Chapitre 8

Les dernières traces de pluie des jours précédents finissaient de sécher sur le bitume, l'herbe était encore humide à cause de la terre gorgée d'eau. Le soleil timide derrière les nuages grisonnant n'arrangeait rien à l'humidité ambiante, mais ça n'avait pas arrêté Bokuto pour autant.

Il était arrivé devant la maison d'Akaashi en milieu de matinée et le brun s'était entraîné à tenir sur un vélo jusqu'à ce que l'estomac de son ami ne gronde furieusement. Dans un éclat de rire, il lui avait demandé s'il voulait rester manger et l'autre avait accepté dans un murmure gêné.

— Tu me fais tout le temps à manger, je suis vraiment désolé de m'imposer à chaque fois...
— Tu plaisantes ? Tu m'aides tellement avec ma peur, c'est bien la moindre des choses que je puisse faire pour te remercier.

Akaashi était de plus en plus à l'aise lorsqu'il lui parlait, le gris pouvait le sentir, et ça ne le rendait que heureux. Une douce chaleur se répandait dans sa poitrine quand il lui adressait de fins sourires comme en cet instant. Il ne voulait pas se prendre la tête et poser un nom sur ce qu'il ressentait, préférant savourer les sensations et la présence de Keiji, mais les paroles de ses amis restaient malgré tout dans un coin de sa tête.

Kento aboya joyeusement lorsque son maître détacha sa laisse d'une large branche de l'immense magnolia trônant au milieu de sa pelouse. Cette fois-ci, le jeune homme avait cédé et, pour éviter tout accident, avait préférer l'attacher à une certaine distance d'eux. Ils rentrèrent ensuite tous les trois chez lui et l'Akita profita d'être parfaitement libre de ses mouvements pour sauter sur Bokuto qui failli s'écrouler sur le propriétaire des lieux. Il l'évita dans une sorte de pirouette, tournant sur lui-même avec le chien dans ses bras et se retrouva les fesses par terre, la langue de Kento en travers de la figure. Akaashi, concentré à nettoyer ses lunettes, les regarda sans comprendre quand il les eu remises sur son nez.

— Je me demande si c'est vraiment de l'affection et pas des tentatives pour me blesser, grogna Bokuto en éloignant la gueule du chien.
— Je t'assure qu'il t'aime beaucoup, rit Akaashi en se penchant vers lui.

Il prit un mouchoir d'un paquet sorti de sa poche et frotta doucement le visage du gris. Celui-ci ne put qu'ouvrir en grand ses yeux et détourner le regard du visage bien trop près de l'autre homme. Il se rendait bien compte qu'il avait fait ça machinalement mais son cœur ne pouvait s'empêcher de battre dans un rythme erratique à ce contact.

— Excuse-moi, ça te gêne ? La bave séchée sur le visage, c'est pas vraiment la meilleure sensation alors...
— Quoi ? Non, pas du tout ! J'ai été un peu surpris, mais je te remercie, bredouilla Koutarou en piquant un fard.

Il essaya de repousser le chien qui revenait à la charge mais ne réussit qu'avec l'aide d'Akaashi. Après ça, ils préparèrent le repas ensemble et s'installèrent pour le déguster.

— Au fait, j'ai discuté avec Osamu, par rapport à ton amie. Enfin, je ne lui en ai pas directement parlé, je lui ai plutôt demandé s'il avait des vues sur quelqu'un.
— Oh ! Alors ? demanda Bokuto en attrapant son verre d'eau.
— Il m'a fixé pendant trois bonnes minutes comme si j'avais perdu la raison avant de me dire qu'il n'était pas intéressé par moi.

L'autre homme manqua de recracher le contenue de son verre sur la table.

