o8. the first kiss
TW : homme, harcèlement de rue et racisme
Hana avait beau ne pas avoir mis un seul pied dans un club depuis des années, cela ne l'empêcha de rester fidèle à ses habitudes.
C'est ainsi que Yelena et elle se retrouvèrent à se faire presque expulser de la boîte, encore quelque peu pompette et plus qu'hilares alors que les premiers rayons du soleil commençaient déjà à éclairer New York.
- Ok, ok ! s'exclama Yelena avec un grand sourire alors que les deux gambadaient dans les rues de la ville qui ne dort jamais. C'est à ton tour !
Hana hocha la tête avec fermeté avant de déclarer précipitamment :
- Il y a une sorte de biscuit pour chien que je peux manger. Tu es la plus belle femme que j'ai jamais rencontrée. Et... quand j'étais petite je pensais que la perspective d'embrasser une autre fille ne dérangeait aucune fille ! Laquelle de ces affirmations est un mensonge ?!
Yelena plissa des yeux en faisant une petite moue, l'air de réfléchir tout à fait sérieusement à la question.
- J'hésite..., parce que d'un côté tu es tellement fan des chiens que des fois... et en même temps tu parais irrécupérable sur certain point...
Hana afficha une mine faussement choquée.
- Et tu n'essaie même pas de remettre en question la seconde affirmation ?!
Yelena lui fit un sourire charmeur en passant sa main autour de sa taille.
- As-tu déjà vraiment rencontré femme plus belle que moi ?
Hana esquissa un sourire en coin plein de malice avant d'afficher un air victorieux.
- Erreur ! s'exclama-t-elle en sautillant sur place. C'était le mensonge... la plus belle femme que j'ai jamais rencontrée c'est ta mère !
Yelena poussa un long cri plein de dégoût en faisant semblant de vomir, provoquant le au moins, cinquantième éclat de rire de Hana. Elle souriait tellement qu'elle commençait à avoir mal aux pommettes...
La main de Yelena passée autour de sa taille. Le rire de la blonde qui commençait à se mêler au sien. L'énergie presque mystique que la soirée lui avait transmise. Yelena avait eu raison sur un point, elle lui avait organisé le meilleur rencard d'anniversaire du monde.
Et bien sûr c'était dans ces moments-là que les hommes venaient pointer le bout de leur nez.
Hana comme Yelena n'avaient d'abord pas compris que le petit groupe d'homme assis en face d'une supérette s'adressait à elles précisément. Pourtant lorsque le troisième "mesdemoiselles !" se fit entendre de cette façon de parler à vomir. Et que Hana constata qu'elles étaient les seules femmes présentes dans la rue, elle comprit que cela leur était directement visé.
Elle commit l'erreur de leur jeter un seul coup d'œil et les trois hommes se mirent à ricaner. Hana eut une grimace de dégoût en se rendant compte qu'ils n'étaient pas bien plus vieux qu'elles et qu'ils devaient aussi sortir de soirée.
- Vous m'avez l'air de bien vous amuser, vous voudriez pas venir avec nous, qu'on en profite un peu !?
- T'abuses Jake ! rétorqua un des autres garçons. On s'est déjà bien amusé avec les autres de tout à l'heure non !
Hana avait envie de vomir tant ils la dégoutaient alors qu'ils s'étaient tous remis à éclater d'un rire mauvais. Ils étaient plus nombreux qu'elle et ils le savaient. Il n'y avait personne d'autre dans la rue et ils le savaient. Ils savaient parfaitement qu'ils avaient toutes les raisons du monde de leur faire peur.
Pourtant, pour une fois depuis bien longtemps, ce ne fut pas l'angoisse de Hana qui prit part au dégoût mais un sentiment qu'elle avait oublié.
- Tu veux que je m'en occupe ? lui murmura Yelena qui semblait sérieusement résister à l'envie de les dépecer.
Mais Hana secoua la tête, Yelena poussa un long soupir et s'apprêtait à reprendre sa marche. Mais avec lenteur Hana se détacha de sa poigne et elle se mit à marcher avec force vers le groupe d'homme qui ne put retenir d'immondes sifflements en la voyant arriver vers eux.
Elle ne savait pas ce qui lui prenait. Peut-être était-ce le peu d'alcool qui restait encore en elle. Peut-être était-ce l'impression de normalité qu'elle avait (assez paradoxalement) à chaque fois qu'elle se retrouvait avec Yelena. L'impression qu'elle méritait de vivre une vie normale sans avoir à constamment se cacher.
