𝟖 𓅇 𝐋𝐚 𝐦𝐢𝐬𝐬𝐢𝐨𝐧
sʜᴀᴍᴇʟᴇss - ᴄᴀᴍɪʟᴀ ᴄᴀʙᴇʟʟᴏ
Taehyung
Tous mes vêtements sont pliés. J’ai enfilé un sweat beige avec un pantalon blanc. Ce sera plus simple de me changer dans la cabine plutôt qu’avec mes couches de vêtements habituels. Je range la pile dans mon sac et le referme. Le stress est de plus en plus imposant. Je n’ai pas réussi à joindre Ji-eun pour savoir si elle validait la maison. Ce sera donc entre Sumin, son équipe et moi pour l’instant. Il m’a promis une somme monstre pour cette mission, j’espère une promesse tenue.
Doucement, je referme mon piano en caressant le dessus. Je ne pars que 3 petits jours mais ça me semble être une éternité. Dramatiquement, je quitte ma chambre. En sortant, mes grands parents m’attendent. Mamie ouvre mon sac pour y glisser quelques gâteaux et papi se charge de me glisser quelques billets. Billets que je lui rendrais forcément, j’en ai l’habitude. Je les embrasse une dernière fois avant de sortir de la maison.
Il va me falloir un sang froid à toute épreuve. J’évite même la musique en avançant jusqu’au rond point. Dans la cabine, j’opte pour un jean moulant noir, un débardeur blanc, ma veste Dynastie et mes lunettes de soleil. J'ébouriffe un peu mes cheveux bruns et sors des toilettes. Je prends le bus pour rejoindre la gare routière. La voiture rouge flamboyante de Sumin y est garée. Un regard à gauche, un à droite, je m’avance vers lui et entre.
— T’es tout beau dis moi. On dirait presque que tu as mon âge.
Le chef de l’équipe 2 a 28 ans. Je ne sais pas si c’est un compliment ou pas pour le coup mais je prends. Sumin passe son bras autour de mon siège et laisse sa main retomber dans mes cheveux. Son mouvement a le don de me crisper. Je n’apprécie pas particulièrement ce genre de contact physique.
— Tu dois être prêt mentalement Taehyung. Ji-eun est au courant, elle t’envoie ses encouragements. Tu le sais peut-être mais elle est toujours au Mexique donc on ne va pas la déranger pour ça. Ta ceinture. Elle rentre à la fin de la semaine prochaine, tu pourras lui parler de la mission si tu veux. Mais pas un mot sur ton entrée à la boîte. Ok ?
Je m'exécute en clipsant ma ceinture. Ji-eun est absente depuis plusieurs mois déjà. La joindre, surtout en étant un simple rookie est compliqué. Je me contente de tenir compte de mes missions aux responsables de chaque équipe.
— Ok. Je suis prêt. Comme toujours.
☽
— On partage une chambre toi et moi. Yeonjun et Beomgyu sont à l’étage juste au-dessus de nous. Justin et Alex sont dans la pièce juste en face et le reste de l’équipe sera présent demain. On cherche pas non plus à effrayer l’hôtel tout entier. Pour ce qui est de la chambre, on peut te demander ta pièce d’identité. Je t’en ai falsifié une pour que ton nom ne soit pas terni si cette mission tourne au vinaigre. Évite au maximum de rester dans l’hôtel avec ta veste. Il serait même mieux que tu la retires, sinon il va nous griller directement.
J’enregistre chacune de ses paroles en retirant ma veste. Il fait frisquet mais ce n’est rien, j’ai mon pull dans mon sac.
Nous avons roulé quelques minutes seulement pour arriver à Incheon. L’hôtel est dans une petite ruelle. Il n’est pas très grand, je pense qu’il y 10 étages tout au plus. J’ai déjà hâte d’aller m’allonger dans le lit. Déchiffrer un code, ça me demande des nuits complètes et de la maîtrise puissante.
— Donne-moi la carte.
Sumin sort de sa poche ma fausse carte d’identité et ensemble nous descendons de la voiture avec nos sacs. Il me tient la porte et il nous faut monter quelques escaliers pour atteindre la réception. La dame qui s’y trouve nous accueille avec un grand sourire.
— Bonjour messieurs, je vais avoir besoin du nom de la personne qui a réservé. Avec ça, je vais vous demander vos deux cartes d’identité et vous pourrez payer la réservation.
Mon chef donne à la femme tout ce qu’elle demande, je me contente de donner ma fausse carte et heureusement ça passe. Elle nous donne le code du wifi avec nos deux cartes de chambre et nous voilà partis. Comme Sumin l’avait prédit, nous sommes dans une des 4 chambres du premier étage. Celle au bout du couloir. Silencieusement, il s’y rend, je le suis et nous découvrons la chambre.
