Chapitre 41
La première chose que Sophie remarqua en arrivant à destination, c'est l'air. L'ai de la neuvième ville la plus polluée d'Europe semblait irrespirable quand on avait été habitué à inhaler l'oxygène pur des Cités Perdues.
Après quelques instants de toux intenses, Sophie se reprit vite en main. En effet, trois petites filles la fixaient, bouche-bée.
- Tu es une fée ?
Sophie resta interdite quelques instants, puis finit par esquisser un timide sourire. Dex, juste derrière elle, lui tapota l'épaule.
- Qu'est-ce qu'elles veulent ? demanda-t-il en désignant les fillettes qui continuaient de fixer Sophie, ébahies.
- Elles voulaient savoir si j'étais une fée.
Dex réprima un rire.
- Elle est à toi cette licorne ?
C'est à ce moment là que Sophie se rendit compte qu'ils chevauchaient toujours des Alicornes, et que les passants s'arrêtaient pour les fixer, incrédules. Sophie fut saisie d'une vague de panique en voyant certains filmer l'épisode avec leurs téléphones portables.
- Descendez, vite ! s'époumona-t-elle.
Fitz était encore complètement sonné, Tam peinait à respirer normalement, Spectre clignotait de manière incontrôlable, pourtant ils exécutèrent tous l'ordre de Sophie avec une rapidité hors norme.
- Merci, tu nous as sauvés. Il vaut mieux que tu partes maintenant.
- Greyfell ! Partir ! Sophie !
- Non, vous devez partir tout seuls. Je dois m'assurer que...
Deuxième choc en dix secondes. Sophie prit enfin la mesure de ce qui les attendait.
- PARS MAINTENANT ET NE POSE PAS DE QUESTIONS ! hurla mentalement la jeune fille en courant vers une des grandes arches de pierre du Colisée.
- SILVENY ! GREYFELL ! PARTIR ! répondit l'Alicorne avant de s'envoler et de disparaître dans un grondement de tonnerre, déclenchant les cris de la foule.
Un grand attroupement s'était formé à l'entrée du monument, vers lequel Sophie se dirigea en courant. On pouvait voir deux ambulances et des policiers s'affairer autour de la zone.
Elle tenta de se frayer un chemin parmi la foule, et arriva devant un des pires spectacles qui lui aient été donnés de voir.
Et cette fois-ci, elle n'en était pas la victime.
Della et Biana étaient presque totalement évaporées.
Sophie poussa un cri sourd, tournant frénétiquement la tête de droite à gauche, cherchant de l'aide là où il n'y avait que passants curieux. Elle sentit sa vue se brouiller. Elle passa malgré tout sous les barrières et s'approcha en courant des corps inanimés des deux jeunes femmes. Un homme en uniforme de police la stoppa net.
- Qui êtes-vous ?
- Je suis de leur famille !
Il regarda Sophie d'un air méfiant – effectivement, se faire passer pour un membre de la famille proche des deux Vacker alors qu'elle était blonde aux yeux marrons, on avait déjà vu plus convaincant. Néanmoins, le policier, après l'avoir longuement étudiée visuellement, lui fit signe de passer d'un geste sec. La jeune fille fourra trois fleurs de panacier dans la bouche de chacune des blessées, puis refoula un violent sanglot.
Tout était perdu.
Elle avait échoué, une fois de plus.
Della et Biana allaient mourir, par sa faute.
Parce qu'elle n'avait pas été assez vigilante.
Elle n'était qu'un monstre conçu pour détruire.
Détruire ses ennemis, mais aussi ses amis.
Elle...
- LAISSEZ-MOI PASSER !
Une lueur, plutôt une flamme, voir même un brasier d'espoir s'alluma dans les yeux de Sophie à l'entente de ce timbre de voix si familier.
- ELWIN !
Le Flasheur était aux prises avec deux agents de police qui tentaient tant bien que mal de le traîner dans leur voiture de fonction.
- C'est mon père ! cria Sophie du plus fort qu'elle put.
Les policiers s'arrêtèrent net et fixèrent tour à tour Sophie et Elwin.
- Vous avez entendu ? Lâchez-moi nom d'un gulon !
