Qui est Alvar... Un long moment de silence accueillit cette question assez déroutante.
Sophie était abasourdie, et même M. Forkle, qui d'habitude n'était pas du genre émotif, ne put masquer son étonnement et sa stupeur.
Ils s'attendaient à tout, sauf à ça.
Ce fut Fitz qui rompit le silence. D'un seul coup, le jeune homme explosa :
« On la connaît par cœur, la technique du jeune effacé éploré ! Nous ne sommes pas aussi bêtes que tu le crois ! » aboya le jeune homme, hors de lui.
Alden, quant-à-lui, restait totalement muet, comme écrasé par la nouvelle.
Alvar était amnésique.
Ou du moins, s'il ne l'était pas, il faisait vraiment très bien semblant.
« Tout doux, mon cher Fitz. » déclara Keefe, qui semblait s'être rangé du côté des gens calmes présents dans cette pièce, qui étaient en fait tout le monde sauf Fitz.
Les elfes réagissaient de différentes manières face à la tristesse, la culpabilité ou bien l'abattement. Certains, se renfermaient sur eux-mêmes et finissaient par se détruire l'esprit, ce qui avait été le cas d'Alden. L'émissaire avait eu l'esprit brisé de longues semaines, avant que Sophie ne réussisse à le guérir.
Certains, comme c'était le cas de Keefe, en devenaient téméraires à l'extrême.
D'autres encore, comme Fitz, vomissaient toute la rage et la colère possible, avant de s'effondrer et de pleurer à n'en plus finir. Mais pour le moment, le jeune homme se situait plutôt dans la phase hystérique du processus, et il continua sur sa lancée :
« Mais personne ne voit qu'il se fiche de nous depuis que nous l'avons réveillé ? » demanda le jeune garçon, qui ne semblait pas décidé à suivre les conseils de son meilleur ami.
Sophie aurait aimé croire Fitz. Croire qu'Alvar mentait.
Mais il était difficile d'obtempérer face aux regards mi- perdus, mi- terrorisés lancés par l'aîné des Vacker depuis son réveil.
« Mais ça ne vous fait rien, à vous ? interrogea Fitz en balayant la pièce d'un regard fébrile. Ça ne vous fait rien de savoir que ce fourbe en appelle à notre générosité, et tout ça pour nous trahir encore une fois ? »
Le prisonnier semblait se demander de qui on parlait, de quoi on parlait et même pourquoi on parlait.
«Calme-toi, mon garçon, intervint doucement M. Forkle. C'est juste... (il fronça les sourcils, cherchant le bon mot). C'est juste... inattendu.»
« Bel euphémisme ! » songea Sophie.
« Quelqu'un peut-il m'expliquer ce que je fais ici ? demanda timidement Alvar.
- Toi, on se passera de tes questions stupides ! Ça ne sert à rien de te cacher, tout le monde voit clair dans ton petit jeu !» hurla Fitz, qui avait manifestement encore un bon paquet de rage et de colère à déballer.
Sophie n'était pas certaine que tout le monde soit d'accord avec le jeune homme. Plus elle regardait les visages qui l'entouraient, à savoir ceux de M. Forkle, Keefe, Alden, Sandor et Grizel, et plus elle pensait que Fitz était la seule personne essayant désespérément de renier l'évidence.
Évidence qui commençait à s'imposer dans tous les esprits.
Alvar ne se souvenait pas d'eux.
Pas non plus des Invisibles.
En fait Alvar semblait ne plus se souvenir de rien.
« Bon, déclara M. Forkle en se reprenant d'un coup, je pars du principe que tout le monde est d'accord sur le fait qu'il semble ne pas mentir.
- Non mais on nage en plein délire ! continua Fitz, toujours aussi furieux. Vous êtes tous aveugles ou quoi ? »
A ce mot, Keefe frissonna mais personne ne le remarqua, tant tout le monde semblait tout d'un coup profondément intéressé par ses chaussures. Ce fût Sophie qui eût le courage d'intervenir :
« Fitz, tu ferais mieux de sortir. »
C'était une de ces affirmations qui ne vous laissent pas le choix. Le jeune homme le sentit bien et quitta la pièce avec un dernier regard profondément mauvais pour son frère aîné.
Sa garde du corps le suivit aussitôt à l'extérieur.
« Je serai d'avis, déclara Sophie après que la porte se fût refermée, que notre Empathe ici présent se livre à une petite détection de mensonges, histoire d'être fixés.
- C'est là que le Fantastikeefe entre en scène ! jubila le jeune homme, heureux de trouver une occasion de détendre un peu l'atmosphère.
- Je sais que tu n'as pas besoin de contact physique pour lire les émotions, mais...
- Je sais, ma bizarrerie naturelle est tout simplement irrésistible, minauda-t-il.
- Veux-tu cesser de plaisanter ? » s'impatienta son amie.