Il n’y a qu’un lit centré. Avec lui, un minuscule bureau prêt de la fenêtre. La salle de bain se trouve derrière une porte opaque coulissante. Me voilà un peu gêné de partager mon lit avec lui mais je crois que le choix je ne l’avais pas. Ce n’est même pas moi qui ait payé.
Presque prudemment, je m’installe sur le côté du matelas que nous partageons. Sumin ne se laisse même pas le temps de respirer qu’il se lève pour passer une tonne d'appels. Au début, j’ai une oreille attentive mais comprenant que ça ne concerne pas ma mission, je m’y désintéresse. A la place, je sors mes écouteurs dans le but d’écouter quelques symphonies. Avant d’avoir lancé la première note, mon responsable remet ses chaussures.
— Je serai de retour d’ici 2 heures. N’oublie pas de mettre ta carte de chambre dans le petit boîtier sinon l’électricité ne fonctionnera pas. Je t’ai laissé ma carte bleue pour que tu achètes à manger. Il y a un mcdo juste en bas au cas où. Je crois que je n’ai rien oublié. Tu appelles s’il y a un souci ?
Je suis un grand garçon, je sais parfaitement m’occuper de moi seul. Maintenant, s’il propose de m’offrir mcdo, ce n’est pas moi qui vais dire non. Il est 22h, je suis crevé complet et j’ai faim.
— Il n’y aura pas de souci.
Un sourire satisfait face à ma pseudo débrouillardise, Sumin quitte la chambre.
☽
Depuis combien de temps je n’ai pas mangé mcdo ? C’était un délice sans nom. Alors oui, je préfère les plats faits maison mais on ne dit jamais non à un petit fast food de temps en temps. En l'occurrence, j’ai pris un menu triple cheese avec 4 nuggets en plus. Je me suis régalé et il est l’heure pour moi d’aller me coucher. J’ai emporté avec moi le pyjama le plus “professionnel” que j’avais. Non, je n’ai pas pris celui qui sois disant me fait ressembler à une vomissure arc en ciel ou à Rainbow Dash.
Non, la remarque du voisin sur mon pyjama n’est toujours pas passée.
Pour cette nuit, j’ai une chemise grise foncée à manches longues avec des bordures blanches. Au niveau du bas, c’est la même chose juste en pantalon. J’ai bien fait puisque je vais passer la nuit avec un homme, je ne peux pas et je ne veux pas être habillé comme un gamin. Ça ne colle pas avec l’image qu’ils ont de moi dans le gang.
Certes je suis un rookie mais je suis vue comme un peu plus que ça. Je suis un peu comme le responsable des rookies, celui sur qui on compte. Si l’un de nous foire une mission, c’est sur moi que ça retombe. Ils savent avec assurance que je deviendrai un membre à part entière du gang dès ma majorité, ils me font confiance et m’estiment comme un adulte par moment.
Toujours dans un silence ambiant, je prends une douche rapide avec les produits apportés. Je laisse mes cheveux tel qu’ils sont, je n’ai pas de gel à retirer aujourd’hui. Je passe une pommade sur ma peau et enfile mon pyjama gris. Fin prêt à aller me coucher, je jette mes emballages de nourritures, retire ma carte du boitier pour être plongé dans le noir et me glisse dans mes draps.
Je choisis volontairement le côté droit du lit et me couche dos au mur. A peine ai-je fermé les yeux que la porte de la chambre s’ouvre. Génial, il a un bon timing celui-là. Je me redresse pour l’observer fermer la porte.
— Pardon, je voulais pas te réveiller. Je vais prendre une douche rapide et après promis plus de bruit.
Cela peut sembler louche mais j’ai besoin que le monde s’arrête lorsque je vais me coucher. A la maison, tout est toujours tellement calme que lorsque je m’installe dans mes draps et reste immobile, j’ai l’impression que le monde fait pareil. Ce fait en particulier me rassure et m’aide à trouver le sommeil. Si je le sais à 2 mètres de moi en train de prendre une douche, je ne vais pas réussir à m’endormir.
En plus il a rallumé la lumière… Bah ouais en même temps il allait pas se doucher dans le noir…
Je me recouche sur le dos cette fois et attends simplement qu’il finisse. Par chance, il n’a pas menti. En un claquement de doigts, il sort de la salle de bain habillé d’un jogging. Il n’a rien mis en haut laissant les preuves de la salle de sport se faire voir. J’aimerais être intimidé mais vu ce que j’ai vu au club la dernière fois…
— Tu te rinces l’oeil Taehyung ?
Pardon ?
— Pourquoi je ferais une chose pareille ?
Sumin retire sa carte du boitier et nous voilà dans le noir à nouveau. Je sens une pression sur le lit, il se couche à côté de moi, en face de moi. Je suis toujours bêtement sur le dos alors que je sens un truc bizarre dans l’air. Un truc qui va probablement m’empêcher de dormir sereinement.
