Angie pointe avec son doigt la fenêtre, à peine éclairée par le reflet de la lune ; elle est hésitante. Elle me regarde... ou pas. Elle ne fait peut-être que voyager. Ma tête tente de la retrouver pour partir avec elle. Au loin. Là-bas où les couleurs se tortillent pour se mélanger. Où les bruits se transforment. Où mon corps devient lui et où mon âme devient moi.

   – Oublie Harry...

   – Oublier quoi Angie ?

Et elle rigole. Un rire charmant. Comme si elle devenait folle. Un peu comme moi.

Je relève la tête et croise son regard... très sombre. Et comme de la poésie sur une feuille de papier, elle coule en moi. Sa voix, sa peau... son odeur. Tout.

   – Approche ma belle, viens t'asseoir sur moi.

Elle rigole, tourbillonne laissant sa longue chevelure tournoyer au rythme de ses mouvements.

Et elle s'éloigne avec le même air mesquin.

   – Angie ! crié-je jusqu'à m'époumoner.

Aspirée dans un tourbillon de couleurs, la silhouette d'Angie disparaît jusqu'à devenir floue. Elle s'éloigne encore et encore pour disparaître complètement. Elle part... loin. De plus en plus loin. Sans moi.

   – Angie ! murmuré-je.

Lentement, en douceur, mon esprit reconnecte avec mon corps. Me laissant cloué sur un lit froid, le souffle court avec la certitude que mon rêve était tout sauf le fruit de mon imagination.

Peut-on toucher ou voir ce qui n'existe pas ? Ce qui est réel doit-il obligatoirement être perceptible par les sens ? Ce qui n'existe pas existe peut-être.

Mes pensées, mes douleurs, mes rêves sont-ils réels ? Ils sont peut-être qu'une perception sensorielle ressemblant à la réalité ?

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