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B E T T Y

Bonjour ! Moi c'est Betty, Betty Cooper, mais je suppose que mon nom ne vous dit rien. Vous me reconnaîtrez peut-être si je vous dis : la fille parfaite d'à côté, l'intello à lunettes ou encore la débile du premier rang. Vous visualisez qui je suis, maintenant ? Comme vous vous doutez, je suis l'intello du lycée, la fille harcelée par les sportifs, les populaires et ignorée de tous les autres. Je suis âgée de dix-sept ans et j'habite Riverdale, j'étudie d'ailleurs à Riverdale high.

Pour faire court, personne ne m'aime. Mes parents me poussent à être parfaite. Ils me disent comment m'habiller, quoi manger, ils contrôlent toute ma vie depuis que je suis née. Quant aux autres, je n'ai pas d'amis. Au lycée, les gens me méprisent car je suis la chouchoute des profs et que je suis plus intelligente qu'eux. Il y a bien quelques personnes gentilles comme Veronica Lodge, une fille populaire de ma classe qui m'a déjà défendu auprès de Cheryl Blossom, la mégère sans cœur, aussi surnommée l'enfant du Diable. Tout le monde la redoute, et je comprends pourquoi.

Bref, comme je l'ai dit, je suis seule. Ma vie se résume à faire tout ce que mes parents veulent. Je n'ai même pas le droit de sortir le soir, je dois rentrer directement à la maison après les cours. De toute façon, je ne vois pas ce que je pourrais faire, je n'ai pas d'amis. Ma mère ne me laisse même pas utiliser de réseaux sociaux, ni même de téléphone. Enfin, j'en ai bien un, mais j'ai le contrôle parental, ce qui ne me laisse absolument rien faire. Tous les jours, c'est la même chose, j'ai l'impression de vivre un jour sans fin. Le matin, je me prépare avec les vêtements que ma mère veut que je porte (le plus souvent des pulls à cols avec des jeans simples et des affreux gilets de grand-mères), je déjeune ensuite ce que ma mère a décidé, toujours des choses pas grasses, donc pas de pancakes. Je suis obligée de déjeuner des céréales bio dégoûtantes, on dirait qu'elles n'ont pas de goût. La journée, je vais en cours, me fait traiter, rabaisser et parfois même frapper, ensuite je rentre chez moi, monte faire mes devoirs, puis je dors. Waouh, j'adore ma vie.

Et le pire de tout, c'est qu'aujourd'hui, notre lycée va malheureusement accueillir des élèves de Southside high. Leur lycée vient de fermer, alors leurs élèves seront répartis dans plusieurs autres lycées, dont le nôtre. Les Southsiders ont une très mauvaise réputation. Ils font quasiment tous partis d'un gang, dealent de la drogue, en consomment, et j'en passe. Je me fais déjà assez harceler par les Northsiders, je ne veux pas en plus me faire harceler par les Southsiders ! D'après ce que j'ai entendu, les élèves que le lycée va accueillir font partis d'un gang, les Southside Serpents. Ceux-ci ont très mauvaise réputation. On dit qu'ils sont violents et que le pire de tous, c'est leur chef, Jughead Jones. Je l'ai heureusement jamais vu, mais il va venir aujourd'hui, accompagné d'autres personnes. Je ne serai pas surprise qu'il s'allie à Chuck, mon harceleur numéro un.

Bref, j'entre donc dans le lycée, mon sac à dos sur les épaules, puis pars à mon casier. J'y compose mon code, l'ouvre, puis dépose à l'intérieur les affaires dont je n'aurais pas besoin cette matinée pour alléger mon sac. Et, sans surprise, Chuck m'interpelle en refermant brusquement la porte de mon casier, manquant presque de m'écraser les doigts. Encore un jour sans fin. Tous les matins, c'est la même chose. Chuck m'interpelle à mon casier, me demande de lui donner mon goûter et mon argent de poche, me donne une petite claque, puis repart rigoler avec son équipe de foot. Bon, disons que mon goûter n'est pas très appétissant : une simple salade avec une pomme, mais c'est ce que je mange à midi pour avoir un minimum de force pour poursuivre mes autres cours. Quant à mon argent de poche, je n'ai pas grand-chose non plus. Mon père me donne juste un billet de cinq dollars, mais Chuck le vole toujours. Donc, à midi, je ne mange rien. Heureusement que j'ai pensé à cacher une barre de céréales dans la pochette intérieure de mon sac !

- File-moi ta bouffe et ton argent, Cooper, me dit Chuck d'un ton menaçant.

Je m'exécute donc, puis lui donne ma salade, ma pomme et mon argent de poche. Chuck m'a toujours fait peur : il est grand, très musclé, très populaire et a toute l'équipe des Bulldogs de son côté, alors je préfère lui obéir au risque de me faire tabasser par lui et ses potes, ce qui est malheureusement déjà arrivé.

