Stabbed

| STABBED |
B E T T Y

Cinq minutes d'attente. Les cinq plus longues minutes de toute ma vie. À quoi correspondent ces cinq minutes, me demanderiez-vous ? Et bien depuis quelque temps, je ne me sentais pas très bien. Le matin, je me réveillais, puis vomissais. Je suis donc allée à la pharmacie acheter un test de grossesse... Après avoir fait celui-ci, il fallait attendre cinq longues minutes pour savoir si j'étais enceinte ou non. Ces cinq minutes sont enfin écoulées, le test de grossesse encore retourné. J'ai tellement peur... D'un sens, je serai heureuse s'il est positif, j'ai toujours aimé m'occuper des enfants – principalement ma nièce et mon neveu, Juniper et Dagwood – mais d'un autre sens, je serai perplexe.

Nous sommes censés partir pour Yale dans moins de deux semaines... Un bébé gâcherait en quelque sorte notre rêve d'aller étudier dans une prestigieuse université renommée... Mais s'il était négatif, je dois avouer que je serai un petit peu triste. Je me décide finalement à retourner ce maudit test... celui-ci indique deux barres rouges. Oh, non... je suis enceinte. Comment vais-je le dire à Jughead... ? J'espère vraiment qu'il ne va pas mal le prendre... Après tout, ce n'est pas uniquement de ma faute. Il y a une semaine, nous avons assisté à notre remise des diplômes, qui s'en est suivi d'une fête chez Cheryl. Et... je dois avouer qu'on a bu. Beaucoup.

En rentrant à la maison, on était complètement bourrés. J'ai oublié de prendre ma pilule contraceptive et Jughead a oublié de mettre un préservatif... Au début, je ne pensais pas que ça allait être si grave, car ça nous est déjà arrivé d'oublier de nous protéger quand on faisait l'amour, mais mes craintes ont commencé à voir le jour quand j'ai commencé à avoir des nausées et des vomissements matinaux. Encore une fois, je suis d'un sens heureuse d'être enceinte, mais d'un autre, je suis un petit peu effrayée et triste. Ah, en parlant de Jughead, celui-ci arrive dans notre chambre. Je n'ai pas d'autre choix que de lui dire, sachant que le test est juste sous ses yeux...

- Qu'est-ce que c'est ? Me demande-t-il en s'asseyant sur le rebord du lit, l'air intrigué.

- Et bah, euh... T-Tu te souviens la soirée des remises de diplômes chez Cheryl la semaine dernière... ? Bah on était bourré et on a oublié de se protéger... E-Et depuis une semaine j'ai des nausées matinales et quelques vomissements... J-Je suis donc allée acheter un test de grossesse à la pharmacie et... j-je suis enceinte, Jug...

- Tu es enceinte !? Betty, je– On part pour Yale dans même pas deux semaines ! On a que dix-huit ans, c'est trop jeune pour être parents ! On a trois années d'université devant nous, je ne veux pas les gâcher ! Crie-t-il, tandis qu'une larme solitaire coule le long de ma joue.

- Q-Qu'est-ce que tu veux dire par là... ? T-Tu n'es pas heureux d'être papa... ?

- Non, Betty, je ne suis pas heureux ! Évidemment que je voulais des enfants avec toi, mais pas maintenant ! Est-ce que tu sais ce que ça représente ? Ça veut dire qu'on va devoir sacrifier nos années d'université, université dans laquelle on a mis des mois et des mois pour être acceptés pour s'occuper de ce bébé !

- Je sais que c'était imprévu, Jug, mais il est hors de question que j'avorte... On pourra toujours aller à Yale plus tard...

- Je ne veux pas y aller plus tard, Betty ! Je rêve d'entrer dans cette université depuis que je suis gosse, il est hors de question que j'abandonne ce rêve !

- Donc, tu me dis là que tu choisis Yale plutôt que moi et le bébé... ?

- J'en sais rien, Betty, j'en sais rien. Je ne suis pas prêt à être père, okay ? Je veux aller étudier à Yale. Écoute, on devrait... on devrait faire une pause.

- Q-Quoi... ? P-Pourquoi... ?

- Pour réfléchir chacun de notre côté... C'est préférable, pour le moment. Je vais aller chez Sweet Pea quelques jours, et on verra ce qu'il se passe ensuite...

