🎻A terrifying symphony...🎻
Dédicace à r0se_sad, charly-writer, Neal_Lilas_Riddle, Etoile-mauve, Eleda_i, mitradi, Twilighteltezi, a_bad_angel & Etoile-mauve
En guise de réponse à mon écrit "The winner takes it all", je vous offre cette famille londonienne pas comme les autres : Sherlock Holmes, Jim Moriarty et leur fils adoptif Isaac (Jack Dylan Grazer) qui vont se retrouver dans une situation terrible...
Dans sa loge, Isaac, 14 ans, réajustait le col de sa chemise et vérifiait les accords de son violon avec beaucoup d'attention : ce soir était un moment important pour lui. En effet, lui et quelques camarades de classe du groupe de musique allaient jouer devant tout le public du Royal Albert Hall de Londres.
Si pour n'importe quel enfant, c'était un moment magique et impressionnant, pour le jeune Isaac en revanche, ça n'était pas vraiment le cas : certes, il était honoré de jouer dans cette salle prestigieuse, mais ce n'était pas vraiment ça qui occupait les pensées. Non, ce qui le tracassait vraiment, c'était la relation très orageuse entre ses pères adoptifs : Sherlock Holmes et Jim Moriarty.
Les deux hommes les plus intelligents du Royaume-Uni s'étaient mis ensemble quelques temps après avoir été largués par leurs amants respectifs, Serena Huxley et Sebastian Moran, qui sont aujourd'hui un des couples les plus puissants du pays et les heureux parents de quatre enfants. En voyant son meilleur ami refaire sa vie avec celui qui fut leur ennemi pendant quelques années, John avait pris ses distances avec eux et avait déménagé de Baker Street.
Lorsqu'ils l'ont adopté alors qu'il n'avait que 5 ans, Isaac se doutait qu'il n'allait pas vivre comme les autres enfants de son âge, étant donné le caractère des deux hommes. Non pas qu'il manquait d'amour, au contraire, mais disons que l'ego surdimensionné de Sherlock et la langue de fiel de Jim rendait l'atmosphère très tendue à la maison.
Alors, Isaac avait appris d'abord à se faire tout petit, à ne pas dire quand ça n'allait pas, et à laisser l'orage passer, puis quand il fut plus grand, il allait dans une autre pièce et laissait ses pères s'envoyer des noms d'oiseaux. L'ennui était que, plus les années passaient, plus les disputes se multipliaient et moins ils lui prêtaient attention, ce qui rendait la vie du jeune garçon plus dure.
Heureusement, il pouvait se tourner vers des oreilles attentives pour soulager sa peine, comme son oncle Mycroft qui reprochait vertement à son frère de délaisser son fils, Greg et Molly qui l'hébergeaient chez eux quand les disputes devenaient tendues, Mrs Hudson qui était devenue sa grand-mère de substitution et qui n'hésitait pas à passer une soufflante aux deux génies pour leur apprendre les bonnes manières, ou encore John et Mary Watson qui avaient de l'affection pour lui et étaient compatissants.
Mais ceux qui avaient toujours une place pour lui dans leur maison quand il étouffait au 221B Baker Street, c'était le couple Moran-Huxley, les deux personnes qui savaient mieux que quiconque l'enfer que pouvait être une cohabitation avec le détective consultant ou le génie criminel.
Lâchant un long soupir, l'adolescent se demandait si ses pères allaient réussir à mettre leurs querelles de côté et le soutenir dans ce moment si particulier..
Trois coups à sa porte le firent sortir de sa rêverie et la porte de sa loge s'ouvrit sur une jeune fille vêtue d'une robe de soirée bleue foncée :
"Alors Isaac, tu es prêt ?"
"Oui, je viens tout de suite !"
Il ajouta, un peu rougissant :
"Au fait, Alicia... Tu es très belle dans cette robe !"
La dénommée Alicia eut un immense sourire et lui répondit :
"Je te remercie. Toi aussi, tu es élégant dans ton costume... Allez, viens ! C'est notre tour dans 5 minutes !"
Sans se faire prier, Isaac se leva, prit son violon et suivit sa meilleure amie - dont il est secrètement amoureux depuis plusieurs années - la jeune Alicia Moran, troisième enfant de la famille Moran-Huxley. Pour lui, il n'y avait pas assez de mots pour dire à quel point elle était jolie, intelligente, drôle, gentille... Bref, à ses yeux, elle était parfaite ! Cela étant, il n'arrivait pas à lui dire ce qu'il ressentait pour elle, de peur que Sebastian et Serena ne prennent cela comme une trahison...