— Quand je lui ai dit que ce n'était pas pour moi, il m'a regardé avec suspicion. J'ai cru que jamais il ne me répondrait mais il m'a finalement expliqué qu'il n'avait pas vraiment pensé à se trouver quelqu'un depuis un moment. Sa dernière relation remonte à lorsque nous vivions encore à Tokyo, alors ça date un peu. Si je me rappelle bien, la fille l'avait quitté parce qu'elle ne supportait pas qu'il passe plus de temps en cuisine qu'avec elle. Par exemple, elle voulait tout le temps qu'il l'accompagne lorsqu'elle allait faire les magasins pour lui montrer toute sorte d'essayages de vêtements.
— Mais... C'est de la torture !
— Je dois avouer que cette fille était assez singulière, soupira Akaashi, et très dépendante d'Osamu. Ou alors très possessive ? Elle voulait toujours avoir un œil sur lui.
— Victime de son succès, ricana l'autre. Avec Yukie ça n'arriverait pas. Déjà, elle ne lui reprochera jamais de passer beaucoup de temps dans une cuisine et elle a toujours fait confiance à ses ex. Si une fille tournait un peu trop autour, elle le lui faisait regretter.
— De quelle manière ?
— Tu ne veux pas le savoir. Ça a d'ailleurs failli m'arriver puisque je lui ai dit que je t'en avais parlé pour que tu enquêtes. J'ai bien cru y passer. Elle a peur que je fasse n'importe quoi et qu'elle passe pour une folle aux yeux de Miya.
— Tu pourras la rassurer en lui disant que j'endosse le rôle à sa place. Il a essayé de me tirer les vers du nez mais j'ai insisté en disant que c'était par pure curiosité puisque ça faisait longtemps que je ne l'avais pas vu avec quelqu'un. Et que j'étais inquiet pour lui.

Il soupira comme s'il se remémorait la conversation et le très prévisible énervement de son meilleur ami. Bokuto l'observa et une question naquit dans son esprit. Terriblement curieux, il ne put se retenir bien longtemps avant de la poser :

— Et toi ?
— Pardon ?
— Est-ce que tu as quelqu'un dans ta vie ? Ou alors quelqu'un te plaît ?

Il se sentit immédiatement rougir et se crispa en voyant les yeux de son vis-à-vis s'élargir subtilement. Avait-il été trop intrusif ? Il n'avait pu s'en empêcher, il voulait vraiment savoir.

— Et bien, non. C'est pour ça qu'Osamu a cru que j'étais intéressé.

Un silence plana avant qu'il ne lui retourne la question, d'une voix hésitante. Bokuto s'étouffa presque une nouvelle fois et bafouilla un "non" avant de reporter toute son attention sur son assiette quasiment vide.

C'était dingue, cette pointe d'espoir qui se faisait remarquer au fond de sa poitrine, et qu'il ne pouvait réprimer. Il ne voulait pas s'emballer, espérer et être déçu. Il n'était déjà par sûr de comprendre ce qu'il ressentait pour Akaashi, c'était tout nouveau pour lui, et unique. Cela ne ressemblait en rien à ce qu'il avait ressenti pour qui que ce soit dans sa vie alors il refusait de sauter aux conclusions, se monter la tête et avoir l'air d'un idiot.

— Du coup, tu as une idée pour nos amis ? reprit le brun en le sortant de ses pensées.
— Je pense que Miya devrait déjà prendre conscience de l'existence de Yukie. Si elle allait plus souvent dans son restaurant, il ne pourrait pas la manquer.
— À ce point ?
— Elle se fait toujours remarquer quand elle mange à l'extérieur...

****

— Wow, la carte a changé depuis la dernière fois où je suis venue ! J'ai envie de tout prendre, saliva Yukie.

Ses yeux parcouraient le menu de long en large depuis quelques seconde et étaient tellement lumineux qu'Akaashi se demanda si elle n'allait pas pleuré. Il jeta un coup d'œil à Bokuto qui lui fit un geste de la main pour signifier qu'il ne fallait pas s'en occuper. Ce dernier n'avait pas perdu de temps. À peine la semaine avait-elle débuté qu'il avait invité son amie au restaurant, en profitant pour demander à Akaashi s'il voulait venir. Ne voulant pas rater les échanges entre leurs deux cibles, il avait évidemment accepté. Ils se retrouvaient donc tous les trois, attablés, attendant que Yukie fasse son choix et l'annonce au serveur incroyablement patient.

