𝟔 𓅇 𝐋'𝐢𝐧𝐯𝐢𝐭𝐚𝐭𝐢𝐨𝐧
ᴛʜᴇ ᴅᴇᴠɪʟ ᴅᴏᴇsɴ'ᴛ ʙᴀʀɢᴀɪɴ - ᴀʟᴇᴄ ʙ
Taehyung
— Mais non ma’, je te dis que je ne travaille pas trop. Si j’ai fini après le dîner aujourd’hui c’est parce que j’avais oublié une partie du chapitre dans mon programme, rien de plus.
Rater le dîner aujourd’hui était une erreur. Selon mes grands parents, il y a un temps pour être en famille et un pour étudier. Moi, je ne fais aucune distinction entre ces deux temps.
— D’accord. On va aller dormir. J’ai mis ton assiette dans le micro-onde. Mange s’il te plaît et va te coucher directement après, compris ?
Je quitte mon piano pour rejoindre mamie devant ma porte de chambre. Je la prends dans mes bras en espérant la rassurer, elle tapote mon dos et après un dernier sourire, elle va dans sa chambre.
Je dois manger à tout prix. Ni une ni deux, je rejoins la cuisine. Une bonne petite salade de riz m’attend sagement ici. Je me serre un grand verre d’eau et sans plus de cérémonie j’entame mon repas. Mon pauvre ventre criait famine durant ma répétition. Dans le silence de ma maison, je mange, je mange, je mange jusqu’à ce qu’une notification de mon portable ne vienne m'interrompre. Je prends la décision de vite finir mon repas avant d’attraper mon téléphone. Un message de Sumin s’affiche sur mon écran d’accueil.
Sumin : Tu es attendu à la boîte. Passe par derrière, dis ton nom et le vigile te laissera passer.
La quoi ?
— A la boîte ?!
Les rookies ne vont pas à la boîte. Nous, on va au QG et au hangar sinon rien. Les autres filiales de Dynastie style restaurants, boîtes, magasin et j’en passe, on n’a pas le droit d’y mettre un pied. Ce serait risqué pour nous en tant que mineur d’être aperçu à ces endroits.
Moi : Pourquoi ?
Je coince un doigt nerveux entre mes dents et attends patiemment sa réponse.
Sumin : Viens et ne pose pas de questions Taehyung. Sois rapide.
La curiosité me pousse à me lever en vitesse et à porter mes pas jusque dans ma chambre. Je prends mon sac à dos, dedans je fourre mon jean noir, mon tee-shirt noir et ma chemise bleue nuit. Avec ceci, je sors de ma chambre et quitte ma maison en espérant sincèrement que mes grands-parents ne remarquent rien. Ils ne sont pas naïfs, juste endormi. Du moins, je l’espère.
Je dois d’abord passer par le rond-point pour me changer dans les toilettes portatives. Je m’habille avec les vêtements emportés dans mon sac et range le reste.
Dans la nuit, je prends le dernier bus disponible pour me rendre à la boîte de nuit. Il me dépose en centre ville, au cœur de Séoul, ici tout le monde est encore réveillée. Les rues sont éclairées aux milles couleurs, les gens vivent comme en plein jour. J’avance jusque dans la rue où se trouve la boîte. Il y a du monde dans la file d’attente. Je fais le tour, comme ordonné et le calme me revient. Un homme d’environ la quarantaine se trouve devant la porte arrière. Je contourne les sacs poubelles et me positionne devant lui. Il me regarde à peine.
— Eum Kim Taehyung, j’annonce.
L’homme appuie sur son oreillette et hoche finalement la tête. Il s’écarte et m’ouvre la petite porte. Je le remercie en entrant. La porte se referme derrière moi me bloquant dans l’obscurité totale. Je comprends vite que je dois pousser la vitre devant moi. Je le fais et soudain la musique s’infiltre dans mes tympans, les jeux de lumières agressent mes pauvres yeux et surtout la débauche… Elle ne me surprend qu’à moitié mais m’effraie.
