A LIVRE OUVERTE PARTIE 2


Je patientai pendant qu'ils se servaient puis leur emboîtai le pas en direction  d'une table, concentrée sur mes pieds. Une fois installée, je bus lentement ma boisson, l'estomac en déroute. Deux fois, Mike s'enquit de ma santé avec une sollicitude démesurée. Je lui garantis que ce n'était rien, même si j'envisageai de jouer les malades et de me réfugier à l'infirmerie durant l'heure suivante.

N'importe quoi! Je n'aurais pas dû me sentir obligée de fuir.

Je décidai de m'autoriser un coup d'oeil à la famille Cullen. S'il me toisait avec hostilité, je sécherais la biologie, en vraie trouillarde que j'étais. Je les épiai en catimini. Aucun d'eux ne nous observait. Je me redressai un peu. Ils riaient. Edward, Jasper et Emmett avaient le crâne couvert de glace fondue. Alice et Rosalie s'étaient écartées d'Emmett qui s'ébrouait dans leur direction. Ils se réjouissaient de ce premier vrai jour d'hiver, comme tout le monde. Sauf qu'ils me donnèrent l'impression d'une scène de film. Et puis il y avait autre chose derrière ces rires et cette espièglerie. Une espèce de différence sur laquelle je n'arrivais pas à mettre le doigt. J'étudiai Edward plus minutieusement que ses frères et soeurs. Sa peau était moins pâle, trouvai-je, peut-être rosie par l'excitation, et ses cernes s'étaient beaucoup estompés. Mais ce n'était pas ça non plus. Je me perdis dans des supputations, m'escrimant à identifier ce qui avait changé.

- Bella, qui est-ce que tu fixes comme ça? intervint soudain Jessica en suivant mon regard.

A cet instant précis, les yeux d'Edward rencontrèrent les miens. Aussitôt, je baissai la tête et m'abritai derrière mes cheveux. J'eus cependant la conviction que, au moment où nos prunelles s'étaient croisées, il n'avait pas semblé inamical ni dur, contrairement à notre dernière rencontre. Une fois encore, il m'était apparu curieux et bizarrement insatisfait.

- Edward Cullen te mate, me chuchota Jessica en riant.

- Il n'a pas l'air furieux, hein? ne pus-je m'empêcher de demander.

- Non, répondit-elle, déroutée par ma question. Il devrait?

- Je crois qu'il ne m'apprécie guère, avouai-je.

Toujours aussi barbouillée, je posai ma tête sur mon bras.

- Les Cullen n'aiment personne... Enfin, disons qu'ils ne s'intéressent pas assez aux autres pour les aimer. En tout cas, il continue à t'admirer.

- Arrête de le regarder, sifflai-je.

Elle gloussa. Je soulevai le menton pour voir si elle obéissait, envisageant de recourir à la violence dans le cas contraire, mais elle s'exécuta.

Puis Mike se mêla à notre conversation. Il projetait une bataille de boules de neige épique sur le parking après les cours et nous invitait à nous joindre à lui. Jessika accepta avec enthousiasme. Sa façon de contempler Mike était transparente - elle était prête à faire tout ce qu'il voudrait. Je gardai le silence, envisageant déjà de me cacher au gymnase en attendant que le paarking se vide.

Jusqu'à la fin du repas, je pris grand soin d'éviter de me tourner vers sa  table. Après mûre réflexion, je décidai de relever le défi que je m'étais lancé: comme il avait semblé dénué de colère, j'irai en sciences nat. La perspective de m'asseoir une nouvelle fois à côté de lui déclencha des petits soubresauts apeurés dans mon ventre.

Je ne tenais pas trop à me rendre en cours avec Mike visiblement, il constituait une cible appréciée des chahuteurs. Mais, arrivés à la porte, tous ceux qui m'entouraient grognèrent: il pleuvait, et la pluie emportait les ultimes traces de neige en ruisseaux glacés qui s'écoulaient dans les caniveaux. Je mis ma capuche, secrètement enchantée. Je pourrais rentrer directement à la maison après l'éducation physique. Mike, lui, ne cessa de se plaindre sur le chemin du bâtiment 4.

