♦︎ Narration : Kate Harrington ♦︎
Mes parents sont passés me voir, prétendant qu'il y avait quelque chose d'important à me dire. Je m'attendais à une de leurs sempiternelles discussions sur les responsabilités familiales, mais non.
Maman : Ils ont obtenu la grâce présidentielle. Deux d'entre eux vont sortir de prison dans les prochaines heures...
Le sol se dérobe sous mes pieds. Je me sens glacée jusqu'à l'os, figée dans un mélange de colère et de terreur. Les mots résonnent dans ma tête, comme un écho cruel et interminable. Je les regarde, ces deux personnes qui osent se présenter comme mes "protecteurs", attendant qu'ils disent que c'est une erreur, une blague, quelque chose de mal formulé. Mais non. Tout dans leur posture me hurle qu'ils sont sérieux.
Moi : Comment avez-vous pu laisser ça arriver ?
Les mots sortent tout seuls, ma voix tremble de rage.
Moi : Vous m'aviez promis que ça n'arriverait pas !
Ma mère, toujours dans son rôle de reine du contrôle, avance d'un pas vers moi. Sa voix se veut douce, mais elle ne fait qu'alimenter ma fureur.
Maman : Kate, écoute-moi. Cette décision n'est pas entre nos mains. Nous avons fait tout ce que nous pouvions.
Une montée de rage incontrôlable me pousse à élever la voix.
Moi : Tout ce que vous pouviez ? Vraiment ? Vous voulez me faire croire que vous n'auriez rien pu faire pour empêcher ça ?
Je sens mes mains trembler, mais je refuse de me calmer. Pas cette fois. Pas après ça.
Papa : Kate, ce n'est pas aussi simple. Nous avons essayé, mais la décision vient d'au-dessus...
Moi : Épargnez-moi vos excuses ! Vous avez toujours été incapables d'agir dans mon intérêt ! Ni à l'époque, ni maintenant ! Et maintenant, vous les laissez sortir !
Maman : Chérie, tu dois comprendre. Nous n'avons jamais approuvé leur libération.
Je ris, un rire amer, presque hystérique.
Moi : Comprendre ?
Je sens les larmes monter, brûlantes, mais je refuse de leur laisser ce pouvoir sur moi. Je secoue la tête, le cœur battant à tout rompre.
Moi : Vous êtes pathétiques, murmurais-je, chaque mot chargé de mépris.
Les mots jaillissent de ma bouche avant que je ne puisse les retenir. Je fixe mes parents, ma voix pleine de rage et de douleur.
Moi : Et maintenant, vous êtes encore incapables de me protéger de ces monstres.
Papa : Kate, écoute-moi. Je comprends ta colère, mais ce n'est pas comme si nous n'avions rien fait. Ils ont interdiction formelle de s'approcher de toi. Et pour l'instant comme on te l'a dit, seuls deux d'entre eux sortiront, lui inclus.
Cette idée seule suffit à m'envoyer un coup de poing mental. Je serre les poings, sentant ma respiration se raccourcir. Papa continue, comme si ses mots allaient me rassurer.
Papa : Amelia est notre priorité, surtout avec sa maladie qui pourrait empirer. Nous devons nous concentrer sur sa protection, mais aussi sur la tienne bien sûr.
Mon sang se glace. Toujours cette priorité absurde qu'ils affichent pour masquer leur incompétence. Mais c'est la question suivante de mon père qui me fit presque suffoquer.
Papa : Es-tu... absolument... certaine que c'est lui ?
Maman : Edward !
Papa : J'ai besoin de savoir. C'est important... on n'a jamais vraiment fait de test alors...
Je le fixe, incapable de croire ce que je viens d'entendre. Mon cœur s'emballe, et ma gorge se serre. Il ne le dit pas directement, mais je sais exactement de quoi il parle. Je déglutis difficilement, chaque fibre de mon être criant de douleur.
Moi : Pourquoi tu demandes ça ?
Ma voix tremble, mais je maintiens mon regard sur lui. Je veux des réponses. Il soupire profondément avant de répondre.
Papa : Parce que si son état empire... elle pourrait avoir besoin d'aide que notre famille ne pourra pas lui apporter. Elle pourrait avoir besoin d'un donneur.
C'est trop. Mon esprit vacille, ma vision se brouille. Je secoue la tête, reculant d'un pas.
Moi : Non. Non ! Je refuse. Arrêtez de parler de ça.
