je secoue la tête et grogne avant d'enchainer.
- Qui te dit qu'il m'ouvrira ?
- Parce que tu n'es pas n'importe qui. Et tu sais que depuis que tu es parti il n'est plus le même.
- Ça n'a rien à...
- Lucas.
Le ton de Connor est sec, et je sais qu'il ne veut pas de mensonge, qu'il sait qu'il se passe quelque chose entre Chris et moi.
Alors je soupire et m'avoue vaincu.
- Très bien.
- Je suis peut-être un branleur, mais je ne suis pas aveugle et loin d'être con.
Je souris à mon ami.
Je suis surpris de sa réaction, je n'aurais jamais pensé qu'il soit si ouvert, qu'il s'intéresse à nous et pas seulement à sa petite personne.
Connor me sourit en retour puis commence à partir. Mais il s'arrête et m'adresse quelques mots rapides.
- Dis-moi s'il va bien.
J'acquiesce et le laisse partir.
Mon torse se gonfle puis se dégonfle alors que j'hésite.
Et puis merde !
En un mouvement rapide et même surprenant je commence à marcher en direction de la sortie, laissant le type aux cheveux bouclés derrière moi, plus rien ne comptant pour moi excepté de voir le brun.
Alors que je me gare devant l'entrepôt, je sens mon cœur cogner contre ma poitrine et ma respiration s'accélère brusquement. Je m'arrête même un court instant à quelques pas de la porte pour inspirer profondément et prendre mon courage à deux mains.
Puis finalement j'arrive devant la porte.
Ma main se lève puis frappe. A l'intérieur s'est assez calme, une musique résonne doucement contre les murs du bâtiment. Or cette dernière s'arrête brusquement alors que mes doigts frappent.
Quelques secondes passent, puis soudainement une voix s'élève de derrière la porte.
- C'est qui ?
Je ferme les yeux alors que la voix du brun entre dans ma tête pour venir y résonner agréablement.
J'ouvre la bouche, et même si dans un premier temps aucun son n'en sort, je finis par parler d'une voix un peu étranglée.
- C'est moi Chris...
Je ne dis pas mon prénom.
Mais la porte s'ouvrant comme réponse m'indique qu'il a reconnu ma voix aussi facilement que j'ai reconnu la sienne.
Je fronce les sourcils alors que la porte s'ouvre sur le brun.
Ses traits sont tirés et fatigués, ses cheveux mis dans un bordel infernal, sa main droite tremblant signe qu'il manque de sommeil et n'a sans doute pas dormi depuis plusieurs jours déjà.
Son état est lamentable, l'odeur de l'alcool et du tabac infiltrant mes narines sans peines, signe qu'il n'est pas sorti de cette bulle depuis longtemps. Et mon cœur se serre à cette vue, lui qui est d'habitude si fier, si malicieux et majestueux, il n'est maintenant que l'ombre de lui-même, sombrant un peu plus chaque seconde qui passe.
Mais ce qui ne change pas, c'est son regard si sombre, si intense, qui m'impressionne sans effort et m'ôte la parole durant plusieurs secondes.
Chris tremble et semble voir que mes yeux se posent sur sa main. Il serre le poing et place sa main dans son jogging gris avant de reposer les yeux sur moi et de s'exclamer brusquement.
- Qu'est-ce que tu fous là ?
Ses mots m'heurtent de plein fouet, et je me dois de faire la source oreille pour ne pas les laisser m'affecter.
Je secoue la tête et me concentre de nouveau sur lui, prenant à mon tour la parole.
- Tu as une sale gueule.
Un sourire mauvais apparait sur ses lèvres alors qu'il réplique vivement.
- Qu'est-ce que ça peut te foutre ? Tu es parti. Tu as pris toutes tes affaires et tu es parti.
Mon cœur commence à s'ouvrir sur des vieilles blessures alors que j'entends la haine mêlée à la peine dans sa voix. Cependant je ne me laisse pas abattre et je lui impose la vérité.
- Tu m'as fait fuir.
- Je ne t'ai jamais demandé de partir.
- Tu m'as dit qu'il n'y aurait jamais de nous, c'était assez clair. Tu ne voulais pas de moi donc je ne voulais m'imposer chez toi plus que je ne l'avais fait déjà. Donc je suis rentré.
Ses traits deviennent douloureux et il répond d'une voix dure.
- Est-ce que ton père était là ?
- Non, il s'est barré et n'est pas revenu.
Une once de soulagement passe dans ses yeux. Puis il vient croiser ses bras contre sa poitrine et s'appuyer contre l'encadrement de la porte alors qu'il reprend d'une voix narquoise.
