Chapitre 11 : Feelings
Elliott agit bizarrement ces derniers temps, et je ne sais pas pourquoi. Il évite parfois mon regard, trouve des excuses pour écourter nos conversations, et il semble... ailleurs. Ce n'est pas lui. Pas le garçon qui a toujours été là pour me remonter le moral, celui qui trouvait toujours la bonne blague pour me faire sourire, peu importe la situation.
Ce changement me perturbe plus que je ne veux l'admettre. Pendant une pause, je décide d'en parler à Clara. Si quelqu'un peut m'aider à comprendre ce qui se passe, c'est bien elle.
Moi : T'as pas remarqué qu'Elliott est... différent ? demandais-je.
J'essayais de paraître détachée, même si une pointe d'inquiétude perle dans ma voix. Clara lève les yeux de son carnet, visiblement surprise par ma question.
Clara : Différent ? Comment ça ?
Moi : Je ne sais pas. Il m'évite, j'ai l'impression. Il est... distant, ajoutais-je, en croisant les bras, un geste instinctif pour contenir ma frustration. Tu crois qu'il me cache quelque chose ?
Clara hésite. Elle joue avec un stylo, le tapotant sur la table avant de répondre.
Clara : Franchement, peut-être qu'il traverse un truc. Tu sais comment il est, il garde tout pour lui.
Elle marque une pause, puis ajoute avec un petit sourire .
Clara : Ou alors... il est juste jaloux. Tu passes beaucoup de temps avec Miles, ces derniers temps. T'as pas remarqué ?
Je secoue la tête.
Moi : Non, ça n'a rien à voir. Elliott n'est pas comme ça.
Clara hausse les épaules, toujours aussi nonchalante.
Clara : Peut-être que je me trompe. Mais sérieux, arrête de te torturer. Laisse-lui un peu de temps. Il finira par te parler. C'est Elliott, après tout.
Je ne réponds pas tout de suite. Clara a peut-être raison. Peut-être que je me prends trop la tête. Mais Elliott compte pour moi. Je n'aime pas cette barrière invisible qui semble s'être dressée entre nous.
Moi : Tu as surement raison. Bon je dois y aller, à tout à l'heure.
Elle me fit un clin d'oeil. Ensuite Miles m'a proposé de déjeuner avec lui hors du lycée. Je ne sais pas pourquoi, mais j'ai accepté tout de suite, sans vraiment réfléchir. Il m'a emmenée dans un petit café charmant qu'il fréquente souvent.
En entrant, je comprends immédiatement pourquoi il aime cet endroit. Les murs sont couverts de vieilles photographies en noir et blanc, des portraits de gens simples, des scènes de rue. La lumière qui filtre à travers les grandes fenêtres crée une atmosphère douce, presque nostalgique. Une petite cloche sonne au-dessus de la porte à chaque nouvelle arrivée, ajoutant une touche presque cinématographique.
Miles : Je viens souvent ici, me confie-t-il alors qu'on s'installe à une table près de la fenêtre. C'est parfait pour observer les gens, pour essayer de comprendre leurs histoires.
Il sort son appareil photo de sa sacoche et me montre quelques clichés qu'il a pris depuis cette même table. Une femme qui lit un livre avec intensité, un couple qui se tient la main en silence, un serveur qui rit avec un client. Chaque photo semble capturer un moment unique, comme si Miles avait réussi à figer un fragment d'âme dans chaque image.
Moi : Tu es vraiment doué, dis-je, sincère.
Je regarde ses photos avec admiration, sentant à quel point elles racontent plus que ce qu'elles montrent.
Miles : Merci, répond-il modestement. C'est mon grand-père qui m'a appris. Il disait toujours qu'on doit capturer les petits instants de la vie, parce que ce sont eux qui comptent le plus. Et il avait raison.
Il sourit doucement, mais je vois quelque chose passer dans son regard.
Miles : Depuis, l'appareil photo est un peu... ma manière de le garder avec moi.
Je ne sais pas quoi dire sur le moment. Notre conversation dérive vers des sujets plus légers. Il me parle de son frère cadet, qui passe son temps à démonter tout ce qu'il trouve pour le réparer. De sa mère, qui fait les meilleurs cookies du monde selon lui.
Miles : Tu devrais venir les goûter un jour, ajoute-t-il en riant.