En classe, je constatai avec joie que la place à côté de la mienne était encore vide. M.Banner déambulait dans la pièce, déposant un microscope et une boîte de lamelles sur chaque paillasse. Le cours ne commençant que dans quelques minutes, les bavardages allaient bon train. J'évitai de guetter la porte tout en gribouillant sur la couverture de mon cahier.

J'eus beau entendre très nettement qu'on tirait le tabouret voisin, je restai concentrée sur mes dessins.

- Bonjour, murmura une voix harmonieuse.

Je redressai la tête, stupéfaite qu'il m'eût adressé la parole. Il se tenait aussi loin que possible de moi, mais son siège était orienté dans ma direction. Ses cheveux mouillés dégouttaient, ébouriffés; pourtant, il donnait l'impression de sortir d'une pub pour un gel coiffant. Son visage éblouissant était ouvert et cordial, un léger sourire étirait ses lèvres sans défaut.  Seuls ses yeux restaient prudents.

- Je m'appelle Edward Cullen, poursuivit-il. Je n'ai pas eu l'occasion de me présenter, la semaine dernière. Tu dois être Bella Swan.

Soudain, j'étais perdue. Avais-je rêvé? Car il était d'une politesse exquise, maintenant. O m attendait que je réagisse. Malheureusement, je ne trouvai rien de conventionnel à dire.

- D'où... d'où connais-tu mon nom? bredouillai-je.

Il éclata d'un rire séduisant.

- Oh, ce n'est un secret pour personne. Tu étais attendue comme le messie, tu sais.

Je grimaçai, guère étonnée.

- Ce n'est pas ça, m'enferrai-je bêtement. Pourquoi Bella?

- Tu préfère Isabella?

- Non, mais je pense  que Charlie... mon père... ne m'appelle pas autrement derrière mon dos. Du moins, c'est ainsi que tout le monde ici paraît me connaître, essayai-je d'expliquer, tous en ayant l'impression d'être une vraie crétine.

 - Ah bon.

Il laissa tomber, et je détournai les yeux, penaude. Par bonheur, M. Banner débuta son cours à cet instant, et je m'appliquai à suivre. Il nous expliqua que les lamelles des boîtes étaient mal rangées. Nous devions identifier les différentes étapes de la mitose à laquelle étaient soumises les racines d'oignons qu'elles renfermaient et rétablir l'ordre de la division cellulaire. Nous étions censés travailler à deux, reporter nos résultats sur le polycopié fourni, le tout en vingt minutes et sans utiliser nos livres.

- Allez-y, conclut M.Banner.

- Les dames d'abord? me proposa Edward.

Son sourire était si beau que je le dévisageai comme une idiote.

- A moins que tu préfères que je commence.

Le sourire se fana. Visiblement, il s'interrogeait sur mes capacités mentales.

- Non, protestai-je en piquant un fard, aucun problème.

C'était de la frime. Un peu. J'avais déjà mené cette expérience, et je savais quoi chercher. Ca devrait être facile. Prenant la première lamelle, je l'insérai sous le microscope et ajustai rapidement l'oculaire. Un coup d'oeil me suffit.

- Prophase, décrétai-je avec assurance.

- Ca t'embête si je regarde? intervint Edward au moment où j'allais retirer la lamelle.

Sa main s'empara de la mienne pour arrêter mon geste. Ses doigts étaient glacés, à croire qu'il les avait plongés dans une congère juste avant le cours. Mais ce ne fut pas pour cela que je me libérai de son emprise à toute vitesse - son contact m'avait brulée comme une décharge électrique.

- Désolé, marmonna-t-il en me lâchant aussitôt.

