-Et alors ?

-Il n'a rien dit.

-Rien du tout. Enfin, au début...

Elle porta la main à sa poitrine douloureuse en remerciant intérieurement Enora d'être venue lui porter secours. Seule, elle n'y aurait jamais survécu.

-Et ensuite ?

-Il m'a ri au nez.

-Quel connard !

Elle était tellement fatiguée que la simple pensée de cette soirée désastreuse faisait monter en elle des émotions contradictoires. Et des larmes surtout. Peu importait la face qu'elle devait conserver devant qui que ce soit. Elle avait désormais un gigantesque- enfin, pour l'instant, il était encore assez minuscule- problème dans le ventre.

-Tu comptes le garder ?

-Jamais. Je hais les enfants. J'irais me faire avorter le plus vite possible.

-Il faut son autorisation.

-Non.

-Si.

La goutte d'eau fit déborder le vase. Elle n'avait pas 16 ans. Elle était sensée pouvoir faire ce qu'il lui plaisait de sa vie et son existence. Et ne pas vivre sous le joug du premier venu. Elle ne voulait pas de ce parasite ! Sa vie était déjà assez horrible comme ça. Elle se devait de ne pas garder ce truc ! Mue par la colère, la tasse qu'elle tenait dans la main se fracassa violemment sur le sol.

-ça va Laura ?

-S'il faut que je me racle l'utérus moi-même, je le ferai ! Putain ! Tu peux pas savoir à quel point je le hais... Je le hais...

Enora était désemparée face au désespoir de son amie. Elle n'avait jamais vécu de grossesse. Par contre, elle avait connu le fameux Arthur. Et comprenait pourquoi elle se mettait dans tous ses états.

- Calme-toi s'il te plaît. Raconte- moi la suite et on tentera de trouver une solution.

-Il...Il avait cru que... je me moquais de lui et que je disais ça pour...le garder...

-Pff... quelle excuse de merde... Et t'as fait quoi après ?

-J'ai vomi.

-Vraiment ? S'étonna Enora en tentant de réprimer un rire.

C'était déplacé. Très déplacé au vu du regard que son amie lui lança.

-Et que s'est-il passé après ? Vis-à-vis du restaurant.

-J'ai du passer une soirée aux urgences. Il a finalement du me croire.

Laura rit. Plus à cause de la fatigue accumulée que de sa « plaisanterie ».

-j'en ai marre...

Elle ramena sur elle sa couverture et s'affala encore plus son canapé.

-J'en ai marre...

-Je te comprends ma chérie... mais ça va s'arranger...

-J'espère... T'as de la bouffe ? Je crève la dalle...

-La grossesse, ça t'arrange pas... J'ai des Granola...

Tout en fouillant dans son sac, Enora observait sa meilleure amie du coin de l'œil. Elle avait de la peine pour elle tout en se demandant où était passée sa vierge effarouchée du lycée. Celle-ci était avachie comme si elle se remettait d'une horrible cuite, enceinte de 5 semaines, prête à se mutiler pour ne pas procréer.

-Bon, ça arrive ces putains de biscuits ?

En récompense de sa politesse sans égale, elle reçut le paquet dans la gueule.

-T'es sûre qu'il faut son autorisation ?

-Certaine. Pourquoi, il veut pas ?

-Il ne m'a pas expliquée, tout ce que je sais c'est qu'il ne veut pas que j'avorte et surtout d'entendre parler de moi à nouveau.

-Tu comptes faire quoi, à part ramasser les miettes de tasse ?

-Rien. Du. Tout.