Le fait étant qu'elle se mit à dénouer ses talons en ralentissant à peine sa marche avant de se mettre à vociférer :
- Non mais vous avez un trou béant à la place du cerveau ou quoi ?!
Une once de ricanement commença à s'échapper du groupe, mais ils se stoppèrent bien rapidement lorsque le premier talon de Hana alla violemment s'écraser dans la figure de l'un d'entre eux.
- Vous en avez pas marre de déjà pourrir notre vie rien qu'en existant ?! Faut en plus que vous veniez personnellement venir nous emmerder nous ?! Nous qui ne vous avons absolument rien fait ?!
Le second talon ne tarda pas à effectuer le même vol plané, Hana devenait presque hystérique.
- Et pour quoi exactement ?! Parce que c'est le seul moyen que vous avez trouvé de combler votre petit ego fragile ?! Parce que personne veut de vous si vous ne leur faites pas peur ?! Vous agissez comme si votre vie était misérable alors que vous devriez vous réjouir de vos putains de privilèges, vous les enfoncer dans le crâne et NOUS FOUTRE UN PEU LA PAIX !!!
Ils faisaient tous deux bonnes têtes de plus qu'elle et pourtant Hana était là. Désormais au milieu de ces trois hommes qui regardaient avec des yeux ronds ce petit bout de femme leur hurler dessus.
- C'est bon c'était juste pour rigol..., commença l'un d'eux.
- Pour rigoler ?! Le coupa Hana. Vous avez déjà vu une femme rigoler à ça ?! Alors qu'on se tape quotidiennement des dizaines d'imbéciles dans votre genre à longueur de journée !!!!
- Calme toi un peu la chinoise là !
Alors là c'était le pompon. Hana avait l'impression qu'elle était sur le point d'exploser. C'était trop de colère qu'elle avait emmagasiné en elle durant toutes ces années. Elle avait envie de tous les assassiner un par un.
Elle n'eut pas besoin de le faire.
- J'avoue ! approuva l'un d'eux. Retourne manger ton chien et fou nous la p...
Sa tête alla s'écraser contre le mur. Les deux autres n'eurent même pas le temps de réagir. Yelena explosa le visage de l'un avec un coup de pied et mit à terre l'autre d'un coup de genoux.
La simple vue de la jeune femme suffit à refaire tomber instantanément la colère de Hana alors que la blonde s'approchait d'elle avec un sourire extatique.
- Bordel ! s'exclama Yelena en enjambant l'un des garçons pour marcher dans sa direction (écrasant sa main au passage), les mains tendues vers elle. Je suis tellement, tellement amoureuse de toi !
Hana ne sut exactement qui fit le premier pas, simplement que Yelena n'eut pas à faire un seul temps d'arrêt pour que Hana passe ses bras autour de ses épaules afin de l'attirer contre elle. Et qu'enfin, Hana puisse savoir ce que ça faisait d'embrasser la plus belle femme qu'elle n'avait jamais rencontré.
Hana aurait pu pleurer de joie tant elle était heureuse. Pourtant ce ne fut pas des larmes mais un rire qui parcourut les jeunes femmes lorsqu'elles se détachèrent enfin l'une de l'autre.
Un rire tellement heureux. Un rire rempli de cet espoir de normalité et de bonheur que Hana comme Yelena avait chacune trouvé dans l'autre.
Yelena souleva Hana comme si elle ne pesait rien et la plaça avec adoration sur son épaule.
- Qu'est-ce que tu fiches !? fit Hana sans cesser de rire.
- Tu n'as plus de chaussure et il faut très vite qu'on rentre à l'appartement pour être tranquille ! répondit Yelena en la serrant du plus fort qu'elle pouvait contre elle. Parce que là j'ai beaucoup trop envie d'embrasser chacune des parcelles de ton visage.
Hana était encore rouge comme une pivoine lorsqu'elles arrivèrent à leur petit appartement. Pourtant ce fut sans gêne aucun qu'elle accepta les dizaines de baisers que Yelena lui requis entre milles éclats de rire.
Et c'est comme ça qu'elles passèrent toute leur matinée. À ne faire absolument rien d'autre que de se câliner et profiter du bonheur d'être enfin ensemble. D'aimer et d'enfin être aimé par quelqu'un d'extérieur à leur famille. Ce ne fut que quelques heures après, alors que Hana goûtait avec toujours autant de ravissement à l'étreinte de Yelena que ses angoisses pointèrent le bout de leur nez.
- Il y a quelque chose dont il faut que je te parle, dit Hana d'un ton bien plus grave qu'elle ne l'aurait voulu.
Yelena releva les yeux vers elle en fronçant des sourcils, l'air de dire qu'elle n'aimait pas du ton que Hana employait.