— Parce que j’ai un torse presque aussi joli que ton visage. Rien ne détrône ton visage, il a ce truc spécial.
Deuxième pardon ?
— Qu’est-ce que tu racontes au juste ?
J’ai soudain l’impression que ce lit est trop petit pour nous deux. Je sens son souffle contre ma peau comme si nous étions à un centimètre l’un de l’autre. J’entends ses mots comme s’ils me les chuchotait directement contre l’oreille. Tout ça est dérangeant.
— Je ne raconte pas, je constate.
Ma salive se bloque sans ma salive en sentant son doigt contre ma hanche. Je ne sais pas comment c'est arrivé mais mes mouvements ont fait que ma chemise ne cache plus parfaitement mon torse. Son doigt trace la courbe de ma hanche, cette action double les pulsations de mon coeur, elle me donne la chair de poule et une envie de vomir atroce.
— Qu'est-ce que tu constates ?
— Je constate à quel point ce serait bon que tu passes la nuit dans mes bras Taehyung. Ne me dis pas que tu n’en as pas envie. Je sais que tu n’es pas hétéro.
Il a 28 ans, j’en ai 17. Il a 28 ans, j’en ai 17. Il a 28 ans, j’en ai 17.
C’est dégueulasse. Oui, horrible, à vomir et j’en passe. Non, Sumin n’est pas moche, il est même très beau mais ça ne change pas que je ne fantasme pas sur les hommes plus vieux que moi. C’est écoeurant.
Je suis presque paralysé, là sur le dos à ne juste pas bouger pendant que son corps se rapproche dangereusement du mien. Je sens sa tête contre mon épaule, il pose un baiser contre la peau nu de mon cou, je ferme fortement les yeux.
— Allez Taehyung, laisse toi aller dans mes bras. Tout mon corps pourrait être à toi. Qu’est-ce que tu dis de 700 euros de plus ? Tu n’auras rien à faire, juste à rester allongé et à me laisser prendre soin de toi. Dis oui.
Ma respiration devient audible, je comprends que je ne maîtrise plus la situation. Garder un calme à toute épreuve ne fonctionne visiblement pas dans ce genre de cas. Sumin me fait presque peur en me proposant tout ça.
700 euros de plus bien sûr que c’est tentant. Je ne suis pas dans un gang pour le plaisir. J’essaye d'aider à la maison car de nos jours une retraite ne paye pas tout et qu’un jeune comme moi a du mal à trouver du travail légal sans expérience. Puis j'ai mon ami à qui je verse une partie de mon salaire. Mon but n’est pas de normaliser mes actions, loin de là. Je n’ai juste pas trouvé d’autres options à l’époque alors j’ai dû faire ainsi.
Donc oui repartir de là avec un loyer ne serait pas de refus mais à quel prix ?
Ma dignité dans tout ça ?
— Ne me touche plus comme ça s’il te plaît. Je ne veux coucher avec absolument personne et surtout pas un responsable d’équipe.
Par quel miracle j’ai réussi à dire tout ça, je ne sais pas. J’ai juste inspiré et pensé à ce qui sonnait le mieux. En tous cas, ça marche. Sa main s’arrache de ma peau et il recule à une distance convenable.
— C’est dommage mais je comprends. Je ne te le redemanderai pas.
Encore heureux purée ! Pour commencer, il n’aurait jamais dû me le demander. Ensuite, me toucher ainsi était extrêmement malvenu. Il n’aurait jamais dû non plus.
Je lui tourne le dos et emporte la couette avec moi. J’aimerais trouver le sommeil mais son toucher me brûle même après sa disparition. Je ne me sens plus en sécurité, j’ai l’impression qu’il pourrait se mettre à me toucher dans mon sommeil ou à se toucher à côté de moi. Résultat, je passe la nuit à dormir en restant sur mes gardes. Je ne dors qu’à moitié.
Voilà qui sent mauvais pour ma mission.
☽
La nuit a été horrible presque autant que la matinée. Sumin agit comme s’il ne m’avait pas proposé de baiser dans la nuit. J’ai dis non, il a avalé mon refus et a dormi comme un bébé. Voir qu’il doit avoir l’habitude de ce genre de situation me sidère.
Étant fortement gêné dans la chambre, j’ai demandé à sortir. Il m’ a dit que l’homme recherché devrait être là pour 19h. Je dois donc être dans ma chambre à 18h. Ma mission est plus importante que ma gêne alors j’accepte.