- Je veux le reste aussi.

- Le reste ? De quoi tu parles, Chuck ? J-Je n'ai rien d'autre, t-tu le sais bien...

- Oh, ne fait pas ta maligne. Je t'ai vu ranger une barre de céréales dans ton sac en partant de chez toi ce matin. Donne-la moi.

- J-Je l'ai mangé ce matin car je n'avais pas eu le temps de déjeuner, je me suis levée en retard et–

- Ferme ta gueule, arrête de me sortir tes excuses de merde et donne-moi cette putain de barre de céréales ! Exige-t-il en haussant la voix, attirant l'attention des élèves présents dans le couloir.

Je sursaute face à la tonalité de sa voix, puis sors la barre de céréales cachée dans la poche intérieure de mon sac, avant de lui donner, la main tremblante. Chuck me l'arrache violemment des mains avant de me gifler.

- La prochaine fois, évite de me mentir, salope, lâche-t-il avant de repartir, suivi de ses amis Bulldogs.

Je retire mes lunettes puis essuie rapidement et discrètement les quelques larmes qui s'écoulaient de mes yeux, avant de remettre celles-ci. Ma mère m'oblige encore à les porter. Je trouve que je n'en ai pas besoin, je vois très bien sans, mais elle insiste pour que j'ai une vue « supérieure aux autres », mais cela est inutile et inefficace. Mais bon, il ne faut jamais contredire Alice Cooper... Je referme ensuite le cadenas de mon casier, en espérant ne pas avoir une trace de main rouge sur la joue... Au même moment, j'entends la porte d'entrée du lycée claquer contre le mur – ce qui signifie qu'elle a été ouverte brusquement. En tournant la tête, je croise le regard de plusieurs personnes vêtues de blousons de cuir. Merde... les Serpents. Je les avais oublié, eux. Je peux voir une fille aux mèches roses marcher la tête haute avec trois autres garçons. L'un d'eux porte un bonnet... Oh ! C'est Jughead Jones, le roi des Serpents !

Ce fameux Jughead est un grand garçon d'au moins un mètre quatre-vingts. Ses cheveux sont noirs, tout comme le reste de ses vêtements. Il porte sa fameuse veste de motard avec un Serpent sur le dos au-dessus d'un t-shirt noir avec un S gris dessiné dessus. Avec ça, un jean troué également noir avec une paire de bretelles et des rangers en cuir. Sur sa tête est donc posé un étrange bonnet gris en forme de couronne. Il est encore plus effrayant en vrai... Il est certes moins musclé que Chuck, mais il m'a l'air plus dangereux. Après tout, il est à la tête d'un gang réputé violent, il est forcément dangereux. L'air sur son visage me dit de me méfier de lui, et même des autres, d'ailleurs. Il ne sourit pas, mais ne fait pas pour autant la tête. Il est badass, mais aussi très effrayant. Et plutôt mignon...

- Ah ! Vous voilà, dit Monsieur Weatherbee – le principal – en se dirigeant vers ses nouveaux élèves. Bienvenue dans notre lycée, jeunes-gens. Euh... Ah, tiens, Mademoiselle Cooper.

Je tourne rapidement ma tête vers le proviseur, m'attendant à ce qu'il me demande de leur faire la visite du lycée – comme je fais habituellement aux nouveaux arrivants, vu que je suis la personne la plus douce, gentille et la plus digne de confiance de ce lycée.

- Mademoiselle Cooper, comme vous êtes là, accepteriez-vous de faire visiter le lycée à nos nouveaux élèves ?

- Euh... O-Oui, b-bien sûr, Monsieur Weatherbee...

- Parfait ! Comme d'habitude, vous êtes vraiment parfaite. Merci beaucoup de bien vouloir aider. Bon, jeunes-gens, je vous laisse en compagnie de Betty Cooper. Elle vous fera visiter le lycée, soyez gentils avec elle. Je vous souhaite une bonne journée et une bonne intégration ! Mademoiselle Cooper, tenez, termine-t-il en me donnant de la paperasse. Voilà leurs numéros de leurs casiers avec leurs combinaisons. Passez à la bibliothèque demander à Mademoiselle Bell leurs livres.

Je prends ces papiers entre les mains, tandis que le principal retourne à ses occupations. Merde, merde, merde... J'aime habituellement faire la visite de notre lycée aux nouveaux élèves, j'adore leur parler de l'histoire de Riverdale high, mais le faire à des Serpents, ça ne sera pas une partie de plaisir...

- Bon, alors, euh... bafouillais-je en remontant mes lunettes sur mon nez. S-Suivez-moi, je vais vous faire visiter...

- Détends-toi, on ne va pas te manger, me murmure Jughead. Quoi que...