Je ris aussi, bien que l'idée me rende un peu nerveuse. Miles est tellement... facile à vivre, et ça me déstabilise. C'est comme s'il pouvait s'adapter à toutes les atmosphères, toujours trouver les mots justes.
Les plats arrivent. Je me concentre sur ma salade, mais mes doigts semblent maladroits, comme si tenir ma fourchette devenait une épreuve. J'essaie de ne pas montrer mon trouble, mais Miles le remarque immédiatement.
Miles : Tout va bien ? demande-t-il, ses yeux fixés sur mes mains.
Moi : Oui, c'est rien, soufflais-je avec un sourire forcé.
Mais même en tenant mon verre d'eau, je sens une étrange faiblesse. Des picotements parcourent mes doigts, presque imperceptibles, mais suffisants pour me paniquer intérieurement. Il ne dit rien, mais je vois bien qu'il est inquiet. Il essaie de changer de sujet, sans doute pour me détendre.
Miles : Tu sais, commence-t-il, hésitant. Je voulais te dire quelque chose.
Il prend une grande inspiration, puis se lance.
Miles : Tu me plais beaucoup, Amelia.
Je manque presque de lâcher ma fourchette. Mon cœur rate un battement. Je lève les yeux vers lui, cherchant à lire son expression, mais tout ce que je vois, c'est sa sincérité.
Miles : Je sais que tu as beaucoup à gérer en ce moment, poursuit-il. Et je ne veux pas te mettre la pression. Mais je pensais que tu devrais le savoir.
Je ne sais pas quoi répondre. Mon esprit s'emballe. Puis, après une longue pause, je trouve enfin les mots.
Moi : Tu es quelqu'un de vraiment spécial, Miles... Je ne sais pas où tout ça va, mais je suis contente qu'on se parle comme ça.
Je vois ses épaules se détendre légèrement, comme s'il attendait ce moment depuis longtemps. Il sourit, un sourire chaleureux, et mon cœur s'allège un peu. Malgré tout ce qui se passe dans ma vie, Miles a cette capacité étrange de me faire oublier, juste pour un moment.
Alors que nous sortons du café, il s'arrête près d'un parterre de fleurs sauvages qui poussent contre un mur. Sans un mot, il cueille une petite fleur jaune et me la tend.
Miles : Pour toi, dit-il simplement.
Je ris doucement, touchée.
Moi : Tu es incorrigible, plaisantais-je en acceptant la fleur.
Miles : Peut-être, répond-il avec un sourire espiègle. Mais j'aime penser que c'est ce qui fait mon charme.
Je serre la fleur dans ma main, essayant d'ignorer les picotements qui persistent dans mes doigts. Miles me regarde avec une tendresse que je n'ai pas souvent vue chez quelqu'un, et pour un instant, je me sens en sécurité.
Mais au fond de moi, une petite voix me rappelle que tout n'est pas aussi simple. Pas avec ma santé, pas avec ma famille. Pourtant, en cet instant précis, je choisis de ne pas écouter cette voix. Je choisis de profiter de ce moment. Avec lui.
Après le déjeuner, Miles insiste pour me raccompagner jusqu'à ma classe. Je lève les yeux au ciel en riant, mais au fond, ça me touche. Lorsqu'on arrive devant la salle, je repère Clara et Eliott déjà là. Clara me fait un signe enthousiaste, tandis qu'Eliott détourne le regard dès qu'il croise le mien.
Moi : Merci pour ce déjeuner, dis-je à Miles avant qu'il ne parte.
Il me répond par un simple hochement de tête, mais son regard doux semble dire bien plus. Il s'éloigne tranquillement, me laissant avec Clara, qui, bien sûr, ne peut pas résister à l'envie de me taquiner.
Clara : Alors, c'est officiel ? Miles Carter, chevalier servant d'Amelia Harrington, chuchote-t-elle avec un sourire espiègle.
Moi : Arrête, répondis-je, rouge de gêne. On est juste amis.
Clara : Juste amis, hein ?
Elle hausse les sourcils.
Clara : Tu devrais voir ta tête chaque fois qu'il est dans les parages. C'est pas très convaincant, ma chère.
Je la pousse gentiment en riant, mais son commentaire reste dans un coin de ma tête. Pendant ce temps, Eliott se contente de rentrer dans la classe sans un mot. Clara et moi le suivons, mais je sens un étrange malaise persister.