Une fois dehors je m’octroie une petite journée tranquille. Aujourd’hui, il n’y a pas de piano et pas de devoirs. Alors j’en profite pour me balader avec l’argent que j’ai ramené. Je mange dans un petit restaurant à midi, la dame accueillante me redonne le sourire sans rien faire de particulier. Elle se contente de me servir avec le sourire et comme ça ma journée est un peu égayée. Je passe le début de mon après midi dans une bibliothèque à feuilleter quelques bouquins et la fin dans un PC Bang (1) a testé tous les jeux vidéos possibles et inimaginables.
[1. Cybercafé spécialisé dans les jeux vidéos]
Dans ma vie de tous les jours, je ne joue pas énormément. Pas par manque de temps mais par flemme. Le peu de fois où je le fais par contre, je ressors content de voir comme je suis doué. Il faudrait que je touche à ma console plus souvent durant mes pauses quotidiennes. Juste histoire de m’amuser un peu plus.
Aux alentours de 18h, je rentre dans la chambre comme prévu. J’y trouve Sumin sur son ordinateur, il me prête à peine attention. Je m’assois sur le petit bureau pour être le plus éloigné possible et le temps que quelques minutes je regarde juste dans le vide avec mes écouteurs dans les oreilles. J’avoue ne pas trop savoir quoi faire pour griller le temps. Je ne suis plus à l’aise avec lui et ma tablette est en charge.
Des doigts claquant parasitent ma vue et me ramènent sur terre par la même occasion. Je retire mon casque et m’enfonce un peu plus dans ma chaise. Il est trop près tout le temps et pour rien.
— Je quitte la chambre pour rejoindre celle de Han dans 30 minutes. Tu dois me garantir d’être en état pour cette mission sinon je préfère demander à un autre gars. On a pas le choix, c’est notre seule chance de récupérer ce qu’il y a dans ce coffre. Quoi que ce soit, tu dois le prendre et te barrer le plus rapidement possible. Pose le contenu dans la valise ou garde le si tu penses pouvoir le cacher suffisamment longtemps. Compris ?
Je n’ai pas dormi de la nuit et j’ai passé la journée à jouer et à lire des livres. Je n’ai aucune idée de si oui ou non je serai en capacité de déchiffrer ce putain de coffre mais je réponds quand même :
— Je suis prêt. Je vais le faire.
Parce que j’ai besoin de cet argent et que je ne veux pas l’obtenir en couchant avec Sumin ou qui que ce soit.
Sumin hoche la tête et file se préparer. Il ressort de la douche avec un costume noir à trois pièces. Je remarque presque immédiatement comme ça lui donne l’air plus vieux d’au moins 5 ans. Il ne me dit rien de plus en quittant la chambre et pour de vrai, je me mets à méditer.
Je prends le temps nécessaire pour méditer et calmer mon esprit au maximum. Pendant peut-être deux heures, je me contente d’une bonne sieste. A mon réveil, j’écoute quelques sonates douces pour calmer mon esprit. Et l’heure arrive. Il est 23h. Et si le plan est respecté, Junghoon n’est déjà plus dans sa chambre. C’est à mon tour de jouer.
Je mouille mes cheveux et le haut de mon corps complètement. Stratégiquement, je remets mon sous-vêtements et enfile un peignoir. Que l’action commence. Je sors de la chambre avec ma carte placée dans mon caleçon. Elle ne doit pas être remarquée. Au plus vite, j'emprunte l'ascenseur. Je monte au septième étage et redescends illico à la réception. Avec mon air le plus inquiet, je m’approche du comptoir au pas de course.
— Excusez moi ? Oui bonsoir, j’ai un petit problème. Je prenais un bain dans ma chambre, celle que je partage avec monsieur Jeon Junghoon et j’ai cru entendre toquer. Je suis sorti et la porte s’est refermée sur moi. Ma carte est à l’intérieur et monsieur est de sortie. Est-ce que vous en auriez une supplémentaire ou bien vous pourriez m’y accompagner et m’ouvrir ?
Il pourrait croire que je mens mais personne ne sortirait en peignoir dans la réception d’un hôtel pour le plaisir. Absolument personne sauf une personne qui travaille dans un gang et a une tonne de magouilles pour parvenir à ses fins.
Le réceptionniste doit s’abstenir de péter de rire, je le lis à son visage.
— Bien sûr monsieur vu la situation. J’ai besoin du numéro de la chambre.
— Vous me sauvez la vie. La chambre 702, au septième étage.
Si c’est aussi simple d’avoir la clé de chambre de quelqu'un…
— Pas de quoi. Mais j’ai une petite question. Monsieur Jeon s’est enregistré seul. Il n’a pas parlé d’un homme de plus avec lui.
Et merde.
Taehyung, c’est le moment d’allonger ton mensonge.
— A vrai dire, ce n’était pas prévu. On a prévu de… passer la nuit ensemble. Si je prenais ce bain, c’était avant tout pour lui faire une petite surprise avant qu’il ne rentre. Il paiera la différence de ma venue, demain sans faute. Par contre, je commence vraiment à avoir froid donc…
L’homme rougit à mes détails. C’est clair qu’il ne s’attendait pas à ce que je lui en donne autant. Moi non plus. C’est bien parce que je pense ne jamais le revoir que je me permets de dire ça.
