Chapitre 37: Quand rien ne va plus

Oui, les araignées font bien des œufs. Je suis allée sur internet et j'ai regardé leur mode de reproduction.
Vous allez me dire: "Non mais, au lieu de poster des chapitres tu regarde le mode de reproduction des araignées ? Tu fais n'importe quoi de ta vie, ma pauvre fille !" Mais sachez que ces recherches aident pour ma survie, car deux araignées ( baptisées Sandrine et Véronique ) vivaient dans mon appartement il y a quelques jours. J'ai dû élaborer des plans très complexes pour les chasser, ça m'a pris un temps fou !

Avouez que c'est l'excuse la plus originale ( et pourtant véridique ) pour être en retard, hein ?
Allez, je vous laisse lire en paix.

Assise dans le bus, tout au fond, je rumine mes sombres pensées.
Je n'ai jamais entendu que j'avais une cousine, ou ne serait-ce qu'on oncle ou une tante.
Je ne comprend même pas la colère de Mélanie. Pour être franche, je ne comprend rien de ce qui vient d'arriver.

- Tiens.

Je lève un peu les yeux, et voit Jude qui me tend gentiment une poche de glace. Ah, elle ne m'a pas ratée, cette espèce de catcheuse vengeresse.

- Merci...je répond d'un ton morne en saisissant l'objet.

Jude me regarde, mais à cause de ses lunettes je n'arrive pas à savoir ce qu'il pense. Mais à la vue de ses sourcils qui se froncent, il a l'air anxieux.
Tout à coup, il avance sa main, s'arrête de bouger et réfléchis, puis continue sa progression. Finalement, je me retrouve avec sa main qui caresse doucement l'endroit de la blessure.
J'hésite à dire quelque chose et cherche un instant les mots adéquats. Finalement j'abandonne, fatiguée, lasse. Cette journée est interminable et mes paupières sont de plus en plus lourdes de sommeil.

- Sharp. Qu'est-ce que tu fais ?

Le ton de Caleb est glacial. Il vient juste d'arriver, et foudroie Jude du regard.

- Rien qui te concerne, répond sèchement le concerné.

Je les regarde un à un se défier du regard pour savoir lequel va rester avec moi. Me désintéressant vite de leur duel ( malheureusement devenu habituel ), j'applique la glace sur mon visage, là où un hématome commence à se former.
Au final, que ce soit Caleb, Jude ou même Aurélie, j'ai juste envie que quelqu'un me serre dans ses bras. Ensuite, je pourrais m'y endormir et me réveiller uniquement pour le prochain match, histoire de botter les fesses de ce prétentieux misogyne d'Edgar Partinus ( les filles sont des fleurs et gna gna gna, je t'en foutrais, moi, des fleurs... ).
Je regarde mes pieds. Mes chaussures y sont de nouveau, et j'ai terriblement la flemme de les enlever.
Alors que je commence à me demander quand est-ce qu'on part, Alizée rentre dans le bus, seule.
Elle s'approche de moi et regarde les garçons de façon à ce qu'ils comprennent que nous devons discuter en privé.
Alors que le conducteur annonce que nous allons partir, Jude et Caleb retournent à leur place de mauvaise grâce.

- Lyrna, c'est vraiment ta cousine, annonce Alizée sans préambules. Et elle te déteste.

- Je ne sais pas comment tu as fait pour deviner, je répond d'un ton ironique.

Elle reste sérieuse et ne bronche pas, continuant calmement de parler.

- Elle s'appelle Mélanie Candeval.

Cette fois-ci, je tique. Elle est donc de la famille de ma mère ? Je suis vraiment au courant de rien au point de vue familial, moi...

- Ta mère avait un frère, et elle est persuadée que tu le savais.

- Mais c'est faux ! Je m'indigne. Personne ne m'a jamais parlé d'eux, je te le jure !

- Je te crois, mais ce n'est pas son cas. Il faudrait que vous en discutiez sérieusement, en tête à tête.

Elle est marrante, Alizée. Ma prétendue cousine m'a agressée sans aucune raison et a failli me casser le nez, hors de question que je reste en tête à tête avec elle.

- Ça ne s'est pas tellement bien passé, tu vois. Je préfère encore ne jamais la revoir.