Mais là, il n'avait plus envie de penser aux choses négatives quand Alicia était avec lui : il voulait tellement offrir une superbe prestation pour qu'elle le trouve génial. La seule chose qu'il espérait, c'était que ses pères ne se prennent pas le bec pendant le concert...
Dans la salle...
"J'espère que vous vous tiendrez à carreau, tous les deux ! C'est la soirée du petit, alors évitez de vous donner en spectacle !" avertit Mrs Hudson.
"Elle a raison, cher frère : toi et Jim avez assez fait de dégâts comme ça, alors agissez comme de vrais parents et soyez là pour lui !" ajouta Mycroft.
"Mais je suis un vrai parent : c'est moi qui lui ai appris à faire du violon !" rétorqua le détective.
"Permets-moi de te contredire, le frisé : certes, tu lui as appris, mais pas une fois je ne t'ai entendu l'encourager ou lui faire des compliments ! Alors que moi, je lui disais tout le temps qu'il était un prodige !"
"Toi, complimenter ? Doit-on s'attendre à une pluie acide ou au déluge de Noé ?"
"Oh, mais fermez-la tous les deux ! Je vous préviens : je suis là pour voir ma fille jouer du piano, pas pour subir vos jérémiades !" s'énerva Greg.
"On se calme, Greg ! De toute façon, ils savent très bien que le plus important, c'est Isaac, n'est-ce pas, messieurs Moriarty et Holmes ?" demanda la légiste d'un ton qui annonçait de mauvaises nouvelles si jamais les deux hommes avaient eu le malheur de la contredire.
Quant à leur fils Greyson, 16 ans, il ne disait rien et se contentait de fixer les deux hommes de son regard noir.
"De toute façon, vous n'avez pas le choix, tous les deux : c'est de votre fils dont il s'agit ! Essayez de lui consacrer du temps à autre chose que d'en faire le témoin de vos foires d'empoignes quotidiennes !" les sermonna Ciaran.
"J'espère sincèrement me tromper, mais ça m'étonnerait que ces deux phénomènes ne fassent une trêve !" soupira Esméralda, sa femme, qui tenait sur ses genoux leur fille de 6 ans, Solena.
Au même instant, arrivèrent John et Mary Watson, accompagnés de leur fille Rosie et du petit ami de cette dernière, Alexander.
"Tiens, toute la joyeuse troupe est réunie, on dirait ! Content de vous revoir !"
"Moi aussi, cher docteur ! Et quelle élégance !" le complimenta Mrs Hudson.
"Merci, Mrs Hudson !"
John se retourna vers son meilleur ami et le salua :
"Bonsoir, Sherlock !"
"John. Mary. Vous allez bien ?"
"Oui, merci... Bonsoir, Jim."
"Watson."
Rosie vint embrasser son parrain.
"Bonsoir, Sherlock !"
"Rosie ! C'est fou ce que tu grandis vite !" sourit le détective en prenant sa filleule.
"Tu me le dis à chaque fois !" plaisanta la jeune feme qui se tourna vers Jim.
"Bonsoir, Jim."
"Salut, Rosie. Tout va comme tu veux ?"
"Oui, merci."
"Bien, nous devrions nous installer à nos places... Vous venez ?"
Après avoir salué ses amis, la famille Watson alla s'installer un peu plus loin, sous le regard navré de Sherlock qui aurait aimé discuter plus longtemps avec son meilleur ami. Seulement, il savait qu'entre Jim et John, le courant ne passait pas du tout et que cela pourrait tourner à l'empoignade.
Et alors qu'il pensait que la soirée ne pouvait pas être pire, qui voyait-il arriver, superbement habillés ? Sebastian et Serena, suivi de leurs fils Matthias et Valentin, ainsi que de la petite dernière Eléanore. Tous étaient très élégants et respiraient le bonheur familial à son apogée.
"Bonsoir tout le monde. Comment allez-vous ?" demanda Serena, souriante.
"Bien, merci." répondit Jim d'un ton lointain en voyant Ciaran et Sebastian se donner une accolade chaleureuse.
"Heureux de vous revoir, chère belle-soeur... Pardon, un vieux réflexe !" s'excusa Mycroft en faisant un baisemain à la jeune femme.
"Ce n'est pas grave, Mycroft. J'étais à deux doigts de vous appeler beau-frère !"
"Cela n'aurait pas été un drame. Après tout, vous êtes comme de la famille, Mycroft !" répondit Sebastian.
