|- Chapitre 31 -|

Pdv Clan du Tonnerre

     Nuage de Vipère se leva, les yeux noirs de cernes. Elle n'avait pas dormi de la nuit, alors elle était réveillée avant tout le monde. Le soleil apparaissait peu à peu à l'horizon, ses couleurs orangées et carmines rayonnaient. Elle eut un frisson en s'étirant. Elle avait peur de sortir d'ici. Ce n'était pas parce que les autres apprentis dormaient paisiblement qu'il ne s'était rien passé.
  Elle s'attendait au pire avec les deux animaux vicieux qu'étaient ses parents. Elle hésita, figée devant le rideau de ronces. Puis, quand la brise matinale lui apporta une lointaine atmosphère d'angoisse, elle dû se résigner à le passer. Dehors, tout était calme, mais quelque chose clochait.
  S'approchant précautionneusement de la tanière des guérisseuses, elle appréhendait. Elle sentit sa patte toucher une substance poisseuse et rouge. Elle la retira et renifla le liquide, les moustaches frémissantes. Du sang. Je m'en serai doutée. Elle se stoppa net face aux fougères entrelacées telles des mailles. Elle les effleura du bout du museau et, par la suite, les franchit. 
  À l'intérieur, une scène digne d'un cauchemar. Les deux guérisseuses, Larme de Lamentation et Fleur de Gui, étaient étalées au sol, ce dernier était souillé d'une nuance vermeille. Elle fit quelques pas lents. Elles étaient blessées, mais toujours en vie ; leurs flancs se soulevaient.
  Par contre, elle ne sentait qu'une vague odeur de sa mère et de son père. Ils devaient s'être enfuis, à tous les coups. La rage lui monta aux yeux brusquement. Elle leur en voulait beaucoup, pour tout ce qu'ils faisaient, leurs sales actes et plans assassins. Elle lacéra le sol de coups de griffes et finit par se radoucir ; ça ne servait à rien de s'énerver. Du moins, pour le moment. 
  Elle quitta le gîte et s'empressa de débouler dans celui du chef. Le cœur battant, elle chercha le meneur des yeux et ne tarda pas à le trouver ; il reposait dans un coin de son antre. Au moins, ils ne lui ont pas fait de mal, songea t-elle. 

 « Étoile de Tulipe ! haleta t-elle. 
 —  Hein oui ? marmonna t-il en ouvrant un œil. Que se passe-t-il ? 
 —  Mirage Noir et Noix Brisée ont prit la fuite et ils ont blessés les guérisseuses, expliqua t-elle, le souffle saccadé. 
 —  Comment ?! » 

   Le rouquin se leva d'un bond, et bien que mal réveillé, il était au taquet. Elle le vit sortir vivement, se pointer sur la corniche et hurler : 

 « Que tous ceux qui sont en âge de chasser se rassemblent autour de la corniche pour une assemblée du Clan ! » 

   Peu après, tout le Clan s'était agglutiné autour du boisage. L'apprentie écaille sentit une étrange pression dans l'air. Pourtant, aucun autre guerrier n'était au courant de la nouvelle. Étoile de Tulipe expliqua en quelques phrases l'événement de cette nuit, qui en rendit plus d'un horrifié. Un brouhaha d'exclamations et de cris se créa.
  Nuage de Vipère eut l'impression que quelqu'un était absent. Elle parcourra la foule du regard. Les poils de son échine se dressèrent et elle déglutit difficilement. Ni son frère, ni sa sœur n'étaient présents. Cela ne présageait rien de bon...
  Elle ne savait pas à qui parler. Les autres novices s'étaient tous retournés contre elle. Enfin, tous, sauf un. Nuage Pacifique s'était posé à côté d'elle. 

 « C'est plutôt un bon débarras qu'ils soient partis, non ? » fit-il remarquer. 