- Tu ne peux pas faire ça, proteste mon amie en fronçant les sourcils. Elle s'est laissée emporter par la rage ce soir, c'est vrai, mais c'est quand même ta cousine. Surtout que si sa colère est fondée sur un mensonge, il faudrait lui dire la vérité.

- Je m'en contrefiche. Non mais pour qui elle se prend, à débarquer de nulle part et m'accuser de tous les maux de la terre ? Elle n'a qu'à se calmer toute seule.

Alizée et moi avons des positions très différentes par rapport à Em. Je sais que têtues comme nous sommes, aucune ne fera changer l'autre d'avis.

- Réfléchis-y, lance tout de même la jeune fille aux yeux bleus.

Je me contente de soupirer et tourne regard vers la vitre. Je me demande pourquoi Alizée tient tant à défendre cette fille et à lui accorder une seconde chance. C'est vrai, quoi, elle ne la connaît que depuis quelques heures et on dirait qu'elles sont les meilleures amies du monde.
Le reste du trajet se poursuis dans un silence tendu entre Alizée et moi, tandis que le bruit de fond du bus résonne dans mes oreilles. Ils se plaignent de la soirée, Mark crie qu'il a hâte de jouer contre les Anglais et Aurélie annonce a Silvia qu'elle a trop mangé ( je pense que la manageuse se serait passée de cette information ).
Nous rentrons à l'auberge, je dépose la poche de glace dans la cuisine et  monte rapidement dans ma chambre sans saluer personne et m'écroule sur mon lit, épuisée.
Je me relève tout de même pour enfiler un pyjama, me promettant de ne plus jamais remettre les chaussures à talons de cette affreuse soirée.
Une fois prête à dormir, alors que je devrais me glisser sous ma couette jusqu'à demain, j'ai envie de faire quelque chose d'un peu différent. En fait, tout simplement, je n'ai pas envie d'être seule.
Alors que tous les autres doivent sûrement dormir, je sors discrètement de ma chambre et me glisse dans le couloir, telle une ombre furtive n'ayant de bruyant que le léger son de mes pieds nus sur le sol froid.
Je parviens sans encombres ( pour une fois ) à la chambre de Caleb. J'hésite un peu à toquer. Après tout, je n'ai aucune raison valable pour me présenter ainsi à cette heure. Je vais sûrement le déranger.
Hein ? Mais depuis quand je me soucie de déranger les gens, moi ?!
D'un geste affirmé, je toque trois petits coups sur la porte du garçon. Au bout d'innombrables secondes où je n'ai pas d'autre choix que de regarder devant moi comme une demeurée, la porte s'ouvre et apparaît un visage à moitié réveillé et grognon. Il me fixe un instant avant de laisser échapper un petit sourire narquois.

- Il y a des araignées qui font des œufs, c'est ça ?

J'ai alors une réaction assez disproportionnée, je le crains. J'aurai préféré lui tirer la langue ou encore entrer dans sa chambre sans lui demander son avis, mais non, pauvre idiote que je suis, je me contente de lui sauter dans les bras et de le serrer fort contre moi.
Un peu surpris par ma réaction, il pose maladroitement une main sur ma tête et une autre dans mon dos.

- Je peux dormir avec toi cette nuit ?

Il sourit. Je ne le vois pas, mais je le devine. Je le sens presque.

- Si tu peux me lâcher une seconde, ce sera possible, oui.

Cette fois-ci, j'ai la réaction très appropriée de lui donner une tape sur le crâne. Non mais.
Il se redirige vers le lit et s'y allonge, puis ouvre les bras vers moi.

- Alors, tu viens ?

Je ne tarde pas avant de me réfugier dans ces bras rassurants. Caleb rabat les couverture sur nous et me chuchote "Fais de beaux rêves".
Si seulement...

Je vais m'estimer heureuse de ne pas avoir fait de cauchemars ou de rêves bizarres.
Je retrouve Alizée dans la cantine. Elle me fait signe de la rejoindre, ce que je fais, un peu contre mon gré.

- Tu as l'air d'avoir bien dormi, dit-elle avec un sourire.

Oui, c'est ça, fais la gentille. Je suis sûre qu'il y a quelque chose derrière ton gentil sourire.

- Comment va ta blessure ?

- Alizée, je n'irais pas voir Mélanie.

- Mais...