"J'en suis flatté, Monsieur le Premier Ministre !" répondit l'éminence grise avec un sourire amusé.
"Ce soir, je ne suis pas le Premier Ministre, mais le père d'Alicia... Bien, sur ce, nous allons nous installer à nos places. Tu viens, chérie ? Par ici, les enfants !"
Et la famille s'installa quelques places plus loin, le tout sous les yeux du couple Moriarty-Holmes. Même si cela faisait des années qu'ils étaient séparés, voir Sebastian et Serena ensemble et heureux faisait mal à Sherlock et Jim.
La famille Moran-Huxley fut rejoint un peu plus tard par Lord Augustus Moran lui-même qui tenait absolument à voir la performance de sa petite-fille, ce qui agaça prodigieusment le criminel consultant :
"Regarde-moi ce vieux schnock se pavaner ! C'est sûr que du temps où j'étais avec Seb, il ne se serait jamais pointé en notre compagnie !"
"Tu m'étonnes. Mes ex beau-parents me le font sentir également que Serena a bien fait de me quitter... et je ne te parle pas de Zachary ni d'Angus !"
Mais tout à coup, les applaudissements retentirent, signe que les jeunes artistes entraient sur scène. Tous étaient très bien habillés et souriaient à leurs famille. Arrivèrent donc :
- Isaac Moriarty-Holmes
- Alicia Moran.
- Joshua Cohen
- Helen Lestrade
- Leo Choi
- Tina Fresnay
Ils s'installèrent auprès de leurs instruments de musique et se préparèrent à livrer une belle performance. Posant son violon sur son épaule, Isaac jetait un bref coup d'oeil à ses parents : il espérait qu'ils se tiendraient tranquille...
Puis dès que le moment fut venu, ils se mirent à jouer tous ensemble dans une harmonie parfaite, réinterprétant des morceaux de la musique classique en passant par des chansons devenues cultes ou des musiques de film. Tous faisaient preuve d'un grand talent, pour la plus grande fierté de leurs parents - certains avaient même sortis leurs caméras pour immortaliser cet instant, dont Mrs Hudson qui voulait garder un souvenir merveilleux de ce moment.
Quant à Sherlock et Jim, ils regardaient leur fils faire danser l'archet sur les cordes du violon tel un virtuose chevronné. Et le moins qu'on pouvait dire, c'était qu'ils étaient très fiers de lui. Alors que les enfants réinterprétaient Bitter Sweet Symphony du groupe The Verve, Sherlock chuchota à Jim :
"Il est vraiment doué !"
"Bien sûr qu'il est doué : c'est notre fils !"
Sherlock ne put s'empêcher d'ironiser :
"Tiens, tu te rappelles que tu as un fils ? Pas mal pour quelqu'un qui est absent de la maison la majorité du temps !"
"Parle pour toi, espèce de crétin ! Moi au moins quand je suis là, je passe du temps avec lui, contrairement à certains qui aiment avoir leurs yeux vissés à leur microscope !"
"Ne me fais pas porter le chapeau ! Toi aussi, tu aimes bien faire autre chose que t'occuper d'Isaac ! Moi au moins, je lui ai appris à jouer du violon !"
"Mais ça ne suffit pas, espèce d'abruti !"
"Ne viens pas me donner des leçons !"
Même si ils faisaient tout pour être discrets, leur dispute n'échappa pas à Isaac qui les voyait : décidément, ils ne changeraient jamais ! Même ce soir, ils étaient incapables de faire un effort ! Si il n'était pas en train de jouer, il serait sans doute allé leur passer une beuglante...
Tout à coup, un bruit sourd se fit entendre au sein du Royal Hall, comme si une explosion venait d'avoir lieu. Le petit groupe s'arrêta de jouer, intrigué par le bruit. Même les spectateurs ne prêtaient plus attention au spectacle et regardaient autour d'eux, cherchant l'origine du boucan.
Mais alors que tout semblait normal, Isaac entendit un bruit de craquement qui provenait de la scène. Baissant le regard, il constata avec horreur l'apparition d'une fissure qui grandissait de plus en plus vite sur le sol en bois. Il cria en direction de ses camarades :
"Eloignez-vous de la scène : ça va céder !"
Joignant le geste à la parole, il prit Alicia par la main et l'entraîna derrière lui. Malheureusement, aucun d'entre eux ne fut assez rapide et le plancher céda, entraînant les six apprentis musiciens dans une chute terrible, le tout sous les yeux horrifiés de leurs parents et du public !
"ALICIA !" hurla Serena qui se précipita vers le trou béant où se trouvait sa fille quelques secondes plus tôt.