    Même si elle n'avait pas vraiment envie de lui parler, elle répondit tout de même : 

 « Oui, mais ils sont en liberté. Ils sont capables de revenir sans que personne ne s'y attende. En plus, puisque Nuage d'Aigle et Nuage de Nuée sont absents aussi, il ne reste qu'à envisager le pire...
 —  Mais non ! On saura peut-être les arrêter. Étoile de Tulipe est un chef prévenant et précautionneux. Il saura les retrouver. 
 —  Mh, mh... » marmonna t-elle, peu convaincue. 

   Un silence s'installa entre les deux jeunes félins. Nuage Pacifique essaya de trouver un moyen de relancer la conversation. 

 « Nuage de Vipère, c'est ça ? fit-il timidement. 
 —  Oui. » 

   Il se mordit la lèvre inférieure, nerveux. 

 « T'a quand même pas de chance, t'a pas des parents supers, après je pense qu'il y a un truc qui fait qu'ils sont devenus comme ça... Même si à côté, ton frère et ta sœur sont sympas. 
 —  Si on veut. » 

   Il fut assez choqué de la froideur de ses réponses, mais il comprenait et ne lui en voulait pas. Ce n'était jamais facile de vivre ça. Il préféra se taire, ne sachant que dire.
  Malgré son immense compassion pour n'importe qui, même le pire des criminels, c'était un félin sans histoire qui avait pour seule autorité parentale son grand-père, le vétéran Pulpe d'Orange, ses parents étant morts très tôt. Il avait aussi un frère, Nuage Flambé, avec lequel il s'entendait bien et normalement. Bien qu'il avait toujours vécu aux côtés du lieutenant, ils se parlent de moins en moins. Cela ne semblait pas vraiment l'affecter. C'était un novice solitaire et débrouillard qui n'avait pas forcément de liens avec les autres. 
  Il finit par partir, sa queue balayant le sol, dans le but d'aller assister ses camarades pour aider les soigneuses blessées. 

Pdv Clan de la Rivière 

    Nuage de Chêne frôla la surface de l'eau du bout de sa patte et la regarda onduler. Il se mira dans la rivière. Il y vit un chat qui n'était autre que lui, possédant un visage qu'il n'avait que rarement connu jusque là ; illuminé, luisant et souligné d'un sourire gai et plein d'innocence. Il ne tremblait plus, ou très peu. Son frère, Nuage de Malheur, était collé à lui et avait la queue enlacée avec la sienne. Il était de la même humeur que lui.
  Il fallait qu'ils trouvent un moment de la journée où ils pourraient partir à la recherche de Petit Pré, c'était tout ce qu'ils attendaient. Ils allaient retrouver leur frère et tout sera comme avant, ils seraient enfin réunis et ces histoires ne seront plus qu'un mauvais souvenir. Malheureusement, une voix froide et dure les fit revenir à la réalité. 

 « Vous vous entraînez pas aujourd'hui ? Vous faites la grève maintenant ? » 

   L'albinos tourna la tête et reconnut sans difficulté Coquille de Noix, qui semblait vraiment avoir une dent contre eux. Pourtant, ils n'avaient rien fait. Elle toisait le novice brun-roux avec mépris. Nuage de Malheur émit un grognement sourd et s'apprêtait à lui sauter à la gorge. Nuage de Chêne passa une patte devant la sienne afin de l'arrêter et lui donna un coup de langue sur l'oreille pour le réprimander. 

 « Nos mentors sont partis en patrouille, se justifia le jeune félin bicolore calmement. Tu peux t'en aller maintenant, si tu veux bien, Coquille de Noix. 
 —  Pourquoi ce serait à moi de m'en aller ? cracha t-elle. Le Clan ne veut pas de vous. 
 —  Ce n'est pas de notre faute. Vous n'avez qu'à nous accepter. Nous, nous n'avons rien fait. 
 —  Détrompes-toi. Vous êtes potentiellement dangereux en tant que contaminés. Rêve Brumeux ne fait que de trembler et d'avoir peur tout le temps depuis l'autre jour où tu l'a frôlé et tout le monde a peur de Larme de Glace. Cela faisait bien longtemps que ce n'était pas arrivé. On s'y était tous habitués. Elle s'est retrouvée en retrait. Je ne pense pas que ce ne soit qu'une simple coïncidence. Vous allez tous nous détruire. C'est ce que voulait dire le Clan des Étoiles. Vous avez été choisis pour détruire. 
 —  N'importe quoi ! protesta le mâle blanc en posant sa queue sur le dos de son frère. Le Clan des Étoiles ne choisirait pas des chatons pour qu'ils deviennent les destructeurs des Clans, pas vrai ? C'est insensé ! » 

    La guerrière éclata de rire. Les deux frères s'échangèrent un regard en haussant les sourcils, intrigués. 