Cette dernière l'observa longuement. Hana avait été tellement heureuse avec Yelena, dès leur première rencontre elle s'était senti à l'aise avec elle. Elle avait tant l'impression qu'elle était exactement la personne qui lui correspondait. La personne avec laquelle son âme s'était sentie à la maison.
Elle espérait sincèrement ne pas s'être trompée. Si bien qu'elle déballa alors d'un coup.
- Je suis asexuelle.
Les sourcils de Yelena manquèrent de ne former plus qu'une longue et fine ligne blonde. Et Hana se rendit compte que Yelena n'avait strictement aucune idée de ce dont elle parlait.
Hana se racla la gorge et fit de son mieux pour ne pas être trop déroutante.
- Je sais que ça peut te sembler étrange parce que c'est très loin de ce qu'on pourrait appeler "la norme". Mais je ne ressens aucune attirance sexuelle pour personne. Ça n'entache en rien les sentiments que j'ai pour cette personne ! s'empressa d'ajouter Hana. Je ne suis pas aromantique mais... Mais si tu veux qu'on soit, hum. Hana eut du mal à croire qu'elle allait prononcer ces mots. Ensemble. Il faut que tu saches que je ne pourrais très certainement jamais coucher avec toi. Ou en tout cas je ne pourrais jamais te le garantir maintenant.
Ça y est. C'était dit. Son autre gros souci. L'autre chose qui avait rendu la réparation de son cœur encore plus difficile il y a quelques années...
Hana craignit quelques instants de croiser le regard de Yelena, ne sachant si elle voulait deviner ses pensées ou pas. Et puis elle se rendit compte qu'une grosse larme avait roulé sur sa joue.
Et là Hana paniqua quelque peu.
- Ce n'est pas grave si on ne peut pas être ensemble à cause de ça ! s'exclama-t-elle précipitamment en attrapant avec panique les mains de Yelena. Enfin si, un peu ! Mais je ne t'en voudrais pas si tu ne voulais pas qu'on...
- Hana Jones ! déclama alors Yelena avec force en posant son front contre le sien. C'est un dieu qui m'a poussé à entrer dans votre refuge !
Hana ouvrit des gros yeux et battit longuement des cils sans comprendre.
Yelena caressa avec douceur sa joue en esquissant le plus beau des sourires dans sa direction (et Hana se demanda comment elle avait fait pour douter des sentiments de Yelena pour elle il y a encore quelques heures).
- Je ne savais même pas qu'il y avait un mot..., soupira-t-elle avant de détacher son front du sien pour pouvoir la regarder dans les yeux. Tu sais, je t'ai parlé de l'opération que nous a fait subir la Chambre Rouge...
Hana hocha la tête avec lenteur, luttant contre le frisson d'horreur qui voulait la parcourir face au souvenir de tout ce que lui avait confié Yelena la nuit où elle s'était introduite chez elle.
- C'est bête mais... quand je suis enfin sorti de cet enfer il y a quelque mois, ma sexualité c'était quelque chose qui était important pour moi. Je voulais, je voulais me prouver que j'en étais capable malgré tout. Alors j'ai essayé avec des hommes, des femmes, tout un tas de gens... Ça ne m'a pas pris beaucoup de temps de comprendre que la première catégorie ne m'intéressait pas. Ça m'en a pris bien plus à comprendre que la répulsion que j'avais à chaque fois avant de passer à l'acte. Je pensais que j'étais détraquée. Mais que tu me dises ça toi. Ma petite miss normale préférée !
Elle serra Hana contre elle en ébouriffant ses cheveux avec ravissement.
- On est pas détraquées 'Lena. fit Hana en passant avec force ses mains autour de sa taille. C'est pas parce que les gens ne comprennent pas qu'on est pas normal. Ne l'oublie pas.
Yelena hocha la tête en souriant de plus belle, posant avec bonheur son menton contre le haut de son crâne.
Hana laissa le silence s'installer à peine quelques instants entre elles avant de poser son ultime question.
- Dis, commença-t-elle avec hésitation. Je peux te demander un service ?
Yelena répondit d'un simple "hum ?" curieux, l'encourageant à poursuivre.
- La façon dont t'as mis à terre ces hommes tout à l'heure. Tu, tu voudrais bien m'apprendre à faire pareil ?
Un énième et léger éclat de rire fit trembler le cœur de Yelena contre lequel Hana était installée. Elle la sentit presque sourire contre son crâne avant de poser un léger baiser sur ce dernier.
- Tout ce que tu veux ma Nana, tout ce que tu veux...
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