𝟐𝟏 𓅇 𝐓𝐫𝐨𝐮𝐯𝐞𝐫 𝐥𝐞𝐬 𝐦𝐨𝐭𝐬 𝐣𝐮𝐬𝐭𝐞𝐬

ᴇʟᴀsᴛɪᴄ ʜᴇᴀʀᴛ - sɪᴀ

Jungkook 

— Oui maman. Oui, je te dis ! Si tu viens, je te présente Jimin. Pas Haniya, elle me parle toujours pas. Mais Jimin oui. Et puis tu sais ? J’ai-

Boum ! 

Le bruit préoccupant vient du balcon d’en face. Soucieux, je me lève le téléphone à l’oreille. J’ouvre la baie vitrée et là je le vois. Taehyung est au sol. Comment il a fait pour trébucher comme ça ? 

— Eum maman, je te rappelle ok ? 

— Tu m’abandonnes déjà ? Bah écoute, te couche pas trop tard ok ? Je te rappelle demain. Bisou. 

— Oui bisou maman. 

Je raccroche. Quand je m’approche de Taehyung, il se relève. Je fronce les yeux en le voyant se lever comme un zombie désarticulé. Qu’est-ce qui lui prend ? 

— Taehyung ? Taehyung ça va ? 

Il ne tourne pas la tête. Il ne prend même pas la peine de me répondre. Taehyung s’approche dangereusement du bord mais je crois qu’il ne le réalise pas du tout. Je m’apprête à lui crier de s’arrêter mais il le fait de lui-même. La situation ne s’arrange pas pour autant. Taehyung se tourne vers moi mais j’ai beau bouger ma main, il ne me voit pas. Il ne cesse de tituber. C’est à peine s’il tient debout en réalité. 

— Eh Taehyung ? Ici. Juste là. Regarde moi Taehyung. 

Son état m’effraie. Ses cernes sont violettes foncées, il a le teint extrêmement pâle. On dirait que le voisin n’a plus toute sa tête. Je tente de garder mon calme pour ne pas le faire paniquer mais c’est peine perdue.  

— Jungkook c’est toi ? 

Putain, on dirait qu’il ne me voit vraiment pas. 

— Oui Taehyung. Je suis là, eh oh ? Taehyung putain regarde moi !

Taehyung se met à tousser fortement, je me colle à la barrière mais même comme ça, je ne l’atteint pas. Qu’est-ce qu’il me fait là ? 

— Taehyung ? Eh oh ? Tu- putain. 

À nouveau, il tombe au sol. Sur le dos précisément. Il bouge à peine, je n’arrive pas à voir s’il respire. Bordel. 

— Taehyung ouvre les yeux ! Taehyung ?! 

Aucune réponse. Il se tord juste de douleur sur le sol. Putain, je dois l’aider. J’entre en trombe dans ma chambre. Quand je croise mon père dans le couloir, je l’ignore. Je cours à toute vitesse sur le palier. Je toque comme un détraqué à la porte du voisin. Mon père me suit et même sans comprendre, il frappe à la porte avec moi.

— Jungkook il se passe quoi là ?

— Ouvrez ! je hurle en espérant que ses grands-parents ouvrent. 

Puis ça me revient. Ils étaient dans le salon, il n'y a pas longtemps. Bien sûr, je ne suis pas sorti dire bonjour parce que je déteste ça mais je les ai entendu parler de partir à un enterrement et de surveiller Taehyung. Ses grands-parents ne sont pas là.

— Jungkook tu veux bien me dire ce qu’il se-

Je bouscule mon père en rentrant dans la maison à nouveau. Je cours dans ma chambre. Cette fois, je prends ma chaise de bureau. Je la porte avec moi jusqu’au balcon. Sans réfléchir, je monte dessus et escalade la barrière. Dans la précipitation, je me fracasse au sol. A ses pieds. 

Je rampe à lui et prends son visage en coupe. 

— Taehyung, je suis là. Taehyung. Je t’en supplie ouvre les yeux. Qu’est-ce que- Taehyung ! 

Je ne sais même pas pourquoi je commence à pleurer. Je crois que j’ai juste super peur d’être avec lui dans ses derniers instants de vie. Ça me fout le cafard, faut le dire. 

Je pose deux doigts dans son cou. Son cœur bat encore. À un rythme trop rapide oui mais il bat encore. Je claque sa joue doucement mais aucune réaction. J’essaye plus fort mais toujours pas. 

Son front est tellement transpirant. Combien de temps est-ce qu’il est resté éveillé pour avoir des cernes aussi creusées et violacées putain. 

— Jungkook ?! Qu’est-ce que tu fais, je-

— Papa ! Papa aide moi ! Il est tombé, il est pas bien, je sais pas quoi faire ! S’il te plaît appelle quelqu’un ! 

— Oh mon Dieu… Oui, j’appelle tout de suite. 

J’aurais dû trouver les mots justes. Ça ne serait peut-être pas arrivé ? 