— Tu peux en prendre deux si tu veux.
— Vraiment ?!
— Bien sûr, c'est moi qui t'invite je te rappelle.

Akaashi était abasourdi face à la bonté du gris et l'enthousiasme engendré chez la jeune femme qui commanda alors deux plats. Dès que le serveur fut reparti, elle se pencha au-dessus de la table pour leur jeter un regard sévère.

— Bon, c'est quoi l'entourloupe ?
— Mais de quoi tu parles ? On ne peut même plus manger tranquillement en dehors de l'école de temps en temps ? se défendit Koutarou en levant les mains devant lui.
— La dernière fois où tu m'as invitée à manger à l'extérieur remonte à tellement loin que je ne m'en rappelle pas, et je te parle même pas du fait de me payer deux assiettes.
— Je suis juste de bonne humeur...
— Et la présence d'Akaashi ? Bien que je n'ai rien contre toi.
— Oh, merci.
— C'est mon ami, on aime bien passer du temps ensemble ! Pas vrai ?
— Oui.

Il ne se sentait pas d'intervenir dans la conversation, un peu effrayé par l'aura menaçante de la jeune femme qui n'en démordait pas. Ils continuèrent de se chamailler jusqu'à ce qu'elle fixe un point derrière eux. Elle s'adossa contre la chaise et croisa les bras sur sa poitrine au moment où Osamu arrivait, trois assiettes dans les bras. Du coin de l'œil, Keiji remarqua la belle couleur rose qui avait pris place sur les joues de Shirofuku.

— Et voilà pour vous. Apparemment un quatrième plat a été commandé ?
— Oui, c'est Yukie !
— Elle aime beaucoup manger alors elle voulait tester plusieurs de tes plats.
— Oui, elle est très enthousiaste à l'idée de découvrir ta cuisine !

Akaashi donna un coup de pied au gris pour lui signifier qu'il allait en dire trop et l'autre se tut pendant qu'Osamu les observer sans vraiment comprendre. Il se tourna vers la jeune femme cramoisie puis lui demanda s'il devait lui apporter l'autre assiette une fois qu'elle aurait terminée la première et elle acquiesça. Quand le propriétaire du restaurant fut reparti, le brun devina que Shirofuku avait, elle aussi, donné un coup de pied à Bokuto, en l'attendant couiner.

— Dis moi Koutarou, est-ce que tu as connaissance de la notion de subtilité ? Ou au moins de discrétion ? fulmina-t-elle.
— Désolé, l'enthousiasme m'a emporté...
— Si tu me refais un coup comme ça, je te massacre.

Il plaqua ses mains l'une contre l'autre en promettant qu'il ne le ferait plus et ils se mirent enfin à manger.

Akaashi avait déjà vu de nombreuses personnes savourer les plats de son ami, mais cette fois-ci, c'était au delà de ça. Shirofuku se délectait de chaque bouchée avec une affection particulière.

— Je sais pas si c'est parce que c'est son plat, mais j'ai rarement mangé quelque chose d'aussi bon. Je crois que je vais pleurer.
— Il sera heureux de l'apprendre.
— J'oserais jamais lui dire ça, il va me prendre pour une folle !

Le brun soupira en levant les yeux au ciel. La jeune femme se dénigrait beaucoup trop et ils n'allaient jamais avancer dans ces conditions.

La clochette annonçant l'entrée de nouveaux clients tinta pendant qu'il cherchait ses mots.

— Tu t'inquiètes trop Shirofuku. Il a le même rapport que toi à la nourriture, tu sais. Alors entendre qu'on aime ses créations au point d'en avoir les larmes aux yeux... Ça va le toucher et son ego va exploser. Tu ne pourrais lui faire davantage plaisir.

Elle ne répondit rien mais le sourire qu'elle arborait rassura les deux hommes.

— Oh mais Keiji, c'est toi ?
— Ne le dérange pas, tu vois pas qu'il est avec des gens ?
— Mais Omi-kun, ça fait trop longtemps que je l'ai pas vu !