"HELEN !' s'écrièrent Molly et Greg.
"ISAAC !" paniquèrent Sherlock et Jim.
Tous les parents concernés se précipitèrent vers le lieu du drame, essayant de voir leurs enfants plus bas, mais étant donné qu'il faisait trop sombre, impossible de distinguer quoi que ce soit !
"Quelqu'un les voit ?" demanda Mrs Hudson, très inquiète.
"Rien du tout : c'est un désastre !" répondit Mycroft, tout aussi angoissé.
Et alors que les autres familles et les spectateurs évacuaient la salle en hurlant de peur, les pompiers et les policiers arrivèrent sur les lieux, prêts à porter secours aux jeunes gens :
"Ne vous en faites pas, monsieur le Premier Ministre ! Nous nous occupons de la situation, soyez sans crainte !"
"Au lieu de jacasser, allez sauver ces jeunes gens !" s'énerva Lord Moran.
"Calmez-vous, Augustus, laissez donc ces messieurs dames travailler !" lui dit calmement John.
"J'espère qu'ils vont bien : cette chute m'a l'air d'être sacrément impressionnante !" ajouta Mary.
"Isaac ? Alicia ? Helen ? Tout le monde va bien ?" demanda Rosie.
Quelques dizaines de mètres plus bas, les jeunes musiciens se remettaient de leur chute, remerciant le Ciel d'avoir laissé le plancher sur lequel ils étaient allongés amortir le choc. Résultat : ils étaient en un seul morceau, mais terriblement secoués !
"Mais qu'est-ce qui s'est passé ?" demanda Leo, sous le choc.
"Il se passe qu'on a explosé la scène et qu'on est arrivés au moins quarante mètres plus bas, si ce n'est plus !" lui répondit Tina en passant une main dans ses cheveux.
"Vous avez vu toute la distance ? Si il n'y avait pas eu ce plancher, on s'écrasait tous comme des crêpes !" constata Joshua.
"Tu as le don de remonter le moral des troupes, Josh !" ironisa Helen qui défroissait sa robe.
Alicia ne disait rien et regardait autour d'elle, cherchant à savoir où ils avaient atterri et si il y avait une issue de secours quelque part.
Isaac s'approcha d'elle et demanda :
"Quel est ton avis sur le sujet ?"
"Au vu de la distance parcourue pendant notre chute, je dirais que nous avons probablement atteri dans les sous-sols du Royal Hall. L'ennui, c'est que je n'ai aucune idée de comment sortir d'ici et je crains aussi que nous ne pouvons pas prendre les escaliers pour rejoindre la scène : ils ont été soufflés par l'explosion !"
Le jeune Holmes-Moriarty regarda autour de lui lorsque un élément attira son attention. Il s'avança dans le fond de la salle et vit une trappe sur le sol. Il esquissa un sourire et annonça à ses camarades :
"Les amis, j'ai trouvé un moyen pour nous sortir d'ici et de rejoindre les secours ! Si j'ai bon souvenir du plan souterrain de Londres, cette trappe va nous mener droit dans les égoûts qui circulent sous le quartier."
"Tu veux vraiment qu'on aille faire trempette là-dedans ? On devrait plutôt attendre l'arrivée des secours !" suggéra Leo, un peu dégoûté.
Isaac lui répondit :
"D'ordinaire, je serais d'accord avec toi, mais l'ennui, c'est qu'ils vont mettre un long moment avant de descendre à notre aide, et en plus, il fait très froid et je crois que personne n'a envie de mourir de froid. Donc, on y va !"
Sans demander leur reste, les autres adolescents décidèrent de suivre leur camarade à travers ce qui semblait être un labyrinthe souterrain. Se rapprochant d'Isaac, Alicia demanda :
"Est-ce que tu connais bien l'endroit ?"
"Un peu. J'y ai déjà accompagné mon père lors d'une de ses enquêtes - même si cela ne plaît pas vraiment à mon autre père de savoir ça. Et il m'a raconté qu'une fois, il y était allé avec Serena quand ils étaient ensemble..."
"Oui, je m'en rappelle : ma mère m'a raconté cette histoire ! Ils étaient à la poursuite d'un terroriste qui était à deux doigts d'envoyer une bombe biologique sur le Parlement et sur Buckingham Palace. Pour elle, c'était une sacrée aventure !"
"C'est ce qu'il m'a dit aussi. Mais quand il m'en a parlé, j'ai senti que ça le rendait triste. En fait, ça lui fait cet effet chaque fois qu'il mentionne ta mère... ce qui me laisse penser qu'il n'arrive pas à faire le deuil de leur relation !"