Il ne renonça pas pour autant à se saisir du microscope. Chancelante, je l'observai mener un examen encore plus rapide que le mien.

- Prophase, asquiesça-t-il en inscrivant soigneusement ce résultat dans la première case de l'imprimé.

Il positionna habilement la deuxième lamelle, à laquelle il n'accorda guère plus qu'une étude superficielle.

- Anaphase, annonça-t-il en écrivant.

- Je peux? demandai-je d'une voix neutre.

Avec une moue narquoise, il fit glisser l'appareil vers moi. Je m'empressai de vérifier. Bon sang, il avait raison! Je fus déçue.

- Troisième lamelle, exigeai-je en tendant la main sans le regarder.

Il me la passa en s'arrangeant pour ne pas toucher ma peau, cette fois. Je fus aussi brève que possible.

- Interphase, pronostiquai-je.

Je lui cédai le microscope avant qu'il ait eu le temps de le réclamer. Il contrôla mon verdict pour la forme puis le reporta sur le polycopié, ce que j'aurais pu faire pendant son observation, sauf que son écriture nette et élégante m'impressionnait. Je ne tenais pas à déparer la page avec mes pattes de mouche.

Nous eûmes fini bien avant les autres. Je vis Mike et sa partenaire comparer deux lamelles plusieurs fois de suite, et un des groupes de travail avait ouvert en douce son livre sous la table.

J'eus donc tout le loisir de m'obliger à ne pas dévisager mon voisin, sans succès. J'étais en train de le guigner quand je m'aperçus qu'il me contemplait avec cet air de frustration inexpliquable qui m'avait déjà intriguée. Tout à coup, je crus deviner ce qui avait changé en lui.

- Tu portes des lentilles, non? m'exclamai-je tout à trac.

Cette reflexion inattendue parut le désarçonner.

- Non.

- Ah bon, marmottai-je. Tes yeux sont différents, pourtant.

Haussant les épaules, il détourna le tête. Malgré tout, j'étais convaincue qu'il y avait quelque chose de nouveau en lui. Je gardais un souvenir très net de la noirceur terne de ses pupilles lorsqu'il m'avait toisée - une couleur qui tranchait sur sa pâleur et ses cheveux blond vénitien. Aujourd'hui, ses yeux avaient une teinte complètement autre: un ocre étrange, plus soutenu que du caramel mais panaché d'une nuance dorée identique. Je ne me l'expliquais pas, à moins qu'il m'eût menti à propos des lentilles. Pourquoi l'aurait-il fait, cependant? Ou alors, Forks me rendait folle, au sens littéral du mot. Baissant les yeux, je remarquai qu'il serrait les poings.

Intrigué par notre inactivité, M.Banner s'approcha de notre paillasse. Par-dessus nos épaules, il découvrit notre imprimé dûment complété et examina de plus près nos réponses.

- Laisse-moi deviner, Edward, insinua-t-il, tu as estimé qu'Isabella ne méritait pas de toucher au microscope?

- Bella, le corrigea automatiquement mon voisin. Et détrompez-vous, elle en a identifié trois sur cinq.

M.Banner s'adressa à moi, quelque peu sceptique.

- Tu as déjà travaillé là-dessus?

- Pas avec des racines d'oignons, admis-je, embarrassée.

- De la blastula de féra?

- Oui.

- Tu suivais un programme pour élèves avancés, à Phoenix? devina-t-il en hochant le menton.

- Oui.

Il médita quelques instants.

- Eh bien, finit-il pas déclarer, il n'est sans doute pas mauvais que vous deux soyez partenaires de labo.

Il s'éloigna en grommelant dans sa barbe. Je repris mes gribouillis.

- Dommage, pour la neige, hein? me lança Edward.

J'eus l'impression qu'il se forçait à faire la conversation. Une fois de plus, je cédai à la paranoia - c'était comme s'il avait entendu l'échange que Jessika et moi avions eu à la cafétéria et qu'il essayait de prouver qu'il s'intéressait aux autres?