Sur ces mots, il sort un sac, puis mets quelques-unes de ses affaires dedans, avant de descendre dans le salon, me laissant seule, toute tremblante. Quelques secondes plus tard, j'entends la porte claquer, annonçant qu'il est sorti. Ma mère et FP sont au Whyte Wyrm et Jellybean dort chez sa meilleure amie, je me retrouve donc seule. Comment peut-il me faire ça ? Je pensais qu'il serait heureux ou qu'il essaierait au moins de trouver une solution...

Comment peut-il décider de faire une pause dans notre relation alors que je viens de lui avouer que j'étais enceinte ? Je ne peux pas le perdre... Jughead est la seule chose – ou plutôt la seule personne – bien dans ma vie. Il est la lumière des ténèbres qui menacent de m'envahir, mon chevalier en armure... Quand mon père s'est révélé être la Cagoule Noire, il était là. Quand le Roi des Gargouilles a fait surface, il était là. Quand ces horribles cassettes ont commencées à sortir et quand ces connards de Stonewall Prep faisaient tout pour nous faire tomber, il était là. J'ai vécu plus de choses avec lui en quatre ans que je n'en ai vécu de toute ma vie... Je ne suis rien sans lui, vraiment rien.

Ma tristesse se fait soudain remplacer par un tout autre sentiment : la haine. Ce n'est pas à lui que j'en veux, mais au bébé. C'est de sa faute si Jug a décidé de faire une pause dans notre relation. C'est de sa faute si son rêve est gâché. Tout est de sa faute. Je sens alors mes ongles s'enfoncer profondément dans mes paumes de mains : chose que je n'avais pas faite depuis au moins un an. Encore une fois, quand j'étais stressée et voulais me faire du mal, Jughead était là. Sans lui, je ne serai probablement pas ici à cette heure-ci. Mon père est un serial killer, mon frère également, mon oncle Clifford et ma marraine Pénélope sont aussi des tueurs. Et moi, en suis-je une également ? Comprenant le fait que je possède les gênes des tueurs en série, je ne serai pas surprise. Sans Jughead, ma vie n'a aucun sens. Et risque bien de le perdre à cause de ce putain de bébé !

Étant emportée par une vague de rage et de colère, je jette tout ce qu'il y avait sur mon bureau à terre : toutes les feuilles, nos articles écrits au Blue and Gold, mon journal intime et des pots à crayons. Je balance ensuite mon verre d'eau contre le mur, le laissant se briser en mille éclats de verre. À ce moment-là, je suis si énervée que je pourrais tuer quelqu'un, je ne plaisante pas. Tout ça est de la faute du bébé. C'est sa faute. N'ayant plus les idées claires, je descends rapidement à la cuisine, ouvre un tiroir, puis sors un couteau à viande, bien aiguisé et bien tranchant. C'est de sa faute, continue de répéter ma conscience, me faisant perdre tous mes esprits. N'étant plus moi-même, je commence à me poignarder le ventre, voulant absolument tuer la cause de cette dispute.

- C'est de ta faute, espèce de connard ! Criais-je au bébé, tout en me poignardant violemment.

J U G H E A D

En sortant, je me rends très vite compte que j'ai oublié mon téléphone dans la maison. Je ne peux pas croire ce qu'il vient de se passer... Betty m'a dit qu'elle était enceinte... Suis-je heureux ? Je ne sais pas, pour le moment. Avoir un bébé à notre âge comprend d'énormes sacrifices, comme nos années universitaires à Yale. D'un sens, je suis en colère, mais d'un autre... je me sens coupable. Coupable d'avoir parlé à Betty de cette manière, coupable de l'abandonner au moment où elle a le plus besoin de moi, coupable d'être aussi con. Faire un break dans notre relation est, selon moi, la pire chose que je n'ai jamais faite. Betty a besoin de moi encore plus que jamais, mais moi, au lieu de la soutenir, je la laisse tomber. Putain, je suis le pire des cons. Je ne peux pas faire ça, je l'aime... Quel genre de gars abandonne sa copine alors qu'elle est enceinte ? Mon Dieu, je suis un monstre.

Sans plus attendre, je remonte les marches qui mènent à notre maison. Je ne peux pas l'abandonner, je ne peux pas et ne veux pas. En entrant dans la maison, j'entends Betty crier des choses encore incompréhensibles. Pris d'un élan de panique, je suis les cris, arrivant à la cuisine. Soudain, une scène digne d'un horrible film d'horreur apparaît dans mon champ de vision : ma Betty, assise par terre, en train de se poignarder le ventre. Sans même avoir le temps de comprendre ce qu'il se passe, je cours vers elle, en essayant d'éloigner le couteau d'elle.

