Chapitre 25: Quelqu'un de bien

Bonjour tout le monde ! Là, je suis contente de moi. Autant mes précédents chapitres je les trouvais bof, autant là j'ai voulu prendre mon temps mais j'étais tellement à fond que je suis allée vite...en tout cas, j'espère qu'il vous plaira autant qu'à moi.

PDV Lyrna

Il fait nuit, l'air est glacé et le ciel est dénué d'étoiles.
Je ne comprend pas ce que je fais là. Des personnes aux visages flous marchent à côté de moi, passent sans me voir.
Une femme sans yeux s'approche de moi et ouvre la bouche, laissant apparaître deux rangées de dents pointus pleines de sangs.
J'essaie de crier au secours pour que quelqu'un m'entende. Mais personne ne me répond.
Puis je me réveille.
Je me trouve dans ma chambre du dortoir, réveillée en sursaut. Le soleil n'est pas encore levé, mais il n'est pas loin de 6h du matin.
Je sens mon pyjama plein de sueur me coller à la peau. Franchement, ces cauchemars, c'est une vraie plaie.
En plus, ma bouche est asséchée comme si je n'avais pas bu depuis des jours. Je vais être contrainte de me lever.
Je rejoins sans bruit le lavabo de ma chambre et fais couler de l'eau pour la boire avidement, puis je me recouche.
Je vois avec énervement qu'il m'est impossible de me rendormir. Peut-être est-ce le moment de régler les problèmes existentiels ( ou presque ) de ma vie. Comme dit le proverbe, la nuit porte conseil ( même si ce n'est plus vraiment la nuit ).
En parlant de proverbe, voilà un des problèmes existentiel indirect de ma vie: la relation bizarre entre Aurélie et Jordan. Déjà, Aurélie ne m'a pas parlé de son entrevu avec le garçon à la queue de cheval de la nuit dernière. Ni à Alizée, d'ailleurs. Je me demande si c'est normal.
Ensuite, elle est entrée dans une espèce de phase de sa vie sereinement stupide où elle essaie de ne pas tomber amoureuse sur un coup de tête. Bon, ça, passe encore. C'est même plutôt encourageant, si ce n'était pas aussi niai, je l'aurai peut-être félicitée ( je dis bien peut-être ).
Mais maintenant, elle me demande de trouver des défauts à tous les garçons qu'on croise ! C'est infernal !
D'ailleurs, j'ai bugué quand c'est tombé sur Jude. Tiens, un autre de mes problèmes existentiels.
Quand Aurélie m'a demandé de lui trouver un défaut ( pour elle ), j'ai tout de suite dit, sans trop réfléchir:
"Attends, t'es pas sérieuse ? Tu n'as pas besoin de lui trouve quelque chose qui ne te conviens pas, c'est Jude, enfin..."
Elle a alors haussé un sourcil et m'a dit: "Tu serais pas un peu amoureuse de lui, toi ?"
Je n'ai rien répondu d'autre que: "Ben...euh, non, mais...euh..."
Je me demande ( et elle aussi ) quelle est la véritable nature de mes sentiments envers Jude. J'aimerais simplement pouvoir dire que c'est mon meilleur ami, et qu'il n'y a aucune ambiguïté entre nous. Mais ce serait faux.
Je suis bien embêtée. Car je sors déjà avec son rival, et quoi que je puisses penser à propos de Jude, je suis amoureuse de Caleb.
Une fois, je me rappelle que Jude et moi avons failli nous embrasser. Je n'avais absolument pas l'intention de tromper Caleb, et je ne l'ai pas fait d'ailleurs, mais j'avoue que j'allais pas trop me défendre non plus.
Je me redresse brusquement dans mon lit. Mais qu'est-ce qu'il m'arrive? Serait-je en train de devenir comme mon père, quelqu'un qui trompe la personne avec qui il est à tout va ?
Oulha, c'est flippant. J'ai déjà remarqué que je pouvais être aussi manipulatrice que lui. Égoïste et égocentrique également. Et si finalement, je n'avais rien gardé du caractère altruiste et agréable de ma mère ?
Et si elle-même n'était qu'une pimbêche ? Après tout, les parents morts sont toujours des parents parfaits. Je devrait peut-être demander à Luna, si elle daigne me parler un jour...
Le soleil se lève peu à peu. Quand il est un peu plus de 7h, je décide d'aller en bas. Je n'ai pas beaucoup dormi, mais ça devient habituel. Je ne me sens pas fatiguée, pour une fois.
En bas, la cantine est vide. Personne n'est réveillé ou quoi...? Enfin si, quelqu'un est réveillé. L'idiot qui porte un bandeau orange.
Il est en train de manger des céréales. C'est bizarre, je ne le pensais pas aussi matinal...