- Pas vraiment, répondis-je, choisissant la franchise.

Préoccupée par mes soupçons ridicules, j'avais du mal à être attentive.

- Tu n'aimes pas le froid.

C'était une affirmation.

- Ni l'humidité, renchéris-je.

- Tu dois difficilement supporter Forks, s'aventura-t-il.

-  Tu n'imagines même pas à quel point.

Ces mots parurent le fasciner, ce qui me laissa pantoise. Quant à son visage, il m'obsédait tellement que je devais m'interdire de le contempler plus que ne l'autorisait la courtoisie.

- Pourquoi es-tu venue t'installer ici, alors?

Personne ne m'avait posé la question - en tout cas, pas de façon aussi directe.

- C'est... compliqué.

- Je devrais réussir à comprendre, persifla-t-il.

Je ne dis rien pendant un long moment, puis commis l'erreur de croiser son regard. Ses prunelles d'un or sombre me déstabilisèrent, et c'est sans réfléchir que j'acceptai de m'expliquer.

- Ma mère s'est remariée.

- Ca ne me paraît pas très compliqué, souligna-t-il. Quand est-ce arrivé?

- En septembre.

Même moi, je perçus la tristesse de ma voix.

- Et tu ne l'apprécies pas, conjectura Edward sans se départir de sa gentillesse.

- Si ,Phil est chouette. Trop jeune, peut-être, mais sympa.

- Pourquoi n'es-tu pas restée avec eux, s'il est aussi agréable?

Son intérêt me dépassait. Il me scrutait pourtant comme si ma pauvre vie était d'une importance fondamentale.

- Phil voyage beaucoup. Il est joueur de base-ball professionnel, précisai-je avec un demi sourire.

- Célèbre? s'enquit-il en souriant à son tour.

- Non. Il n'est pas très bon. Juste des championnats de second ordre. Il se déplace pas mal.

- Et ta mère t'a expédiée ici afin de l'accompagner librement.

De nouveau, c'était une affirmation.

- Non, protestai-je, elle n'y est pour rien. C'est moi qui l'ai voulu.

- Je ne saisis pas, avoua-t-il en fronçant les sourcils.

Sa frustration me sembla démesurée.  J'étouffai un soupir. Pourquoi prenais-je la peine de raconter ma vie? Sûrement parce que l'intensité de sa curiosité ne faiblissait pas.

- Au début, repris-je, elle est restée avec moi. Mais il lui manquait. Elle était malheureuse... Bref, jai décidé qu'il était temps que je connaisse un peu mieux Charlie.

Je prononçai ces dernière paroles avec des intonations sinistres.

- Et maintenant, c'est toi qui n'es pas heureuse, e, déduisit-il.

- La belle affaire!

- Ca n'est pas très juste.

- On ne te l'a donc jamais dit? ripostai-je avec un ricanement amer. La vie est injuste.

- J'ai en effet l'impression d'avoir déjà entendu ça quelque part, admit-il sèchement.

- Inutile de se lamenter, par conséquent, conclus-je en me demandant pourquoi il me fixait ainsi.

- Tu donnes bien le change, murmura-t-il, appréciateur, mais je parie que tu souffres plus que tu ne le laisses voir.

Je le gratifiai d'une grimace, résistant difficilement à l'envie de lui tirer la langue comme une gamine de cinq ans, puis je détournai la tête.

- Je me trompe?

Je l'ignorai. Difficilement.

- J'en étais sûr! plastronna-t-il.

- Et en quoi ça TE concerne, hein? répliquai-je, acide.

Je refusais toujours de le regarder et me focalisai sur les rondes du prof dans la salle.

- Bonne question, chuchota-t-il, si doucement qu'il parut se parler à lui-même.

Le silence s'installa, et je devinai qu'il n'en dirait pas plus à ce sujet. Irritée, je fixai le tableau en fronçant les sourcils.