Alicia enroula son bras autour de celui de l'adolescent :
"Elle me disait qu'elle avait aimé Sherlock, mais qu'il appartenait au passé de sa vie amoureuse et qu'elle souhaitait le meilleur pour lui... Ce que dit aussi mon père à propos de Jim."
"Parlons-en, tiens ! Lui, il n'a pas du tout accepté sa séparation, même si il affirme le contraire haut et fort ! Chaque fois que ton père passe à la télé, plus rien n'existe autour de lui ! Et j'ai vu qu'il gardait toutes les photos du temps où ils étaient ensemble !"
Il lâcha un long soupir :
"En fait, plus j'en apprenais sur leurs couples passés, plus j'en suis arrivé à la conclusion que mes parents se sont mis ensemble par dépit plus que par amour ou parce qu'ils étaient assez semblables l'un de l'autre. Et moi, j'étais supposé jouer le rôle de ce qui les tenait ensemble. Mais bon, ça n'a pas si bien marché que ça..."
"Ne dis pas ça ! Si tu n'avais pas été là, les choses auraient été bien pires entre eux : ils ont appris à ne plus être égoïstes, à prendre soin de quelqu'un... Ils t'aiment, Isaac. C'est juste qu'ils sont les plus maladroits à l'exprimer et qu'ils sont retombés dans leurs travers. Mais ils tiennent à toi, ça, je n'en doute pas une minute !"
Isaac lui adressa un sourire reconnaissant :
"Merci, Alicia. Qu'est-ce que je ferais sans toi ?"
"Tu serais perdu !" plaisanta la jeune fille en riant.
Le duo continua à guider leurs amis, le tout sous les regards amusés de ces derniers qui sentaient bien que quelque chose se passait entre les deux adolescents.
Pendant ce temps, à l'extérieur du Royal Albert Hall, la situation était de plus en plus tendue : entre les journalistes qui cherchaient à en savoir plus, les policiers qui faisaient leur enquête, les pompiers qui aidaient les spectateurs et les parents au bord de la crise de nerfs, rien n'allait plus !
"Mais qu'est-ce qu'ils fabriquent, à la longue ? Ils ont oublié qu'il y a mon fils qui est sans doute blessé !" s'énerva Mr. Song.
"Du calme, Xiao Long : ils sont en train de faire tout leur possible pour leur porter secours ! Mais il faut les laisser travailler !" lui dit Molly calmement.
De son côté, Greg menait ses hommes dans l'enquête tout en se demandant comment la scène du Royal Hall avait pu céder avec une telle violence... en emportant 6 innocents, dont sa propre fille, dans une chute terrible.
Secouant la tête pour chasser ces idées sombres, le policier se répétait qu'il fallait rester fort pour Molly et Greyson, mais aussi pour ses amis et les parents qui avaient assisté impuissants à la tragédie.
Pendant ce temps, Sebastian passait des coups de fil au ministère de l'Intérieur pour gérer la situation, tandis que Serena restait auprès de ses autres enfants qui avaient été secoués en voyant leur soeur disparaître. Elle-même était terrorisée à l'idée que quelque chose de grave ne soit arrivé à Alicia. Et elle voyait dans les yeux de son mari qu'il était fou d'inquiétude...
Tandis que John prêtait assistance aux ambulanciers, Mary, Rosie, Alexander et Mrs Hudson tenaient compagnie à Ciaran, Esméralda et Solena, en attendant de savoir comment la situation évoluait, afin de se soutenir mutuellement dans cette épreuve. Mycroft, lui, leur apportait son soutien moral tout en contactant la monarchie pour savoir comment présenter les choses au public.
Quant à Sherlock et Jim, ils s'étaient mis à l'écart de l'agitation et essayaient de faire marcher leurs méninges pour comprendre ce qu'il s'était passé... et pour l'instant, aucun des deux n'était en mesure de donner une explication tant leurs esprits brillants étaient focalisés sur Isaac.
"Comment ça a pu arriver ? Comment ça se fait ?" marmonnait Jim en se passant nerveusement les mains dans ses cheveux.
"Je n'en sais rien... Tout était allé si vite !" lui répondit Sherlock, l'air hagard.
Les deux hommes restèrent silencieux un long moment avant que le criminel consultant ne lâcha d'une voix tremblante :
"Tu crois qu'il va bien ?"