Ne voyant aucune réaction de la part des agents, le médecin se dégagea d'un coup d'épaule et fondit sur les blessées pour leur faire ingurgiter trois élixirs chacune en quelques secondes.
- Il faut partir d'ici, Sophie. Nous ne sommes pas en sécurité.
La jeune fille de répondit rien, trop sonnée pour dire quoi que ce soit.
- Elles ne peuvent pas sauter dans cet état. Ça les achèverait.
Keefe venait de surgir d'entre la foule, et avait posé une main rassurante sur l'épaule tremblante de Sophie.
- Comment as-tu fait pour arriver ici ? demanda-t-elle pourtant.
- Je pense qu'il y a plus important.
La jeune fille fit un bond en arrière en voyant Spectre se matérialiser à quelques centimètres d'elle.
- Pour l'heure, continua l'Eclipseur, Keefe a raison nous ne pouvons pas les faire sauter.
- Les élixirs que je leur ai administrés ralentissent considérablement le processus d'évaporation, mais ne le stoppent pas pour autant, les avertit Elwin.
- JE SAIS ! s'exclama une troisième voix.
Dex.
- Je vais rentrer à Havenfield voir Flori et je vais lui demander de déplacer les racines pour nous mener jusqu'ici. Puis nous embarquerons tout le groupe et nous repartirons dans le sens inverse !
- Penses-tu vraiment trouver la moindre trace de végétation dans le sous-sol d'une ville si urbanisée ? demanda Sophie, sceptique.
- Détrompe-toi, la corrigea Elwin. Où que tu ailles, tu trouveras toujours des racines. Elles sont partout et nulle part.
- Donc, tout le monde valide mon plan ?
Sophie soupira. Comme d'habitude, ils devaient recourir à des plans de dernière minute. Et comme d'habitude ils devaient mettre en danger nombre de tierces personnes pour les sortir de leurs galères.
- Au point où on en est... souffla la jeune fille.
- Ne t'inquiète pas, Sophie, lui souffla Keefe. Tout va bien se passer.
Il venait de l'appeler Sophie, chose qui n'arrivait que très rarement – un peu trop au goût de la jeune fille. La situation était donc à ses yeux plus que sérieuse, ce qui en soit était un bon point.
- Donc... Je saute ? demanda Dex.
- Oui, ne perds pas de temps, asséna Elwin.
- Mais tous ces gens qui nous fixent...
- ON S'EN CONTRE-FICHE ! hurla Sophie, se surprenant elle-même du ton agressif employé.
Il n'y avait pas une minute à perdre. Eux, ils ne savaient pas ce que c'était de s'évaporer. Cette sensation qu'à chaque seconde, une infime partie de votre être est emporté, disparu pour toujours et à jamais.
Dex sauta, et la foule poussa des cris de surprise. Les policiers commencèrent à fondre vers eux. Elwin et Keefe se firent attraper et plaquer au sol. Ils tentèrent de se débattre, sans grand succès. Soudain, d'énormes racines fendirent le goudron et s'entremêlèrent pour former un passage de verdure.
- ALLEZ-Y ! MAINTENANT ! lui cria Elwin.
- Mais...
Elle ne pouvait tout de même pas abandonner Keefe et Elwin aux mains des policiers italiens en furie.
- Ne te préoccupe pas de nous, Foster. On va s'en sortir.
Spectre la regarda d'un air décidé. Puis son regard se promena sur le spectacle l'entourant, et la vue des corps de Biana et Della à moitié décomposés fonctionna comme un électrochoc.
Déjà, sauver les blessés.
Le reste, ça peut attendre.
Enfin, le regard à la « Fuyez, pauvres fous ! » que lui lança Elwin suffit à la décider. Elle attrapa Biana par un bras bien trop transparent à son goût, Spectre saisit Della par la jambe, et ils tirèrent les deux jeunes femmes dans le passage. La dernière chose que son regard croisa fut les yeux brillant d'une lueur d'inquiétude de Keefe avant que le passage ne se referme, créant le noir autour de Sophie.
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Salut les tortues mutantes ! Je suis de retour (enfin, me direz-vous) avec un nouveau chapitre de Flashback - que je vais donc continuer ! J'espère que ça vous a plu, et je vous dis à très bientôt (j'espère !).
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