Akaashi écarquilla les yeux en entendant ces voix et se retourna pour voir Atsumu accompagné d'un homme légèrement renfrogné aux cheveux noirs de jais et bouclés. Il fronça les sourcils en essayant de se souvenir de lui mais rien ne lui vint. Il sentit Bokuto se crisper à côté de lui.

— Atsumu ! En effet, ça faisait un moment. Qu'est-ce que tu fais là ?
— Je peux plus passer dire bonjour maintenant ?
—  Tu préviens toujours d'habitude.
— Haha, tu m'as percé à jour Keiji ! Je t'en parlerai plus tard, tu es occupé pour l'instant.

La main du dénommé "Omi-kun" était accrochée à sa veste dans son dos et c'était cela qui avait dû l'obliger à se rétracter. Son ami lui fit un signe de main et Osamu arriva au même moment, une expression inquiète sur le visage. Lui non plus ne s'attendait visiblement pas à la visite de son frère qui lui demanda rapidement une table pour deux. Le gris jeta un long regard à l'inconnu qui l'ignorait.

Akaashi remarqua alors l'ambiance du restaurant. Presque tout le monde était focalisé sur les jumeaux et, à nouveau, il leva les yeux au ciel. Osamu seul faisait déjà tourner beaucoup de têtes alors avoir son jumeau dans la même pièce pouvait être dangereux. Il se retourna vers Shirofuku qui avait changé de couleur.

— Tout va bien ? s'inquiéta Bokuto.
— Il a un frère jumeau. Gay en plus. C'est comme être dans le rêve d'une fangirl.
— Comment sais-tu qu'il est gay ? souffla le brun sous le regard ébahi de son ami.
— Parce qu'il est en couple avec l'autre homme. Enfin, il est peut-être bi, mais vous m'avez comprise.

Akaashi et Bokuto échangèrent un regard avant de se tourner vers Atsumu et "Omi-kun" installés à une table non loin. Ils reportèrent leur attention sur la jeune femme.

— En couple ? demandèrent-ils d'une voix.
— Quoi, vous l'aviez pas compris ? Ça crève les yeux.
— Yukie, t'as vraiment un super-pouvoir.
— C'est impossible, Atsumu ne parle que de son premier amour depuis des années alors qu'ils ont rompu depuis belle lurette.
— Je suis prête à mettre ma main au feu qu'ils sont ensemble.

Le brun n'insista pas, se disant qu'elle était bien trop sûre d'elle pour qu'il la contredise juste.

Dès qu'elle eut terminé son assiette, Osamu réapparu avec le bol de ramens qu'elle avait commandé. Il leur demanda s'ils avaient apprécié et les étoiles dans les yeux de Yukie le firent rougir. Quand il fut reparti et que la jeune femme s'attaqua à son plat, Akaashi et Bokuto se lancèrent un regard. Le plan se déroulait plutôt bien.

Arriva le moment où les deux professeurs durent retourner travailler. Bokuto versa une larme en tendant sa carte à Osamu qui souriait à sa collègue. 

— Revenez quand vous voulez ! C'est toujours un plaisir de voir des gens qui se régalent autant.
— On reviendra dès que l'occasion se présentera, lui répondit joyeusement Shirofuku.

Ils s'en allèrent ensuite, laissant Akaashi payer sa part.

— Ils sont mignons tous les deux.

Le bibliothécaire s'était appuyé sur le comptoir et, en entendant les mots de son ami, il glissa, manquant de se cogner la tête contre le bois.

— Qu'est-ce que tu dis ?
— Ils ne sortent pas ensemble ?
— Pas du tout !

Osamu le regarda d'un air surpris. Il ne levait jamais la voix en temps normal.

— Oh pardon... Y en a un des deux qui te plaît c'est ça ?
— P-pas du tout, idiot.
— Haha, d'accord, d'accord. Du coup... Elle s'appelle comment ?
— Shirofuku Yukie.

Le gris encaissa l'argent de son ami et resta silencieux avant de lui rendre sa carte. Il ignora son sourire et lui ordonna de rentrer chez lui.