Je comprends que je suis dans la partie privée du club. Il y a bien une piste de danse et un bar mais c’est plus intime… Peut-être même trop. Des gens ont des rapports sexuels sur les canapés et à même le sol. Par dessus la musique, des gémissements, des claquements de peau, des cris et des rires se font entendre. Je savais que des prostituées se trouvaient au club mais jamais je n’avais imaginé les croiser. Je comprends parfaitement pourquoi on ne met pas les pieds ici.
— Tu veux une fille ? Tu peux prendre celle que tu veux Taehyung. Ce sera notre petit secret.
La voix de Sumin me fait sursauter me poussant à me retourner vers lui. Il est si reconnaissable avec ses cheveux verts fluos et sa grande taille. Sumin est le chef de l’équipe 2. Dans le gang, notre responsable est Ji-eun mais ne pouvant pas gérer toutes les missions seules il y a des équipes. L’équipe une, deux, trois, quatres et 5 + les rookies. Je suis chez les rookies, mon travail ne croise jamais celui d’une des 5 équipes. Je n’ai rien à faire ici. Et il m’a proposé une prostituée alors je n’ai que 17 ans bon sang.
— Non, je ne veux pas de fille. Merci quand même, dis-je ironiquement.
Je suis gay, les filles ça ne m’intéressent pas. Encore moins quand on me les vend comme des objets. Malheureusement être dans un gang et être gay ça ne rime pas. Je préfère ne rien dire à ce sujet et décliner l’invitation sans plus de précision.
— Tant pis pour toi. Suis moi.
Il porte son verre à ses lèvres et me traîne avec lui jusqu’à une autre entrée. Heureusement une fois dans ce petit bureau, il n’y a ni gémissements, ni cris, ni rien de tout ça. Le sexe ne me met pas particulièrement mal à l’aise. C’est juste le fait que ça soit comme ça, en public. Pour ma part, je n’ai pas énormément fait l’amour. J’ai eu un copain il y a 2 ans avec qui on l’a fait quelquefois, rien de très ouf et après notre rupture, j’ai concentré mon attention sur autre chose.
— Je n’ai pas le droit de venir au club. Est-ce que Ji-eun est au courant ?
Je m'assois sur la chaise. La pièce n’est pas très grande, il n’y a de la place que pour un petit bureau, une fine armoire et deux chaises. Je pense qu’à 4 on serait serrés.
— Je dirige une équipe, je peux prendre mes propres décisions Taehyung. Ce que je vais te proposer aujourd’hui te permettra d’évoluer même en tant que rookie. Je te propose d’être un membre à part entière un week-end.
Quoi ?
Ok…
Je sais qu’une fois tous les trois mois, il est permis aux rookies de tous les gangs de prendre le contrôle. C’est ce qu’on appelle la semaine F. Autrement dit, la semaine free. Nous sommes libres de gérer les opérations, les ventes et j’en passe pour nous ancrer un peu plus dans ce monde tordu. Je le sais. Mais la semaine F est déjà passée depuis un mois et demi.
— Je sais ce que tu te dis. Ça n'a rien à voir avec la semaine F. Rien du tout. Je veux que tu partes en mission avec notre équipe. On a une petite mission d’un week-end et je pense que te faire observer serait bien. Tu vas pas juste rester à te tourner les pouces. Je vais avoir besoin de ton calme et de ta patience avec moi. Pour cette mission tu seras rémunéré comme nous. C’est à dire 700 euros. Si la mission devient dangereuse, ton salaire sera augmenté en conséquence.
Je vais partir en mission avec l’équipe 2 ? Moi ?
— Sérieusement ? Mais je- je vais devoir faire quoi ?
C’est une somme 700 euros. Une grosse somme même. Je veux dire- par mois ici je gagne à peu près 200-300 euros, ce qui me permet d’aider mon ami. Alors me faire 2 fois mon salaire en un week-end, c’est…
— Nous serons dans un hôtel à Incheon. On dormira tous dans cet hôtel donc il faut que tes parents ou tes responsables légaux soient d’accord. Trouve un bobard. C’est un hôtel sur Incheon, c’est pas super loin non plus. On partira vendredi à 17h et on rentrera dimanche dans la soirée. Je t’explique la mission. Notre homme s’appelle Junghoon. On pense que les papiers qu’on cherche sont dans le coffre de sa chambre d’hôtel. Pendant que nous on le tiendra en otage dans une de nos chambres, tu devras demander sa clé à la réception. Une fois que tu l’auras, tu t’y rendras et tentera de déchiffrer le coffre. Suis juste ton instinct, tu as déjà réussi à faire ça, tu te souviens ? Pendant ta semaine d'intégration. Refais pareille. L’urgence est que ses hommes seront vite mis au courant si on l’enferme dans une chambre et ils viendront te chercher. Il faut donc que tu sois rapide. Tu prends ce qu’il y a dans le coffre et tu t’enfuis le plus rapidement possible. Compris ?
