Chapitre 8

Sophie soupira. Keefe et elle étaient les champions pour se faire surprendre dans des situations embarrassantes.

Grady et Edaline.

M. Forkle et sa bande.

Fitz.

Tam.

Linh.

Biana.

Et maintenant... Sandor.

Le gobelin avait été convoqué à une Réunion du Conseil avec tous les autres gardes du corps des elfes, afin d'établir de nouveaux dispositifs de sécurité. En effet, le Conseil en avait marre des incursions surprise de Lady Gisela à Havenfield et ailleurs. Les Conseillers avaient décrété la situation trop dangereuse, et avaient donc contacté les gardes du corps pour débattre au sujet de nouvelles mesures de sécurité à mettre en place. Sandor lui avait recommandé d'être bien sage pendant son absence, et elle l'avait été. Malheureusement, le gobelin ne semblait pas du même avis.

« Est-ce que quelqu'un peut m'expliquer ceci ? » aboya le garde du corps en désignant de légères traces de terre qui partaient du Luminateur pour arriver dans la chambre de Sophie.

La jeune Télépathe se maudit en son for intérieur de n'avoir pas pensé à la boue qu'occasionnerait leur sortie en forêt. Mais même si elle était sortie sans Sandor, elle n'avait rien à se reprocher.

« Nous étions chez Fitz et Biana ! Tu sais très bien que personne ne peut sauter dans l'enceinte d'Everglen ! Même Edaline m'a dit que je pouvais y aller !

-          Cela n'exclut pas le fait que les ogres puissent sortir de terre et vous attaquer !

-          Les ogres sont nos alliés ! » protesta Sophie.

Techniquement, ils avaient participé à un sommet de la paix avec toutes les autres espèces, donc ils n'étaient pas censés attaquer des elfes. Mais il y avait aussi des rebelles...

Sandor grommela quelque chose dans sa langue natale (sans doute des jurons peu élégants).

Keefe était étonnamment silencieux. Il devait se douter que tôt ou tard Sandor en arriverait à sa présence ici, et à la situation dans laquelle il les avait surpris, en y mêlant force sous-entendus gênants à la gobeline.

« Monsieur Sencen... déclara finalement le garde du corps. Ro a quelque chose à vous dire, et elle vous cherche partout depuis notre retour de la réunion du Conseil. Comme je me doutais de vous trouver avec Mademoiselle, je lui ai proposé de transmettre son message. J'avoue cependant ne pas m'être attendu à...

-          Pouvons-nous aller aux faits ? demanda fébrilement Sophie.

-          Mais bien sûr, Mlle Foster, bien sûr... » dit-il en riant sous cape.

Sophie cherchait toujours le moyen de l'étrangler par télékinésie lorsqu'il reprit, s'adressant à Keefe :

« Votre père organise un cocktail ce soir, chez vous, où il compte inviter certains membres importants de la société elfique. Il vous demande d'être présent, afin de faire bonne figure.

-          Bien sûr, je ne suis après tout qu'un élément du décor, fait pour insinuer qu'il a une famille normale, parfaite, et que tout va bien dans le meilleur des mondes ! répondit nonchalamment Keefe. Tu peux aller porter ma réponse à Ro ? demanda-t-il à Sandor.

-          Maintenant que j'ai retrouvé Sophie, je ne la quitte plus d'une semelle. Je suis sûr que c'est une pure – mais vaine -  tentative de diversion pour rester seul-à-seul avec Mademoiselle Foster, et...

-          Allô, la Terre à Gigantor ? le coupa l'Empathe. J'ai un scoop : mon père me déteste, je déteste mon père ! Ça suffit pour te convaincre de porter ce message à ma place, ou il faut que je sorte le grand jeu ?

-          Grand jeu ou pas, je ne bougerai pas d'ici ! déclara Sandor d'un ton décidé. Mais j'ai une solution, que je pourrais exposer si on me laissait parler !

-          On ne fait que ça ! » grommela Sophie.

Son garde du corps l'ignora.

« Sachez que désormais tous les gardes du corps des elfes disposent d'un transmetteur personnel. Il s'agit d'une mesure de sécurité supplémentaire votée ce matin même, continua Sandor, exhibant fièrement le petit carré d'argent brillant et tout neuf qui devait être son transmetteur.

-          Donc je peux contacter Ro avec mon propre transmetteur ? interrogea Keefe.

-          Exactement.

-          Je suppose que je dois l'appeler Romhilda, présuma le jeune homme.

-          Non, elle-même a fait un scandale à la Réunion pour qu'on l'enregistre comme Ro.»expliqua le gobelin en grimaçant.

Keefe sortit alors son propre transmetteur, et demanda :

« Montre-moi Ro.»

Le silence se fit dans la pièce.

On ne voyait que du noir.

On n'entendait que du noir.

Puis un grésillement, un mouvement brusque, et beaucoup d'injures en langue ogres, ponctuées d'incessants : « Comment ça marche ce machin ? ». Après quelques instants, on eut soudain un très gros plan sur un œil noir et profond.