 « Qu'est ce que vous pouvez être niais ! Bon allez, déguerpissez.
 —  D'où tu nous parles comme ça ?! feula Nuage de Malheur. Je te jure que je vais te réduire en chair à corbeaux ! Je vais te faire manger tes morts ! Sale cœur de renarde ! Cervelle de truite ! 
 —  Nuage de Malheur ! vitupéra son semblable, tout tremblant. Arrête. 
 —  Quoi ?! vociféra t-il. 
 —  Elle a peur ; elle tremble. C'est bon. » 

    L'apprenti nivéen serra les dents et siffla, mais ne protesta pas. Nuage de Chêne lui donnait des léchouilles sur le visage, cherchant à l'apaiser, tout en gardant un œil sur la chatte brune. Cette dernière frissonnait de peur, mais elle était aussi furieuse. 

 « Monstres, jura t-elle. 
 —  C'est toi le monstre ! » répliqua une petite voix fluette. 

    Ils baissèrent le regard ; deux chatonnes, les filles de Museau de Fougère, s'étaient interposés entre eux et faisaient face à Coquille de Noix sans aucune crainte. Elles voulaient les défendre ! 

 « Petite, je te signale que tu dois le respect à tes aînés ! gronda la grande femelle brune. 
 —  M'en fiche ! C'est toi le monstre d'abord ! miaula Petite Pousse. 
 —  Je ne te permets pas ! 
 —  Y'a que la vérité qui blesse ! » la railla Petite Caresse. 

   Elles se débattirent longuement avec leurs mots, et, même si le combat paraissait peu équitable, les deux petites s'en sortaient mieux que l'adulte. Celle-ci, sur le bord des nerfs, finit par céder, quitte à laisser sa réputation se dégrader, elle ne voulait pas blesser des chatons, après tout. Pour une fois qu'elle fait quelque chose de raisonnable, pensa Nuage de Malheur. Le duo de sœurs était fier de voir que la guerrière s'éloignaient. Quant aux deux apprentis, ils étaient rassérénés, mais savaient qu'elle reviendrait. Maintenant, ils ne leur restait plus qu'à aller parler à leur chef. Leur but du jour était d'enfin retrouver leur frère perdu. 

Pdv Clan du Vent 

    Nuage de Faisan s'immobilisa, même son frère et sa sœur l'avaient vus. Il sentait ses regards le brûler. Ils étaient tous dégoûtés. 

 « Beurk ! Dégoûtant ! gémit Nuage du Midi après avoir échangé un regard avec sa sœur. 
 —  Qu'est ce qu'il s'est passé ? » demanda Nuage de Carapace, stupéfaite. 

   Personne ne sut lui répondre. L'apprenti gris sentit ses entrailles se nouer. Il avait l'impression d'avoir avalé de la chair à corbeaux et qu'il allait vomir ses tripes. C'était une horrible sensation. Nul ne savait ce qu'il avait vu, et d'ailleurs, il fallait mieux pour eux. Il n'avait jamais ressenti de si violentes secousses. Il n'était pas si sensible, d'habitude ; le meurtre involontaire de Nuage de Carapace l'avait à peine affecté. À ce moment-là, il avait été surtout inquiet de ce qui risquait d'arriver à son amie. 
  Toujours sans se retourner, il murmura : 

 « Dé-désolé... Je me sentais vraiment... pas bien... 
 —  Tu veux que je t'accompagne chez le guérisseur ? proposa Nuage de Roc en grimaçant un peu, plein de bonnes intentions. 
 —  Pas la peine... J'irais seul... » 

