Chapitre 10
« Pardon ? s'étrangla Sophie. On parle bien de la même Oralie ? »
Prentice sourit franchement :
« Oui Sophie. Elle m'a contacté par transmetteur la veille de mon arrestation. Elle... (Il semblait peiner à retrouver les détails de ses souvenirs.) Elle... Elle m'a dit que j'étais en danger, que mon arrestation était proche et qu'il me fallait fuir de toute urgence. »
Tous en restèrent bouche-bée.
D'entrée de jeu, Prentice leur livrait une information importante. Oralie avait trahi le Conseil.
« Vous a-t-elle dit pourquoi elle vous mettait en garde ? demanda Fitz, suspicieux. Parce que ça aurait pu être un piège. »
Le jeune homme n'était pas du genre à se lancer tête baissée dès qu'on lui donnait une information, ce qui facilitait grandement la confiance que Sophie avait en lui. Il n'allait pas prendre de décision précipitée et irréfléchie sans lui en parler au préalable.
« Contrairement à certains... » pensa la jeune Télépathe.
Cette méfiance pouvait être un avantage, amis aussi un inconvénient lorsqu'elle prenait le dessus sur les autres émotions. Et Fitz penchait malheureusement de plus en plus côté paranoïa depuis que son frère aîné avait rejoint les Invisibles.
Prentice sourit à nouveau :
« Je vous devine très prévoyant, jeune homme ! Evidemment que je me suis posé des questions. Mais, voyez-vous, je ne pensais pas l'esprit de la Conseillère Oralie assez résistant pour me mentir.
- Détrompez-vous, l'avertit Elwin. Vous pourriez être surpris de la puissance de l'esprit d'Oralie. Et je parle en connaissance de cause... »
Tiens ? Sophie avait raté quelque chose ? Elle se promit d'approfondir le sujet plus tard.
Pour l'instant, personne ne comprenait vraiment où Prentice voulait en venir. Il s'esclaffa devant les mines toujours ébahies des autres membres de l'Ordre.
« Je m'explique. Si le Conseil avait voulu me tendre un piège, croyez-vous qu'ils auraient confié à la Conseillère Oralie le soin de jouer ainsi la comédienne ? Non. Ils ne l'auraient pas pensée assez performante. D'autant que cette arrestation allait entraîner... plein d'autres choses extrêmement néfastes et dangereuses. Et il fallait un esprit fort pour ne pas se noyer dans la culpabilité. Ils auraient plutôt choisi Emery. Ou Terik.
- Je commence à m'y connaître un peu en Empathie, et je pense donc que ça devrait être beaucoup plus facile pour une Empathe de jouer la comédie. Etant habituée à contrôler ses émotions, elle n'aurait pas éclaté en sanglots au milieu de sa déclaration, par exemple, rétorqua Tam.
- Nierez-vous également faire naturellement plus confiance à Oralie qu'à Emery ou Terik ? » renchérit Biana.
Prentice promenait sur les adolescents un regard semblant dire :
« Pas bêtes, ces gamins. Jeunes, mais pas bêtes pour autant ! »
« De toute manière, on sait maintenant que ce n'était pas un piège. Et qu'Oralie a réellement trahi le Conseil. »
Un silence de mort plana quelques instants dans la pièce.
« Est-ce que quelqu'un a d'autres questions à poser à notre ami Prentice ?» demanda M. Forkle.
Tous restèrent muets, avant qu'une petite voix humide ne déchire le silence.
« Que puis-je faire pour... réparer... mes erreurs ? » lâcha finalement Alden, les larmes aux yeux.