Je déglutis, puis reste figée. Sa voix est aussi belle que lui... Mon Dieu, je ne peux pas croire que je viens de penser ça ! Mais je dois avouer que Jughead est... intimidant. Je peux sentir son parfum d'où je suis : de la menthe mélangée à une faible odeur de cigarette et de cuir. Je secoue ensuite la tête pour revenir à mes esprits, puis commence à montrer aux Southsiders les diverses salles de classes, ainsi que leurs casiers. Je leur donne leur feuille avec leur code, puis les attends pendant qu'ils y rangent leurs affaires. Au même moment, Chuck et son équipe passe dans les couloirs, prêts à aller s'entraîner sur le terrain de football américain du lycée. Ils portent leurs tenues avec leurs casques et leurs protèges corps. En passant, Chuck me bouscule en rigolant. Je trébuche à cause de sa force, mais par chance, Jughead m'empêche de tomber. Je me retrouve donc dans ses bras, mais je m'écarte rapidement, en espérant qu'il ne me frappe pas ou ne m'insulte pas comme les autres le font habituellement.

- J-Je suis désolée... ! J-J'ai trébuché, e-excuse-moi... m'excusais-je rapidement, effrayée.

- Hé, ça va, doucement. J'ai vu qu'il t'a poussé, et ce n'est rien. Tu sais, blondie, ce qu'on dit sur nous est faux. On ne deale pas de la drogue, on en consomme pas et on ne tue pas. T'as pas à avoir peur de nous, on est les gentils ici, okay ?

- O-Okay... B-Bon, euh... suivez-moi, je vais vous faire visiter rapidement le reste du lycée avant le début des cours...

Jughead Jones, le roi des Serpents, vient-il réellement d'être gentil avec moi ? C'est la toute première fois qu'on m'ait parlé d'une voix aussi douce, aussi calme... Je dois avouer que ça fait du bien. À la maison, ma mère me crie toujours dessus en me disant de ne pas manger n'importe quoi ou de ne pas porter de choses qu'elle n'approuve pas, et ici, Chuck me crie également dessus en me disant que je suis grosse et laide. Ça fait du bien un peu de calme... Bref, je leur fais donc visiter le reste du lycée en terminant par la cafeteria, quand la sonnerie retenti, annonçant le début des cours.

- Bon, merci pour cette visite, Coop, me remercie Jughead. On se voit en cours. À plus.

Sur ces mots, il part en me faisant un petit clin d'œil. Il est gentil... pour un Southsider avec une très mauvaise réputation. Ou alors, il veut que je croie qu'il est gentil pour ensuite m'humilier comme le font les autres... Bon, peu importe. Je pars ensuite dans mon premier cours, qui est un cours de Français, puis attends l'arrivée du professeur.

Quelques heures plus tard, pendant la pause du midi.

La matinée est enfin terminée ! Mon ventre gargouille et je sens ma tête commencer à tourner à cause de la faim. Disons que des céréales bio et des salades, ça ne remplit pas énormément l'estomac... De plus, Chuck m'a encore pris mon goûter, alors je n'ai rien à manger et je n'ai pas non plus d'argent pour m'acheter quelque chose. Super... Je pars quand même à la cafeteria, où je m'assieds à une table, seule, pour lire un livre. Je sors donc Roméo et Juliette de mon sac, puis me plonge dans l'histoire de ces deux amants dont l'amour est impossible.

- Je peux m'asseoir ?

Je relève la tête puis croise le regard de Jughead. Celui-ci tient un plateau entre ses mains, dans lequel est posée une assiette de frites avec un hamburger et une part de gâteau au chocolat en dessert. Miam... j'ai tellement faim. Je donnerai n'importe quoi pour pouvoir manger un burger, ou même un sandwich... Mais malheureusement, ma mère m'interdit d'en manger. Elle dit que c'est trop gras et que ça va me faire grossir...

- Euh... O-Oui, vas-y... finissais-je par répondre, tandis que Jughead s'installe en face de moi.

- Roméo et Juliette ? Très bon choix, même si la fin laisse à désirée. Tu ne manges pas ?

- Euh... N-Non, j'ai pris un petit-déjeuner copieux ce matin, je n'ai pas faim, niais-je. T-Tu ne manges pas avec tes amis... ?

- Non, je voulais manger avec toi. Ils vont bien se débrouiller une heure sans moi, rit-il en croquant dans son burger. Oh, et merci de nous avoir fait cette visite du lycée ce matin. Bon, je dois avouer que je me suis perdu pendant la troisième heure, mais je me suis vite retrouvé.

Je souris légèrement, puis remonte mes lunettes sur mon nez à l'aide de mon index. Qu'est-ce que Jughead Jones vient faire ici, à ma table ? Est-ce qu'il va se moquer de moi comme les autres le font ? Argh, réfléchir me donne encore plus mal à la tête.