- Salut, Mark...dis-je en m'asseyant en face de lui.

- Chalut, Lyrna ! Articule-t-il, la bouche pleine.

Je le regarde manger, ma tête appuyée sur mes paumes de main.
Mes interrogations de cette nuit ( ou plutôt de ce matin ) n'ont donné aucune réponse. Je commence à être agacée de mes états-d'âmes. Je ne pourrai tout simplement pas prendre une décision et on en parle plus ? Non, tout est plus compliqué.

- Tu ne manges rien ? Demande Mark après avoir avalé ses céréales.

- Hein ? Euh...non...

Je ne sais pas pourquoi je suis descendue. J'ai envie de me prendre un café, mais je me vois mal entrer dans le bureau du coach par effraction pour lui voler du café.

- Tu n'as pas l'air dans ton assiette, ces derniers temps, je me trompe ? Demande soudainement le gardien de but.

Ce qui est bizarre, c'est que Mark a beau être stupide, d'une certaine façon il est intelligent. Comme Aurélie, d'ailleurs.
Je m'explique: Mark est nul niveau logique. Il n'en a pas vraiment ( vous allez pas me faire croire que se prendre des pneus dans la tronche parce qu'on l'a lu dans le soi-disant cahier de son grand-père qui écrit comme un gamin de CP, c'est logique ). Il n'est pas aussi bon stratège que Jude, ni aussi réfléchi qu'Axel.
Mais Mark a une autre façon de réfléchir: les émotions. Il arrive à comprendre les gens. Il fonctionne par l'affect, en gros. Comme Aurélie.
Il se prend des pneus dans la face par admiration et respect pour son Grand-père.
Mark a remarqué que j'étais bizarre alors que personne d'autre ne l'a fait. Aurélie l'aurait remarqué aussi si elle n'était pas préoccupée par autre chose...

- En fait...je me pose des questions.

Et Mark a un autre pouvoir mystérieux, aussi. On a tout de suite envie de lui faire confiance, et on se confie rapidement et facilement à lui.
Je n'ai même pas envie de le remballer.

- Ah oui ? Dis-moi lesquelles, je pourrais peut-être t'aider ! Dit-il avec son immense sourire débile.

- Je ne crois pas, non...

Aussi doué soit Mark pour aider les gens, mon problème à moi ne peut pas vraiment être résolu par lui.

- Lyrna, je suis ton capitaine, si tu as un problème tu peux m'en parler. Encore plus si ça t'affecte moralement !

Mark, ne joue pas la carte du capitaine qui veille sur ses joueurs. Comme c'est ce que tu es, il me sera difficile de trouver un argument pour contrer cela.

- Je sais. Mais là, je te jure que tu ne peux pas m'aider.

Je me demande qui pourrais.

- Bon...mais reste en forme pour le dernier match des qualifications, d'accord ? Après, c'est le mondial qui nous attends !

Je ne peux m'empêcher de faire un petit sourire. Mark reste un fou de football. Il ne peut pas rester plus de 5 minutes sans en parler.

- T'inquiète pas, Mark. Je serais prête.

Il me refais son grand sourire puis recommence à manger son petit déjeuner. Je vais moi aussi me chercher à manger, parce que c'est bien beau de discuter, mais mon ventre va finir par gargouiller.
Je me rassois en face de Mark et le regarde vider son bol à une vitesse spectaculaire.
Au final, ce serait pas mal d'avoir un avis extérieur, non ? Je pourrais détourner la situation, faire comme si c'était le problème d'une autre personne et non le mien. Mais est-ce que Mark comprendrait une histoire de cœur...? Il avait l'air totalement largué avec Camélia, hier. Cela dit, si sa logique est dirigée par l'affect, n'importe laquelle de ses phrases peut être utile. Allez, qui ne tente rien n'a rien.

