𝟐𝟒 𓅇 𝐇𝐚𝐧𝐢𝐲𝐚

ᴊᴀᴍᴇs ᴀʀᴛʜᴜʀ - sᴀғᴇ ɪɴsɪᴅᴇ

Jungkook 

Comment arrêter de penser à lui ? Il bousille mes nuits. Déjà plusieurs jours que Taehyung et moi n’avons pas parlé et ça me bouffe. La nuit, je me lève en me demandant s’il a besoin d’un câlin, s’il dort correctement, s’il a recommencé à prendre des médicaments. Tout ça sans oser lui poser les questions clairement. Malgré le fait que j’ai réussi à lui faire comprendre qu’il pouvait me parler, je ne suis toujours pas doué avec les mots donc je fais attention. 

Je crois que quelque part il me manque. 

J’ai cherché une raison pour justifier cela. Mais il y a un truc qui cloche. Taehyung ne me manque pas comme Jimin pourrait me manquer. Il me manque comme je manquais à Hajoon. Et quand j’ai demandé à Hajoon pourquoi je lui manquais autant et en permanence, il m’a répondu que c’était parce qu’il m’aimait comme quelqu’un qu’on veut protéger et amener vers la lumière. Comme quelqu’un dont on est amoureux. 

Je ne peux pas être amoureux de Taehyung. C’est juste statistiquement impossible et il m’arrive de penser encore à Haniya de temps en temps donc calmos. Maintenant si ce n’est pas de l’amour qu’est-ce que c’est ? 

— Jungkook, viens mettre la table s’il te plaît. 

— J’arrive ! 

Je quitte ma chambre pour aider Annette à mettre la table du réveillon. Tout le monde est en joie. Ils chantent des chansons de noël à tout va. Annette et papa sont allés se balader en amoureux tout à l’heure. Les cadeaux sont sous le sapin. Le dîner est prêt. Tout roule. Mais pas exactement enfaite. 

La réalisation me claque en pleine face. C’est la première fois que je passe Noël sans ma mère. Je vais aussi célébrer mes 18 ans dans un peu moins d’une semaine et elle ne sera pas là. Est-ce qu’elle va passer noël seule ? Ce serait triste mais il faut dire qu’elle n’a pas une centaine d’amies. Et puis elle n’en n’avait pas besoin. Ma mère m’avait moi et on se suffisait l’un à l’autre quand papa disparaissait soudainement pour une durée indéterminée. 

Quelque part, j’aimerais la retrouver maintenant. Qu’on commande un fast food, que son frère nous prépare un bon gâteau et qu’on passe la soirée ensemble. 

Mais je suis ici.

 Et je me sens comme un photographe. La personne qui n’a pas besoin d’être sur la photo et se contente de la prendre car elle ne fait pas partie du souvenir. 

Ils ont essayé de m’intégrer mais jamais ça ne fonctionnera. Alors on fait semblant. On fait comme si tout allait bien tout en sachant que dès que j’en aurais la possibilité, je partirais d’ici. Mon objectif est assez simple. Je termine ma dernière année de lycée et quand c’est fait, je pars. Je me trouve un petit job et je jongle avec le gang. Voilà qui devrait m’apporter paix et tranquillité. 

Mon père se joint à moi pour disposer les saladiers sur la table bien préparée. 

— Tu aurais pu inviter Haniya à dîner ce soir tu sais ? Les filles adorent ce genre d’in-

— On est plus ensemble elle et moi, maugrée-je en posant fortement la salade. 

Ce n’est pas sa faute. Il ne le savait pas, j’ai préféré continuer d’agir comme si elle ne m’avait pas largué après notre première nuit ensemble mais aujourd’hui c’est différent. Je ressens le besoin de dire que l’on est plus ensemble elle et moi. 

Mon père pose une main sur mon épaule. 

— Merde, désolé. C’était une chouette fille mais tu en trouveras une autre, ne t’inquiète pas. 

Encore une phrase toute faite. Une phrase toute faite qui met entre parenthèse le fait que je sois bisexuel et que donc je ne cherche pas forcément une fille. Tout ça me pousse à soupirer. Je dois admettre que je suis de très mauvaise humeur aujourd’hui. 