- Et pourquoi est-ce que t'es là ?
- Parce que je m'inquiétais pour toi. Parce que contrairement à ce que tu ressens pour moi, moi je tiens à toi. Même si tu ne veux pas de moi dans ta vie.
Je marque une pause puis l'examine en détail avant de finalement enchainer d'une voix plus hargneuse.
- J'ai vu que tu étais en vie, toujours aussi con, donc je peux partir la conscience tranquille. Désolé du dérangement.
Je commence à tourner les talons, même si mon cœur me hurle de rester un peu plus longtemps avec lui.
Mais tout à coup je sens sa main envelopper mon bras puis me forcer à me tourner vers lui.
- Quoi ?
Mes mots restent dans ma gorge alors que les lèvres de Chris capturent les miennes avec fièvre et envie.
Des frissons me parcourent alors que je me sens revivre tout à coup, me sentant de nouveau complet et enfin moi-même. Je viens approfondir le baiser en passant mes mains dans ses cheveux, même si le goût de l'alcool laisse un gout un peu triste à notre baiser.
Les mains de Chris glissent de mon dos à mes fesses les agrippant alors que ses dents mordent doucement ma lèvre. Je lâche un râle de plaisir, et sans trop réaliser, le brun nous emmène à l'intérieur en claquant la porte d'entrée.
Mais alors que je me laisse enivrer par ses baisers et ses caresses, la situation me revient en tête et je me dois de clarifier la situation.
Alors je pose mes mains sur son torse, le reculant doucement. Puis, sous ses yeux emplis d'incompréhension, je prends la parole.
- Je dois savoir ce qu'il va se passer.
- Putain Lucas.
Je secoue la tête et reprends d'une voix plus assurée.
- Je veux savoir si je suis simplement ton plan cul, ou si je suis plus pour toi.
- Lucas.
- Non Chris. Il faut que je sache, j'en ai besoin.
Le regard sombre du brun plonge dans le mien et il lâche un soupir léger. Puis ses mains se posent sur mes joues alors qu'il commence à articuler les mots qui clarifieront ou non le lien qui nous unis.
- Bien sûr que tu comptes pour moi, tu n'es pas qu'un simple plan cul. Mais je ne veux pas qu'on soit ensemble, je ne veux pas que tu t'attaches à moi pour finir par souffrir par ma faute. Tu as assez souffert dans ta vie pour ne pas souffrir d'avantage à cause de moi.
- Mais c'est trop tard Chris, je suis déjà attaché à toi, depuis bien longtemps déjà. C'est en me mettant à l'écart ou en me considérant comme un simple pote que je souffre.
Chris fronce les sourcils, pas de colère mais plutôt de peine. Il semble encaisser difficilement mes mots, réalisant doucement la situation.
Puis, tout à coup, ses bras m'entourent, sa main venant caresser mes cheveux alors que sa voix vient doucement murmurer à mon oreille.
- Je suis désolé. J'ai été con, vraiment con. Je m'en veux de t'avoir fait du mal, car c'est la dernière chose que je voulais faire.
Je souris dans son épaule puis viens caresser la peau de son dos d'un doigt léger. Et je viens à mon tour chuchoter à son oreille, la joie teintant mes mots.
- Ce n'est rien, on est ensemble maintenant.
Chris s'éloigne de moi puis me sourit.
Puis doucement, il attrape ma main et m'emmène vers sa chambre. Il ferme la porte derrière nous, puis commence à me déshabiller.
Je reste un peu crispé, ne comprenant pas trop ce qu'il veut faire, s'il veut coucher avec moi ou je ne sais quoi d'autre. Mais alors que je me retrouve en caleçon et en T-shirt, il se déshabille à son tour, revêtant la même tenue que moi, puis il reprend ma main pour que je monte sous le lit.
Et c'est quand il se glisse sous les draps et qu'il pose sa tête sur mon torse que je comprends qu'il veut seulement dormir avec moi.
Alors je m'installe à mon tour, l'enveloppant de mes bras avant de fermer les yeux et de respirer la douce odeur de ses cheveux, celle de l'entrepôt mêlée à l'odeur sucrée de sa peau et du tabac qui ne le quitte jamais.
Voilà pour le chapitre 14, je suis désolée de ne pas avoir publié hier, mais je n'étais pas chez moi et je n'avais pas accès à cette histoire. J'espère que vous me pardonnerez, de toute façon avec la retrouvaille Chris / Lucas, vous êtes obligé de me pardonner ! ;)
AudreyPh18
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