|- Chapitre 20 -|
Pdv Clan du Tonnerre
En rentrant à son camp, Nuage de Vipère s'écrasa sur son nid, le regard vide. Elle avait une plaie longeant l'arrière de son crâne que Nuage de l'Aigle venait de lui infliger en la voyant. Elle saignait abondamment... L'apprentie écaille se força à se relever. Elle devait aller se faire soigner cette blessure pour ne pas que ce soir soit le dernier... À quoi bon vivre ? se demanda t-elle, les yeux plein de larmes. Elle se demandait comment elle pouvait s'accrocher à cette idée de vivre. Étais-ce grâce de cette histoire de prophétie ?
Elle chancela pour sortir de la tanière des apprentis et essaya de ne réveiller personne. Seulement, à cause de ses yeux voilés par la fatigue, la douleur et le chagrin, elle écrasa la queue d'un novice par inadvertance. Celui-ci se leva d'un bond et la jeune femelle tricolore trébucha sur le sol. Par le gémissement de protestation que poussa l'apprenti, elle reconnut Nuage Pacifique. Ce dernier portait mal son nom, c'était un chat toujours frustré et sur l'offensive, tout comme sa soeur, Nuage de Graine.
« Tu peux pas faire attention ?! grogna t-il.
— Désolée... »
L'apprenti blanc la regarda longuement d'un oeil mauvais puis remarqua le sang qui coulait sur sa tête. Il écarquilla les yeux et prit un brin d'herbe, puis nettoya la plaie avec. La jeune chatte cilla, surprise. Elle ne s'y serait jamais attendu. Elle se retourna brusquement et se retrouva truffe à truffe avec lui, pourtant, elle ne fut en aucun cas gênée. Elle recula, elle n'était pas ignorante, elle savait comment ce genre de rencontre se terminait, en général, et ça, ô grand jamais elle ne le voulait !
Elle haïssait les mâles, ils n'avaient aucun scrupules, tous comme son père ! Elle fit le gros dos, jamais elle n'accepterait de se retrouver dans la pouponnière ; cette odeur lactée, cet amour idiot, ces chatons turbulents... Rien qu'à cette pensée, elle fut dégoûtée. Elle quitta le gîte sans décocher ne serait-ce qu'un regard en arrière à Nuage Pacifique, qui ne semblait pas comprendre son refus.
Elle arracha une touffe d'herbe devant elle avec rage puis s'arrêta. Le sang lui montait à la tête, la colère lui donnait le tournis. Elle rentra les griffes pour se calmer et vacilla lentement jusqu'à la tanière des guérisseuses. À sa venue, Larme de Lamentation l'observa en tentant de ne pas prendre peur et Fleur de Gui s'approcha d'elle. La novice écaille et brune se laissa tomber dans un nid et sombra dans l'inconscience.
Pdv Clan de la Rivière
Nuage de Chêne se coucha dans son nid placé à côté de celui de Nuage de Malheur, perdu dans ses pensées. L'albinos se demandait à quoi pouvait songer son frère car il tremblait comme s'il y avait un vent glacial, mais en vérité, ce dernier avait une image dont il ne pouvait se détacher ; les yeux jaunes de Bête d'Orage luisaient toujours dans son esprit, ça le perturbait. Serait-ce un signe ? On pourrait être... amis ? se demanda l'apprenti brun-roux en se retournant sans cesse dans son nid.
En même temps, il repensait au ton qu'il avait prit pendant l'Assemblée et à la mine triste qu'il avait pu lire sur les visages des contaminés. J'ai peut-être été allé... trop loin ? pensa t-il. Il ne cessait pas de trembler. Il secoua la tête pour s'enlever cette idée. Non ! On doit se battre contre ça, on doit gagner cette prophétie ! On doit gagner ! C'était une obsession si grande que lui-même avait un peu peur.
Il n'y avait rien de malsain à ce qu'il pensait, après tout...