Le cours commence, et je tente de me concentrer, mais quelques minutes à peine après m'être installée, mon téléphone vibre discrètement dans ma poche. Je jette un coup d'œil furtif sous ma table. Un message anonyme apparaît sur mes réseaux sociaux :
On mérite tous de connaître la vérité.
Et mon petit doigt me dit que toi...
Tu le mérite probablement encore plus que nous.
Je reste figée, fixant l'écran comme si les mots allaient soudain prendre un sens. Le compte est étrange : récent, avec peu de publications. Juste un pseudonyme générique et une photo de profil floue qui ne m'évoque rien. Mon cœur s'accélère. Je ne sais pas si je dois répondre ou l'ignorer. Instinctivement, je tourne mon téléphone vers Clara, qui, assise à côté de moi, plisse les yeux en lisant.
Clara : C'est quoi, ça ? murmure-t-elle.
Moi : Je sais pas, répondis-je honnêtement, ma voix un peu tremblante.
Clara réfléchit une seconde avant de lancer .
Clara : C'est peut-être juste une blague. Mais, sérieusement, ça fait flipper. Genre, qui fait ça ?
Je n'ai pas de réponse. Tout ce que je sais, c'est que ce message, sorti de nulle part, m'agite plus que je ne veux l'admettre. Avec tout ce qui se passe déjà dans ma vie, ce n'est pas ce dont j'ai besoin. Je décide de ne pas répondre, mais quelque chose me pousse à garder ce compte sous surveillance. Je prends une capture d'écran du profil, juste au cas où.
Le reste du cours passe dans une brume. Les mots de l'enseignant me parviennent à peine, noyés sous le bourdonnement de mes pensées. Qui pouvait bien être derrière ce message ? Et surtout, que voulait dire cette "vérité" qu'on méritait tous de connaître ?
Après les cours, je me décide enfin. Je ne peux plus supporter le comportement étrange d'Eliott. Dès que je le croise dans le couloir, je m'approche et l'interpelle doucement.
Moi : Eliott ? Attends, on peut parler ?
Il s'arrête, visiblement mal à l'aise, mais ne tente pas de m'éviter.
Eliott : Qu'est-ce qu'il y a ? demande-t-il, évitant de me regarder directement.
Je prends une profonde inspiration.
Moi : C'est plutôt à moi de te poser la question. Tu m'évites, non ? Si j'ai fait quelque chose de mal, dis-le-moi.
Eliott baisse les yeux, triturant la sangle de son sac à dos.
Eliott : Non, ce n'est pas ça, répond-il enfin, d'une voix hésitante. C'est juste... laisse tomber.
Moi : Comment ça laisse tomber ? insistais-je, refusant de le laisser s'échapper avec une réponse vague. Eliott, je te connais. On se dit tout d'habitude. Qu'est-ce qui a changé ?
Il reste silencieux pendant un instant, son regard fuyant le mien. Puis, finalement, il soupire et lâche .
Miles : Tu as l'air heureuse avec Miles. Et c'est cool, vraiment. Mais... je sais pas, j'ai l'impression qu'on s'éloigne, toi et moi.
Ses mots me prennent au dépourvu. Je ne m'attendais pas à une telle confession, et une pointe de culpabilité s'installe en moi.
Moi : Eliott...
Je cherche mes mots, ne voulant pas le blesser.
Moi : Je ne m'éloigne pas de toi. Tu es important pour moi, tu l'as toujours été. Miles et toi... c'est différent. Vous comptez tous les deux pour moi.
Il relève les yeux, et je vois une lueur de sincérité, mais aussi une ombre de jalousie qu'il essaie de masquer.
Eliott : C'est juste que... je sais pas, j'ai l'impression que tout change, et je suis pas sûr de savoir où je me situe.
Je pose une main légère sur son bras.
Moi : Rien ne change entre nous, Eliott. Je te promets.
Je lui adresse un sourire que j'espère rassurant, et il hoche la tête doucement, bien que son expression reste un peu réservée.
Eliott : OK, dit-il après une pause. Je vais essayer de pas être bizarre, alors.
Moi : Merci, dis-je en riant légèrement, essayant d'alléger l'atmosphère. Ça m'aiderait beaucoup.
Nous échangeons un sourire hésitant avant de nous séparer. Alors que je m'éloigne, je ne peux m'empêcher de me demander si les choses reviendront vraiment à la normale entre nous.
