|- Chapitre 30 -|

Pdv Clan de l'Ombre 

    Nuage de Toile rentrait au camp en traînant les pattes. Si son envie de mourir était disparue de ses pensées, elle était loin d'oublier qu'elle était inutile et que ce serait à cause d'elle s'il arrivait malheur aux Clans. Rien qu'en sachant cela, elle se sentait vide d'émotions, sans corps ni âme, un mal-être qui surpassait tout ce qu'elle avait ressentit jusque là. Elle fut rapidement sortie de cette transe en se cognant contre une énorme patte rousse. Elle ne releva pas la tête et préféra la contourner, poursuivant son chemin et se replongeant dans son entremêlée de songes. 

 « Bah alors... On dit plus bonjour ? » fit Blame. 

   Tiens, il m'a pas manqué lui. Elle continua de déambuler dans la pinède. Ce silence renfrogna le solitaire, qui la rattrapa et lui barra la route. L'apprentie vit rouge. Elle fonça pour le renverser. 

 « Casse-toi ! » feula-t-elle avec frénésie. 

   Le rouquin soupira et la suivit sans rien dire. Elle en avait marre, ce chat lui tapait déjà sur les nerfs. Son absence lui avait été tout aussi bénéfique qu'une bouffée d'air frais. 

 « Qu'est ce que tu me veux ? fulmina-t-elle. 
 —  Bon, écoute... J'ai pas choisi de te suivre, moi. 
 —  Pourquoi tu me suis alors ? » 

    Il ouvrit la gueule pour répondre et la referma aussitôt. Il devait l'avouer, il ne pouvait rien dire. Elle ne doit pas le savoir, se rappela t-il. 

 « Tu veux bien me suivre ? proposa t-il. 
 —  Non. Si tu m'obliges je te transforme en charogne.
 —  Vraiment ? » 

   Une lueur de défi apparut dans les yeux du matou roux, et un sourire étira son visage. Elle fit la moue, peu convaincue ; elle n'était ni courageuse, ni téméraire, alors se battre contre un chat sûrement plus expérimenté qu'elle... La mort ne me fait pas peur, se dit-elle pour se motiver. J'ai rien à y perdre. 

 « Quand tu veux, » lança t-elle. 

    Bien qu'il fut surpris de cette réponse, il n'était pas inquiet non plus. Le pelage hirsute, il se tenait contre son adversaire, plus jeune et désavantagé. Ce combat était gagné d'avance, c'était sûr. Elle attendait, les pattes ballantes, lasse et ne se donnant même pas la peine de se préparer à l'attaque. Elle donna un coup de griffe maladroit au chat errant, ce qui lui ouvrit une blessure sur la joue. Il riposta en l'attrapant par l'oreille, puis en la projetant contre un arbre. Le choc lui fit perdre l'équilibre mais elle pu se remettre debout. 
  Elle ne daigna pas bouger. Les griffures se multipliaient sur son visage meurtri et paralysé, ses yeux se fermaient et le sang coulait sur ses joues comme un flot de larmes. Elle s'en fichait de la douleur, elle arrivait bien à la supporter. Elle se posait surtout beaucoup de questions ; Blame était d'habitude si gentil qu'il était énervant à la longue, et là, d'un coup, il semblait comme prit de folie. 
  L'acharnement du solitaire prit fin. La jeune femelle se retrouvait avec une figure rouge vermeille dont on ne distinguait plus le gris. Elle rouvrit ses paupières. Elle vit le félin flamme la fixer, le souffle court. Elle passa une patte sur sa truffe, elle était toute poisseuse. 

 « Tu aurais pu au moins faire l'effort de me tuer, murmura t-elle. 
 —  Ça n'aurait servi à rien, marmonna t-il en réponse. Bon, viens maintenant. 
 —  Où ? T'a vu l'état dans lequel je suis ? 
 —  C'est pas grave. Suis-moi. Et pour te convaincre, tu auras réponse à tes questions, une fois là-bas. » 

   La petite chatte grise hésita. Elle avait bien envie de connaître enfin la solution à tous ses questionnements, mais d'un autre côté, elle ne savait que penser de cette proposition. Elle finit par accepter, qui ne tentait rien n'avait rien, après tout. Elle le suivit sans grande énergie et se rendit compte qu'ils avaient quitté le territoire suite à quelques minutes de marche. 

 « Où allons-nous, en fait ? demanda t-elle. 
 —  Chez moi. 
 —  Je croyais que tu étais solitaire. 
 —  C'est le cas. » 

   Elle haussa un sourcil, incrédule. Un filet de sang brouillait sa vision, et elle dû se passer la patte sur le front pour l'enlever. Lorsqu'elle pu voir à nouveau normalement, elle aperçu un énorme mur se dresser devant elle. Blame fit quelques pas peu discrets vers la bâtisse, et une voix grave se fit entendre : 

 « C'est toi Blame ? » 

    Aussitôt, un chat brun-roux sortit de derrière la paroi. Son pelage lui faisait étrangement penser à celui de sa tante... 

 « Nuage de Toile, je te présente Foudre, mon père mais aussi ton oncle. » 










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