C'est alors que Nuage de Malheur se redressa et s'assit devant la barrière de lierre qui couvrait l'entrée de la tanière des apprentis. Nuage de Chêne leva la tête, intrigué. Il alla s'asseoir près de lui et l'observa. Une sorte de chagrin et de mélancolie assombrissait sa figure. Le novice brun-roux le dévisagea un moment, attendant à ce qu'il dise quelque chose. Nuage de Malheur regardait la pluie qui commençait à tomber et soupira :
« Dis, Nuage de Chêne ?
— Mmh ?
— Tu penses que Petit Pré est encore en vie ? Ça fait tellement longtemps que nous le cherchons... »
Nuage de Chêne baissa la tête. Il ne savait que répondre, son frère semblait avoir de l'espoir malgré tout, mais lui, à vrai dire, il n'en avait plus. Il était trop pessimiste pour ça.
« Ça, personne ne le sait, mais s'il n'est plus en vie, il est parmi les étoiles... »
Le mâle aux couleurs mélangées leva le museau en direction du ciel nocturne, imité par son frère. Pendant un long moment, ils restèrent immobiles, à le contempler. C'est alors qu'une apprentie couleur or sortit du gîte en bousculant Nuage de Malheur et en pestant :
« Bouge de là, maudit félin ! »
C'était une novice du nom de Nuage Doré. L'albinos voulut protester mais aucun son ne sortit de sa bouche à part un faible et pitoyable gémissement. Il recula et se roula en boule dans son nid. Nuage de Chêne le regarda ; il pleurait, tandis que lui restait là, sans rien faire, impuissant.
Pdv Clan du Vent
Nuage de Faisan rentra au camp, tête baissée, et fonça jusqu'à la tanière des apprentis. Il voulait bien respecter cette prophétie, mais qu'ils doivent se rassembler chaque nuit était impensable. L'apprenti gris se lova dans son nid et jeta un regard discret derrière lui pour savoir si les autres dormaient, mais il se rendit compte qu'une des novices l'observait : Nuage Tournant.
Il détourna le regard, cette apprentie commençait à l'énerver. Il devinait son regard vert étinceler de malice comme si elle préparait quelque chose. Il ressassa ses souvenirs avec Nuage de Carapace, ignorant la rouquine, puis secoua la tête pour les faire disparaître. La nostalgie n'arrangeait jamais rien. Cela lui laissait un goût amer car il se disait que plus rien ne serait comme avant à cause de cette prophétie. Mais comme il ne voulait pas s'en plaindre il préférait tout oublier, son enfance était tombé dans l'abîme de ses souvenirs.
Puis, il se souvint qu'il n'avait pas vu Nuage de Thym, ni Nuage de Rossignol dans le gîte. Il se leva, car bien qu'il considérait tout le monde comme ses ennemis, ils restaient ses frère et soeur et s'inquiétait pour eux. Il passa la barrière et suivit la trace des deux apprentis, qu'il traça jusqu'à la tanière des guerriers. À travers la barrière de ronces et de fougères, il les aperçu endormis contre Truffe des Pluies et Songe Perdu, leurs parents.
La tanière des guerriers ?! C'est interdit aux apprentis d'y dormir ! Même pour voir ses parents ! Ils se sont donnés rendez-vous sans moi ou quoi ? songea t-il, furieux. De toute façon, Étoile de Blaireau est trop sympathique pour les gronder. Il n'a jamais enguirlandé personne. Il soupira et les observa un moment, et doit avouer qu'il aurait aimé être avec eux.
Nuage de Rossignol remua et se réveilla, puis regarda ses parents. Il frotta sa tête contre leur cou et Songe Perdu s'éveilla à son tour. Elle sourit à son fils et lui lécha le haut du crâne avec affection.
« C'est pas grave si on reste là ? demanda Nuage de Rossignol à sa mère.
