Il ne savait pas pourquoi il était resté dans cette ville où une emmerde vous tombait dessus tous les vingt pas. Ses deux frères, Elijah et Klaus, et sa sœur, Rebekah semblaient bien se plaire ici : pourquoi était la bonne question à poser.

Le vampire croyait savoir pourquoi Klaus était resté : il voulait surement se venger de Damon. Une vengeance supplémentaire pour son cher frère : la routine, quoi. Ca en devenait limite lassant. Kol commençait à en avoir marre ; certes, il aimait tuer, cela faisait partie de lui depuis bien longtemps à présent. Mais depuis quelques temps, il se prenait à vouloir protéger une certaine personne. C'était étrange et tout nouveau pour lui, ce sentiment, cette envie. Il avait l'impression de redevenir peu à peu humain, et ca ne lui plaisait pas forcément. Il devait oublier, occulter tout cela de son esprit. Pas assez embrumé pour l'instant.

La fille qui dansait dans son salon semblait déjà bien bourrée, et cela lui plaisait. Il avança vers elle, la fit sursauter, mais elle rigola ensuite. Sans prévenir, ou même l'hypnotiser pour la faire rester calme, il la croqua dans le poignet droit, puis le gauche. Le sang commença à dégouliner de sa bouche et cela le ravit totalement. Il en voulait encore plus, cessant enfin un moment de penser à celle qu'il voulait réellement mordre. La fille commençait à crier, mais il n'entendait plus vraiment, emporté par la rafale de sang dégoulinant des grandes morsures. Elle essayait de se débattre, mais il la tenait fermement. Il s'arrêta quelques secondes, le temps de rire un peu de sa proie prise au piège. Kol reprit ensuite le temps de savourer, se léchant les doigts parfois. « Pas mal », pensait-il, « mais il m'en faut beaucoup plus... ». Mais avant d'avoir eu le plaisir de croquer le cou de la pauvre jeune fille, la voix insupportable de sa sœur retentit :

« Je vois que tu vas bien mieux : c'est réconfortant. Ne tache pas ce tapis en revanche, il nous a couté cher ». Il ouvrit la bouche, mais elle le devança, toujours aussi énervante.

« Tu devrai te dépêcher de finir avant le retour de Niklaus, il est tellement...mort en ce moment. Plus de sang versé chez nous depuis plusieurs semaines et Monsieur se prend pour Le nouveau saint ». Elle n'avait pas tort sur la fin, mais Kol ne pouvait le montrer : il faisait tout pour la rendre hystérique. Et cela marchait à chaque fois.

« Rien à faire, chère sœur. Je suis libre, non ? Je ferai ce que je veux. Marre de devoir me conformer à tout le monde. », lui répondit-il, sarcastique. Il lui lança un regard meurtrier et croqua encore plus violemment que prévu, sentant le regard glacial de sa sœur sur lui.

« Arrête-toi tout de suite, Kol. Sinon c'est moi qui la vide à ta place, compris ? ». Il lui jeta un coup d'œil distrait, lui faisant bien comprendre qu'il s'en foutait vraiment. Il se baissa et mordit dans une des cuisses nues de la jeune fille, qui ne criait même plus. Son corps seulement secoué par quelques tremblements. Ses pleurs redoublèrent quand il enfonça plus profondément ses crocs dans sa chair sensible. Il eut un sourire triomphal à travers le filet de sang dégoulinant.

Rebekah se jeta sur lui et, le prenant par surprise, réussit à le plaquer contre le mur derrière lui. Il avait l'air d'être sur le point de la mordre également. Celle-ci tentait de l'apaiser en lui caressant doucement la joue. Les yeux du féroce vampire reprirent leur aspect habituel, tel un ordinaire humain, et il souffla brusquement. Il enleva les mains de sa sœur le tenant et se dégagea lentement d'elle. Il était moins agressif maintenant, presque calme. Kol lui fit signe d'attendre un instant et se posta ensuite devant l'humaine toujours en pleurs, immobile et pleine de sang.

« Tu vas aller te laver, gentiment, sans mettre du sang partout et tu t'en ira sans bruit. Tu ne sais pas ce qui s'est passé si on te le demande. Et si je t'entends encore pleurer, je finis le boulot, compris ? », dit-il posément, le regard planté dans celui de sa victime. Elle acquiesça bien sagement et marcha rapidement en direction d'une salle de bains. Il se tourna vers la blonde.

« Alors ? Que souhaites-tu, ma chère Rebekah ? Tu dois surement vouloir quelque chose pour sembler te soucier de comment je passe mon temps. J'attends. Pas longtemps ». Le regard qu'il lui envoya la décida très vite.

« Elijah concocte un plan contre Klaus. Et il veut savoir si tu en fais partie », débita t'elle, comme si c'était un véritable fardeau qu'elle portait depuis longtemps. Sonnant comme une confession. Elle le fixa, guettant sa réaction. Kol leva les yeux au ciel et soupira fortement.

« Et qu'est-ce qu'il prévoit de faire à notre cher frère ? Tu le sais ou tu n'es que la messagère ? Peut-être plus utile que tu n'en as l'air ? », lâcha t'il, de la fureur contenue dans la voix. Il semblait prêt à l'attaque, ce qui surprit Rebekah.

« Donc c'est non ? Et non, je ne suis pas que la messagère, je suis comme le bras droit d'Elijah. Alors ? ».

« C'est définitivement non. Ce que je ne comprends pas, c'est pourquoi vous ne quittez pas la ville, tous les deux. Klaus s'en fiche, allez-vous en une bonne fois pour toutes. Arrêtez vos bêtises. Cela ne se finit jamais bien », trancha t'il, froid au possible.

« Pourquoi ? Kol, notre frère, ou plutôt demi-frère, nous a tous fait souffrir. Il voulait nous montrer qu'il était le plus fort et nous devons le contrer et nous venger », tenta t'elle de dire de façon convaincante. 

« Mais tout cela ne servirait à rien ! C'est fini, maintenant ! Passez à autre chose. Vous ne voulez pas la paix ? Ce serait inutile et dangereux sans aucune bonne raison », cria t'il, voulant être sur qu'elle l'entende bien.

« Comment as-tu pu devenir aussi faible, aussi lâche ? Qu'est-ce qui t'es arrivé ? Tu n'es pas toi-même... », il lui sauta vivement à la gorge.

« Je te préviens gentiment, petite sœur, j'ai encore très soif alors dégage de ma vue avant que je ne t'arrache la colonne vertébrale. C'est si tentant... Moi, je tiens à la vie, alors je ne m'en prendrai pas à notre frère ».

Il resserra son étreinte jusqu'à ce qu'elle devienne encore plus blanche que d'habitude. Mais il la relâcha finalement. Elle le regarda, mauvaise, reprenant peu à peu son souffle.

« C'est quoi, ton problème ? Je fais tout pour qu'on soit une véritable famille, c'est tout, et tu ne veux pas ».

« Si pour faire de nous une famille, tu as besoin de te débarrasser de l'un de nous...non. Pas question. Maintenant, va-t'en ». Il avait toujours son regard de prédateur quand elle se décida à partir, sans un mot de plus. Dès qu'elle fut partie, il se laissa choir dans un des fauteuils confortables, sa tête entre les mains. Son image l'obsédait encore, pourtant il faisait tout pour ne pas y penser. Cela ne pouvait pas continuer. Il se craqua les doigts, un à un, secoua ses mains et sa tête : « Sors de là ! », ordonna t-il. Kol se releva, désirant déjà attaquer à nouveau. Il ne pouvait pas rester comme ca : tuer lui ferait beaucoup de bien, du moins l'espérait-il.