Tout à commencé quand j’ai appris que ma mission représailles était avancée à ce soir. Ça a continué quand j’ai sonné chez Taehyung et que sa mamie m’a gentiment dit que je ne pourrais pas le voir tant que ses parents ne seraient pas retournés en voyage. Et ça m’a achevé quand Annette m’a amené le costume que j’allais devoir porter au repas de ce soir. 

Un costume dorée et blanc assortie à sa putain de décoration !

Moi Jeon Jungkook dans une autre couleur que du noir ? Qu’on me comprenne bien. Je ne suis pas fan du noir. C’est juste que je n’aime pas les autres couleurs. Rien de dur à comprendre là dedans. Les autres couleurs ont l’air superficielles. Le noir du tout. Alors je ne porte que ça depuis que je suis petit mais j’ai compris que ça allait changer quand mon père m’a chuchoté “Essaye de faire un effort s’il te plaît. Pour la famille.”

— Ouais j’en trouverai une autre. Je vais enfiler mon costume de père noël et on pourra passer à table. 

En soupirant de manière audible, je rejoins ma chambre et enfile le costume trois pièces qu’elle a probablement payé une blinde et que je vais probablement découper en pièce juste après le dîner. 

Une fois tiré à quatre épingles, j’envoie un message à ma mère dans lequel je lui souhaite de passer un bon noël et de m’appeler dès demain. N’arrivant pas à lui écrire “Je t’aime” et bien, je lui mets un cœur. C’est aussi ma manière à moi de le dire. 

D’autres utilisent des émojis à tout va et sans réel sens. – Oui oui Jimin c’est toi que je vise.- Moi, je les utilise en les pensant. Un émoji cœur de ma part équivaut à un je t’aime qui est resté coincé dans ma gorge quand j’écrivais.

Je ne perds pas plus de temps et retourne dans le salon pour ce satané repas de réveillon. 

Dès que le dîner a fini, j’ai dit à mon père que j’allais rejoindre des amis et je suis sorti. Il était trop euphorique à l’idée de regarder un nouveau film de noël avec Angela et Annette alors il n’a pas posé de question. Je me suis changé et j’ai filé en vitesse jusqu’à l’adresse qu’on m’avait donnée. C’est un immeuble miteux duquel on voit les fenêtres délabrées et les tags des uns et des autres.

Le lieu craint.

L’homme que je dois suivre est un homme noir. Il n’y en a pas non plus des tonnes dans cette partie-là de la ville, c’est pourquoi je n’ai pas reçu d’informations supplémentaires. On m’a juste donné sa couleur de peau. 

Quelque part, j’espère ne pas me tromper de cible. 

Je reste appuyé à l’entrée du bâtiment et fais mine de regarder l’horizon. Je ne vois pas grand-chose. Il fait noir et le lampadaire le plus proche est à quelques mètres. J’attends, j’attends, j’attends et enfin la lumière du bâtiment s'allume, signe que quelqu’un s’apprête à sortir. Je fixe bien ma capuche sur ma tête et fait mine d’allumer une cigarette lorsque la porte s’ouvre. 

Un homme sort de l’immeuble et me dépasse sans prêter attention. Il est complètement chauve. Sa tenue contraste avec la mienne. Il semble bien apprêté. Prêt à faire la fête. Quelque part, je m’en veux d’être celui qui va niquer l’ambiance dans laquelle il doit être en ce soir de réveillon. Mais pas le choix. C’est mon job.

Je patiente encore quelques secondes, juste le temps qu’il s’éloigne et hop, je commence à le suivre.

Certains ont tendance à faire durer les missions représailles. Ce n’est pas mon cas. Heureusement sa destination est claire. Il va dans un bar, celui à dix minutes à peine. Sa démarche est sereine, il n’a pas remarqué ma présence. Arrivé près du passage où il doit passer pour traverser, je le bouscule et laisse tomber le petit sablier que je tenais.

