FOUR

  Alors que nous roulons en direction de la course, je ne peux m'empêcher de bouillir, ma rage augmentant au fur et à mesure que Chris roule, ne faisant pas du tout attention à moi. Daiki et Connor restant eux aussi silencieux.

Bordel je n'arrive pas à croire qu'il ait fait ça.

Mes poings se serrent, mais je sais très bien que je n'oserai jamais m'en servir contre le brun, je n'en aurai jamais la force, même si à ce moment précis je rêve de lui refaire le portrait pour ce qu'il m'a fait.

Mon cœur se serre, encore et encore que ça en devient presque douloureux.

Quel connard.

Alors que nous arrivons à une grande rue, presque déserte, Chris s'arrête à un feu et quelques instants plus tard une Alfa Romeo rouge s'arrête à notre niveau. Je peux reconnaitre le visage de Rhys au volant de la voiture voisine, puis quelques secondes plus tard, les portières s'ouvrent et trois personnes sortent de la voiture.

Je ne peux m'empêcher de me dire qu'il manque deux personnes qui étaient là tout à l'heure, mais ça me semble con de le dire à voix haute, alors je me tais.

Chris se tourne brusquement vers nous, plus particulièrement vers moi, mais je détourne les yeux quand il prend la parole.

- Descendez, la course commence ici.

Sans attendre j'ouvre la porte, mais je sens brusquement une main se poser sur mon poignet, et quand je me tourne dans la direction du brun, je vois une expression tourmentée peinte sur son visage. Puis, il chuchote quelques mots.

- Ne fais pas la gueule Lucas.

J'écarquille les yeux à sa remarque, et me détache brutalement de son emprise avant de sortir et de claquer la portière derrière moi.

Quel connard.

Je m'appuie contre le mur d'un bâtiment, alors que Daiki et Connor semble enthousiasmés à propos de la course.

Les trois autres types, quant à eux, sont placés sur la route, criant des encouragements à leur pote. Je ne leur donne pas plus d'attention, et me contente de sortir mon téléphone pour vérifier que je n'ai reçu aucun appel de la part de Charlie. Heureusement je n'en ai aucun, ce qui est une bonne nouvelle.

Je lève les yeux vers le feu.

VERT.

Les deux voitures partent en un bruit puissant, leur vitesse passant de 0 à 70 km/h en à peine trois secondes, pour ensuite monter de plus en plus haut alors que la route s'offre à eux. Et en quelques instants, elles disparaissent, ne laissant derrière elles des traces de pneus et une fumée blanche.

Je grogne en rangeant mon téléphone et c'est à ce moment-là que Connor s'adosse au mur, juste à côté du mien.

- Ça va Ramos ?

Ramos.

Je hais quand on m'appelle par mon nom de famille, car c'est celui de mon père, un héritage que je voudrais oublier.

Mais je ne lui dis pas, je me contente de tiquer à l'entende de mon nom et de répondre d'un ton las.

- Pourquoi ?

- Parce que Chris vient de mettre ton cul en pari.

- Comment veux-tu que je le prenne ? Il ne m'a même pas demandé mon avis, il n'a même pas pensé à refuser.

Ma voix est légèrement cassée, les émotions prenant le dessus. Et même si j'essaye de ne pas paraitre trop touché par ce qu'a fait Chris, je n'arrive pas à le cacher aussi bien que je le voudrais.

Connor hausse les épaules, puis il enchaine.

- Espérons qu'il gagne.

- Et comment est-ce qu'on le saura ?

- Quand ils reviendront. Bien que les potes de Rhys risquent de le savoir avant, parce que deux de leur pote sont partis sur la ligne d'arrivée.

- Oh.

C'est pour ça qu'ils ne sont plus là.

Je ne rajoute rien, attendant avec appréhension le résultat. Mais peu importe qu'il gagne ou qu'il perde, personne n'aura mon cul, je ne suis pas une pute.

Un peu plus de dix minutes plus tard, le bruit accompagnant d'ordinaire la Mercedes, se fait entendre. Je sens mon corps devenir brûlant alors qu'une vague de stresse s'abat sur moi, mon cœur battant à cent à l'heure dans ma poitrine, menaçant de s'échapper de ma cage thoracique.

Les deux voitures arrivent côte à côte, et cela ne donne en aucun cas le résultat de la course.

C'est alors que Chris s'arrête devant nous, le visage impassible, ne délivrant aucune information. Il ne me regarde pas une seule fois en claquant la portière de sa voiture.

Ce n'est que quand le brun se tourne vers la vitre ouverte de Rhys que je comprends.

- On se retrouve sur le parking de l'Université ? Amène un bidon d'essence et un briquet.

Chris se met à rire alors que Rhys lui adresse un doigt d'honneur, hurlant à ses potes de monter dans la voiture.

Puis ils disparaissent, ne nous laissant que tous les quatre.

Chris se tourne vers nous en souriant, puis il s'exclame, d'une voix enjouée.

- Montez, on va cramer une voiture.

Le brun se place derrière le volant. Mais pour ma part je me place à l'arrière, derrière lui, là où il ne peut croiser mon regard.