— Sam, soit pas méchant avec lui ! lança Atsumu qui avait très certainement dû épier leur conversation. J'aimerais qu'il reste aussi. Pour le truc que je dois vous dire.

Les yeux d'Akaashi se plantèrent bien malgré lui dans ceux de l'homme qui l'accompagnait et les paroles de Shirofuku lui revinrent en tête.

— OK, je reste.

Il s'installa au comptoir et, une vingtaine de minutes plus tard, Atsumu vint pour payer le repas. Osamu, partit s'occuper d'autres clients, revint au même moment.

— Bon alors, qu'est-ce qui était si important ?
— Je vous présente Sakusa Kyoomi, mon petit-ami !

La mâchoire de son frère se décrocha pendant qu'Akaashi haussait les sourcils. Il faudrait qu'il demande à Shirofuku son secret.

— Mais non ? bégaya Osamu.
— T'es censé le féliciter, marmonna son ami. Je suis très heureux pour vous ! Et enchanté de faire ta connaissance Sakusa-san. Depuis quand vous vous connaissez ?
— On est dans la même équipe depuis deux ans. Oh et tu peux juste m'appeler Sakusa. Atsumu me parle tellement de vous deux que j'ai l'impression de vous côtoyer depuis des mois.
— On file le parfait amour depuis maintenant six mois ! s'extasia son petit-ami.
— J'arrive pas à croire que tu ais gardé le secret si longtemps.
— C'est vrai que ça faisait un moment qu'il ne nous avait pas parlé de Kita.

À l'entente du nom de l'ex compagnon d'Atsumu, l'ambiance s'alourdit brutalement et Keiji était sûr d'avoir vu des éclairs jaillir de ses yeux.

— Mais qu'est-ce que tu fais ? manqua de s'étouffer le brun en remarquant le sourire goguenard d'Osamu.
— Il en manque pas une pour m'emmerder, je vois pas pourquoi je m'en priverai. J'ai rien contre toi Sakusa-kun, tu dois être génial si tu arrives à supporter mon frère depuis tout ce temps.
— Sam, t'es qu'un crétin ! Je suis passé à autre chose, sois content pour moi un peu ! Viens Omi, on s'en va.

Puis il tourna les talons sans attendre et quitta le restaurant pendant que Keiji soupirait, las. Les disputes entre les jumeaux ne lui avaient pas manquées. Sakusa resta planté, les bras ballants.

— Je...
— M'en veux pas, commença Osamu. Mais il a réellement eu beaucoup de mal à se remettre de sa rupture avec Kita, un de nos anciens camarades. Ça fait sept ans et y a encore quelques mois, ça le rongeait toujours. Il est sorti avec d'autres personnes entre-temps mais ça n'a fait qu'empirer les choses. Je sais pas s'il t'en a parlé (il s'accouda au-dessus du comptoir) alors je ne rentrerai pas dans les détails, mais si tu es aussi bénéfique que tu en as l'air pour lui... Ne lui brise pas le cœur s'il te plaît.
— Comment peux-tu savoir si je suis bénéfique pour lui ? On vient à peine de se rencontrer.
— Tu n'imagines pas dans quel état on l'a vu par le passé, intervint Akaashi.

Son regard lourd de sous-entendu crispa légèrement Sakusa qui hocha la tête, dans un signe de compréhension.

— Pourquoi tu lui as parler de ce Kita alors ?
— Pour qu'il s'énerve un coup et quitte la salle. Il est ultra prévisible, pire qu'un gosse. Je voulais juste te dire ces quelques mots. Maintenant...

Il contourna le comptoir pour se poster devant lui et son aura devint menaçante.

— Si tu lui fais du mal, tu auras à faire à moi, annonça-t-il d'une voix dure.

Sakusa écarquilla les yeux et, avant de ne pouvoir dire ou faire quoi que ce soit, Atsumu rentra à nouveau dans le restaurant.

— Bon, tu viens ?!