J’ai de la chance qu’il n’y ait pas de voitures alors j'accélère ma marche mais là, en pleine route, je sens cet homme me tirer par la capuche et me retourner. L’homme attrape les deux pans de ma veste et il me rapproche de son visage colérique. Il me tient si fort qu’un instant je me demande si mes pieds touchent encore le sol. 

Génial. Mon visage est à découvert et on est en plein milieu de la route. Si une voiture passe maintenant, je meurs avant mes 18 ans. Ce sera pas plus mal, je rejoindrais Hajoon mais d’un autre côté-

— Eh je te parle ! 

Il me parle ou il me crache dessus ? Je ne fais pas la différence. En plus, il me tient trop fort, j'ai super mal. Trop pour être concentré. Ma respiration est erratique, je ne peux rien faire pour me défendre. Il n’a pas mon âge et il fait deux fois ma taille.

— Payez avant votre délai et il ne vous arrivera rien. Ce ne sont que des formalités. 

Phrases apprises par cœur dans le cas où une cible devient violente. Une fois, je me suis fait défoncer la gueule à cause de ça, laissez moi dire que c’était loin d’être comique. Si je rentre en sang à la maison, papa va me bombarder de questions. Je n’ai pas la force pour ça. 

— C’est non négociable j’imagine. 

L’homme jure dans sa barbe et lâche mes épaules. Ce n’est que lorsqu’il recule que j’ai un tilt incroyable. Le tatouage. Le serpent qui enroule son cou. C’est celui que le père de Haniya avait sur la photo de famille que m’avait montré Haniya. C’est le même ! 

Ne me dites pas que… 

— Dégage petit. J’ai compris. 

Putain. 

Juste sous son œil, il est inscrit un prénom. Celui de mon ex-copine. Je n’ai pas mal compris, Haniya il n’y en a pas des centaines ici. Son père va mourir et c’est moi qui le lui ai annoncé. Donc soit il paie, soit je m’en voudrais toute ma vie. 

Putain. 

Lui a déjà tracé sa route avec le sablier dans la main. Moi, je reviens sur mes pas en courant. Je vais commettre une faute envers le gang mais je ne me donne pas d'autres options. Je ne peux pas faire comme si de rien n’était et attendre de la voir dévastée dans quelques jours. 

Je pourrais aussi l’appeler mais la connaissant, elle ne voudra pas me répondre. Je retourne à l’adresse inscrite dans le message. En arrivant devant l’immeuble, une jeune habitante en sort. Elle me tient la porte donc je la remercie et entre dans le bâtiment. Je m’aide de la boîte aux lettres pour connaître l’étage et le numéro de porte. 

Étage 4 porte 46.

L’endroit en lui-même est miteux. Une odeur d’égout se dégage du hall d’entrée. Je mets mon gilet sur mon nez pour avancer jusqu’à l’ascenseur qui est lui aussi dans un piteux état. J’hésite à faire demi-tour à la minute où il s’ouvre. On dirait qu’il va s'effondrer. En plus de cela, il est minuscule. Et il n’y a pas de lumières dedans sinon ce ne serait pas drôle. Je prends mon courage à deux mains et entre dans cette boîte électrique. Le temps qu’il monte, je ferme les yeux pour ne pas voir quelque chose qui pourrait me déplaire. J’ai essayé de me tenir à la rambarde mais une substance collante m’en a dissuadée.

Haniya vit vraiment ici ? 

Je ne sais pas. Cette fille respire la propreté, elle respire la paix, la tranquillité. Cet endroit est tout son contraire. Faut dire qu’elle ne m’a jamais invité chez elle. Les soirées révisions et jeux vidéos se faisaient chez Jimin en permanence. Est-ce que c’est pour ça qu’elle ne m’invitait pas ? 

L’ascenseur ouvre ses portes et il me libère. Dans ce couloir, il y a six portes. Je les scrute une à une pour trouver celle qui contient le bon numéro. Un papier recouvre la porte. “Toquez, la sonnette est en panne.” Ne me sentant pas très en sécurité, je toque fermement contre le bois. Je remets ensuite mes deux mains dans mes poches. 