- Mark...imagine que tu soit très très ami avec deux filles. Qui ne s'apprécient pas du tout. On va les appeler...Carla et Jun, tiens. Mais un jour, tu te met à être plus avec Carla, en délaissant légèrement Jun. Pour essayer de te faire pardonner, tu reviens un peu vers Jun, mais Carla le prend très mal, et au final tu ne sais plus quoi faire...qu'est-ce que tu ferais ?

Mark me fixe avec de grands yeux éberlués. Ça se trouve, il n'a rien compris de ce que je viens de lui expliquer, et ça ne sers strictement à...

- Tu parles de ta relation avec Jude et Caleb ?

Si à ce moment-là j'étais en train de boire de l'eau, je crois que j'aurais tout recraché à la figure de Mark. Même lui a remarqué...? La situation est encore plus catastrophique que je ne le pensais.

- Comment tu...?

- Euh...je ne sais pas, j'ai dit ça comme ça. Jun, ça me fait penser à Jude, et comme t'as dit qu'il ne s'aimaient pas, Carla m'a fait penser à Caleb. Apparemment, j'ai vu juste sans faire exprès...oh, mais aussi je me souviens, un jour tu m'avais dit que tu étais amoureuse des deux en même temps, ou je ne sais pas quoi !

Oups. Je suis vraiment débile, parfois. J'aurais très bien pu faire l'innocente mais au lieu de ça, je me suis grillée toute seule. Je suis pire qu'Aurélie. Et puis aussi, j'avais oublié cette histoire de dépression de Mark accroché à son fichu grillage. Une de mes erreurs du passé qui me revient à la figure...et au moment où je m'y attendais le moins, en plus.
On va essayer de s'en sortir avec dignité.

- Tu sais quoi, Mark ? Oublie toute cette histoire, je vais régler ça toute seule.

Il m'ignore et pars tout seul dans un raisonnement farfelu assez bizarre.

- C'est comme si tu avais deux supertechniques que tu aimais beaucoup, mais tu en utilises l'une plus que l'autre. Tu as aussi envie d'utiliser l'autre autant que la première, mais c'est impossible. Je penses que, dans ce cas-là, il faudrait utiliser la technique la plus efficace.

Mark, franchement. Y a que toi pour comparer des personnes à des supertechniques de foot.

- Alors...niveau humain, qu'est-ce que ça veux dire ? Je dois choisir la personne qui est la plus à même de me rendre heureuse ? Mais...

Notre conversation est coupée court par du bruit dans les escaliers. Les autres commencent à arriver, alors je me tais et continue de manger.
Au final, cette discussion m'a plus embrouillée qu'autre chose.
La personne qui me rend le plus heureuse ? Comment on sais ça ?
Je repense alors à ce que m'as dit Aurélie, il y a quelques jours. Une phrase qui m'étais totalement sortie de la tête.
Pour qui pourrais-je avouer "Je t'aime"...? J'ai déjà dit "Je suis amoureuse de...", mais ce n'est pas la même chose. Si je peux dire "Je t'aime" à l'un d'eux, alors j'aurai fait mon choix, une bonne fois pour toutes ? Cela dit, petit bémol.
Je suis tout à fait incapable de dire "je t'aime" à qui que ce soit.
Même à un animal, une plante, un fraisier ou je ne sais quoi, les mots restent coincées au fond de ma gorge et refusent de sortir.
C'est embêtant.
Je regarde Aurélie et Mark manger. C'est passionnant.
Je cherche Caleb du regard. Comme d'hab, il est au fond de la salle. Hier, je lui ai un peu mis un vent. Un demi-vent, on va dire, vu qu'il s'apprêtait à m'adresser la parole. Peut-être qu'il m'en veut encore ?
Jack entre alors dans mon champ de vision. Lui aussi, je lui ai mis un demi-vent. Sauf que je m'en fiche et n'en éprouve pas la moindre trace de remord.
Hein ? Ça va pas du tout ça ! Je ressemble de plus en plus à mon père ! Mon attitude avec Jack est digne d'une garce de la pire espèce. Mais peut-être est-ce ce que je suis, en fin de compte...non, hors de question ! Je vais aller mettre un râteau clair, net et précis à Jack. Sans être méchante. C'est ce que font les filles bien.
Après le petit dejeuner, je m'approche à grands pas de Jack et lui dit d'un ton neutre:

- Il faut qu'on parle.