Je me retourne brusquement, leur tournant le dos.
Moi : Partez. Sortez de chez moi.
Je n'attends même pas leur réponse. Mes jambes me guident mécaniquement vers l'escalier, chaque pas me rapprochant de ma chambre. J'entends leurs voix derrière moi, mais elles sont floues, lointaines. Je claque la porte derrière moi et m'effondre sur le sol.
Les larmes, que j'ai si désespérément retenues, coulent enfin, incontrôlables. Mes épaules tremblent, et je serre mes genoux contre ma poitrine. L'idée qu'il soit dehors, de tout ce qu'il représente, de tout ce que j'ai tenté d'oublier... c'est insupportable. Et maintenant, ils parlent de donneurs, de solutions, comme si tout cela pouvait être réglé si facilement.
Je prends une grande inspiration, mais l'air semble me manquer. Ma main sur mon ventre, le poids des secrets, des mensonges, et de tout ce que je porte en moi devient presque insupportable. Je ferme les yeux, espérant vainement que, lorsque je les rouvrirai, tout cela ne sera qu'un mauvais rêve. Je suis fatiguée, mais mon esprit refuse de se calmer.
Les souvenirs affluent, envahissants. Ils se superposent à la réalité, brouillant les contours de ce que je veux oublier. Je ferme les yeux, mais c'est pire. Tout revient : leur rire, le bruit des bouteilles, cette sensation de ne pas être entendue. L'impuissance. Je serre les poings, mes ongles s'enfonçant dans mes paumes. Pourquoi ne puis-je jamais me libérer ? Pourquoi ce poids refuse-t-il de disparaître ?
Je me lève brusquement, presque en transe, et ouvre le tiroir du bas de ma commode. Il est là, comme toujours. Un petit cadre en bois que personne ne remarque jamais. Je le sors et je retire la photo qui y est glissée.
C'est une vieille photo. Un cliché jauni par le temps, mais encore clair. Son visage, emmitouflé dans une couverture. Ses joues rondes, ses yeux clos, cette innocence... c'est presque trop. Je fixe l'image, et un mélange de chaleur et de douleur s'empare de moi.
Moi : Tu n'étais pas censée exister, murmurais-je, ma voix rauque, presque brisée.
Je repose la photo dans le tiroir, la recouvrant soigneusement. Personne ne doit la voir. Personne ne doit savoir que je l'ai gardée. Ce petit morceau de papier représente tout ce que je ne peux pas dire, tout ce que je ne peux pas ressentir pleinement.
Mais ce soir, dans le silence de ma chambre, je ne peux échapper à la vérité. Peu importe combien je lutte contre, peu importe combien je rejette... elle est là. Et elle m'a changée d'une façon que je ne peux pas encore comprendre, ni accepter.
Je ferme le tiroir, m'asseyant sur le bord de mon lit, les mains sur mes genoux. La seule certitude que j'ai, c'est que ce poids que je porte n'a pas fini de grandir. Et que, peu importe combien j'essaie de l'ignorer, il finit toujours par me rattraper.
J'ai fini par m'endormir, avant de me réveiller brusquement en sentant une présence. Ethan me regarde, son visage marqué par une inquiétude qu'il ne cherche même pas à dissimuler.
Ethan : Je sais que quelque chose ne va pas, mais tu refuses de m'en parler. Je ne peux pas t'aider si tu continues à tout garder pour toi.
Je relève brièvement les yeux vers lui avant de les baisser à nouveau, jouant nerveusement avec mes doigts. Que suis-je censée dire ? Je ne peux pas lui raconter tout ça. Je ne peux pas lui ouvrir cette porte. Pas maintenant. Jamais.
Moi : C'est juste le stress de la grossesse, Ethan, dis-je finalement, ma voix plate, détachée. Rien que je ne puisse gérer.
Je sais que mes mots sonnent creux. Ils manquent de conviction, mais je ne parviens pas à trouver mieux. Ethan s'appuie contre le bord du lit, croisant les bras. Je le sens peser son regard sur moi, cherchant à déchiffrer ce que je ne dis pas.
Ethan : Tu es sûre ? demande-t-il, sa voix teintée de scepticisme.
Moi : Oui...
Ethan : Alors pourquoi tu as les larmes aux yeux ? Et ne me dit surtout pas que ce sont les hormones... je sais voir la différence.
Le silence retombe, mais je peux presque sentir ses pensées tourbillonner. Il sait que je ne dis pas tout. Et moi, je sais qu'il ne me croit pas.