Prentice se leva lentement, le rejoignit et le prit par les épaules avant de lui dire avec force :
« Monsieur Vacker, je savais ce dont vous étiez convaincu malgré vous. Je sais ce qu'on vous a obligé à faire, et je en vous en veux plus. Il est temps de passer à autre chose. Ce brise-mémoire m'a détruit, et a détruit tout ce que j'aimais, mais (Il insista sur la conjonction.) ce n'était pas de votre faute. C'était la responsabilité du Conseil, aveugle comme toujours et lui-même noyé dans son hypothétique aura de pouvoir et de puissance. Ils se forçaient à fermer les yeux sur la réalité. Monsieur Vacker, je ne vous demanderai qu'une chose, une seule. Continuez de servir le Cygne Noir. Continuez d'aider notre monde. »
Tous restèrent cois après un tel discours. Alden leva les yeux sur son interlocuteur.
« Je vous le promets. » murmura-t-il de façon presque inaudible.
Le silence tomba de nouveau sur la pièce, tel une météorite en furie. Après quelques instants de silence, ce fut Prentice qui prit de nouveau la parole :
« Je voudrais... juste... savoir... commença-t-il avant de ravaler bruyamment un sanglot, pour... »
Le Gardien alla se rasseoir sur le lit - se laisser tomber serait plus approprié - et son fils lui prit la main.
Sophie savait très bien de quoi Prentice voulait parler. Le problème, c'est qu'il semblait bien le seul à vouloir en discuter. En effet, dans la catégorie : « Je me défile au moment de parler des sujets sensibles », Alden conservait incontestablement la première place du podium. Le Télépathe faisait peine à voir, pale, fatigué et submergé de chagrin.
Ce fut Tiergan qui eut le courage de prendre la parole :
« C'était pendant un saut lumineux... » débuta -t-il avant que Prentice ne l'interrompe :
« Mais je le sais ! Je sais tout ça ! s'emporta le Gardien (Il se prit la tête dans les mains, avant de poser son regard perçant sur Sophie). Je veux juste savoir où se trouve la personne qui me l'a enlevée.»
Dans la pièce, le temps semblait s'être arrêté. Sophie aurait même juré que tout le monde évitait de respirer pour ne pas briser le silence. La jeune Télépathe détestait ces moments où tout reposait sur elle.
Que devait-elle dire à Prentice ?
« Celle qui a tué votre épouse est actuellement en cavale, en compagnie d'une bande de fous sanguinaires et d'une meurtrière multirécidiviste évadée ! »
Cela risquait d'être un peu traumatisant. Même si, pour Prentice, la situation l'était manifestement déjà.
Sophie contacta télépathiquement Fitz, cherchant désespérément de l'aide.
« Qu'est-ce que je lui dis ? » demanda-t-elle, paniquée.
Son Apparenté sursauta imperceptiblement. Il commençait à être habitué à la présence de Sophie dans sa tête. La jeune fille entrait et sortait de l'esprit du jeune homme sans qu'il s'en doute le moins du monde.
« La vérité. Mais avec un peu de tact. Donne-lui de l'espoir, comme tu le fais si bien lorsque l'un de nous baisse les bras. »
Sophie fixait depuis maintenant une vingtaine de secondes les prunelles de Prentice, et la situation devenait plus que gênante. La jeune fille se décida donc à répondre, d'une voix qu'elle voulait ferme et convaincue :
« Nous sommes sur sa piste, nous l'aurons bientôt. Elle n'en a plus pour longtemps. »
Prentice semblait lunatique à l'extrême. En effet, dès que Sophie eût prononcé ces mots, il chercha un objet à briser. Ne trouvant rien à portée de main, il donna un coup de poing rageur sur le lit avant de ses laisser tomber dessus, en grommelant rageusement entre ses dents :
« Je l'aurai, elle ne perd rien pour attendre. Je l'aurai... »
Sophie soupira. Cela faisait des mois qu'ils ne rêvaient que de ça.
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Coucous les friends !
J'espère que vous avez aimé, dites-moi dans les commentaires si vous pensez qu'Oralie va rejoindre le Cygne Noir...
Merci encore une fois de lire mon histoire,
FollementMoi
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