"La rationnalité voudrait que je te dise qu'il n'a que 5% de chances de s'en être sorti indemne... Mais là, je n'ai pas envie d'être rationnel : je veux me dire qu'il s'en est sorti et qu'il n'a rien. Isaac est loin d'être un garçon sans ressources : on lui a appris plein de choses et il s'est avéré qu'il était comme nous, Jim : un génie !"
Mais son compagnon secoua la tête négativement :
"Non, Sherlock. Il n'est pas comme nous : certes, c'est un génie, mais lui est plus sociable, plus empathique que nous deux réunis. Et quant à son apprentissage, on lui a certes appris plein de choses, mais il en sait bien plus qu'on ne l'imagine... et ça, il n'a pas eu besoin de nous !"
De leur côté, le petit groupe s'avançait dans les égoûts, s'éclairant avec leurs portables tout en faisant attention à ne pas tomber dans l'eau sale et essayant de se tenir chaud. Alors qu'ils poursuivaient leur route, Helen demanda :
"Est-ce quelqu'un sait où on se trouve, à peu près ?"
"Pas vraiment... Et je crois que je me suis trompé de sens !" marmonna Isaac.
"C'est à dire ?
"Je constate qu'on est en train de se diriger vers l'ambassade de Bulgarie, ce qui très loin de l'entrée du Royal Hall ! Mais quel idiot, j'aurais dû voir ça !" s'énerva le jeune homme en se frappant le front.
"Pas grave : même les meilleurs se plantent !" le rassura Joshua.
Regardant autour d'elle, Tina se visualisa le plan du quartier dans son esprit avant de suggérer :
'Hey, j'ai une idée : en faisant demi-tour de 20 mètres, on pourrait longer la rue Kensington Gore en passant près du RCA Students Union. Comme ça, on bifurque à droite et on arrive devant l'entrée !"
"Excellente idée, Titi ! Allons-y !" déclara Alicia.
Revigorés, ils reprirent la route vers l'entrée du Royal Albert Hall... sans se douter qu'au même moment, leurs parents désespéraient lorsque les pompiers sont revenus bredouille de leurs recherches - il a fallu mettre Mrs Fresnay dans une ambulance après qu'elle eut fait un malaise.
En entendant cela, Jim et Sherlock devinrent pâles comme la mort : ça n'était pas possible... Ils venaient de perdre leur fils ! Mais au fond, ils comprenaient qu'ils avaient commencé à le perdre en ne se préoccupant que d'eux-mêmes et non plus de lui.
Chancelant, Jim s'assit dans sa voiture et essayait de lutter contre les larmes qui menaçaient de couler : il avait la sensation qu'on lui avait fait payer tout le mal qu'il avait fait en lui arrachant son fils. Il avait beau être un monstre de sang-froid, personne n'avait autant d'importance à ses yeux que Isaac.
Quant à Sherlock, il était tout aussi blême : pourquoi chaque fois qu'il s'attachait à quelqu'un, cela finissait mal ? D'abord Serena, maintenant Isaac... A croire que son perpétuel égoïsme l'arracherait à ceux qu'il affectionnait. Mais perdre son fils, il n'était pas sûr de s'en remettre.
Sebastian et Serena, eux, essayaient de ne pas s'effondrer en apprenant qu'ils avaient perdu leur fille : désormais, ils allaient devoir apprendre à vivre avec ce manque et Matthias, Valentin et Eléanore devront dire adieu à leur soeur adorée. Même Lord Moran, d'habitude si stoïque, ne pouvait cacher sa douleur face à la disparition de sa petite-fille tant aimée.
Leurs amis étaient tous aussi bouleversés : en venant dans cette salle, ils étaient loin de s'imaginer qu'une telle tragédie pouvait se produire. Maintenant, ils devaient se préparer à faire leurs adieux.
Quant à Greg, en plus d'être touché par la disparition de sa fille, il avait appris avec horreur que les enquêteurs ont trouvé des restes de dynamite sous la scène, indiquant que ceci était l'oeuvre d'une attaque terroriste. Mais qui était le responsable ? Rien ne pouvait l'indiquer pour l'instant... La seule chose qu'il pouvait faire était de rester auprès de Molly pour la soutenir dans l'épreuve qui attendait leur famille.
Greyson, bouleversé, s'était mis un peu à l'écart pour essayer de canaliser toutes les émotions qui affluaient dans son esprit : pour lui, ça allait être plus compliqué de gérer l'absence de sa soeur qui était sans doute sa meilleure complice et sa meilleure amie. Une seul, il se mit dans un coin et pleura toutes les larmes de son corps, tout en regardant sur son téléphone les photos où figurait sa soeur.