Ethan : Kate.
Cette fois, son ton est plus direct. Il attend que je lève les yeux vers lui avant de continuer.
Ethan : Je vois bien que quelque chose te hante. Et je sais que ça a un lien avec tout ce que ta famille semble cacher. Mais je suis là pour toi.
Ses mots sont sincères, et je peux voir dans ses yeux qu'il le pense vraiment. Une part de moi veut tout lui dire, se débarrasser du poids que je porte depuis si longtemps. Mais la peur prend le dessus. Peur qu'il ne comprenne pas. Peur qu'il me regarde différemment. Peur qu'il parte.
Je prends une profonde inspiration, mais les mots restent coincés dans ma gorge. Je veux le croire. Je veux m'appuyer sur lui. Mais je sais que certaines vérités sont trop lourdes, même pour quelqu'un comme lui. Alors, je me replie sur moi-même, murmurant un faible « tout va bien », et je me noie à nouveau dans mon silence.
♦︎ Narration : Cynthia Benett ♦︎
Je me tiens dans le hall froid de la prison, les bras croisés, mais ce n'est pas pour me réchauffer.
Mes doigts tapotent nerveusement contre mes coudes, un tic que j'ai développé au fil des années d'attente. Aujourd'hui, tout change. Aujourd'hui, mon fils sort enfin. Dix-sept ans. Dix-sept longues années passées à venir ici, à attendre derrière une vitre, à m'accrocher à l'idée qu'un jour, il franchirait ces portes.
La porte s'ouvre avec un grincement métallique, et mon cœur s'emballe. Shawn apparaît, un sac sur l'épaule, vêtu de vêtements simples qui lui donnent un air étranger, presque fragile. Mais c'est bien lui. Mon fils. Mon Shawn.
Je m'avance d'un pas rapide, et avant même qu'il ne puisse dire un mot, je le serre dans mes bras, comme si le serrer suffisait à effacer toutes ces années perdues.
Moi : Tu es là, murmurais-je, la voix étranglée par l'émotion.
Je ressens ses bras autour de moi, hésitants d'abord, puis plus fermes.
Shawn : Oui, maman. Je suis là.
Je m'écarte légèrement pour le regarder. Ses yeux ont changé. Ils sont plus durs, plus fatigués. Mais derrière cette façade, je reconnais toujours mon garçon. À côté de moi, Shonda trépigne d'excitation.
Shonda : Shawn !
Elle se jette dans ses bras, et il rit, un son que je n'avais pas entendu depuis si longtemps. Il l'attrape avec une facilité qui me rappelle qu'il est toujours fort, malgré tout.
Shawn : Tu as grandi, dit-il, sa voix pleine de tendresse.
Shonda : Et toi, t'as vieilli même si tu as encore la tête d'un ado, réplique t-elle en riant, ce qui arrache un sourire à Shawn.
Mais derrière ces retrouvailles joyeuses, je sens une tension. Shawn est là, mais quelque chose dans son regard me dit qu'il sait que cette liberté n'est qu'un début. Que les vrais défis commencent maintenant. Je passe un bras autour de lui, le serrant contre moi une nouvelle fois.
Moi : Viens, rentrons à la maison. On a attendu assez longtemps.
Le trajet jusqu'à Newton se fait dans un silence ponctué de quelques éclats de voix de Shonda, excitée de retrouver son frère. Mais moi, je reste concentrée sur la route, jetant de temps à autre des coups d'œil à Shawn. Il regarde par la fenêtre, comme s'il redécouvrait le monde, une expression à la fois émerveillée et inquiète. C'est étrange de le voir là, avec nous, hors de ces murs froids.
À notre arrivée, la maison est lumineuse, accueillante, mais je sens que Shawn est dépassé. Il marche lentement à travers le salon, effleurant les meubles, les cadres photos, comme pour se rappeler qu'il appartient à cet endroit.
Shonda le suit comme une ombre, racontant tout ce qu'il a manqué. Moi, je reste en retrait, observant, attendant le bon moment.
Plus tard, après que Shonda soit montée dans sa chambre, nous nous retrouvons seuls dans la cuisine. Shawn est assis à la table, une tasse de café entre les mains, le regard pensif. Je m'assois en face de lui.
Moi : Alors, qu'est-ce que tu comptes faire maintenant ? demandais-je doucement.
Il relève les yeux, surpris par ma question.