Il perdit son sourire et se mordit la lèvre inférieure. Une fois de plus, il avait perdu une occasion de se taire.
« Je disais donc que j'aimerais quand même que tu lui prennes la main durant l'opération, histoire d'être sûrs à cent pour cent du résultat obtenu.
- Quelle opération ? demanda Alvar, soudain trois fois plus inquiet.
- Croyez-moi, rien qui ne vaille la peine de s'inquiéter ! » dit Sophie...
Et voilà.
Elle était contaminée par la maladie Aldenesque : « Aucune raison de s'inquiéter. »
« Un petit appel à Elwin et Médoc s'impose également, continua la jeune fille qui n'était pas décidée à se laisser abattre comme Alden, qui devenait de plus en plus pâle. Bien que je ne doute pas de vos capacités (elle eût un signe de tête envers M. Forkle), je pense que quel que soit ce qui nous attend, nous aurons besoin de renforts médicaux. »
Elle trembla à ces mots.
Même si Elwin et Médoc étaient la bonté même, la jeune fille ne pouvait s'empêcher de ne pas trop aimer le contact des médecins, vestige de sa mauvaise expérience hospitalière dans le monde des humains.
Keefe lui effleura le bras, et ce contact léger apaisa un peu Sophie.
M. Forkle sortit héler Elwin et Médoc.
Ne restaient plus dans la petite pièce malodorante que Sophie, anxieuse, Keefe, fidèle à Sophie dans son anxiété, Alden, qui n'avait pas prononcé un mot depuis la révélation depuis la révélation d'Alvar - et qui d'ailleurs ne semblait pas décidé à dire quoi que ce soit - et Sandor, en faction au fond de la pièce.
« Nous ne vous voulons aucun mal, commença Sophie en pensant ironiquement à Fitz, qui ne l'aurait pas entendu de cette oreille. Nous ne vous voulons aucun mal, répéta-t-elle. Nous allons seulement vous demander de prendre la main de Keefe.
- Et pourquoi le ferai-je ? Vous ne me faites pas peur ! s'enhardit le prisonnier dans un sursaut de témérité.
- Si je puis me permettre, déclara Keefe en se retenant d'exploser de rire, je vous ferai remarquer que vous n'êtes pas très convaincant !
- D'autant que vous n'êtes pas tellement en état de supériorité », ajouta Sandor en tirant légèrement son sabre pour justifier son propos.
À la vue de l'arme, le prisonnier sursauta et se recroquevilla dans un coin de son lit comme un enfant.
«Il se souvient au moins de ce qui est susceptible de lui faire de petits bobos ! s'esclaffa Keefe.
- Plus sérieusement ? demanda Sophie en levant les yeux au ciel.
- Excuse-moi.»
A cet instant, M. Forkle revint dans la pièce :
«Elwin et médoc arrivent dès que possible.
- Pouvez-vous me donner la tunique d'Alvar ? » demanda la jeune fille.
Le vieil homme se dirigea vers un tiroir et en sortit une longue robe noire à capuche, avec d'affreux yeux blancs peints au niveau des avant-bras. La tenue qui hantait les cauchemars de Sophie. Ses jambes lui disaient de partir en courant, mais elle se contint. Elle réprima une légère grimace, avant de prendre la robe des mains de M. Forkle.
Elle déplia la tunique, et la désigna à Alvar :
« Vous souvenez-vous de ce vêtement ? questionna-t-elle. Réfléchissez bien à votre réponse, nous avons tout le temps qu'il nous faut. »
Elle trouvait qu'elle ressemblait à l'un de ces inspecteurs de police interrogeant des serial killers dans les téléfilms humains.
Keefe prit doucement la main de l'aîné Vacker et ferma les yeux.
Les minutes qui suivirent parurent durer une éternité. Personne n'osait interrompre le silence qui régnait. On n'entendait que le vent qui soufflait à l'extérieur de la maisonnette, ainsi que les pas anxieux de Fitz devant la porte.
Enfin, le prisonnier redressa la tête et déclara d'une voix ferme :
« Non.»
L'espace d'un instant, Sophie fût déstabilisée par l'assurance du frère de Fitz. Mais elle se reprit et demanda en s'arrachant un énième cil :
« En êtes-vous sûr ?
- Oui », déclara-t-il sans hésiter.
Tous les regards se tournèrent alors vers Keefe.
Le jeune garçon regarda un à uns tous les membres de l'assemblée, avant de plonger ses yeux bleus glacier dans ceux de Sophie :
« Il ne ment pas. »
--------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------
Voilà ! 1534 mots, je suis assez contente. Dites-moi ce que vous avez pensé de ce premier chapitre ! Je ne sais pas encore si je posterai tous les deux jours, tous les cinq jours, toutes le semaines... Ça dépend de la vitesse à laquelle j'écris. Sinon j'espère que vous avez aimé, et à très bientôt !
Signé : Follement Moi
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top