Le trajet est plus bruyant qu'à l'arrivée, Chris répondant aux questions euphorique de Daiki, alors que le brun prend une grande satisfaction de lui raconter tous les détails et techniques de la course.

Mais moi je n'écoute pas, je veux juste sortir de cette voiture. Je ne sais même pas où j'ai envie d'aller, chez moi n'étant pas un endroit accueillant. Le seul endroit où je me sens chez moi, c'est à l'entrepôt, mais je veux fuir Chris.

La voiture finit par s'arrêter, et c'est sans surprise que j'aperçois l'Alfa de Rhys, le visage du roux de la même couleur que celle de sa voiture

Chris s'arrête assez loin, pour éviter tout problème avec sa propre voiture, puis il sort en riant.

- Arrête de faire cette gueule Rhys, on a parié, tu as perdu, c'est la vie.

- Fais-le, qu'on en finisse.

Le brun rit de plus belle, et c'est alors que deux autre voitures se garent à côté de nous. Je comprends qu'il s'agit des deux membres du groupe de Rhys, venus très certainement faire les taxis.

Chris attrape le bidon d'essence que lui tend le roux, puis commence à en balancer sur l'Alfa, jetant des coups d'œil moqueur à Rhys. Puis finalement il fait une trainée pour s'éloigner de la voiture. Il enclenche le briquet, mais se tourne brusquement vers moi alors qu'il me pose une question d'une voix douce et séductrice.

- Tu veux le faire ?

- Non.

Mon ton est sec, mais au moins s'est clair.

Chris hausse les épaules puis lance le briquet sur la trainée, celle-ci s'enflamme immédiatement. Je regarde les flammes courir jusqu'à la voiture, pour finalement la voir s'enflammer brusquement.

Je plisse les yeux, la luminosité soudaine étant surprenante. Je jette un coup d'œil à Rhys, et vois la rage peindre son visage, il plaque ses mains nerveusement dans ses poches alors qu'il s'approche de Chris.

- La prochaine fois, je serai vainqueur.

Le roue pose un regard lourd de sens sur moi, puis regarde de nouveau le brun.

- Je brûlerai toutes les voitures jusqu'à ce que tu comprennes que je suis le meilleur.

Mais alors que Rhys est sur le point de répondre, l'un de ses potes s'arrête devant moi. Son crâne est rasé et il pose un regard plein de dégout sur moi alors qu'il s'exclame tout à coup.

- Putain, je n'avais pas vu à quel point tu avais une sale gueule, ça va le cramé ? Tu n'as pas trop peur du feu ?

Presque immédiatement ma main vient toucher ma joue, exactement sur ma brûlure, et j'ai soudainement envie de m'enfoncer dans le sol, jusqu'à disparaitre.

Mes mains tremblent alors que mon regard se pose sur le sol.

Cependant, je sens tout à coup une main glisser dans mes cheveux, et quand je relève la tête je vois Chris à mes côtés. Il ne me regarde pas, mais fait un signe à Connor. Ce dernier arrive à côté du brun, et Chris lui glisse quelques mots à l'oreille.

Je n'entends pas. Mais je comprends ce qu'il lui a dit quand Connor se tourne brusquement vers le type rasé et qu'il lui donne un violent coup de poing en plein visage. L'homme au crâne rasé pousse un rugissement de douleur, puis tombe de tout son long sur le sol.

Daiki s'exclame alors, fier de lui.

- Je t'avais dit que je ne mentais pas.

Je souris vaguement puis mes yeux rencontrent ceux de Chris, ils sont si sombres qu'on pourrait se demander s'il y a une pupille ou non.

Son visage est sérieux, et pour une fois je n'y lis aucune méchanceté. Au contraire, je sens qu'il veut me montrer son côté doux, celui si rare mais pourtant si merveilleux, pour me prouver qu'il tient à moi.

Ses doigts continuent de me caresser les cheveux alors qu'il s'avance un peu plus près de moi, son souffle à l'odeur d'alcool caresse ma peau quand il s'adresse à moi d'une voix vraiment tendre et sincère.

- Je savais que j'allais gagner, j'étais à 100% sûr que ce petit prétentieux allait perdre. Je ne t'aurais jamais parié s'ils y avaient eu des chances qu'il remporte la course. Je n'aurais pas pris le risque de te perdre.

Son regard se fait de plus en plus intense.

Une vague de sensation me parcourt, et je ne peux pas nier que je l'apprécie.

Puis le brun reprend, plongeant de nouveau ses yeux dans les miens.

- Je t'en prie Lucas, ne m'en veux pas.

Et juste comme ça, avec un simple regard et des mots qui manipuleraient même les plus forts, je capitule.

Je lui fais un sourire rapide, puis ouvre la bouche d'une voix timide.

- On rentre ?

Chris affiche un sourire vainqueur, celui qu'on pourrait même appeler comme le sourire Chris™. Puis il glisse son bras sur mon épaule avant de déclarer à l'attention des autres.

- On se casse, on rentre à l'entrepôt.

Je souris, parce que je sais qu'à ce moment précis, on rentre à la maison.



AudreyPh18

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