- Betty, arrête... ! Criais-je en essayant tant bien que mal de lui reprendre le couteau des mains.

- Non... ! C'est de sa faute, tout est de sa faute !

Elle sanglote, tout en continuant de se poignarder sans hésitation. Mon Dieu... Après une ou deux minutes supplémentaires, j'arrive enfin à lui reprendre le couteau des mains, le faisant glisser sur le sol, loin d'elle. Son ventre saigne maintenant de tous les côtés, tandis que ses yeux commencent à se fermer. Mon premier reflex est de la prendre dans mes bras.

- Oh, oh, oh, hé, dis-je doucement. Betty, reste avec moi, ne ferme pas les yeux, Betty, reste éveillée.

Tout ça ne sert à rien, elle se laisse emporter dans les ténèbres en quelques secondes seulement. Sans hésiter un seul instant, j'attrape mon téléphone, alors posé sur la table de la cuisine, puis compose le 911.

- Allô, quelle est votre urgence ? Me demande mon interlocutrice depuis l'autre côté du téléphone.

- M-Ma petite-amie s-s'est poignardé... E-Elle est évanouie e-et elle saigne... S-S'il vous plaît, envoyez quelqu'un au 111 Elm Street...

- Une ambulance est en route. Monsieur, je vais vous demander de rester calme et de compresser la blessure. Les secours seront là d'ici moins de cinq minutes.

J'acquiesce, donne quelques informations supplémentaires, puis attrape un torchon, avant de venir compresser les plaies de Betty avec. Mes mains et mes vêtements sont ensanglantés et mon cœur bat à mille à l'heure. Attendez, il bat toujours ? Après – effectivement – cinq minutes, j'entends les sirènes des pompiers résonner. Rapidement, j'entends frapper à la porte.

- E-Entrez ! Criais-je entre deux sanglots.

Des pompiers entrent donc dans la maison, puis se dirigent vers nous. Ils me disent de m'éloigner, ce que je fais, puis ils déposent Betty sur un brancard. Tout ça est de ma faute... Jamais je n'aurais dû réagir de cette manière et partir comme je l'ai fait... Betty se fait ensuite emmener dans l'ambulance, puis je monte avec eux. J'assiste à la scène avec effroi, démuni, ne pouvant absolument rien faire. Un des pompiers lui retire son haut, tandis qu'un autre la relie à des fils et des machines. Sur l'une d'elle, je peux voir son rythme cardiaque, qui est particulièrement lent. Tout ça est de ma faute... Nous arrivons ensuite devant l'hôpital en moins de cinq minutes, puis Betty se fait emmener dans une pièce. J'essaye évidemment de la suivre, mais un médecin m'arrête, me disant que je ne peux pas les suivre ici et que je devrais aller attendre dans la salle d'attente.

Heureusement pour moi, cette salle d'attente est vide. Je me mets ensuite à faire les cent pas, les mains et les vêtements toujours ensanglantés, quand soudain, je me mets à penser à quelque chose. Il faut que je prévienne Alice. Je sors donc mon téléphone de ma poche, puis compose son numéro, les mains tremblantes.

- Allô ? Jughead, pourquoi tu m'appelles ? Me demande-t-elle. Est-ce que tout va bien ?

- N-Non... répondis-je en sanglotant. B-Betty est à-à l'hôpital... V-Venez v-vite, je vais tout vous expliquer sur place, mais faites vite...

Alice et mon père arrivent finalement après dix minutes, un air inquiet sur le visage. Je leur explique donc ce qu'il s'est passé, honteux. C'est de ma faute... Je me sens si honteux, si stupide, si irresponsable. Comment ai-je pu lui parler comme je l'ai fait, comme-ci tout était de sa faute ? À ce que je sache, nous étions tous les deux ivres morts et avons tout deux oublié de nous protéger. Bref, nous attendons finalement dans la salle d'attente. Nous attentons, puis une heure passe. Puis deux, puis trois, puis les douze coups de minuit sonnent déjà... Nous attentons maintenant depuis plus de cinq maudites heures. Est-ce qu'elle va bien ? Nous n'en savons rien. J'ai demandé à la dame de l'accueil si elle avait des nouvelles de Betty il y a une bonne heure déjà, mais elle n'avait aucune nouvelle, elle non plus.