   Il était encore sous le choc, les images défilaient en boucle dans sa tête. Il voyait encore le sang couler sous ses propres griffes, et Petit Champignon se vider peu à peu, à l'agonie, alors qu'il était dans la peau de la jeune Patte Tournante. Ce corps ôté de toute émotion, ce délire après s'être retrouvé avec un cadavre et cette fièvre de rage... C'était... à la fois étrange et horrible. 
  Nuage Tournant souriait avec malice. Le jour venait de se lever et filtrait à travers les branches. Le jeune félin se redressa sur ses pattes, sonné. Il tourna ses yeux vers la responsable de son mal. Il ne savait que penser de ce qu'elle avait commit. Comment juger quelqu'un avec qui on partageait son ressenti et qu'on appréciait mais qui possédait un lourd secret et qui était capable de détruire d'autres personnes ? 
  Il ravala un jet de bile et en détourna le regard. Il vacilla en direction de l'extérieur et observa le camp. Il remarqua que des félins commençaient à venir autour du promontoire, ensuite ses camarades firent de même. Étoile de Blaireau, guilleret, se percha sur le rocher et le novice comprit avant même que le chef annonce l'assemblée du Clan ; un apprenti, Nuage de Roc, avait passé avec brio son évaluation hier, et son baptême serait prononcé ce matin. Tout le monde complimentait ce chat pour sa maturité, sa serviabilité et son sérieux du haut de ses douze lunes. Le soir même, si tout se passait bien d'ailleurs, Nuage Tournant allait recevoir à son tour son nom de guerrière. Le mâle gris tigré réprima un frisson. Il se concentra sur les paroles du meneur même s'ils ne l'intéressaient guère. 

 « Nuage de Roc ! apostropha le matou noir et blanc avec un grand sourire. Tu as passé ton évaluation avec une facilité remarquable, et aujourd'hui, tu mérites de rejoindre nos rangs ! Ton mentor est fier de toi ! » 

   Cri Strident hocha la tête pour confirmer ses dires. 

 « J'en appelle au Clan des Étoiles pour qu'il se penche sur cet apprenti. Nuage de Roc, acceptes-tu de respecter le code du Guerrier et de défendre ton Clan même au péril de ta vie ?
 —  Oui, déclara posément l'intéressé. 
 —  Dans ce cas, je te donne ton nom de guerrier. Nuage de Roc, à partir d'aujourd'hui tu seras connu sous le nom de Fragment de Roc. Que le Clan des Étoiles honore ta loyauté et ta bonté ! » 

    La voix de Nuage de Faisan était brisée, mais il prit tout de même la peine de se mêler au bruit en clamant : 

 « Fragment de Roc ! Fragment de Roc ! » 

   Une fois l'assemblée clôturée, les autres guerriers se précipitèrent pour le féliciter et l'accueillirent chaleureusement dans leur tanière. L'apprenti se demanda s'il serait aussi chouchouté que cela en devenant guerrier à son tour. Peu probable, conclut-il. De toute façon, l'admiration des autres ne l'intéressait pas plus que ça. 

 « Nuage de Faisan ! » le héla Moustache Lumineuse au loin. 

   L'intéressé pivota. Il ignorait ce pourquoi elle l'appelait. Peut-être a t-elle quelque chose sur la prophétie, supposa t-il en la rejoignant, tête basse. Ce fut tout le contraire de ce à quoi il se serait attendu de la part d'une guérisseuse. 

 « Il y a un problème avec ta sœur, l'informa t-elle. Elle s'est mit à attaquer Nuage Tournant. J'essaie de la calmer mais rien n'y fait. » 

   Il pâlit. 

 « Qu'est ce que je peux y faire, moi ? 
 —  Toi seul peut briser le charme. 
 —  Comment ? » 

   Elle soupira, agacée, et le pressa pour qu'il la suive. En effet, il aperçu Nuage de Thym gifler sans aucun contrôle Nuage Tournant, qui se débattait tant bien que mal. Ne sachant que faire, Nuage de Faisan ne bougeait pas, impuissant. 

 « Sépare-les ! » ordonna t-elle soudainement. 

