𝟐𝟎 𓅇 𝐄𝐧𝐟𝐢𝐧, 𝐣𝐞 𝐦𝐞 𝐜𝐨𝐦𝐩𝐫𝐞𝐧𝐝𝐬...
ᴍᴀs - ᴀɪᴛᴀɴᴀ
Taehyung
— Au moindre souci, tu nous appelles d’accord ? Je t’ai préparé assez de plats pour la semaine. J’ai laissé la carte de crédit sur la table. Si tu as une urgence, tu peux aller chez la voisine. Je l’ai prévenu de notre absence à ton grand-père et moi. Compris ?
— Do-yeon, tu lui as répété ça une centaine de fois, je crois qu’il a compris à force. Il va s’en sortir sans les vieux dans ses pattes. Pas vrai fiston ?
— Oui pa’. Filez, vous allez rater votre bus à force de rester ici.
J’ai droit à un dernier câlin avant que mon grand-père ne tire mamie à l’extérieur. Elle est très inquiète pour moi depuis qu’elle m’a vu pleurer. Il faut dire que j’ai pleuré une bonne heure sans m’arrêter dans ses bras. J’ai même révéillé grand-père qui est venu me calmer avec elle. Je les ai inquiétés et je m’en veux.
Ils ne m’auraient jamais laissé seul ici si ce n’était pas primordial. Il y a l’enterrement d’un ami de grand-père. Ils filent donc à la campagne pour ce triste événement et me laissent là. Tant mieux. Pendant une semaine, je n’aurai plus à faire semblant dans ma propre maison.
J’ai des cernes tellement creusées que le maquillage se fatigue de les masquer.
☽
Quand on n’y dort jamais, le monde est différent. J’entends par là, des sons différents, des odeurs différentes, des couleurs spécifiques. Mon monde à moi est gris. Je suis trop épuisé pour visualiser des lettres. Eum, des couleurs. Oui, des couleurs.
La nuit et le jour se brouillent. Ne sachant trop comment ne pas me tromper, je fais tout comme si c’était toujours la nuit. Ou je fais tout comme si c’était la journée ? Voilà. Journée. C’est le mot adéquat pour…Enfin, je me comprends.
Je n’ai pas fermé l'œil depuis au moins une semaine. Si seulement ça pouvait être une blague…
L’avantage d’être dans un gang, c’est d’avoir des contacts. Alors oui toutes ces boites de modafinil (1) m’ont couté très chères mais je les ai payées avec de l’argent sale, ça compense non ? Non ? Pas grave. Le résultat est pareil, grâce à ces petits comprimés, je ne me sens jamais fatigué.
[1. Médicament utilisé chez l'adulte contre la somnolence excessive pendant la journée. Il est prescrit par un médecin et ne devrait être pris que 2 fois à 3 par jour maximum.]
Enfin, ça c’est habituellement. Habituellement comme dans habitude qui se répète et qui…Je me comprends. Mon bonbon à la menthe est transparent mais la menthe c’est vert ? Donc je ne mange pas vraiment un bonbon à la menthe non ?
— Putain. Pourquoi il est pas jaune ? Euh vert plutôt. Oui, vert.
Vert comme la couleur. Pas comme le verre dans lequel on boit ni comme le vers qui se trimballe sous nos pieds lorsque la pluie tombe. Vert genre comme les pommes. Mais pas celle que Cendrillon a dû manger pour se transformer en citrouille. Ou c’était blanche neige ? Je parle de celle qui était super belle et a mangé une pomme. Vous voyez ? Je vois et… il me faut un autre médicament.
À quoi je pensais de base ?
Ah oui. Je suis particulièrement épuisé aujourd’hui. Pourtant, j’ai pris mes comprimés aujourd’hui. Je ne sais plus quoi faire de ma journée maintenant. J’ai absolument tout terminé. Quand je dis tout, c’est tout.
En une semaine, j’ai terminé un demi semestre de cours. J’ai rendu tous les contrôles attendus, j’ai travaillé absolument tous les cours de toutes les matières et en ai fait les plus belles fiches de révisions qui soit. Pour le piano, je suis passé d’une séance de une heure par jour à une séance d’à peu près 6h, les jours où je n’ai pas conservatoire. Mon monde a tapé une accélération. Ne pas dormir c’est bien beau mais ça fait quand même 168 heures. En 168 heures, il s’en passe des choses. Beaucoup de choses. Trop de choses. Ah mais non ! Ça faisait 168 heures au moment où mes grands-parents sont partis. Là, ça fait déjà 4 jours de plus. Donc une semaine + 4 jours ça fait…
264 heures.