De retour chez moi, je m'enferme dans ma chambre, le poids de la journée encore frais dans mon esprit. Assise à mon bureau, je prends mon téléphone et regarde une nouvelle fois le message anonyme reçu plus tôt. Ce compte me dérange. Je décide de creuser un peu, malgré mes réticences. En explorant son profil, je remarque une photo floue publiée, presque insignifiante à première vue. Mais quelque chose m'interpelle. Je zoome, essaie de distinguer les détails.
Puis, ça me frappe. Ce paysage, cet endroit... Je l'ai déjà vu. Mon esprit fait un bond en arrière, et je me souviens de l'endroit où j'avais croisé la femme de la dernière fois. Mon cœur s'accélère. C'est trop précis pour être une coïncidence.
Je pose mon téléphone, les doigts tremblants. Est-ce que c'est elle ? Est-ce que ce compte est à elle ? Cette possibilité me glace le sang. Et si elle cherchait à me contacter ? Mais pourquoi ? Je sais que mes parents me mettraient en garde contre ce genre de chose, qu'ils insisteraient pour que j'ignore ce message. Pourtant, quelque chose en moi ne peut pas lâcher prise.
Je relis une dernière fois le message, mon pouce flottant au-dessus du bouton pour répondre. Et si c'était une erreur ? Et si je me mettais en danger ? Les questions tourbillonnent dans ma tête. Mais en même temps, une partie de moi meurt d'envie de savoir. La vérité. C'est bien ce qu'ils disent dans le message. La vérité.
... : Amelia ! Viens ! Il faut qu'on finalise ta liste d'invités pour ton anniversaire.
Un soupir m'échappe en entendant la voix de ma mère résonner. J'abandonne mon téléphone et descends à contrecœur. Dans le salon, Maman est installée avec son carnet, des pages remplies de noms et de notes.
Moi : On doit vraiment en parler maintenant ? demandais-je, espérant qu'elle change d'avis.
Maman : Oui, Amelia. Il faut que tout soit parfait, pour toi... et pour nous tous.
Cette phrase me fait froncer les sourcils.
Moi : Pour nous tous ?
Qu'est-ce qu'elle voulait dire par là ?
Maman : Oui, c'est une étape importante, continue-t-elle sans vraiment répondre. Alors, pour les invités, j'ai pensé aux familles proches et quelques amis du lycée. Clara et Elliott, bien sûr. Tu as d'autres personnes à ajouter ?
J'ai beau lui faire comprendre que je ne veux pas, elle ne lâche pas l'affaire, donc je n'ai visiblement plus le choix.
Moi : Peut-être... Miles Carter.
Maman relève la tête, visiblement surprise.
Maman : Miles Carter ? Ce n'est pas un nom que je connais. C'est qui ?
C'est le moment où mes joues prennent feu.
Moi : Un ami.
Elle me scrute, un sourcil levé, avant de hausser les épaules.
Maman : Très bien. Je vais l'ajouter.
Soudain, Papa et Ilona entrent dans la pièce. Je vois immédiatement les fleurs dans les mains de ma sœur. De magnifiques fleurs, fraîches, ressemblant étrangement à celle que Miles m'a donnée à midi. Papa, lui, tient une petite carte.
Ilona : On a trouvé ça sur le perron, annonce-t-elle en agitant le bouquet. C'est pour toi, Amelia.
Mon cœur s'emballe. Je prends les fleurs sans oser regarder personne.
Papa : De qui ça vient ? demande-t-il en plissant les yeux.
Moi : Personne ! réponds-je précipitamment.
Mais le sourire en coin d'Ilona et son regard malicieux en disent long.
Ilona : Oh, c'est sûr, ce n'est pas personne.
Moi : Ilona !
Je rougis de plus belle, murmurant un merci rapide avant de me précipiter dans ma chambre, le bouquet et la carte en main. Une fois seule, je ferme la porte et m'assois sur mon lit, le cœur battant.Avec des mains légèrement tremblantes, j'ouvre la petite enveloppe accrochée au bouquet.
À l'intérieur, une carte simple avec ces mots :
Je me suis dit que tu aimerais avoir plus qu'une seule fleur...
- M.
Un sourire éclaire mon visage malgré moi. Je pose les fleurs sur ma table de chevet, le mot bien en vue. Ce geste inattendu m'emplit d'une chaleur douce et réconfortante. Miles a définitivement un don pour rendre mes journées un peu plus lumineuses.
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