Je ne la laisse pas terminer sa phrase et quitte la table. Pourquoi je réagis ainsi ? Premièrement, je déteste qu'on m'incite à faire quelque chose. Deuxièmement, je n'ai rien à lui dire, à Mélanie. Troisièmement, je suis légèrement blessée par la réaction d'Alizée.
Je suis son amie depuis longtemps, et elle n'est même pas capable de se mettre un temps soit peu à ma place ? Une fille que je ne connais pas arrive de nulle part, me frappe et m'accuse de tous les maux de la Terre. Et mademoiselle Alizée prend le parti de ma soi-disant cousine après une demi-heure de discussion, alors qu'elle n'a jamais pris le mien au bout de plusieurs années d'amitié.
J'en ai assez qu'elle me fasse la morale. C'est décidé, je vais aller parler à des gens qui me comprennent. Comme...

- Tu viens Lyrna ? On va jouer au football !

...bon, je n'aurais pas pensé à toi en premier, Mark. Cela dit, pourquoi pas ?
J'ai envie de me vider la tête.

~~~

Quelques jours plus tard, le match contre nos adversaires d'Angleterre est sur le point de commencer.
Je suis assez impatiente, c'est notre premier match en tant que participants au Mondial. Et en bonus, je vais pouvoir mettre une bonne raclée à Edgar Patin à glace, comme dirait l'autre ( quand je dis "l'autre", je parle d'Aurélie. C'est la seule assez débile pour inventer un tel nom de famille...).
Le coach annonce la formation du match. Caleb n'est pas dans la formation, alors il râle ( pour ne pas changer...)

- Encore sur le banc de touche...soupire-t-il.

- Être remplaçant ne signifie pas se reposer, grogne le coach.

Le milieu de terrain lui répond avec un sourire sûr de lui et un petit ricanement, ce qui me laisse penser qu'il sait de quoi parle le coach.
Nous arrivons au stade, et nous installons à notre banc.
Je regarde les Anglais de loin. Ils sont assez différents, sans leur smoking. Edgar a toujours l'air aussi arrogant, mais bon...
Je vais aux toilettes avant le début du match ( non, je ne suis pas Jack. ) en revenant, je croise le capitaine des Knigts of Queen dans le couloir.

- Ma chère Lyrna, dit-il aussitôt en me regardant comme on observe une œuvre d'art. Tu es aussi ravissante que dans mon souvenir...

- Dans ton souvenir, justement, t'as retenu ce que je t'ai dit ? Je suis un joueur de l'équipe adverse ! Alors traite-moi comme tel !

- Tu es une demoiselle. Un gentleman se doit de te traiter ainsi et de...

Rhaa, qu'il m'énerve ! Je vais lui arracher les cheveux avant de les lui faire bouffer un par un.

- Je ne suis PAS une demoiselle ! Et puis même, qu'est-ce que ça fait ? J'suis pas en sucre. Si tu veux vraiment être respectueux vis-à-vis de moi, ne me ménage pas pendant le match. T'as compris ?

Il ne semble même pas avoir entendu ma phrase, et continue de me fixer de façon presque dérangeante. 

- Oh, et puis tu m'énerve !

J'amorce un geste pour partir, mais il me retiens par le poignet.

- Ne t'énerve pas, voyons...

Alors là, il va vraiment mourir. Je plante mon regard dans le sien et lui crache à la figure:

- Écoute-moi bien, gentleman de pacotille. Si tu continue à m'agacer comme ça, tu vas te prendre dans la tête quelque chose que tu n'auras pas vu venir: mon poing.

Il me regarde d'un air absourdi, me lâche et recule d'un pas, choqué par ce que je viens de dire.

- Il y a un problème ?

Jude vient d'apparaître devant nous, les bras croisés et les dents serrées.

- Non, aucun.

Je gratifie Edgar d'un regard glacial, et il plisse les yeux. Je passe devant Jude et lui sourit gentiment, avant de répéter:

- Absolument aucun.

Tu vas voir, Edgar, je vais te faire ravaler tes paroles. Et pas qu'un peu.

Boum Badaboum, Sandrine et Véronique ont disparu. Et j'ai posté mon chapitre. Youpi !
J'espère que ça vous a plu.
Que pensez-vous de la relation entre Alizée et Mélanie ( ou Em, comme vous voulez ) ? Pensez-vous que Lyrna a raison à propos de cette dernière ?
À bientôt, que ce soit ici ou ailleurs !

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top