Heureusement, la voix de Haniya se fait entendre plutôt rapidement. 

— Putain papa, je t’avais dis de prendre tes clés ! je l’entends crier de l’autre côté du bois. 

La clé entre dans la serrure et quand elle tire la porte, je suis là. Moi. Pas son père. Comment décrire sa réaction ? Disons qu’elle a ouvert grand les yeux et claqué la porte super fort. Je n’ai pas eu le temps de dire quoi que ce soit. 

— Jungkook mon Dieu mais qu’est-ce que tu fous là ?! Com-comment tu as su que- Jungkook. Rentre chez toi. 

Je toque à nouveau contre le bois. 

— Je ne serais pas ici si ce n’était pas important. Ouvre cette porte s’il te plaît. Je dois te parler de ton père. 

Silence. 

La porte s’ouvre à nouveau. 

Haniya est en pyjama. Du moins je crois. Elle n’a plus ses mèches, ses cheveux naturels sont relevés dans un pompon haut et décoiffé. Sa porte n’est pas grande ouverte. Elle ne m’autorise pas à entrer, juste à lui parler. Dans ses yeux, je vois toute l’inquiétude du monde. En même temps, j’ai parlé de son père, c’est normal. 

— Je crois que ton père va mourir. 

Quand j’ai dit que j’avais du mal à dire les choses putain ! À quel moment on annonce ça comme ça ? À quel moment ? Je suis pitoyable. 

— Qu-quoi ? Qu’est-ce que-

— Enfin non ! Enfin si ! Enfin, pas encore? C’est que… Il-

— Tu peux fermer les yeux et me promettre de ne pas les rouvrir quoi qu’il arrive ? 

Sa demande me laisse dubitatif mais je m'exécute. Je ferme les yeux. Sa main attrape la mienne et je la sens me tirer à l’intérieur. Instinctivement, je retire mes chaussures ici et elle me guide je ne sais où dans sa maison. 

— Tu peux ouvrir les yeux. 

Je suis dans sa chambre. Et ce n’est pas le même style que son immeuble. Cette chambre est à son image. Du moins l’image qu’elle renvoie. Il y a dans le fond son set de vidéos youtube. Elle a un petit lit contre le mur et un bureau. Je remarque aussi une petite penderie. Sur son mur, il y a des photos. De moi, de Jimin, et de d’autres camarades à nous. Quant à ses murs ils sont violets et- il y a plus important que la déco de sa chambre. Je suis tout de même touché de me trouver sur son mur malgré nos différents. 

— Tu comptes m’expliquer ou rester là à regarder mes murs ? 

Ne voulant pas abuser, je m’assois sur la chaise de son bureau et non sur son lit avec elle. 

— Ok. J’avais une mission ce soir. Une mission qui consiste à donner un avertissement aux gens qui n’ont pas payé leurs dettes envers le… le gang. Tu sais, celui pour lequel tu m’as quitté comme une vielle merde. Bref.  Aujourd’hui, j’avais un dernier avertissement à donner à ton père. S’il ne paie pas ses dettes dans les prochaines 48h, il disparaîtra. Autrement dit, il sera tué. Je te jure que je ne savais pas que c'était ton père avant de voir son tatouage.

Haniya ferme les yeux et pose une main contre sa bouche. J’entends sa respiration s'accélérer. Les larmes coulent immédiatement sur ses joues. Et moi, je reste là à ne pas savoir quoi faire? La prendre dans mes bras ? 

Pourquoi la prendre dans mes bras ne me vient pas comme une évidence ? Dans le parc avec Taehyung c’est la seule et la première chose qui m’est venue à l’esprit. Mais là, je me retrouve bloqué. Peut-être que c’est parce qu’elle est mon ex ? 

— Une mission représailles hein. Bien sûr qu’ils vont le tuer. Que vous allez le tuer !

La tristesse a laissé place à la haine. Je le vois nettement dans ses orbes. 