- Quelqu'un pour Elizabeth Cooper ?

Nous nous levons tous en sursaut, puis accourons vers le médecin qui vient de parler.

- E-Est-ce qu'elle va bien... !? Demandais-je rapidement, effrayé.

- Son état est stable. Par chance, aucun organe important n'a été touché. Elle dort encore, elle a besoin de repos, mais elle devrait se réveiller dans quelques heures. Vous pouvez aller la voir, mais soyez silencieux, elle a besoin de repos. Et je vous conseillerai de l'emmener voir un psychologue...

- D'accord, m-merci. E-Et le bébé... ? E-Est-ce qu'il va b-bien... ?

- Oui, ne vous inquiétez pas. La lame du couteau ne l'a même pas effleuré, sachant qu'il s'agit-là d'une simple « graine » de même pas un centimètre. Votre petite-amie est enceinte d'une semaine seulement, mais n'ayez aucune crainte, elle et le bébé vont bien.

Nous remercions le médecin en lui offrant un sourire de reconnaissance, tandis qu'il part s'occuper d'autres patients. Mon Dieu, je suis si rassuré que Betty et le bébé vont bien... Je sais, je n'avais pas l'air de me préoccuper du bébé vu ma réaction, mais si, je m'en préoccupe. Ce que j'ai dit et fait était une terrible erreur que je regrette plus que tout au monde. Je suis vraiment rassuré qu'ils vont bien...

- Tu devrais y aller, Jughead... murmure Alice. FP et moi allons rentrer nous occuper de Jellybean. Appelle-nous si elle se réveille et dis-lui qu'on viendra la voir demain matin à la première heure... Je suppose que tu vas dormir ici ?

- Oui. Je vais rester ici.

Sur ces mots, mon père et Alice repartent, me laissant seul à nouveau. Mon père m'avait apporté des vêtements propres il y a quelques heures, puis j'ai nettoyé le sang présent sur ma peau aux sanitaires de l'hôpital. Bref, sans plus attendre, je m'empresse d'aller dans la chambre de Betty, la numéro 237. Une fois arrivée devant cette porte, j'entre doucement, faisant attention de ne pas faire trop de bruit. Les lumières de la pièce sont tamisées, presque éteintes. Je m'assieds finalement sur une chaise disposée près de son lit d'hôpital, puis prends sa main dans la mienne. Après plusieurs longues minutes, je ressens une pression sur ma main. Rapidement, les yeux de ma jolie blondinette s'ouvrent délicatement.

- O-Où est-ce que je suis... ? Demande-t-elle d'une faible voix. Q-Qu'est-ce qui s'est passé... ?

- Tu t'es poignardé... Par chance, je suis revenu et t'ai trouvé, puis ai appelé les secours... Betty, pourquoi t'as fait ça... ? Lui demandais-je doucement en caressant la paume de sa main, passant mes doigts sur ses cicatrices en forme de croissants de lune.

- J-Je ne sais pas... J-J'étais énervée... pas contre toi, mais contre le bébé et– Oh mon Dieu, l-le bébé... ! E-Est-ce qu'il est... ?

- Non, non, ne t'inquiète pas, le bébé va bien. J'ai eu vraiment peur tu sais... Et je suis désolé... J'ai été un vrai connard, je l'avoue. Je n'aurais jamais dû partir alors que tu avais besoin de moi plus que jamais... Betty, je t'aime, toi et le bébé. O-On pourrait aller à Yale quand même. On louerait un appartement près de l'université puis fera garder le bébé pendant que nous irions en cours. J'ai réfléchi et je pense que ça pourrait le faire... Qu'est-ce que tu en penses ?

- C'est une très bonne idée, Jug... A-Alors tu n'es plus fâché contre moi e-et le bébé... ?

- Non, pas du tout. Je vous aime plus que tout au monde... J'espère juste que tu pourras me pardonner d'avoir été aussi con.

- Bien sûr que je te pardonne...

Sur ces mots, nous visages se rapprochent, puis nos lèvres se rejoignent. Nous nous embrassons tendrement, puis elle se décale pour me laisser une place dans le lit. Je retire donc mes chaussures, puis viens m'installer à côté d'elle, enroulant mon bras autour de ses épaules. Rapidement, le sommeil nous emporta. Finalement, tout est bien qui fini bien.

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top