— Voilà pour vous. Passez une agréable nuit.
— Oh, elle sera bonne j’en doute pas. Mille mercis.
Je lui prends la petite carte magnétique des mains et file à l’ascenseur. Je respire enfin pendant qu’il monte. Il va me falloir être rapide dans chacun de mes mouvements. Les portes s’ouvrent, je file au bout du couloir et la carte fonction,e. Immédiatement la porte s’ouvre. Je commence par la claquer pour m’assurer que personne ne soit derrière. Il n’y a personne. A pas doux, j’avance dans la chambre et entre la carte dans le boîtier à électricité.
Cet endroit n’est pas très grand. Il y a une valise ouverte dont le contenu est éparpillé sur le lit mais personne aux alentours. J'inspecte la douche et R.A.S aussi. La chambre est vide. Personne dans l’armoire, sous le lit ou que sais-je.
Le coffre est derrière la mini porte au-dessus du petit réfrigérateur. Avant de l’ouvrir, je place la valise stratégiquement derrière la porte. Pour que ça ralentisse de deux secondes au moins la prochaine personne qui tentera d’entrer.
Me voilà prêt à décoder ce coffre.
J’ouvre la portière et en voyant le coffre, mon esprit se vide. Ma technique est la suivante. Il n’y a pas de coffre, je suis le coffre. C’est moi le coffre.
Je fais le vide complet de mon esprit et tourne la serrure très lentement en marquant des arrêts sur certains chiffres. Le bruit de refus se fait entendre. Je ne me laisse pas décourager, bien au contraire. Il était impossible que je réussisse du premier coup. Je réitère mon action et le coffre se bloque de nouveau. J’assouplis mes doigts et recommence une bonne dizaine de fois sans grand succès.
Selon l’horloge, il est 23h14. Impossible que les hommes de ce Junghoon ne soit pas déjà au courant de la supercherie. Mes supérieurs ont, si j'ai bien suivi, récupéré un ordinateur incriminant pour cet homme. Ils le font déjà chanter en haut. Mon rôle à moi est de récupérer ce qu’il y a dans ce coffre pour qu’en ayant tout perdu, il comprenne qu’on ne vole pas Dynastie.
Le souci est qu’à ce rythme, je me mets en danger. Ce coffre est trop compliqué à décoder. Il me faut juste choisir la facilité. S'il a un code de cette difficulté là, il a forcément une clé pour le débloquer dans le cas où il oublierait la combinaison. C’est cette clé qu’il me faut.
Je me jette au sol près de sa valise. Elle est déjà bien en désordre. Je jette ses vêtements un à un pour fouiller les poches de ses jeans. Rien. Je vide le tout et m’empare de sa trousse de toilettes. J’en renverse le contenu au sol et pareil, il n’y a rien. Je fouille dans les vestes de costumes et encore une fois que dalle. Je crois que je ne trouverais rien là dedans.
Un instant.
Il y a avait un sac à dos de l’autre côté du lit. Je me précipite vers lui et renverse le contenu sur le lit. Un passeport, des papiers d’identité, un trousseau de clés.
La clé est là dedans, forcément. Ne pouvant pas à l'œil nu deviner laquelle est la bonne, je prends le tout. Sur le côté du coffre se trouve en effet une serrure. J’élimine d’office les trop grosses clés. A la place, je prends les trois plus petites. La première ne passe pas. Je m’acharne avec la deuxième que je pensais être la bonne. L’horloge défile, je vais me faire attraper bordel. J’entre la troisième presque en priant et par je ne sais quel miracle, la porte du coffre s’ouvre.
— Oh bordel oui !
Je regarde à l’intérieur et ce qui s’y trouve vaut le détour. Il y a quelques factures, et deux documents agrafés. Posées dessus, il y a une pierre bleue resplendissante. Une comme jamais vu auparavant.
— Ok… Faut croire que mon caleçon va en voir de toutes les couleurs aujourd’hui.
Un sourire ironique sur le visage, je rentre les papiers pliés dans mon caleçon. Pour ce qui est de la pierre, je la garde précieusement dans ma main. J’ai tout et ce n’est pas très agréable. Je rattache correctement mon peignoir, donne un coup de pied à la valise et ouvre la po- merde pourquoi elle s’est ouverte seule ?!
J’ai un mouvement de recul mais trop tard. Je n’ai pas le temps de me cacher qu’un homme apparaît devant moi. Pas très imposant, juste très grand et rapide vu la vitesse à laquelle il me décolle une claque.
— Tu viens de te mettre dans la merde, affirme l’homme roux.
Et merde.