Et alors qu'il commençait son deuil, il sentit que ça bougeait sous ses pieds. Se décalant, il vit que la plaque d'égoût sur laquelle il se trouvait quelques minutes auparavant se soulevait légèrement, mais pas assez pour s'ouvrir. Surpris, il s'exclama :
"Mais c'est quoi ce délire ?"
Il n'était pas au bout de ses peines !
"Greyson ? Ouvre-nous !"
"Helen ?"
"En personne, frangin ! Ouvre, on étouffe !"
Sans poser davantage de questions, le jeune homme souleva la plaque et il vit sortir les six jeunes musiciens, couverts de poussière et un peu hagards, mais sains et saufs. Toujours aussi secoué par ce qu'il venait de voir, Greyson se précipita vers l'équipe de secouriste les plus proches et leur demanda de l'aide.
Quelques instants plus tards, les six furent pris en charge par les ambulanciers pour être auscultés. En attendant leurs familles, ils patientèrent en se tenant mutuellement compagnie. Installés sur la marche de l'ambulance, Alicia et Isaac discutèrent :
"Tu as été incroyable, Isaac ! Sans toi, on ne serait jamais sortis de ce pétrin !"
"Ouais, mais bon : j'ai quand même réussi à nous paumer !"
"Ne te sous-estime pas : ces choses-là arrivent !"
Se rapprochant, la jeune fille posa sa tête contre celle de son camarade. Revigoré par son geste, Isaac se lança :
"Je voulais te dire... Avant que tout cela n'arrive... Je t'ai observé en train de jouer du violon... Et tu étais tellement belle, tellement talentueuse... J'avais l'impression que plus rien n'existait autour de toi..."
Amusée, Alicia releva la tête et demanda:
"Et tu le penses ?"
"Depuis longtemps... Tellement longtemps..." répondit Isaac qui embrassa Alicia qui répondit avec plaisir... le tout sous les yeux amusés de leurs camarades et de leurs parents.
Et lorsque Jim, Sherlock, Serena et Sebastian arrivèrent sur les lieux, ils virent leurs enfants respectifs s'embrasser... et les réactions ne se firent pas attendre !
"QUOI ?!" s'écrièrent les locataires du 221B Baker Street.
"PAS TROP TÔT !" sourirent Mr. et Mrs. Moran.
De leur côté, les deux adolescents profitaient de l'instant pour savourer leur triomphe d'avoir pu dévolier leurs sentiments, enlaçés et heureux. Lorsqu'ils aperçurent leurs parents, ils durent se séparer à regret... mais ils se promirent de se revoir plus tard. Et alors qu'Alicia rentrait chez elle avec sa famille, Isaac resta seul avec ses pères dans un silence gênant.
Jim fut le premier à essayer de briser la glace en voulant prendre son fils dans ses bras :
"Isaac..."
Mais ce dernier ne semblait pas disposé à recevoir l'affection paternelle : trop de souvenirs douloureux étaient remontés à la surface à l'instant où leurs regards s'étaient croisés... Voyant le malaise, Sherlock tenta une approche affectueuse :
"Tu... Tu as livré une performance impeccable, ce soir ! Même moi, je n'aurais pas fait mieux !"
La réponse d'Isaac ne se fit pas attendre :
"Vous aviez remarqué ? Pourtant, j'ai pensé que vous étiez trop occupés à vous crêper le chignon - pour la énième fois - pour constater quoi que ce soit..."
"Tu... Tu nous as vu ?" demanda Jim, mal à l'aise.
"Oui, et je suis étonné que tout le Royal Albert Hall ne vous ait pas entendu... Mais bon, ça, je suis devenu familier avec ce genre de scènes depuis au moins 7 ans."
"Je t'avais dit de faire gaffe qu'il ne nous voit pas !" s'énerva Sherlock.
"Et vas-y, dis que c'est de ma faute !" râla Jim
"STOP ! De toute façon, même si je ne vous vois pas, je vous entends jusque dans ma chambre ! Et je ne vous parle pas de l'immeuble en lui-même : heureusement qu'à part nous-même et Mrs Hudson, il n'y ait pas d'autres occupants !"
Le jeune garçon lâcha un long soupir :
"Le 221B Baker Street est ma maison, mon foyer... C'est ce que vous m'aviez dit quand vous êtes me chercher la première fois. Mais je ne peux pas appeler ça une maison quand je franchis le seuil et que la première chose que j'entends sont les insultes que vous vous balancez allègrement à la figure. Cela me donne l'impression que..."