— Je ne vais tuer personne ! Je n’ai jamais tué personne ! Alors arrête avec ça. Les règles, ce sont les règles. Ton père doit payer. Je suis juste venu t’avertir parce qu’à ta place j’aurais aimé savoir ça. Maintenant, si tu ne veux pas me parler, je rentre chez moi et basta. 

Je ne vais pas la supplier de m’écouter. Je me lève de la chaise prêt à m’en aller mais elle m’arrête pas le bras avant que je n’en ai l’occasion. 

— Je n’ai pas été honnête avec toi Jungkook… chuchote-t-elle. 

— Développe ? 

Je me tourne et me défais de sa prise sur mon bras par la même occasion. 

Haniya baisse la tête. 

— Je te parle souvent de ma mère mais la vérité, c’est qu’elle est morte il y a 2 ans. Je n’ai plus de maman. Il ne me reste que lui. Et depuis sa mort, je… j’ai aussi perdu mon papa complètement. 

Si je m’y attendais à celle-là ? Haniya disait toujours recevoir des messages de sa mère, elle me disait qu’elle allait faire du shopping avec sa mère et que sa mère rêvait de me rencontrer. 

La réalité c'est que sa mère est morte. Morte comme Hajoon et tous les gens qui ont quitté cette planète alors que des gens comme Haniya et moi avions encore besoin d'eux.

— Ma mère est morte dans un accident de voiture. Mon père a survécu mais je te dis qu’il est déjà mort. J’ai trois jobs après les cours pour subvenir à nos besoins. Les vacances, laisse tomber, c’est même pas une option. L’été dernier j’ai cumulé cinq jobs différents. Actuellement j’en cherche un quatrième. Mon père ne travaille plus, il ne fait rien de ses journées. À part se droguer et se bourrer la gueule. Il lui arrive même d’être violent. Si ce n’est pas ma chambre, ma maison est une porcherie. Suis moi, je vais te montrer. Il y a une porte devant ma vraie porte et elle me sert à me protéger. Si mon père est violent, je verrouille celle- ci et je verrouille la principale. Il ne peut pas me toucher comme ça. Mais regarde. Il n’y a pas de lumière, parce que j’ai pas eu assez pour les factures d'électricité. Pas de noël pour moi non plus. Pour brancher mon téléphone, je suis obligée d’aller chez le voisin d’en face. Mon père n’a pas les moyens de payer. Et moi je-

— Stop. 

Il me faut un temps pour intégrer tout ce qu’elle me dit. Haniya n’est pas la jeune femme heureuse et épanouie que je pensais qu’elle était. Elle a en réalité, une vie misérable et moi je débarque le soir du réveillon lui annoncer que son père va mourir ? 

Dans le noir, on ne se voit même pas. Il n’y a pas une source de lumière dans les pièces. Il n’y a que sa chambre qui contient une lumière et vu les informations je crois que c’est une lampe à piles. 

— Tu vas me trouver horrible mais je crois que je préférerais mort Jungkook. Il ne fait plus rien dans ce monde. Je n’ai plus aucun espoir pour lui. Et j’en ai marre de lui filer mes économies pour payer ses putain de dettes surtout quand elles sont dûes à de l’alcool ou à de la drogue. J’aimerais juste- avoir une vie normale. Me payer un appart et faire de grandes études. Comme ma mère l'aurait voulu. Comme il le voulait avant…Je ne veux plus vivre dans cet appart sale et super cher pour ce qu’il est. Je ne veux plus aller chercher mon père en garde à vue pour des bagarres. Je n’en peux plus Jungkook. Tu comprends ? J’en peux plus, je suis à bout.

On dit souvent qu’un enfant dépend de ses parents mais comment fait-on lorsque les parents eux même agissent comme des gosses ? Est-ce que Haniya est cruelle de le préférer mort si dans tous les cas, il ne prend pas soin de la princesse qu’elle est ? 

— Je suis désolé Haniya. 

Tout prend sens pour moi. Bien évidemment qu’elle ne veut pas sortir avec un mec qui livre ce qui détruit son père. Bien sûr  qu’elle ne veut pas sortir avec un homme qui finira par tuer d’autres gens comme son père. 