Je ne suis pas assez rapide non plus lorsqu’il attrape mon bras et le tord dans mon dos. Je grimace d’inconfort et tente de me dégager sans grande réussite. Je reçois un coup de poing en plein dans la hanche qui me fait chanceler. Là, à genoux dans cette chambre, je n’ai aucune idée de comment je vais filer. Je tire sur mes bras mais il n’en démord pas, à la place, il m’envoie un coup de pied dans le dos.
Je ne sais pas s’il le fait stratégiquement ou non mais, il me lâche à ce moment. Étant un peu sonné par la douleur, je laisse mes mains tomber au sol. Un rire gras sort de sa gorge lorsqu'avec ses énormes bottes il m’écrase la main. Je pousse un cri bien plus fort que les autres.
Mes mains… Pas mes mains… Je ne peux pas jouer du piano sans ça !
Je serre ma main en forme de poing comme pour celle qui conservait la pierre. Pierre qui est maintenant au sol. S’il la remarque, je vais mourir ici. La porte s’est refermée évidemment et ce mec ne me laissera jamais l’atteindre de toute manière. Je dois trouver une solution.
— Lâchez-moi !
L’homme me ramasse par le col sans difficulté, je quitte le sol et à cet instant j’ai vraiment peur. Je n’ai jamais été confronté à une bagarre d’une telle violence. Dans les missions représailles les gens qui s’en prennent à moi se contentent de me secouer un peu ou de quelques gifles. J’arrive à riposter. Mais là, face à quelqu’un qui s’y connait en bagarre, je sèche complet.
Il me lâche dans le vide et je m’écrase contre la table de nuit. Mon dos me fait affreusement mal, je me replie sur moi même et lève une main pour le supplier silencieusement de ne plus me toucher.
L’homme toujours prêt à en découdre m’envoie un coup de pied sur le haut de ma jambe. Il se met à mon niveau alors que je tremble pour de bon. Je n’ai même pas de vêtement à part mon caleçon. J’ai peur. Peur de ce qu’il pourrait me faire en s’en rendant compte. Peur de mes blessures qui seront décuplées à cause de ma nudité. Et je sens mes mains tendues. Je ne vais pas réussir à jouer du piano, il m’a pété la main en marchant dessus comme ça.
— Oh tu vas pleurer gamin ? Tu sais c’est ce qui arrive aux petites putes qui font tout et n’importe quoi pour de l’argent. Tu pensais pouvoir venir voler le patron sans souci ? Tu ne l’as pas trouvé et maintenant quoi ?
Je déteste sa manière de s’adresser à moi. J’en ai des frissons, c’est insupportable.
Je dois me sortir de là bordel. Je dois le faire oui.
— Vous savez monsieur… Moi j’ai pas fait ça pour de l’argent… Pas du tout non.
La voix avec laquelle je parle moi même m’écoeure mais pas le choix. Il a parlé d’un gamin non ? Si m’imaginer ainsi dans son esprit de pervers m’aide à m’échapper d’ici, grand bien lui fasse.
Il attrape durement ma mâchoire entre ses doigts et me force à le fixer. Il serre si fort que j’ai l’assurance d’avoir des bleus ici dès maintenant. Ma main saigne. Je marque vite et ceux depuis longtemps maintenant. Rien qu’avec un coup d’oeil, je remarque ma peau rouge de partout.
— Laisse moi rire, pourquoi alors ?
C’est maintenant ou jamais. Je dois le distraire si je veux prendre la fuite à un moment.
— Laissez-moi vous montrer…
L’homme fronce les sourcils avant de m’en coller une. Je pousse un gémissement qui une bonne fois pour toute le surprend. Quel idiot.
— Tu as gémis ? Tu aimes ça en plus ? Tu n’as pas fait ça pour de l’argent non… Mais pour te faire prendre la main dans l'sac. J'ai tort ?
Je vais vomir. Son putain de sourire me donne envie de vomir.
— J’aime tellement ça oui…
Je me donne envie de vomir.
— On va peut-être pas te tuer non. Tu ferais une bonne pute pour les gars et pour moi. En revanche, tu peux rêver pour retourner voir ton ou ta chef. Oh oui ça tu peux.
Idiot, idiot, idiot !
— La meilleure de toute oui mais si tu me laisses te montrer, tu pourras en être sûr… Frappe moi encore.
L’homme ne se gêne pas pour me décrocher un coup de poing dans la mâchoire. Un goût métallique envahit mon palais.
J’ai envie de pleurer.
Le remarquant moins sur la défensive, je me mets lentement à genoux devant lui. Très lentement et je m’en approche. Il baisse la garde encore un peu, je le sens. Comme un con, il s'assoit sur les fesses, visiblement prêt à je ne sais quoi. Je l’observe droit dans les yeux et comprend que c’est mon charme qui agit naturellement sur ce con.