Il se tut, visiblement triste.
"L'impression que quoi ?" demanda le détective.
"L'impression que je ne fais pas partie de cette maison : parce que, chaque fois que je voulais vous dire ce que j'avais fait à l'école ou quand j'avais besoin de votre aide, vous n'arrêtiez pas de vous hurler dessus et vous faisiez comme si je n'existais pas... Alors, quand j'ai eu l'occasion, je prenais mes affaires et j'allais chez d'autres personnes qui, eux, pourraient m'écouter et me guider... même si j'aurais aimé que ce soit mes pères qui m'aident. Oh, je ne dis pas que vous ne vous êtes jamais investis dans mon éducation, au contraire... Mais j'aimerais pouvoir rentrer chez moi une fois et ne pas entendre vos cris, mais soit le violon de Papa ou la radio de Daïdi jouant Staying Alive !"
"Mais pourquoi tu ne nous en pas parlé avant ?" demanda le criminel consultant, effaré.
La réponse était sans appel :
"Parce que je me suis dit que, si je venais à me plaindre... Vous allez me trouver médiocre, banal... et vous alliez m'abandonner... comme l'ont fait mes parents biologiques."
Là, les deux génies eurent l'impression de s'être pris un TGV en pleine figure : comment leur fils a pu en arriver à de telles conclusions ? Voyant l'absence de réaction chez ses parents, Isaac prit son portable et déclara :
"J'ai compris : je vais essayer de voir si Oncle Mycroft accepte de me loger chez lui ce soir..."
Cette phrase eut l'effet d'un éléctrochoc sur Sherlock qui prit son fils dans ses bras :
"Je te demande pardon, Isaac."
"Qu... Quoi ?" articula l'intéressé, surpris.
Sherlock défit son étreinte et fixa son regard dans celui de son fils :
"Je t'ai demandé pardon pour tout ce qui s'est passé. J'ai été égoïste, ou devrais-je dire, nous avons été égoïstes envers toi : lorsque tu avais besoin de notre aide, nous avons été incapables de t'écouter parce qu'on préférait se concentrer sur nos chamailleries alors qu'il y avait le plus important avec nous : toi."
Jim s'avança et poursuivit :
"De plus, ton père et moi avons payé cher notre égoïsme en perdant chacun la personne qui était notre âme soeur, il y a plusieurs années. Mais cela n'a pas d'importance, aujourd'hui : ce qui compte, c'est toi et rien d'autre. Je sais qu'on n'est pas les champions à ce niveau là, mais on t'aime plus que tout. L'éventualité qu'on ait pu te perdre ce soir... On ne se serait jamais pardonné une telle chose !"
Isaac observait ses pères qui attendaient sa réponse : il voyait dans leurs yeux la peur de le perdre et l'espoir qu'ils pourraient repartir sur de bonnes bases. Même si il leur en voulait terriblement pour leur bêtise, il les aimait quand même.
Esquissant un léger sourire, il mit son portable en veile et le ranga dans sa poche en déclarant :
"Dans ce cas, si vous êtes prêts à faire un effort, je suis prêt aussi à vous accorder une seconde chance... Je voudrais être sûr que ça ne soit pas des paroles en l'air !"
"ON TE LE JURE !" répondirent les deux hommes.
"Je vous crois... Est-ce qu'on peut rentrer à la maison, maintenant ?"
"Cela me semble une bonne idée... Rentrons !"
Et le trio prit le chemin du 221B Baker Street. Installé sur le siège arrière, Isaac lut les SMS de ses camarades qui lui proposaient de se revoir bientôt et le complimentaient sur sa relation avec Alicia.
En parlant de son amoureuse, elle lui envoya un message :
Est-ce que la symphonie s'est achevée sur une bonne note ? P.S : Je t'aime fort.
Souriant, il lui répondit :
"C'est même bien parti pour écrire une meilleure partition. P.S : Je t'aime fort aussi."
Se laissant aller dans les bras de Morphée, Isaac se dit que, dès demain, sa vie reprendrait son cours normal, à ceci près qu'il serait connu comme un miraculé, qu'il avait enfin déclaré sa flamme à celle qui était désormais sa petite amie et que ses pères allaient faire attention à lui.
Oui, sa symphonie serait bien plus belle, à présent...
Et voilà pour ce nouveau one-shot qui est, je crois, le plus long que j'ai écrit pour cette série !
J'espère qu'il vous aura plu en tous les cas !
Merci encore pour votre patience et votre soutien !
Bisous ! 😘🥰😍
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top