Mon cerveau traite lentement l’information. Il faudra que je trouve une excuse pour partir mais dans le week-end mes parents vont forcément m’appeler. Comment justifier mon manque de réponse ? Si je suis dans un hôtel, je ne pourrais pas faire ma session de piano quotidienne. Comment rattraper ce retard ? Je ne pourrais pas vérifier pour le traitement de mes grands parents non plus…
Il va falloir que je pense calmement à tous ces éléments. Et après seulement, je pourrais donner une réponse.
— Tu me laisses 24h pour y réfléchir ? Il faut que je m’organise, je déclare sérieusement.
Sumin sait que si je parle de réfléchir, je vais le faire vraiment. Voilà pourquoi il me l’accorde sans hésitation. La tête pleine, je quitte le club, passe par les toilettes pour me changer et rentre chez moi au plus vite.
Arrivé à la maison, je décide de me laisser la nuit pour y réfléchir. Le temps est assez changeant, c’est la fin de l’été en même temps. Donc j’opte pour un short de pyjama à rayures et le tee-shirt blanc qui va avec. Après mon joli pyjama enfilé, je file me coucher et rapidement, Morphée m’ouvre ses bras.
☽
Pas de conservatoire pour moi aujourd’hui. J’ai fait une tonne de listes depuis mon réveil pour organiser mon départ le plus subtilement possible.
Problème n°1 : Traitement de mes grands-parents.
Si je les appelle juste avant le dîner, je pourrais leur rappeler de les prendre. Ils n’oublient jamais mais je ne sais pas. Ça me fait du bien d’avoir le contrôle sur ça. Leurs derniers résultats médicaux sont bons. Je n’ai pas de raisons de m’inquiéter plus que ça.
Problème n°2 : Justifier mon absence.
Il y a un centre en ville où des gens comme moi se réunissent. Des gens qui comme moi ne vont pas à l’école en présentiel. C’est une manière de se rencontrer, d’échanger, de tout simplement passer du temps ensemble. Je n’y vais jamais, ça ne m’intéresse pas et je n’ai pas le temps en plus. Pourtant, c’est ce qui va me sauver aujourd’hui.
Je vais inventer qu’ils organisent une sorte de week-end pour aider à l’organisation de nos cours etc. Pour se faire, je vais imprimer une fausse autorisation à faire signer. Mes grands parents seront ravis que je sorte un peu.
Problème n°3 : L’appel de mes parents.
Je vais les appeler vendredi avant de partir et expliquer que je ne me servirai pas du téléphone ce week-end. Comme ça, ils ne seront pas inquiets et ne me bombarderont pas de questions.
Problème n°4 : La session de piano.
Malheureusement, tout problème n’a pas sa solution. Je vais juste devoir sauter le piano comme quand je suis très malade et cloué au lit. Je me rattraperai en rentrant à la maison et jouerai jusqu’à en avoir mal aux mains. Pas d’autres choix.
Les problèmes sont à présent réglés dans mon esprit. Je m’empare de mon téléphone portable, vais dans la conversation avec Sumin pour lui écrire.
Moi : Je suis partant.
☽
— Donc tu rentrerais dimanche soir c’est ça fiston ?
Assis à table avec mes grands-parents, j’ai honte de devoir leur mentir. Ils ne méritent pas ça mais parfois quand on aime les gens il faut savoir les préserver de certaines de nos facettes. Pour ma part, j’en ai deux et ils n’en connaissent qu’une. J’ai tout intérêt à ce que ça reste comme ça et pas autrement.
