𝟒 𓅇 𝐋𝐞 𝐜𝐨𝐫𝐛𝐞𝐚𝐮 𝐞𝐭 𝐥'𝐚𝐫𝐜 𝐞𝐧 𝐜𝐢𝐞𝐥

Fᴀʀ ғʀᴏᴍ ʜᴏᴍᴇ - Sᴀᴍ

Taehyung

Être élève au conservatoire de Séoul me demande 3 fois plus d'efforts qu'un élève lambda. Je n'ai pas la possibilité de suivre les cours de piano en faisant mes cours normaux à côté. Résultat, je n'ai jamais vraiment côtoyé d'écoles. En général, je suis au conservatoire et je passe mes épreuves importantes dans une école. Ce train de vie me demande beaucoup d'organisation. Travailler à la maison, sans professeurs ni parents sur le dos, c'est dûr. Je ne parle même pas du gang, du traitement de mes grands parents et j'en passe. Je suis surbooké.

Ce soir, j'ai pris de l'avance. Pour cette année, j'ai un planning très strict pour ne pas perdre de temps. Je double moi même ma dose de travail dans le simple objectif d'être en vacances un peu plus tôt. Aujourd'hui, j'ai pu finaliser le premier chapitre d'histoire. J'en suis plus que fier. Bientôt, je m'imprimerai des tests d'histoires pour m'entraîner avant de recevoir mes contrôles. A ce niveau là, tout va bien. Demain, j'ai conservatoire. Je n'y suis que quelques heures par jour mais demain est une journée presque complète. J'ai finalisé mon devoir qui était assez simple en fait. Je vais devoir jouer ma partition favorite demain devant la classe. Rien de plus. J'ai pu m'entraîner un peu et me voilà libre.

Il n'est que 23h ! Je vais peut-être enfin avoir une nuit complète et ça me rend heureux. Pas de gang ce soir, devoirs terminés, partitions apprises. Tranquillité me voilà !

Pour l'occasion, je sors mon pyjama favori. Un ensemble violet pastel en soie avec des motifs arc-en -ciel, bonbons et nuages. Qu'est-ce qu'il est confortable ! En plus de cela, il est joli. Bref, mon préféré. Je l'enfile avec un joli sourire et vais rapidement passer un peu de pommade sur ma peau pour l'adoucir.

J'étire le haut de mon corps et déambule dans ma chambre jusqu'à mon balcon. J'ouvre la porte et remarque que ce soir la lune nous rend visite. J'adore pouvoir la voir. Elle ajoute un côté spectaculaire au ciel obscur et à ses étoiles. Je soupire de bien être quand je sens une présence non loin. Je me tourne et avec étonnement un garçon se trouve là.

Ça doit être le nouvel habitant. Celui qui allume la lumière de la chambre.

Intrigué, je m'avance vers lui en le voyant me regarder. Il est obscur. Presque autant que cette nuit. Et je ne dis pas ça simplement car il est entièrement habillé en noir. Je le sens dans son regard. Un regard dûr, presque douloureux. Ce que je vois dans les yeux des gens m'inspirent généralement une ou deux mélodies. Celle qu'il m'inspire est sombre, pleine de graves, de tension et de douleur.

Il avance aussi de son côté et nous voilà à l'intersection. Je cherche mes mots mais avant que je ne puisse dire quoi que ce soit, il me coupe :

- T'es qui toi ?

Son ton est sec, aussi froid qu'une nuit d'hiver. Ce garçon ne me dit rien qui vaille. Il ne m'inspire pas confiance et le savoir tout près de ma chambre ne me rassure pas le moins du monde.

- Eum, étant donné que tu es le nouveau ici, je vais te laisser commencer question présentation. Ça me paraît plus juste, tu trouves pas.

Il plisse les yeux avant de me répondre :

- De toute évidence, je ne vais pas m'éterniser ici. Mon nom ne te sera pas d'une très grande utilité.

Je ris jaune. Il vient près du balcon pour me sortir des inepties pareilles ? Il se prend pour qui au juste ? Dark Sasuke ?

- Je vois le genre. T'es un type solitaire qui pense que tout le monde lui en veut et que la vie n'est qu'une grosse tâche de peinture noire et ennuyante. Je me trompe. Un corbeau.

Si c'était quelqu'un de facile, j'aurais simplement dit que je m'appelle Taehyung et rien de plus. Je lui aurais souri et souhaité la bienvenue comme mes grands parents m'ont appris à le faire. Mais non. Il a fallu qu'il débarque avec un "T'es qui toi" comme si le monde lui était dû !

Ce n'est pas le cas.

De plus, le croiser sur mon balcon juste après avoir terminé ma lecture d'Edgar Allen Poe "Le corbeau" (1) est une coïncidence.

[1. Le poème " Le corbeau" de Edgar Allen Poe met en scène un oiseau qui entre dans la chambre d'un homme désespéré par la mort de son épouse. Le corbeau ne cesse de répéter "Nevermore" qui signifie "Jamais plus". L'homme questionne alors le corbeau sur bien d'autres choses mais ce dernier ne sait rien dire d'autre que ce mot. C'est un court poème au sujet du deuil.]