   Il sursauta et s'exécuta sur-le-champ. Il bondit sur sa sœur pour la séparer de sa victime. À ce moment-là, il comprit là où Moustache Lumineuse voulait en venir. Il avait dû contaminer sa sœur. La lueur de colère dans les yeux de la frêle apprentie s'éteignit. Elle se releva. En constatant que ses griffes étaient pleines de sang, elle hoqueta :

 « Que... qu'est ce qu'il s'est passé ? » 

   Elle croisa le pelage roux de celle qu'elle avait inconsciemment attaqué et eut un mouvement de recul. Elle était terrorisé. 

 « C-c'est rien, bredouilla le mâle tigré. Un accident. » 

   Nuage de Thym cillait sans y croire. Nuage Tournant fit signe à Nuage de Faisan. Ce dernier réfléchit momentanément avant de la suivre. Les deux félins s'éloignèrent, laissant la petite apprentie écaille seule. 

Pdv Clan de l'Ombre 

    Nuage de Toile écarquilla les yeux et son visage blêmit. Elle ne pouvait y croire, avoir ne serait-ce qu'avoir un seul lien de parenté avec Blâme... 

 « Impossible... murmura t-elle. 
 —  Il dit vrai, déclara Foudre, ses yeux crépitants et semblant s'embraser. Je suis ton oncle, ou si tu préfères le frère de ta mère. Et Blâme est ton cousin. » 

   Elle soupira, consternée et jeta un regard à son prétendu cousin. Il était vrai que c'était un jeune chat malgré sa grande taille et ses pattes imposantes. Elle lui donnait environ vingt-cinq à trente lunes. Il lui souriait avec amusement. Elle gonfla les joues, exaspérée, et fit demi-tour. 

 « Tu vas où ? demanda t-il, perplexe. 
 —  Chez moi. 
 —  Mais... Tu es déjà chez toi ! 
 —  Je ne vois pas en quoi c'est chez moi, ici. » 

    Elle continuait de s'éloigner, ses pattes s'enfonçant dans la terre craquelée. Elle entendit des pas galoper et elle se cogna contre une énorme patte. Elle n'eut même pas besoin de lever la tête, elle savait que c'était le solitaire roux qui l'empêchait de s'en aller. 

 « Laisse-moi tranquille ! feula t-elle, sur le bord des nerfs. 
 —  Mais tu n'as pas encore eu la totalité de tes réponses ! 
 —  Ça attendra demain. Tu m'en a assez dit pour aujourd'hui, Blâme. On n'est qu'en début de journée et pourtant tu en as déjà trop fait. 
 —  Qu'est ce que j'ai fait ? minauda t-il avec un sourire niais. 
 —  As-tu vu dans quel état je suis ?! Regarde-moi ! T'es fier de toi ? J'en reviens toujours pas que tu sois mon cousin. J'aurai préféré ne jamais te connaître d'ailleurs. Laisse-moi partir, maintenant ! » 

   Elle usait d'une telle puissance sur ses cordes vocales que sa voix se brisait peu à peu et que l'on pouvait entendre des vols en sursaut d'oiseaux.
  Foudre les rejoignit, et, à sa grande surprise, il s'interposa face à son fils. Le matou brun-roux fit le gros dos mais n'avait aucune intention de l'attaquer. Blâme restait relativement calme et serein. 

 « C'est vrai que tu es allé un peu trop loin, affirma son père. Laisse-la se reposer, maintenant. » 

    Le regard ambré du rouquin brûlait toujours la jeune femelle qu'il ne lâchait pas des yeux. Il hocha vaguement la tête. L'apprentie grimaçait, elle devait l'avouer, elle le craignait ; derrière son sourire gentil et inlassable se cachait un félin cruel et sans aucune morale. 
  Elle recula lorsqu'il contourna son géniteur pour se retrouver en face à face avec elle. Ils étaient si près que leurs museaux se touchaient presque. Le mâle roux sombre retroussa les babines. Elle ne savait pas pourquoi il était furieux, c'était elle qui était censée lui en vouloir, après tout. Il maugréa près de son oreille : 