Shawn : Tourner la page, maman. Je veux... je veux essayer de reconstruire ma vie. Faire les choses bien cette fois.
Je hoche la tête, bien que je sache que ma réponse ne lui plaira pas.
Moi : Et les Harrington ? Ils n'ont jamais payé pour ce qu'ils nous ont fait.
Shawn soupire profondément, passant une main sur son visage.
Shawn : Maman, s'il te plaît. Tout ça... c'est fini pour moi. Je veux avancer, pas regarder en arrière.
Moi : Fini ?
Mon ton se durcit malgré moi.
Moi : Tu crois que c'est fini ? Ils ont détruit ta vie, Shawn. Ils t'ont fait passer pour un monstre, alors que leur fille a caché des choses qu'ils ont manipulé la vérité pour que tu sois seul à payer plus que les autres.
Il secoue la tête, fatigué.
Shawn : Je sais ce que tu ressens, mais ça ne changera rien. Aller les confronter, ça ne fera que rouvrir des plaies. Et puis... elle... Elle a assez souffert. Tu ne penses pas ?
Je sens une pointe d'agacement monter en moi.
Moi : Elle n'est pas aussi innocente que tu le dis. Et je ne parle pas seulement de cette nuit-là. Je parle de ce qu'ils cachent, Shawn.
Il fronce les sourcils, méfiant.
Shawn : Qu'est-ce que tu veux dire ?
Je me redresse légèrement, le fixant droit dans les yeux.
Moi : Je les ai observés. J'ai vu Amelia. Elle est... trop différente. Et je suis presque certaine qu'elle n'est pas simplement leur fille.
Shawn secoue la tête, exaspéré.
Shawn : Maman, tu divagues. Tu vois des liens qui n'existent pas.
Moi : Non, dis-je fermement.
Shawn : Arrête, dit-il d'un ton tranchant. Je ne veux plus parler de ça. Pas aujourd'hui. Pas maintenant.
Je sens la conversation m'échapper, mais je ne peux pas m'arrêter.
Moi : Elle est peut-être la clé, Shawn. Si elle n'est pas leur fille, je suis prête à parier que c'est l'enfant de Kate.
Shawn se lève brusquement, visiblement à bout.
Shawn : C'est mon premier jour dehors, maman. Je veux juste respirer. Vivre. Laisse-les tranquilles. Laisse Kate tranquille. S'il te plaît.
Je n'ai jamais été du genre à reculer face à une confrontation. Pas quand il s'agit de protéger ma famille. Et cette fois, je sais que je dois agir. Les Harrington ont manipulé et écrasé tout ce qu'ils ont touché, et je ne vais pas rester là à les laisser s'en tirer encore une fois.
Moi : Je vais aller voir Kate dès que j'aurais trouvé son adresse, dis-je d'un ton résolu.
Shawn se retourne brusquement, les sourcils froncés.
Shawn : Quoi ? Non. Pas question, maman.
Moi : Écoute-moi bien, commençais-je, le regard fixe. Ils nous ont pris trop de choses. Si je ne parle pas à Kate, ils continueront de jouer à leur petit jeu et de manipuler tout le monde.
Shawn : Maman, c'est une mauvaise idée. Tu sais que je suis encore en conditionnelle. Si je suis lié à quoi que ce soit qui touche les Harrington, ça pourrait me retomber dessus. Et après tout ce qu'il s'est passé avec Kate, elle mérite d'être tranquille. On ne peut pas juste... les laisser en paix ?
Je secoue la tête, exaspérée à mon tour.
Moi : Tu crois vraiment que c'est moi qui les dérange ? Ces gens mentent, Shawn. Tu crois que Kate est tranquille ? Crois-moi, elle porte ses propres chaînes, comme toi.
Shawn : Aller les voir, c'est juste... dangereux. Ils ont du pouvoir, des avocats. Ils pourraient te faire taire comme ils l'ont fait avant.
Je m'approche, croisant les bras devant moi.
Moi : Tu sais, j'ai toujours eu des intuitions. Et ces intuitions ne me trompent jamais. Tu te rappelles ? Quand je t'ai dit de ne pas la fréquenter, que ça allait attirer des ennuis. Qu'elle n'était pas de notre monde.
Il lève les yeux au ciel, agacé.
Shawn : Encore ça. Maman, laisse le passé où il est. Oui, tu as dit ça. Et regarde où ça m'a mené : en prison. Mais ce n'est pas Kate, le problème. C'est moi. C'est moi qui ai fait des choix stupides. Arrête de rejeter ça sur elle.