Maintenant que tous mes cours disponibles sont faits, que mes cours de piano sont travaillés, que j’ai rangé ma chambre une centaine de fois, il me reste quoi ?
Merde, j’ai oublié les comprimés.
J’entre dans ma chambre en trombe pour prendre la dernière boîte de dragibus qui me reste. Le mec qui me les a vendu m’a dit de ne pas en prendre plus de 3 par jour. J’en prends 6 par jour. Le souci c’est que- j’ai pensé dragibus ? Je voulais dire médicament. Oui médicament pour soigner ou détruire, ça dépend des points de vue. Bref. Le souci est que j’arrive pas à me souvenir de la dernière fois que j’en ai pris ? Est-ce que j’ai déjà pris les 6 comprimés aujourd’hui ? Il m’en reste combien à prendre pour ne pas dormir du tout ?
Bordel, je sais plus !
J’observe la boîte et plus je le fais, plus elle me semble floue. Floue. Floute ? Je sais plus. J’ai aussi un peu mal à la tête. Mal.
Et puis qu’importe non ? Vaut mieux prendre trop de médicaments plutôt que pas assez. J’en avale 4 d’un coup. Pendant qu’ils descendent dans mon corps, je prends une grande inspiration. Non. Deux grandes inspirations. Deux. Pas une.
— Pourquoi j’ai dis une putain ? Hein ?
Pourquoi il fait chaud comme ça ? On est en hiver pourtant ? Ou alors on est déjà en été et je n'ai rien vu venir ? Je ne sais pas. Je sais pas. Je sais pas. Je tourne, je recule, j’avance mais ma chambre n’a pas assez d’espace. Putain pourquoi ma tête tourne autant ? Ça fait pas ça d’habitude ? J’en ai pris trop.
— Je le savais. Je le savais. Je le savais.
Et… Il y a aussi la drogue. La petite poudre magique qu’il m’a vendu une fortune. Celle à prendre si les médocs ne suffisent pas. J’en ai pris un peu ce matin… Non ? Je tape fortement dans mes mains à plusieurs reprises. Je sens une chaleur désagréable parcourir ma nuque. Des sueurs froides plutôt.
— Putain.
Les jambes toutes tremblantes, je me précipite vers la baie vitrée. Je la tire violemment et trébuche sur le sol de mon balcon. Ouch. Comme je peux, je me redresse. Je lève la tête vers le ciel mais je ne le vois pas. Ma vue est toute troublée. Trop troublée.
— Taehyung ? Taehyung ça va ?
Eh mais je connais cette voix non ? Je crois ? Je baisse la tête. De toute manière, ce putain de ciel je le vois pas. Il a disparu ! Purée, je savais pas qu’un ciel pouvait prendre la fuite comme ça. Qui couvre le monde maintenant ? Hein ?! Dites moi qui !
— Eh, Taehyung, ici. Juste là. Regarde moi, Taehyung.
Je tourne ma tête à gauche brusquement. Puis à droite. Il n’y a rien. Pourquoi les coins de ma vue deviennent noir. Je ne peux pas fermer les yeux. Je ne veux pas ! Je vais le revoir. Je vais sentir ses mains sur ma peau à nouveau ! Je vais me rappeler du goût de sa semence sur ma langue ! Je vais me rappeler de-
— Jungkook ? C’est toi ?
Une toux surgit de nulle part. Elle vient de moi. Je pose une main sur mon cœur essayant de voir Jungkook mais je ne le vois pas. Il est où ?
— Oui Taehyung. Je suis là, eh oh ? Taehyung putain regarde moi !
Je sens mes jambes avancer mais elles s’emmêlent à la place. Je tombe au sol. Je crois même le faire trembler. J’essaye d’ouvrir grand les yeux. Très grand mais mon coeur bat trop vite et mes paupières pas assez. Petit à petit, elles se ferment. J’essaye de hurler à l’aide mais aucun son ne sort. Je n’entends plus rien. Même pas le bruit du vent. J’ai affreusement peur. Quand mon cerveau répète en boucle :
— Alors ? Ça te plaît petit coeur ?
Mon monde devient noir. J’essaye de…L’air… Il me… À l’aide… L’air… Me…
Enfin… Je me comprends.
…
☽
Fin de chapitre !
Bon... L'histoire prend un autre tournant, j'avais prévenu 🙈.
Chapitre très court mais c'est pas ma faute, c'est Taehyung qui s'est évanoui 💀.
On se dit à samedi ?
Kiss, kiss <3
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