— Moi désolée. Tu n’es pas méchant Jungkook. J’étais sincère avec toi. Mais comprend que si un jour je quitte mon père pour m’installer avec un homme. J’aimerais un homme qui a un métier simple. Je cherche la tranquillité. Je suis déjà une adulte. Depuis que ma mère est morte, je suis une adulte. Je dois agir comme tel. Et être responsable c’est aussi savoir de quels gens on a besoin de s’entourer. Tu peux comprendre ça ? 

J'encaisse.

— Oui. Oui, je le comprends. Ton histoire est très compliquée. Je n’imagine pas à quel point tu dois te sentir seule et abandonnée. Mais je- tu n’es pas seule. Il y a Jimin et il y a moi. Même si tu ne veux plus de moi. Si tu veux te changer les idées, je veux être là pour toi. Pas comme un petit copain mais comme un ami. 

Je ne peux malheureusement rien lui offrir d’autre. Je n’ai que mon amitié. Et c’est à prendre ou à laisser. 

— Je prends l’amitié, souffle-t-elle.

Cette fois, je m’approche d’elle pour lui faire un câlin. J’ignore comment elle va faire. Maintenant que je l’ai informé, elle peut décider de payer les dettes de son père une fois de plus ou le laisser mourir. Ce n’est que maintenant que j’ai conscience de l’ultimatum horrible que je lui ai posé. La vie de son père dépend d’elle. 

— S’il te plaît, n’en parle à personne. Pas même à Jimin. 

— Tu as ma parole, je ne dirais rien. 

— Et laisse moi du temps d’accord ? Un peu de temps pour me faire à l’idée de ton job et tout ça avant qu’on redevienne vraiment des amis toi et moi. D’accord ? 

— D’accord aussi. 

Je la libère de mon étreinte et lui chuchote un “Joyeux noël” même si je sais que c’est perdu d’avance. Après ça, je la laisse dans sa maison et je rentre chez moi presque en traînant des pieds. 

Il y a toujours pire ailleurs. 

Quand je pense que ma vie est misérable, je découvre que celle des autres l’est tout autant si ce n’est plus. Le but n’est pas de faire un concours de qui souffre le plus dans sa vie. Mais il faut admettre que la vie des gens autour de moi craint. 

J’ai longtemps pensé être le centre du monde parce que je suis le centre de mon monde ! Mais qu’en est-il de celui des autres ? 

Ma mère qui a perdu son mari et son fils subitement et doit s’habituer à une vie de femme solitaire. Elle ne doit pas être au top de sa forme en m’imaginant moi son fils, vivre avec la femme qui a piqué mon père. 

Jimin qui semble souffrir de l’homophobie cachée de ses parents mais qui garde le sourire. Ouais, un putain de sourire éclatant qu’il affiche en tout temps. Lui aussi doit craquer par moment. 

Haniya qui doit subvenir aux besoins de son père, tout en prenant la violence, l’alcool et la drogue sur les bras. Elle doit se sentir seule en permanence. Je me demande même comment elle fait pour sourire à l’extérieur. 

Taehyung aussi. Qui aide ce mec de la prison au détriment de sa propre santé mentale. Lui qui mène deux vies constamment en priant chaque jour pour qu’elles ne se croisent pas. Il doit être mal très souvent. 

Et il y a moi. Moi qui ai perdu Hajoon, ma raison de vivre et qui me sens perdu chaque jour. Moi qui doit vivre avec le fait que mon père est un trompeur et un manipulateur tout en agissant comme si de rien n’était quotidiennement. 

Putain, on est des gosses. Du moins dans la forme. Tout ce malheur, toutes ces complications, on ne devrait pas avoir à les gérer seuls. 

Un jour nos épaules ne pourront plus supporter ces charges et ce jour là, nos mondes s’effondreront. 

Fin de chapitre !

Parce qu'il était temps que vous en sachiez plus sur Haniya et la raison de son éloignement soudain.

J'espère que ce chapitre et les points qu'il soulève, vous a plu.

On se dit à samedi ?

Kiss, kiss  <3

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top