- Un corbeau ? Moi ?

Il a plutôt l'air stupéfait de ma comparaison pourtant le premier animal auquel on pense en le voyant, c'est bien un corbeau. Ses cheveux pour le peu que j'en vois sont bien trop obscurs pour être naturels. Il les a forcément coloré. Puis le reste se tient à son aura. Il ressemble à un corbeau simplement.

- Ouais toi. Un corbeau qui visiblement ne sait pas que quand on vient s'installer à côté de chez quelqu'un, on est un minimum poli et on sait dire bonjour.

- Je rêve. Je me fais traiter de corbeau par une espèce de vomissure arc en ciel ambulante. On m'aura vraiment tout fait ici.

Une vomissure arc en-

- C'est de mon pyjama que tu parles là ?!

C'est moi qui suis en plein rêve. Je sors prendre l'air sur MON balcon avec MON pyjama préféré et un mec aigri et de mauvaise humeur se permet une critique ?

- De ton pyjama ouais. Fin, si on peut appeler ça comme ça.

Je ferme les yeux et inspire profondément en voyant ses grands yeux amusés me fixer. Il a trouvé mon point faible voilà. Mes pyjamas. C'est énormément d'argent pour juste dormir mais à moi ça me tient à cœur. Sérieux, quel crétin ce mec.

- Tu veux qu'j'te dise ? Moi je pense que-

- Non laisse moi te dire quelque chose Rainbow Dash (2). Ce que tu penses je m'en carre l'oignon. Sincèrement. Donc sur ce, je vais te laisser à ta fantaisie, tes arc-en-ciel et tes nuages.

[2. Personnage très coloré du dessin animé My little pony.]

Le voisin ne me laisse pas le temps d'en placer une qu'il est déjà rentré dans sa chambre et a déjà tiré le rideau. Je reste là comme un idiot à fixer l'endroit délaissé de sa présence. J'ai presque un rire débile placardé sur le visage en pensant à notre conversation. Pitié, ça c'était une conversation lunaire. J'ai rencontré un mec -dont je ne connais toujours pas le prénom au passage- qui m'a traité de vomi coloré puis de Rainbow Dash avant de s'en aller.

Bon, je l'ai peut-être un peu cherché en disant tout haut ce que j'avais en tête. Je n'aurais peut-être pas dû parler de corbeau ni tenté de déchiffrer le genre de personne qu'il était sans même connaître son prénom.

N'empêche c'est beau de voir comme les apparences sont trompeuses. La personne qu'il vient de rencontrer n'est d'autre que Taehyung le pianiste, de bonne famille, toujours très soigné, qui ne s'énerve pas franchement et manque de courage.

J'aurais eu à cœur que sa route croise celle du Taehyung de Dynastie. Je pense qu'il ne m'a pas du tout apprivoiser.

Et tant mieux.

Car dans mon intérêt, il vaut mieux que les deux Taehyung en moi ne se croisent jamais. Dans le cas contraire, je perdrais absolument tout.

Tout sans exception.

La sonate pour piano no 16 en do majeur m'extirpe de mon doux sommeil. Avoir une nuit complète est un luxe exceptionnel pour moi. Malgré mon altercation avec l'autre abruti, j'ai dormi comme un bébé.

J'étire doucement le haut de mon corps laissant la couverture s'échapper de moi. A peine ai-je coupé le réveil qu'une autre sonnerie retentit. Ma mère m'appelle et c'est assez rare de recevoir un coup de fil à cette heure-ci.

Je décroche à l'appel Whatsapp et son visage souriant apparaît. Je remarque directement qu'elle a coupé ses cheveux bruns. Eux qui pourtant lui tombaient sur les fesses sont maintenant arrêtés au bas de ses épaules. J'ai envie de la questionner à ce sujet mais me garde bien de le faire. Je ne peux pas m'éterniser au téléphone. J'ai ma douche à prendre, je dois me préparer, déjeuner et prendre la route du conservatoire juste après.

- Coucou chéri, tu viens juste de te lever pas vrai ?

Je baille face à la caméra et hoche la tête pour toute réponse.

- Tout va bien ? La reprise n'est pas trop brutale ?

Elle se doute bien que non. Même si elle ne vit pas avec moi, elle veille à ce que je bosse même pendant les vacances. Je ne prends jamais de vraie pause. Je travaille en permanence.

- Non, pas particulièrement non.

J'avoue ne pas trop savoir quoi lui dire lorsqu'elle m'appelle. Je vis chez mes grands-parents depuis l'âge de mes 5 ans. Si je suis entièrement honnête, ce sont eux mes parents. Eux qui m'élèvent au quotidien et me connaissent vraiment.

Enfin si c'est possible de vraiment me connaître...

Quoi qu'il en soit, bien que mes parents m'appellent une fois par semaine et viennent me voir en été, je ne parviens pas à conserver de réels liens avec eux. Alors au téléphone, je souris, je réponds aux questions tout en laissant la distance entre nous se creuser un peu plus chaque jour.