— Je n’ai rien sous ce peignoir monsieur.
J’avale bruyamment ma salive en le voyant se lécher les lèvres. C’est maintenant ou jamais. Je pousse sur mes jambes et titube légèrement. Sachant que je l’ai dans la poche, j’essaye d’agir comme si j’allais retirer mon peignoir. A la place, je fais deux pas vers la gauche. Deux minuscules pas.
En un battement de cœur, je me baisse, ramasse le diamant et ouvre la porte. Il est vif et se relève mais trop tard, je cours déjà à toute vitesse. Je passe par la cage d’escalier. J’entends la porte claquer une deuxième fois mais jamais je ne me retourne. Je descends à toute vitesse et m’arrête au hasard dans un couloir. Je ne sais même pas à quel étage je suis. Je cours, je cours et sans que je ne m’y attende un bras sort d’une chambre et me tire à l'intérieur. La porte se referme instantanément et je m’écrase au sol, la respiration courte.
Putain de merde, qui est ce mec.
Un homme aux allures de mannequin et à la taille élancée se trouve devant moi. Je pousse un gémissement de douleur en constatant avec horreur toutes les marques sur ma peau blanche.
— Taehyung.
Oh mais si ! J’ai déjà vu ce mec au QG ! Oh bordel.
— Yunho, je m’appelle Yunho. On doit être très rapide, ok ? Pose pas de questions.
Le dit Yunho me tend une main que j’attrape avec difficulté. Il me remet sur mes deux jambes et m’installe sur son lit où se trouve une trousse médicalisée.
— Je te soigne et ce soir on décampe d’ici, ok ?
— Ok.
☽
J’ai un bandage à la main…
Je suis dans une merde noire, c’est le cas de le dire.
Dans trois jours, je passe la première épreuve du prix final et dans cet état, il est impossible que je la réussisse.
— Enfile ça.
Yunho a passé de la pommade sur ma peau rougit. Il a nettoyé ma lèvre abîmée avant d’y mettre un petit pansement. Et pour finir, il a bandé ma main.
Je suis dans la merde.
J’attrape les vêtements qu’il me tend. Un jean gris avec un tee-shirt et un gilet noir. Je sors de mon caleçon les documents que j’ai trouvés, il pète littéralement de rire en voyant ma cachette lamentable. Comprenant l’importance des documents, Yunho m’ouvre une pochette en cuir noir dans laquelle je range les documents moites par ma faute. J’enfile ses vêtements et garde avec moi la pierre.
— Tu as vraiment l’air pas bien Taehyung. Tu es sûr que ça va mieux ? Reprends des antis douleurs si tu veux, je t’en laisse une boîte entière. Et…
Il se mordille la lèvre l’air gêné avant de souffler :
— Je sais pas ce qu’il a pu te faire là-dedans. On n'emmène jamais des rookies avec nous, c’est tordu mais bon. Sumin a tellement insisté. Quoi qu’il en soit si vraiment tu fais trop de cauchemars ou autre, voilà. C’est ultra fort alors vraiment n’en prend qu’une fois , trois max, je déconne pas, tu pourrais vraiment être en danger si tu ne fais pas attention avec ça.
Heureusement ce mec ne m’a rien fait de trop étrange. Sumin lui a voulu et si j’y pense cet homme aussi. Je ne sais pas ce que ces vieux pleins d’argents ont a désiré un jeune lycéen comme moi. Je ne parviens même pas à comprendre comment je peux être attirant dans leur esprit.
— Merci et t’inquiète. Ça va. On peut partir, je pense.
Je mets sur ma tête ma capuche. Yunho range le contenu traînant de sa chambre, il prend ses affaires et on s’en va.
Je n’ai aucune idée de comment cette mission a terminé. Je ne sais pas non plus où est l’autre idiot qui s’est fait berné par mes sales paroles et mon sale regard. Quoi qu’il en soit, lorsque Yunho m’ouvre la porte, il est confiant et a raison. Ici, le calme règne à nouveau.
Ce mec n’avait plus de raisons de me poursuivre, je pense. A moins d’ouvrir lui même le coffre, il ne sait pas que je suis reparti avec quelque chose. S’il est sensé, il a dû se dire que je n’étais qu’un lâche qui s’est laissé entrainé dans une merde sans nom. Et d’un côté, il n’aurait pas tort de le penser.
Yunho nous fait passer par la porte de secours après avoir pris l’ascenseur. Une voiture noire nous attend à l’entrée. Je concentre mon attention sur le vent qui caresse ma peau. Je réalise à quel point j’étouffais là bas.
J’entre à l’arrière, Yunho à côté du conducteur et il démarre. Sumin est censé récupérer mes affaires et me les rendre une fois là où on va. Pour l’instant, je ne m’en soucie pas. Je fixe l’extérieur, le monde de la nuit agitée et une question vient perturber ma soudaine paix.