- J et'agace? demande-t-il, l'air soudain amusé.

Sans réfléchir, je lui jetai un coup d'oeil... et lui avouai la vérité, une fois de plus.

- Pas vraiment, maugréai-je. Je m'agace moi-même, plutôt. Je suis tellement transparente. Ma mère m'appelle son livre ouvert.

- Je ne suis pas d'accord. Je te trouve au contraire difficle à déchiffrer.

Malgré tout ce que je lui avais confessé et tout ce qu'il avait deviné seul, il était apparemment sincère.

- C'est que tu es bon lecteur.

- En général, oui.

Il m'adressa un large sourire qui dévoila une rangée de dents extra blanches et régulières. A cet instant, M.Banner rappela la classe à l'ordre, et je me tournai vers lui, soulagée. J'étais ébahie d'avoir révélé ma misérable existence à ce garçon étrange et superbe qui pouvait mépriser ou pas au gré de ses humeurs. Il m'avait donné l'impression d'être subjugué par notre conversation, mais une brève vérification m'apprit qu'il s'était de nouveau éloigné de moi, et que ses mains agrippaient la table avec une évidence tension.

Je m'astreignis à écouter M.Banner qui illustrait, transparents et rétroprojecteur à l'appui, ce que j'avais élucidé sans difficulté à l'aide du microscope. Hélas, j'avais l'esprit bien embrouillé.

Lorsque la cloche retentit enfin, Edward se sauva, aussi vif et gracieux que le lundi. Et, comme ce jour-là, je le regardai s'éloigner avec stupeur. Mike se précipa vers moi pour porter mes livres à ma place. L'image d'un saint-bernard remuant la queue s'imposa à moi.

- C'était nul, grogna-t-il. Toutes ces lamelles se ressemblaient. Tuas de la chance d'avoir Cullen pour partenaire.

- L'exercice ne m'a posé aucun problème, rétorquai-je, piquée par ses insinuation. Et puis, j'avais déjà mené une expérience de ce type, ajoutai-je aussitôt, regrettant ma rebuffade et craignant de l'avoir blessé.

- Cullen a eu l'air plutôt sympa, aujourd'hui, commenta-t-il au moment où nous enfilions nos manteaux.

Et lui n'avait pas l'air très content.

- Je ne sais pas ce qui lui a pris la semaine dernière, éludai-je en jouant l'indifférence.

Sur le trajet du gymnase, je fus incapable de prêter l'oreille aux bavardages de Mike. L'heure d'éducation physique n'arrangea rien non plus. Ce jour-là, Mike était dans mon équipe. Chevaleresque, il défendit ma position et la sienne, et mes rêvasseries ne furent interrompues que lorsque c'était mon tour de servir - chaque fois, mes coéquipiers se baissèrent prudemment.

La pluie n'était plus qu'un brouillard quand j'émergeai sur le parking, mais je fus heureuse de gagner l'abri de ma Chevrolet. Je mis en marche le chauffage, pour une fois insoucieuse du rugissement abêtissant du moteur, déboutonnai mon coupe-vent, rabattis le capuchon et ébouriffai mes cheveux.

J'inspectais les alentours afin de m'assurer que la voie était libre lorsque je remarquai une silhouette blanche et immobile. Edward Cullen s'appuyait contre la porte avant de la Volvo, à trois voiture de là, et me fixait. Aussitôt, je fis marche arrière, manquant, dans ma hâte, d'emboutir une Toyota Corolla rouillée. Heureusement pour elle, j'enfonçai la pédale de frein à temps. C'était exactement le genre de véhicule que ma camionnette aurait réduit en bouillie. Je pris une profonde inspiration et, veillant avec application à ne pas  LE regarder, je repris ma manoeuvre, avec plus de succès ce coup-ci. Raide comme un piquet, je dépassai la Volvo - j'aurais juré qu'Edward riait.

Voila la suite de fascination! J'espere que sa vous plaira bonne lecture a tous

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