- Parfait, n'oublie pas de nous le signaler s'il y a un problème. Si je t'appelle aussi tôt c'est pour te dire que c'est l'anniversaire de ton père. S'il te plaît, n'oublie pas de lui écrire, ça lui ferait vraiment du bien.

J'ai oublié...

- T'inquiète, comment j'aurais pu l'oublier ? J'allais justement le faire après avoir pris mon petit dej. Compte sur moi maman.

- Parfait, je t'embête pas plus alors. On se reparle à la fin de la semaine, je t'aime.

- Oui oui... On en reparle à la fin de la semaine, bisou.

Je ne réponds pas à ses "Je t'aime" parce que je ne suis pas sûr de l'aimer. Je tente de réfléchir à mon amour pour eux mais il me semble inexistant. C'est un peu comme s'ils n'existaient pas vraiment à mes yeux et c'est leur choix. Ils ont choisi leur boulot à leur fils donc, j'ai le droit de ressentir ça ? Ou plutôt de ne pas le ressentir pour le coup.

Envoyer un message à mon père qu'il lira entre deux documents et oubliera entre deux autres. Génial.

Je ne perds pas de temps et file dans la conversation avec mon paternel. Il faut dire que ce n'est pas ma conversation la plus alimentée. Je lui écris "Joyeux anniversaire" avec quelques émojis gâteaux, champagnes et cœurs. Sans plus de cérémonies, j'éteins mon portable et file à la douche me préparer.

Chemise bien repassée, pull sans manches sans bouloches accrochées, jean beige tout propre et cheveux parfaitement coiffés au gel. Je suis prêt pour une journée au conservatoire. Mon professeur me dit ceci avant chacune de mes représentations : "Front bien dégagé, cheveux bien peignés, sinon jury énervé !" C'est sa manière à lui de m'expliquer que mon apparence au conservatoire compte autant que mes performances.

C'est pour cette raison que je plaque mes cheveux en arrière pour aller au conservatoire. Je déteste ça, j'ai l'impression d'avoir 30 ans de plus mais bon. Ce sont les inconvénients du métier.

Je prends sur mon lit mes partitions et passe dans la cuisine pour voir mes grands parents. Mamie se charge de retourner des pancakes sur la poêle tandis que papi lit le journal. Je connais le rituel matinal. Aujourd'hui ils ont d'ailleurs des examens médicaux à récupérer. Je suis plus stressé qu'eux je crois.

- Coucou vous deux, dis-je en entrant.

J'obtiens un sourire de leur part et m'approche pour embrasser papi. Je me dirige vers mamie mais avant que je puisse poser un baiser sur sa joue elle m'avise avec la spatule dans sa main. Je recule pour ne surtout pas me brûler.

- Quoi ma'?

- Je vois rien que dans ton regard que tu stresses. Tu vas aller au conservatoire sans la boule au ventre, c'est compris ? Et après, tu vas rentrer et on sera là à t'attendre le sourire aux lèvres parce que les résultats de nos derniers examens seront bons. Compris ?

- Ecoute ta grand-mère fiston, on est vieux mais pas en sucre.

Ils me connaissent si bien. Oui, j'allais me retrouver avec une boule au ventre toute la journée. Simplement la crainte que tout ne se passe pas bien pour eux alors qu'ils prennent leurs médicaments correctement.

- Promis, je ne vais pas m'inquiéter. Du moins je vais essayer.

Ce sera difficile oui mais peut-être pas impossible non plus.

- Parfait, maintenant bisous et pancakes.

Après un bon petit déjeuner, je quitte mon appartement. Je referme la porte et là je tombe nez à nez avec le corbeau d'hier soir. Il ferme lui aussi la porte de sa maison sans m'accorder un regard. Encore, il est vêtu de noir entièrement. Un jean noir avec un tee-shirt de la même couleur et une veste en jean sombre. C'est définitivement sa couleur préférée, c'est pas possible.

- Euh bonjour ? je dis lorsqu'il appelle l'ascenseur en m'ignorant complètement.

Certes ça n'a pas bien commencé nous deux mais un bonjour encore une fois, ça ne coûte rien. Ça n'a jamais tué personne, je préfère le souligner.

Je me place juste à côté de lui devant l'ascenseur. Il m'ignore toujours, je fronce les sourcils avant de tapoter son bras. Il retire vivement son casque et me regarde les yeux écarquillés comme s'il n'avait vraiment pas remarqué ma présence.

- Bonjour, j'ai dit.

Pourquoi je me fais chier à lui dire bonjour ? J'avoue que c'est un peu bizarre de ma part.

Il penche la tête l'air de me demander ce que je veux mais avant que je ne puisse répondre, l'ascenseur arrive. Naturellement, je monte dedans et attends qu'il fasse de même. Il ne le fait pas. Il reste là à me fixer sans rien dire jusqu'à ce que les portes se ferment d'elles même me coupant de sa présence.

Il va attendre que je parte pour monter dedans ? On en est carrément là alors que je ne le connais pas ? Sérieux ?

Ce garçon est vraiment trop étrange pour moi.

Fin de chapitre !!!

Une rencontre vreuuumant...

Promis la corde va se détendre entre eux ou paas !!!

On se dit à samedi ???

Kiss kiss <3

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