Chapitre 27
Cela faisait maintenant plusieurs minutes que Sophie et Fitz déambulaient dans le jardin d'hiver d'Everglen, et plusieurs minutes également que Sophie n'avait pas prononcé un mot. Tout comme Fitz, d'ailleurs. Sandor et Grizel les avaient quittés quelques instants pour aller flâner dans un autre coin du parc. C'était une des rares fois où Sophie se retrouvait sans garde du corps, et ça lui faisait du bien.
- Alors, j'ai quelque chose à te dire. Mais dis-moi d'abord ton secret.
La jeune fille se recroquevilla sous ses cheveux. Étrangement, elle trouvait toujours horriblement gênant rien que l'idée d'avouer son secret à Fitz. Pourtant, elle avait fait une croix sur ses sentiments pour lui depuis un certain temps.
- Sophie, rigola-t-il en se passant une main dans les cheveux avant de la regarder dans les yeux. Tu devras bien le faire un jour ou l'autre. Alors autant s'en débarrasser maintenant.
Son regard était presque... provocateur ?
- Là, on est seuls, alors lâche tout d'un coup.
Elle laissa son regard s'attarder sur le magnifique lac qui ornait le jardin d'Everglen. Puis elle regarda Fitz, leur cahier d'exercices de Télépathie sous le bras. Ils en étaient au dernier, qui devait déterminer si oui ou non ils étaient faits pour être Apparentés. Cet exercice pouvait détruire d'un seul coup plusieurs années de travail acharné, ce serait bête de tout réduire à néant parce qu'elle avait mal formulé une phrase.
Mais Sophie savait que quoi qu'elle dise, quoi qu'elle fasse, la situation tournerait au drame.
Oui, ils étaient seuls. Était-ce un avantage, ou un inconvénient ? Devant une Sophie obstinément muette, Fitz annonça :
- Je vais te dire un petit quelque chose d'abord, si ça peut te mettre à l'aise. Bon, alors voilà, je connais ton secret.
Une gifle. Sophie avait l'impression qu'on venait de lui donner la plus grande gifle de l'histoire des gifles. Fitz savait son secret ! Mais alors...
- Tu... tu as lu dans mes pensées ?
- Non. C'est juste que... tu te rappelles de la bataille de l'Everest ?
Oh que oui, elle s'en souvenait. Et elle commençait à comprendre où Fitz voulait en venir.
- M. Forkle m'avait expliqué comment franchir tes défenses, mais il fallait une sorte de mot de passe. La raison pour laquelle tu me fais confiance. J'en ai essayé plein. L'amitié, la reconnaissance, la gratitude... Mais c'était l'amour.
Sophie aurait tout donné pour disparaître sous terre en cet instant. Tout et n'importe quoi.
- Est-ce que j'ai raison ? demanda Fitz dans un murmure.
Que pouvait-elle répondre ? Elle transmit un petit « Oui. » qui eut le don de faire sourire Fitz de toutes ses dents.
- Je vais te dire ce que j'ai à te dire.
Le sourire du jeune homme s'effaça aussitôt, pour laisser place à une grande anxiété.
« C'est terriblement gênant, songea-t-il.
- Ça l'était pour moi aussi.
- Promets-moi de ne pas mal le prendre, Sophie. »
Mais qu'est-ce que ça pouvait bien être pour que Fitz, d'ordinaire si à l'aise, si sûr de lui, se métamorphose d'une façon pareille ?
- Tu n'as tué personne, au moins ?
Fitz s'esclaffa mentalement, adressant à Sophie un sourire éclatant.
« Rassure-toi, ce n'est rien dans ce goût-là.
- Alors lance-toi ! le poussa Sophie.
- Je t'aime. »
La réaction de Sophie fût à la mesure de la révélation qu'elle devait encaisser.
- Tu...
Elle fut coupée par les lèvres de Fitz qui se posèrent sur les siennes. Décontenancée, son cerveau lui affichait des images clignotantes de Keefe, entourées de néons :
« SOPHIE ! TU ES EN COUPLE ! SOPHIE ! TU ES EN COUPLE ! ALERTE ! ALERTE ! »
Pourtant, elle se laissa faire. Elle avait attendu ce baiser tellement longtemps... Même si ça ne la menait à rien, elle l'aurait vécu au moins une fois. Les lèvres de Fitz avaient un goût sucré. Celui du bonheur, et de la perfection.
Lorsqu'ils se détachèrent l'un de l'autre, Sophie resta un instant pétrifié, avant d'éclater en pleurs. Fitz se précipita pour la réconforter, passant une main autour de ses épaules.
- Mais Sophie, qu'est-ce qui se passe ? J'embrasse si mal que ça ?
Il récolta un reniflement pour toute réponse. La jeune fille s'enfuit en courant, passa le portail d'Everglen et sortir son Cristal de Foyer. Elle créa un sentier lumineux, et s'engouffra dedans. Elle eut juste le temps d'apercevoir le visage torturé de Fitz avant que la lumière n'envahisse tout.
A peine rentrée à Havenfield, Sophie courut s'enfermer dans sa chambre sans donner l'ombre d'une explication à ses parents. Grady et Edaline toquèrent à sa porte quelques minutes, puis se résignèrent face au silence de leur fille adoptive. Sophie se rendit compte qu'elle était rentrée sans Sandor. Elle allait passer un sale quart d'heure quand son garde du corps reviendrait, mais elle s'en fichait. Ses pensées étaient occupées par autre chose.
Elle ne savait pas, elle ne savait plus de quel côté penchaient ses sentiments. La jeune Télépathe se jeta sur ses écouteurs et son iPod, et elle se déchira les tympans à coups de guitare électrique pendant une durée qu'elle ne parvint pas à déterminer. Elle avait perdu la notion du temps, et elle se surprenait à ne pas vouloir la retrouver.
En voyant le soleil baisser sur les pâturages de Havenfield, Sophie Foster décida soudainement de prendre les choses en main. Une idée venait de germer dans son esprit. Cette idée pouvait sans doute être assez bien classée dans la catégorie des pires idées de l'histoire de l'humanité, mais au point où elle en était...
Sophie sécha ses larmes d'un revers de main, avant de recoiffer ses cheveux en bataille. Elle saisit son transmetteur dans sa poche et ordonna d'une voix tremblante :
- Montre-moi la Conseillère Oralie.
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Salut les Alicornes !
Alors ? J'entends d'ici les cris de joie des Sophitziens !!! ;)
Encore merci, vous êtes tous exceptionnels,
FollementMoi
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