- O-o-oui j'a...j'arrive.

Il bégaie et devient tout rouge. Moi, j'ai juste envie de l'envoyer bouler vite fait bien fait !
Non. Je suis quelqu'un de bien. Je vais être gentille ( dans la mesure du possible ).

- Écoute, Jack, ces derniers temps je te trouve assez collant avec moi. Merci pour ce que tu as fait pour Aurélie, mais ça n'implique rien entre toi et moi. J'ai déjà un copain en plus.

Et même si je n'en avais pas je ne sortirai pas avec toi. Alors dégage et ne parle de cette histoire à personne, sinon je te tue, ok ?
Ça, c'est ce que j'aurai aimé dire. Mais je suis gentille alors je ne peux pas.
Il baisse la tête d'un air triste.

- C'est compris, Lyrna. Désolé de t'avoir dérangée. Il faut que...que j'aille aux toilettes !

Et il s'en va en courant dans la direction opposée. Je crois qu'il est inutile de lui faire remarquer que les toilettes sont de l'autre côté.
Je repense à Jude. Je lui ai fais de la peine, à lui aussi, non ?
Finalement, je crois que je ne suis pas quelqu'un de bien.

PDV Aurélie
Plus tard dans la journée...

J'ai décidé de me rendre utile ( oui, parfois, dans ma vie, j'ai de rares élans de maturité ). Mais je n'avais pas prévu que mon utilité serait le fait de nettoyer la cantine le soir. On dirait plutôt une punition, mais bon...
Je suis comme Cendrillon, soumise aux ordres de sa belle-mère. Alors si on suit ma logique, monsieur Travis serait ma belle-mère ? C'est très bizarre.
Oui, j'ai été assez débile pour lui demander à lui comment me rendre utile au lieu de demander à Silvia, Célia ou Camélia. Quand j'ai cru qu'il allais me dire un truc du genre: "Même si tu essaies tu serviras à rien", il m'as dit: "Va nettoyer la cantine après le dîner".
Après avoir rit pendant au moins dix minutes ( ok, cinq ) à l'entente de cette anecdote, Lyrna est allée se coucher, tout comme Alizée, mais celle-ci n'a rit que trois minutes.
Le soutien qu'elles m'apportent est si exceptionnel que je pourrais en pleurer.
Alors que j'essuie une table, Axel entre dans la cantine, un air préoccupé sur le visage.

- Salut Axel ! Qu'est-ce qu'il t'arrive ?

Il manque de sursauter en me voyant. Il ne m'avait apparemment pas remarquée.

- Oh, salut Aurélie. Tout va bien, ne t'en fais pas.

Oulha, ça c'est la phrase qui signifie que tout ne va pas bien. Il va falloir que je tire ça au clair ( hihihi, j'ai toujours rêvé de dire ça ).

- Allons, vu ta tête, ça se voit que non. Tu es sûr que tu ne veux pas m'en parler à moi ?

Il me regarde d'un air très bizarre, presque abattu. La seule fois où j'ai vu cette expression sur son visage, c'est quand j'ai vécu un peu chez Thor avec lui. Et si les circonstances sont aussi graves cette fois-ci...

- Eh, tu me fais peur, là ! Dis-moi quelque chose !

Il ferme les yeux quelques secondes avant de les rouvrir et de sourire faussement, comme pour me rassurer et se rassurer lui-même.

- Il n'y a pas de problème, Aurélie. Bonne nuit.

Et il va dans sa chambre, me laissant seule dans la cantine.
Si, il y a un problème. Et je compte bien le découvrir.

Yataaaa ! Au fait, hier, c'était la sortie des hors-série. J'espère que vous avez apprécié, vu qu'ils étaient pas très drôles, vous voyez.
J'ai également changé la couverture du tome 1 après lui avoir trouvé un titre (au bout d'un mois de galère ).
Je suis à fond en ce moment, vous avez pas idée ! Je vais même peut-être sortir le premier chapitre sur l'histoire des parents bientôt, qui sait ?
À très bientôt du coup !

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