Jusqu’où à ton âge tu serais prêt à aller pour de l’argent ?
Je ne sais pas.
Est-ce que tout ça c’est vraiment pour ton ami et tes grands- parents ? Est-ce que finalement ce n’est pas ta manière à toi d’avoir une vie moins ennuyeuse que la tienne ? N’es-tu pas à la recherche d’adrénaline quitte à te mettre en danger de mort ou d’agressions ?
Je ne sais plus…
☽
Nous allons passer les dernières heures dans cette grande maison en ville. Personne n’aura la force de rentrer à Séoul cette nuit et les gars ont autre choses à régler à Incheon dans la journée de demain.
Si j’ai tout compris, cette maison moderne appartient à un des gars qui avait une dette à payer.
J’ai attendu l’arrivée de Sumin pour lui faire un compte rendu de la mission. Je lui ai rendu les papiers mais pour une raison que j'ignore, j'ai gardé le diamant. J’ai vu sur son visage qu’il était satisfait de mon travail et cette espèce de validation m’a presque fait bomber le torse de fierté.
— Tu peux te reposer maintenant, on partira demain à 17h. Quand tu passeras au QG, je te paierai moi même, a-t-il dit.
Je n’ai pas bronché. Étant exténué, je suis allé au lit en prenant les médicaments de Yunho. Inutile de dire que ça m’a assommé au point de me retrouver à dormir jusqu'à 12h le lendemain. Je me suis réveillé le corps douloureux dans cette chambre d’amis. Je n’ai même pas cherché à prendre une douche ou autre. J’ai simplement attendu dans mon lit que l’heure de partir se présente. A la bonne heure, Sumin m’a finalement ramené à la gare routière. Je ne voulais pas qu’il aille jusqu’à ma maison et connaisse mon adresse. Vaut mieux oublier.
Quand enfin sa voiture quitte ma vue, un soupir de fatigue me quitte. Je passe aux toilettes du rond-point pour troquer mes vêtements sombres. Je n’ai pas le temps, ni le courage de cacher mes blessures. Je devrais trouver un mensonge tant pis.
Presque dépité par cette fichue mission, je rentre à mon bâtiment.
Quand je m’apprête à tirer sur la poignée, une présence se fait sentir dans mon dos. Je me retourne vivement prêt à tenir la porte et c’est le visage du voisin que je vois. Il fronce les sourcils en voyant mon apparence et naturellement il me lance :
— Rainbow Dash n’avait pas de pansement sur les lèvres. Elle n’avait pas non plus de bandage à la main. Aucune vomissure arc-en-ciel n’en a d’ailleurs. Est-ce que mon analyse à ton sujet était mauvaise ? Pourquoi j’ai ce petit sentiment qui me dit que le corbeau de nous deux c’est toi ?
Ses mots sont balancés sur un ton blagueur. Il m’a d’ailleurs l’air moins sur les nerfs que le jour de notre rencontre.
Maintenant voilà.
Chaque mot qu’il me balance a sa part de vérité. Il s’est complètement trompé à mon sujet comme absolument tout le monde. Aussi sombre soit-il, le voisin lui ne fait pas partie d’un gang. Le voisin ne passe pas son temps à risquer sa vie alors qu’il n’est qu’un lycéen. C’est un ado normal. Il n’est pas et ne sera jamais aussi tordu que moi et les autres rookies.
— Un corbeau non, je te laisse ce rôle. Si tu cherches à m’analyser, tu verras que c’est bien plus compliqué qu’un simple oiseau aux plumes noires.
Si j’étais un oiseau, j’aurais des ailes noires d’un côté et blanches de l’autre.
J’ai conscience qu’un jour, mes deux vies finiront par se croiser. Le jour où un membre du gang découvrira que je suis le pianiste prodige de ce pays. Le jour où ma famille découvrira que je ne suis pas cet enfant prodige et sans problème qu'ils croient que je suis mais que je me pavane en annonçant la mort à des gens bien plus âgés que moi.
Le jour où mes deux vies se croiseront, je serai englouti dans la collision.
☽
Fin de chapitre !!!
On entre un peu plus dans le vif du sujet, en espérant que ça vous plaise toujours ! Si c'est le cas votez pour ce chapitre 🙃
Pour ceux qui n'ont pas lu Summer Break Stories, je racontais ma semaine à chaque fin de chapitre et today j'ai envie de le faire.
J'ai eu le coeur brisé cette semaine, par un garçon pour changer 💃 mais j'ai enfin éclairci l'idée pour ma prochaine histoire !!! Il est un peu tôt pour vous en parler mais j'ai hâte de le faire.
J'espère que votre semaine se déroule bien ! On se dit à samedi ?
Kiss kiss, <3
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