- Tu es sûre que tu n'as pas faim... ? Me redemande-t-il. Je peux entendre ton ventre gargouiller.

- Je...

- Betty, quelque chose ne va pas, je peux le voir. Tu peux me faire confiance, tu sais. Dis-moi tout, je pourrais peut-être t'aider.

- C-Chuck a volé mon goûter et mon argent ce matin... comme tous les matins, avouais-je doucement.

- Quel connard. Mes potes m'ont dit qu'il se prenait pour le roi et que je devais me méfier de lui. Qu'est-ce que tu veux ? Il me reste de l'argent, je peux aller te prendre quelque chose.

- R-Rien... ! Ça va, je n'ai pas faim, merci quand même...

- Betty, j'insiste. Tu me rembourseras plus tard, si tu veux, même si je tiens à t'inviter. Tu sais, je ne suis pas à quelques dollars près. Allez, dis-moi ce que tu veux.

- La même chose que toi... souriais-je doucement. Merci beaucoup... Tu es gentil...

Il laisse échapper un petit rire, se lève, puis part me chercher la même chose que lui. Il est gentil, c'est incroyable... C'est la toute première fois qu'on est aussi gentil avec moi, pour être honnête. Je suis habituée à ce qu'on me rabaisse, qu'on m'insulte ou qu'on me crie dessus, ça me fait vraiment bizarre un peu de gentillesse, surtout venant du roi des Serpents lui-même... Celui-ci revient quelques minutes plus tard avec un hamburger, des frites et une part de gâteau au chocolat.

- Merci...

Sans plus hésiter, je m'empresse de croquer dans mon burger, affamée. Aussi étonnant et atroce que ça puisse paraître, c'est la toute première fois que j'en mange un, et je dois avouer que c'est vraiment délicieux. D'ailleurs, je le termine en même pas dix minutes !

- Tu as du ketchup pleins la bouche, rit Jughead. Attends, laisse-moi faire.

Il prend une serviette, puis m'essuie la bouche avec. Nos yeux se rencontrent alors, et je peux vous dire que les siens sont magnifiques, d'un bleu envoûtant.

- Merci... dis-je en rougissant légèrement.

Alors qu'il allait parler, Chuck et quelques-uns de ses amis passent devant notre table, s'arrêtant en me voyant moi et Jughead.

- Encore en train de te goinfrer, Cooper ? Tu vas être encore plus grosse que tu ne l'es déjà ! Rit-il machiavéliquement. Tu sais, j'en ai vraiment marre de voir ta sale gueule tous les jours. C'est quand que tu vas nous faire le grand plaisir de sauter d'un pont ?

À ce moment-là, les larmes coulent déjà à flots sur mon visage. Je suis habituée à ce qu'il me dise des choses comme ça, mais j'ai un jour voulu sauter d'un pont... Tout devenait trop oppressant, je me sentais seule – et je l'étais – je voulais donc en finir, mais je me suis malheureusement dégonflé. Mais bon, Chuck a raison, peut-être que le monde sera plus heureux sans moi...

- Ferme ta putain de gueule ! Réplique Jughead en se levant, se mesurant à Chuck. Comment peux-tu dire des choses comme ça ? Pousser une personne au suicide ? Tu devrais avoir honte. Premièrement, Betty n'est pas grosse et deuxièmement, je te conseille de déguerpir au plus vite toi et tes petits toutous.

- Pff. Cooper a un admirateur, c'est une première. Bon, on se voit plus tard, Coop.

Sur ces quelques mots, lui et sa bande repartent, tandis que Jughead vient s'asseoir à côté de moi, avant de me prendre dans ses bras après avoir remarqué les larmes qui s'échappaient de mes yeux. Je ne peux pas croire ce qu'il vient de se passer... C'est la toute première fois que quelqu'un prend ma défense de cette manière, et c'est aussi la première fois que quelqu'un me prend dans ses bras. Je remarque alors que tous les regards sont dirigés vers nous, étonnés et pour la plupart choqués.

- Qu'est-ce que vous regardez !? Crie Jughead. Regardez ailleurs avant que je vous crève les yeux !

Je laisse échapper un tout petit rire. Il a dû mal à être sérieux alors qu'il est en train de me serrer dans ses bras. Étonnamment, je n'ai pas peur de lui, au contraire... Il y a quelque chose en lui qui m'attire, pour être honnête. Il est gentil avec moi, très mignon et badass à la fois...

- Viens, allons dans un endroit plus calme, me dit-il en me prenant la main.

Nous partons ensuite au Blue and Gold – le journal dans lequel j'écris – pour parler un peu, rien qu'à deux. C'est peut-être très tôt pour dire ça, mais je pense que je l'aime bien...

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