— Oui pa’. Dimanche soir. Je pense que ça pourrait vraiment me faire du bien.
— Il n’y a pas de problèmes. Je te le dis tous les jours, tu devrais sortir un peu plus souvent. Rencontrer des gens et relever la tête de ton piano. Tu vas y aller et t’amuser d’accord ?
Leurs sourires sont bienveillants, ils sont vraiment contents que je me décide à rencontrer plus de monde. S’ils savaient la vérité, ils m’enfermeraient à double tour ici.
— Oui ma’, je vais m’amuser promis. Laissez-moi faire la vaisselle ce soir d’accord ?
Personne ne s’y oppose, je débarasse et m’occupe de la vaisselle avant de rejoindre ma chambre. J’ai beaucoup de devoirs à faire pour me laisser un week-end de libre. Je travaille donc très longuement après mes tâches quotidiennes.
Travailler sans relâche n’est pas une corvée. J’en ai l’habitude. Je ne suis jamais dans les temps pour rien, je suis toujours en avance. Parce que je prévois ce qu’il pourrait se passer de mal et me porter préjudice. Ces derniers jours je n’ai pas eu énormément de missions mais il y a des fois où j’en ai 3 ou 4 par semaine. Dans ces cas-là, il faut que mes cours soient à jour.
En bref, je travaille toujours.
Ce soir, je m’occupe principalement de mes cours d’anglais avant de refermer mon ordinateur. Fatigué, j’enfile le même pyjama qu’hier. Mon bas à rayure avec un tee-shirt blanc, rien de plus simple. Je m’étire et pousse la baie vitrée de mon balcon. Je m’apprête à y mettre les pieds lorsqu’un bruit m’interpelle.
Je me contente de passer ma tête silencieusement et je le vois. Le corbeau. Fin-le voisin aigri dont je ne connais toujours pas le prénom. Inutile de dire de quelle couleur monsieur est vêtu. Il est assis sur la petite table en bois de sa partie du balcon, dos à moi. Il gratte doucement une guitare dont il ne sait visiblement pas jouer. Je comprends à ses multiples essais qu’il apprend.
Avec le piano, j’étais pareil. Je touchais les noirs et les blanches avec hésitation. Juste pour les faire sonner. Puis, j’ai appris à lire des partitions mais ce n’était pas facile pour autant. Lire une partition c’est une chose. La jouer c’en est une autre. L’interpréter, c’en est encore une autre. En l'occurrence, j’avais du mal à coordonner mes deux mains ensemble, ça me frustrait, mes accords sonnaient faux. Mais j’ai bien fini par apprendre. Résultat je suis un jeune pianiste très connu en Corée du Sud. Il arrive même qu’on me décrive comme un prodige de la musique classique.
Pour en revenir au noireau, par-dessus ses accords de guitare électrique hésitant, j’entends sa voix. Je l’entends très bien même.
That faint voice of yours that grazed me
Please call my name one more time
I’m standing still under the frozen light, but
I will walk towards you, step by step
Still with you
Si sa manière de jouer est encore à revoir, sa voix est parfaite. Elle m’entraine, elle m’apaise, me transporte et me pousse même à fermer les yeux pour mieux la ressentir. J’inspire l’air frais de cette nuit et l’écoute à travers sa voix raconter ce qu’il garde en lui.
Je doute qu’il chante beaucoup en public, je trouve que ça ne lui colle pas.
Ses paroles continuent de se balader dans mon esprit, je n’ouvre pas les yeux jusqu’à distinguer un mouvement. Il vient de se lever. Je rentre vite ma tête à la maison pour ne pas être repéré. Manque de peau pour moi, lorsque je la repasse à l’extérieur, le noireau, sa guitare et ses paroles ont disparu. Il est rentré chez lui et un sentiment de frustration m’anime.
J’aimerais sincèrement entendre la fin de cette chanson.
Un jour peut-être.
Un jour peut-être je connaîtrais son nom également.
Un jour peut-être…
☽
Fin de chapitre
Pensez-vous que Taehyung a bien fait d'accepter ?
On se dit à dans quelques chapitres pour la réponse !!!
Kiss kiss <3
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