 « La vie est un jeu sans restrictions et un seul en ressortira vainqueur. » 

   Elle cilla. Ces paroles l'intriguaient autant qu'elles lui faisaient froid dans le dos. Elle savait qu'il y avait un sens à tout ce qu'il lui disait et ce qu'elle découvrait, que tout n'était pas là par hasard. Seulement, elle n'avait pas le temps de réfléchir maintenant. Son cousin avait sorti les griffes, on aurait dit qu'il était prêt à lui sauter à la gorge. Ne voulant pas être tuée dans ces circonstances, elle prit la poudre d'escampette. 
  La panique la rendait plus rapide et elle fonçait à toute vitesse à travers la pinède. Elle déboula maladroitement dans le camp, ce qui alerta les autres. 

 « Nuage de Toile ! fulmina Tempête de Pétales, sa mère. Où étais-tu passée enfin ?! 
 —  Ben j'étais allé marcher. Dis maman, t'a un frère ? » 

   La chatte rousse fronça le museau, cette question était embarrassante ; elle en oublia même son outrage !

 « Ben oui, tu sais bien, tu as ton oncle, Signe de Vie, mon frère... commença la guerrière flamme. 
 —  C'est pas ton frère. C'est ton frère adoptif. 
 —  Oui mais c'est le seul que j'ai... 
 —  Non. » 

   Sa génitrice commença à se mordre la lèvre inférieure. 

 « Comment ça "non" ? 
 —  Tu mens. Tu as un autre frère, un vrai frère. » 

   La pression montait en Nuage de Toile et son ventre se serrait. Elle avait l'impression que, rien qu'en sachant que son affirmation était belle et bien vraie, elle allait entendre quelque chose qu'elle redoutait. Tempête de Pétales dû se rendre à l'évidence en croisant le demi-regard de sa fille : 

 « Oui... 
 —  Foudre. 
 —  Foudre, oui... Il s'appelait... Nuage... de Chrysanthèmes... » chuchotait-elle, de sorte que personne d'autre que son interlocutrice ne l'entende. 

    L'apprentie grise pencha la tête sur le côté, ses oreilles se dressèrent vers l'arrière. Rien qu'à son nom, elle était perturbée de savoir qu'il n'était encore qu'un apprenti quand il a quitté le Clan. 

 « Pourquoi tu ne m'en a pas parlé, que ce soit à moi, à Nuage de Velours ou à Nuage de Miel ? l'interrogea t-elle, le volume de sa voix s'élevant progressivement. 
 —  Chut... » 

   La rouquine semblait presque la supplier de baisser le ton. La petite féline accepta même si elle était très frustrée. 

 « Bon, écoute... Je ne suis pas censée t'en parler... Mais tu en sais assez... Je n'ai pas le droit de te faire savoir qui est-il, tu n'es même pas censé le connaître... Tu l'as croisé ?
 —  Oui, ce matin. Son fils me l'a présenté. 
 —  Son fils ? Misère... 
 —  Quoi ? » 

   Elle trépignait d'impatience bien qu'elle savait que sa mère n'en dirait pas plus. Cette dernière descendit son regard en biais vers le sol. 

 « S'il te plaît... insistait l'argentée, dépitée. 
 —  Non. Je ne peux pas, je t'ai dit. » 

   La novice brisa une feuille qui voletait à sa hauteur avec rage et courut regagner la tanière des apprentis. Même si Nuage de Cire et Nuage Ambré étaient à l'intérieur, prêts à poursuivre leurs mortelles idioties, elle restait allongée dans son panier, les yeux bien fermés. Elle cogitait, espérant elle-même trouver des réponses, ignorant les saluts de ses camarades. 

NDA 

3656 mots ! 

Enfin ! J'ai mis du temps à finir ce chapitre, c'était surtout à cause de notre petite Nuage de Toile xD elle me donnait du fil à retordre et pourtant sur son point de vue j'ai fait plus de mots que sur les autres points de vue ! 

Enfin bref, après ce chapitre il y en aura encore quelques-uns, l'épilogue arrive bientôt mais ne vous inquiétez pas, ceci est une trilogie ^^ 


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