Son petit-ami sursauta et décrocha son regard du gris pour l'observer. Il se retourna une nouvelle fois vers Osamu qui était désormais souriant.

— J'espère que vous reviendrez nous voir !
— Dans tes rêves ! siffla le décoloré.

Et les deux hommes repartirent. Le calme reprit sa place dans la salle et Akaashi voulut réprimander son ami quand trois clients arrivèrent pour payer leurs repas.

Bon sang, il n'avait même pas fait attention ! Il pensait que la salle était vide. S'il avait su, il aurait empêché les jumeaux de se donner en spectacle. Heureusement, les clients ne semblèrent avoir rien remarqué, trop occupés à discuter entre eux. Ils filèrent rapidement et, cette fois-ci, les deux hommes furent seuls.

— Tu t'es comporté comme un con.
— T'es dur ! Je voulais juste prévenir son nouveau mec.
— Oui, mais tu aurais pu le faire différemment. Ça faisait un moment qu'on n'avait pas vu Atsumu !
— Il reviendra quand il aura compris pourquoi j'ai fait ça.

Après un roulement des yeux, Akaashi décida de partir à son tour, sous le regard assuré de son ami.

— Au fond t'es d'accord avec moi, pas vrai ? demanda-t-il alors que l'autre ouvrait la porte. Toi non plus tu veux plus voir Tsumu souffrir comme ça.
— Non c'est sûr. Mais apprenons à connaître Sakusa avant, et arrête d'embêter ton frère.
— D'accord Papa !

Akaashi soupira avant de refermer la porte derrière lui. Au loin il aperçut Atsumu et Sakusa en pleine discussion. Enfin, il voyait le blond gesticuler dans tous les sens pendant que l'autre l'écoutait sagement, les mains dans les poches de son manteau. Il portait un masque, recouvrant la moitié de son visage. Il se demanda s'il ne valait pas mieux les éviter et Atsumu se mit à lui faire de grands gestes, réglant rapidement le problème.

Il trottina jusqu'à eux et croisa le regard désolé du noiraud.

— Keiji ! Pourquoi Sam se comporte comme un salaud ?! Qu'est-ce que je lui ai fait ? Et qu'est-ce qu'il a dit à Omi-kun pendant que j'étais pas là ? Il refuse de me le dire !

Bombardé par l'énergie d'Atsumu, le jeune recula d'un pas en levant les mains devant lui. Un peu plus et l'autre le secouait comme un prunier.

— Calme toi, tu connais ton frère non ? Tu sais qu'il a une façon assez particulière de veiller sur toi. Et il n'a rien dit de particulier à Sakusa.
— Je te crois pas, je suis sûr qu'il cherche à l'intimider.

Les deux autres hommes lui lancèrent un regard désabusé et il se tut.

— Tu plaisantes ?
— T'es en train de dire que je pourrais me faire malmener par ton frère ? T'as pas fini de sous-estimer mes capacités ? Puis (il lui donna un coup derrière la tête) c'est ton jumeau, arrête de le comparer au diable. Je lui ai à peine parlé mais j'ai très bien pu sentir qu'il tient beaucoup à toi. Tu te montes la tête pour rien.

Atsumu bougonna quelques instants et croisa les bras en regardant ses pieds. Son petit-ami leva les yeux au ciel avant de glisser un bras sur ses épaules pour le coller à lui.

— Fais lui confiance. Et fais moi confiance, marmonna-t-il sans le regarde.

Le blond rougit et, se sentant de trop, Akaashi s'éclipsa discrètement. S'il y avait bien une chose qu'il avait compris en voyant Sakusa, c'est qu'il n'était pas très expressif. Ce contact devait avoir une grande signification pour le couple alors il n'était pas inquiet, le masqué saurait géré la suite.

Le soir, il téléphona à Bokuto pour lui raconter la brève entrevue avec Osamu au sujet de son amie. Il pouvait facilement deviner le bicolore en train de sautiller dans tous les sens pendant qu'il lui exposait déjà les scénarios les plus romantiques possible. Amusé, il le laissa faire et ils restèrent un long moment à discuter ensemble.

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