Ses mots me frappent comme un coup, mais je ne laisse rien paraître.
Moi : Elle n'aurait pas dû être là ce soir-là, ajoutai-je, la voix teintée de reproche. Et toi non plus, d'ailleurs. Tu étais jeune, influençable...
Je reste silencieuse un moment, le regard planté dans le sien. Il pense que je délire, que je perds mon temps. Mais il ne voit pas ce que je vois. Il ne sent pas ce que je sens.
Moi : Tu penses que je fais ça pour moi ? Non. Je fais ça pour toi. Et pour tout ce qu'ils nous ont pris. Tu peux choisir de tourner la page, mais moi, je ne peux pas. Pas tant qu'elle n'aura pas dit toute la vérité.
Je déteste quand Shawn me regarde comme ça, avec ce mélange de reproche et de désespoir. Mais je sais que je ne peux pas lâcher. Pas maintenant. Pas après tout ce que nous avons traversé.
Shawn : Maman, arrête, rétorque-t-il soudain, sa voix tremblante d'une colère contenue. Tu ne vois pas ? Kate est la victime dans toute cette histoire. C'est elle qui a souffert, pas toi. Alors, en tant que femme, tu devrais au moins comprendre ça.
Ses mots me frappent comme une gifle, mais je refuse de le montrer. Je serre les poings, gardant mon ton calme, même si l'agacement gronde en moi.
Moi :Je sais qu'elle a souffert, Shawn. Mais tu n'étais pas seul ce soir-là. Tu as été entraîné par ces autres voyous, ces gars qui t'ont poussé à agir de façon irréfléchie. Ce n'est pas entièrement de ta faute. Et puis... elle n'aurait jamais dû être là.
Shawn : Tu entends ce que tu dis ? Tu la rends responsable ? Elle n'avait rien demandé, maman. Rien.
Je détourne le regard, sentant une vague de frustration monter en moi.
Moi : Je ne dis pas que c'est sa faute. Je dis que si les Harrington n'étaient pas aussi aveugles et occupés à maintenir leur image parfaite, rien de tout cela ne serait arrivé. Ils ont autant de responsabilités que nous.
Shawn lève les mains, comme pour se protéger de mes paroles.
Shawn : Je ne veux pas en parler. Pas aujourd'hui. C'est mon premier jour dehors, maman. Je veux juste profiter de ma liberté. Peut-on faire ça ? Peut-on simplement passer à autre chose ?
Je le regarde, mon cœur tiraillé entre mon désir de continuer ce combat et l'amour que j'ai pour mon fils.
Moi : Passer à autre chose ? Comment veux-tu que je passe à autre chose quand je vois tout ce qu'ils ont détruit ?
Il soupire, agacé, et se détourne.
Shawn : Je ne veux pas entendre ça. Laisse-les tranquilles. Laisse Kate tranquille. Laisse tout ça derrière toi. Je t'en supplie.
Je sens mes épaules s'affaisser légèrement, mais je ne peux pas m'arrêter.
Moi : Je ne peux pas, Shawn. Je sais que quelque chose ne va pas. Que tout ça, ça cache plus qu'on ne le croit. Et tu devrais te demander pourquoi les Harrington ont si peur qu'on s'approche de leur famille.
Il se frotte le visage avec les mains, épuisé.
Shawn : Fais ce que tu veux, maman. Mais sans moi.
Il me lance un dernier regard, puis quitte la pièce. Le silence qu'il laisse derrière lui est lourd, mais je refuse de faiblir. Je m'assieds à la table, le poids des années de lutte pesant sur mes épaules. Je prends une grande inspiration et décide de changer de sujet, même si je suis seule dans la pièce. Mes pensées se tournent vers Gloria, ma sœur. Mon regard s'attarde sur mes mains tremblantes.
Je sais que ma propre santé se dégrade. Les médecins m'ont dit que c'était gérable, mais les jours où je ressens les douleurs, je me demande si c'est vraiment vrai. Et Gloria... elle est déjà sous dialyse. Je ne peux pas m'empêcher de m'inquiéter pour l'avenir, pour ce que ce poids génétique pourrait signifier pour Shawn.
Mais plus encore, je ne peux pas ignorer cette intuition qui me ronge : Amelia. Je sais qu'elle est un élément clé dans tout ça. J'en suis convaincue. Elle n'est pas simplement une Harrington comme ils le prétendent.
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