« Euh... Ro ? Recule l'appareil, ce sera mieux ! » conseilla Keefe, amusé.

La princesse s'exécuta, non sans pester contre « Les elfes et leurs technologies ! »,et on la vit apparaître sur la magnifique terrasse des Rives du Réconfort.

« Alors, je vois que mon petit bout-de-chou a besoin de moi ? dit-elle d'une manière si hilarante que Sophie réprima une furieuse envie de rire.

-          Ne t'inquiète pas pour moi, Gigantor veille au grain ! lui assura le jeune homme avec un regard plus moqueur que convaincu à Sandor.

-          J'espère bien, grommela Ro.

-          Alors comme ça mon père organisa un cocktail privé ce soir ? »

Ro s'esclaffa :

« Je vois que les gobelins sont beaucoup plus forts dans la bataille que comme pigeons voyageurs ! »

La réflexion eut pour effet de faire rougir Sandor, avant de le faire déclarer qu'il avait déjà beaucoup à faire avec la protection de Mlle Foster, alors que si en plus il devait se mettre à porter des messages ridicules...

« Le cocktail est en fait une soirée, qui n'aura pas lieu ce soir mais dans un mois !

-          Eh bien, Gigantor, on a des progrès à faire en matière de mémoire ! » déclara Keefe, narquois, avant de se rembrunir face au sabre que commençait à dégainer le garde du corps.

Le jeune Empathe se retourna vers Ro :

« Mais pourquoi me déranger maintenant, alors ?

-          Ah ça, déranger est tout-à-fait le mot qui convient ! ricana Sandor avec un regard insistant posé sur les doigts entrelacés des deux jeunes elfes.

-          J'ai raté un épisode ? demanda Ro, avide de potins. Tu me raconteras tout en détail ce soir, Keefe. »

Le jeun homme rougit, avant de se reprendre :

« Donc, justement, pourquoi dois-je rentrer là, tout de suite, maintenant, si c'est pour dans un mois ? Je ne comprends pas !

-          C'est qu'il y a une histoire de poème nain à apprendre pour le réciter à la soirée. Je me permets de citer ton fantastique papa : « Vu son intérêt débordant pour l'étude, autant s'y mettre tout de suite, afin de pas être la risée de notre monde ! »

-          Mon cher père ! Toujours aussi sympathique ! maugréa ironiquement Keefe.

-          Bref, reprit Ro, tout ça pour dire que je te veux à la maison dans quinze minutes. Sinon... (Elle effectua un rictus menaçant, laissant apparaître ses dents aiguisées comme des lames de rasoir.) A tout de suite, mon cher ! »

Et l'appareil s'éteignit.

« Bon, je vois que mon père ne me laisse pas le choix... soupira Keefe. Je vais...

-          Attend, l'interrompit Sophie, en pleine réflexion. Je ne connais qu'un seul poème nain... »

Et si Lord Cassius avait voulu dire quelque chose en choisissant le poème ?

Suis le bel oiseau à travers les cieux...

Keefe sourit.

« Toujours aussi perspicace, Foster ! Désolé de te décevoir, mais il existe des centaines de poèmes nains. Je ne pense pas que mon père se soit donné la peine de choisir celui auquel tu penses. Parfois, il a de ces lubies de normalité... Ne t'inquiète pas, il aura choisi de me faire réciter quelque chose juste pour me faire les pieds. Inutile d'aller si loin dans l'interprétation de ses faits et gestes. Un chose est à retenir : il ne pense qu'à ses intérêts. Le reste passe toujours après. »

Sophie savait combien Keefe souffrait du manque d'affection de Lord Cassius. Malgré tout, il ne l'avouait jamais tout à fait, préférant dissimuler sa peine et sa fracture intérieure derrière des remarques ironiques et autres plaisanteries distribuées à la en veux-tu ? en voilà !.

« Sur ce, je me retire », dit-il avec une petite révérence assez drôle.

Mais Sophie n'avait pas envie de rire :

« Tu es sûr que ça va aller ? » lui demanda-t-elle, anxieuse.

Il esquissa un sourire :

« Crois-moi, Foster, j'en ai vu d'autres ! »

Il s'apprêta à prendre congé. Mais venait le choix de la manière de saluer Sophie. Le jeune homme hésitait. Pouvait-il se permettre de l'embrasser, ou devait-il se contenter d'un simple signe de la main ? Il jeta un regard à Sandor (qui était toujours présent dans la pièce et ne semblait attendre qu'une seule chose : qu'il s'en aille), avant d'opter pour un chaleureux mais pudique bisou sur la joue de Sophie. On l'entendit s'éloigner, avant de percevoir un éclat lumineux : il avait sauté.

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Salut les amigos !

Et voilà, ce n'était pas Grady-EUH !!! En tout cas, j'espère que vous avez aimé et merci à tous de lire mon histoire, ça me fait vraiment TROP TROP TROP plaisir !!!

Merchi, merchi, merchi,

FollementMoi

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