Je me laisse retomber les fesses sur le sol et je tire la tête de Taehyung sur mes genoux. Les larmes coulent à flots sur mes genoux. Je me concentre sur les battements de son pouls que je distingue encore. Je n’écoute même pas l’appel que mon père passe avec les urgences. Il finit lui aussi par escalader la barrière.

— Taehyung, réveille toi, je t’en supplie, je chuchote à son oreille. 

J’ai vu son mal-être presque immédiatement mais je n’ai pas trouvé les bons mots pour qu’il se confie à moi sur ce qui le tracassait. Je me hais pour ça. Il ne peut pas mourir. Pas à 17 ans. Pas comme… Hajoon. 

— Taehyung ? Taehyung mon grand ? Les urgences arrivent. 

Mon père s’agenouille près de nous. Il prend lui aussi le pouls de Taehyung. Je lui prends la main et la serre de toutes mes forces. J’ai besoin qu’il sente que je suis avec lui. Comme je lui ai promis la dernière fois que l’on s’est vus. 

— Reste avec lui, je vais aller voir dans sa chambre, s’il a pris un truc qui est pas passé. C’est pas juste un malaise ça. 

Heureusement, il est plus calme que moi. Je suis rassuré qu’un adulte ait pris la situation en main. Rassuré de ne pas être seul pour gérer ça. 

Avec ma main libre, je caresse les mèches brunes de Taehyung. Il ne bouge pas d’un iota. Sauf à un moment où j’ai la fugace sensation qu’il serre ma main en retour. Je me penche et embrasse son front transpirant. 

— Je suis là. 

Je sais qu’il ne m’entend pas. C’est bon ! Et puis même je ne vois pas en quoi le fait de savoir que je suis là avec lui pourrait le rassurer tout de suite. Je me dis juste que si quelque part dans sa tête ma voix résonne, j’ai envie que ce soit ce qu’il entende. 

— Jungkook…? 

Mon père sort le visage complètement choqué. Il soulève devant moi 3 boîtes de comprimés vides et un sachet de poudre blanche. J’essaye de trouver des mots à répondre, je le jure. Mais rien ne me vient. Je pleure. Je ne me sens pas capable de faire autre chose.  

Il s’est drogué ? Il a fait une tentative de suicide ? Qu’est-ce qu’il a tenté de faire en prenant tous ces médicaments ? 

— Taehyung… 

Dire que cette nuit est longue est un euphémisme. 

Les urgences sont arrivées et m’ont arraché Taehyung des bras pour le mettre sur le brancard. J’ai supplié mon père de m’emmener à l’hôpital. Voyant mon état, il a pris la voiture et on a suivi l’ambulance. Arrivé là bas, il a fallu attendre longtemps. Très longtemps. Je n’ai jamais autant tourné en rond dans une salle qu’à ce moment-là. 

Ils ont demandé à mon père de contacter les responsables légaux de Taehyung. Il a fallu appeler Annette pour avoir le numéro de ses grands-parents. Ils ne pourront être là que demain matin. Le train de nuit était déjà parti quand on les a appelés. Son grand-père, complètement inquiet m’a demandé de lui raconter exactement ce qu’il s’est passé. J’ai tenté de ne pas mentionner la drogue que mon père avait trouvée mais mon père a quand même balancé. Après quoi le vieil homme a demandé à mon père de veiller sur Taehyung. 

On est resté 4h sans nouvelles. 4. Et j’ai encore beaucoup pleurer. Juste un peu… Un peu beaucoup j’admets. 

Une infirmière est finalement sortie et nous a expliqué avoir plongé Taehyung dans un coma artificiel. Résultat, je suis encore plus stressé. Il va rouvrir les yeux quand au juste ? Elle n’a pas pu nous en dire plus étant donné que nous ne sommes pas de la famille. On n'a pas non plus le droit de le voir. 

Depuis j’ai envie de faire plein de trucs bizarres. Genre rentrer lui chercher un de ses pyjamas parce que je sais à quel point il les affectionne. J’ai envie d’embrasser son front à nouveau comme tout à l’heure. Mais j’ai surtout envie de trouver les bons mots. 

Faire partie d’un gang, ça nous réduit au silence plus qu’autre chose. En dehors du gang, on a rarement des gens à qui parler de tout ça. Perso, je n'en ai jamais eu. J’ai cru que Haniya serait cette personne pour moi mais je me suis foiré totalement à ce sujet. Puis j’ai réalisé. 

S’il y a bien une personne capable de comprendre ce qu’il ressent, c’est moi. Nos vies ne sont pas si différentes que ça. J’aurais pu être une oreille pour lui. Quand il a dit que je n’allais pas le comprendre, j’aurais dû insister. 

— J’ai fini avec les médecins. On rentre d’accord Jungkook ? Tu pourras revenir demain après tes cours si tu veux. Tu as besoin de te reposer un peu toi aussi. 

Je dois trouver les mots pour lui dire qu’il peut compter sur moi.

— Hum… Rentrons. 

Fin de chapitre.

Rentrons les enfants, il pleut...

Dites vous que mercredi, je vous publie un de mes chapitres préférés ? Ça réconforte non ?

Allez, je vous dis à mercredi !

Kiss, Kiss <3

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