— Je t'ai déjà dis que non, assura t-elle en souriant. Vous pouvez dormir ici aussi longtemps que vous le souhaitez. »
Le novice roux et noir sourit et ronronna, ravi. Il se blotti contre sa génitrice et regarda l'entrée de la tanière un moment, un sourire collé aux lèvres, puis s'endormit. Il ne m'a... pas vu ? À moins qu'il m'ait... ignoré ?! hoqueta Nuage de Faisan en pâlissant. Le félin gris recula, ses yeux s'emplirent de larmes. Il se rappelait de ce que disait Lune Voilée. Je dois fermer les yeux sur tout. Il ferma les yeux, des larmes coulèrent le long de ses joues, et il s'endormit... dehors, alors que la pluie commençait à tomber...
Pdv Clan de l'Ombre
Nuage de Toile avança lentement en direction de la tanière des apprentis mais s'affala devant cette dernière. Ses pattes pouvant à peine la porter, elle rampa jusqu'à elle et y entra, puis sentit des regards moqueurs sur elle. Elle leva à peine les yeux et vit Nuage de Cire et Nuage Ambré la toiser. C'était les apprentis les plus âgés et les seuls réveillés, d'ailleurs ; Nuage de Velours et Nuage de Miel dormaient déjà à pattes fermées.
« Non mais regarde-la, s'esclaffa Nuage de Cire. Elle veut aller dans la tanière des anciens ou quoi ? T'a vu comment elle se traîne ? La victime !
— Tu veux rejoindre les limaces ? » proposa Nuage Ambré, railleur.
L'apprenti grise claire se releva tant bien que mal sous les rigolades des deux apprentis. Ils continuaient leurs moqueries qu'ils jugeaient anodines, mais pour la jeune femelle, cela faisait beaucoup, de plus, elles étaient de plus en plus méchantes. Tout ce qu'elle faisait était vaniteux, alors qu'elle savait qu'elle pouvait partir quand elle le voulait !
À cette idée, elle eut assez d'énergie pour s'enfuir en courant de l'antre des novices et quitter la plaine. Elle se retrouva seule sur le territoire et la pluie commençait à tomber. Elle avait froid mais elle s'en fichait. Si elle mourrait gelée, tant mieux, elle en serait ravie ! Elle traversa la forêt sans dépasser la frontière. C'est alors qu'elle sentit l'odeur d'un félin qu'elle connaissait bien, un solitaire. Blame ! Il ne faut pas qu'il me voit ici !
Elle alla se cacher dans un buisson de ronces et espérait qu'il ne la trouverait pas ici, mais malheureusement, elle prit la pire cachette possible, car le vétéran roux était assis derrière elle. Elle sursauta et recula mais se prit la patte dans un emmêlement de ronces. Elle tenta de la retirer mais comme elle n'y arriva pas seule, ce fut le solitaire qui l'aida. Elle le remercia à peine et continua de courir malgré sa blessure, les flaques d'eau clapotant sur son passage.
Seulement, peu de chance, elle s'écrasa près d'un marais. Le félin roux la rejoignit, ne comprenant pas sa fuite.
« Tu vas où comme ça ?
— Mêle toi de tes affaires, dit-elle sèchement.
— Tu veux de l'aide ?
— Non. Je veux pas rentrer chez moi.
— Tu veux un abri pour la nuit ?
— Non. Un arbre me suffira.
— Très bien, » soupira t-il.
Il lui montra un vieux bouleau du bout de la queue et s'y assit. La pluie allait sûrement se transformer en tempête.
« On dort là, si tu veux ?
— On ?! s'interloqua t-elle.
— Ben oui. Je suis un solitaire.
— Dans ce cas reste-le. Je vais dormir près du marais. »
Elle se roula en boule près de l'étendue d'eau et laissa la pluie rafraîchir sa fourrure. Elle n'avait jamais voulut être aussi hargneuse avec les autres félins mais si Blame ne l'aurait pas collé, elle aurait enfin pu passer à l'acte. Plus qu'à espérer que je meure de froid... pensa t-elle.
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