The dusk of our lives

Falling in Love with You

La lumière orangée qui se couchait sur l'horizon lui éclatait les rétines. Brûlait la cornée de ses yeux. Mais brillait d'un éclat que Tony lui avait rarement vue. Peut-être parce qu'il ne l'avait jamais vraiment regardée. Peut-être parce que les dernières fois donnent aux couleurs cette lueur incandescente et morose qui illuminait l'homme en cet instant.

Il n'arrivait pas à savoir comment il se sentait réellement. S'il était triste, ou nostalgique. Ou heureux.

Thanos avait gagné. Définitivement. Et il n'y avait plus rien à faire désormais pour empêcher ça.

Ce soir était son dernier crépuscule.

Et il y avait cette petite radio ridiculement vieille et crépitante, qui passait des chansons d'un autre temps.

- Tony ?

Une voix vint briser le silence, et Tony voulut fermer les yeux pour retenir les émotions qui lui bloquèrent la gorge. Il ne bougea pas. Se contenta de continuer à observer l'horizon couleur de pêche, ignorant volontairement – et vainement – les petites aiguilles qui s'enfonçaient sous ses rétines, dans son cœur, dans son âme.

L'autre n'attendait pas réellement de réponse. Déglutissant, il prit une inspiration tremblante et se rapprocha lentement de l'homme immobile et tendu, tourné vers l'horizon. Quand, enfin, il arriva juste derrière lui, la gorge sèche, il ferma brièvement les yeux, et quand il les rouvrit, Tony avait tourné la tête vers lui.

Steve lui tendit sa main droite, une invitation polie.

L, is for the way, you look at me..., crépitait la radio, sur le rebord du toit.

Tony la considéra quelques instants, avant de lever les yeux vers Steve qui le fixait, le regard brûlant.

- Tu danses avec moi ? lui demanda-t-il d'une voix un peu rauque, et Tony sentit son cœur tomber dans sa poitrine.

- Oui, murmura-t-il en essayant de faire fi de sa gorge serrée.

Se retournant à demi, il tendit la main gauche vers la sienne, et leurs doigts chauds se rencontrèrent. Et c'était comme rentrer à la maison, tout à coup, dans ce soleil qui mourait...

Une fois que leurs mains se furent entrelacées, Steve tira Tony à lui, le faisant se lever, et ils furent tout à coup l'un en face de l'autre.

- Je ne sais pas danser, dit Tony en baissant les yeux sur leurs pieds proches.

Il essayait d'ignorer à quel point c'était aussi douloureux que délicieusement agréable d'être si près de Steve.

- Moi si.

Doucement, le blond lâcha une de ses mains pour la glisser sur la taille de Tony, aussi délicatement que s'il touchait une bulle sur le point d'éclater. Steve avait peur de le voir s'évaporer en un tas de cendres fumantes, à son tour.

Il le rapprocha de lui, passant sa main dans son dos, sans jamais le lâcher du regard, espérant y faire passer tout ce qu'il ne dirait jamais, tout ce qu'il avait toujours tu et qu'il n'avait plus le temps d'avouer désormais. Et quand, enfin, Tony osa croiser son regard, il sembla qu'ils seraient incapables de détourner les yeux.

Puis, Steve décala son pied vers la droite, les emportant tous les deux dans un tournoiement qui n'avait rien d'une véritable danse connue, et il se contenta de suivre le rythme de la musique qui les enveloppait, dans les rayons mélancoliques de ce soleil qui se couchait pour toujours.

Love was made for me and you.

Longtemps, aucun des deux ne dit rien. Pas un souffle, pas un chuchotis. Juste le chant de la radio qui crépitait, la brise qui secouait faiblement les cheveux décoiffés de Steve, et les battements frémissant de leurs deux cœurs à l'unisson.

- Si les choses avaient été différentes...

- Tony...

- Est-ce que tu aurais fait autrement ?

Tony n'était pas du genre philosophique. Il n'aimait pas s'appesantir sur ses sentiments, sur la nostalgie. Ce qui était passé, était passé. Mais avec Steve... avec Steve, c'était différent. Ça l'avait toujours été.

Et les yeux du blond étaient incroyablement tristes. Ils le regardaient avec une intensité telle que cela lui coupa le souffle.

- Oui. J'aurais fait les choses autrement.

Tony se contenta d'acquiescer, incertain de sa voix.

Ils continuèrent à tournoyer d'un pas infiniment lent, bercés par la musique envoûtante. La nuit tomberait bientôt. Le rideau se refermerait à l'aube de leurs vies.

Il n'y aurait bientôt plus qu'un tas de poussières d'étoiles à l'endroit où ils se tenaient. Plus de remords, plus de fierté, plus de tristesse. Alors Tony repoussa ses réticences, son égo mal placé, et posa lentement sa tête contre l'épaule de Steve, humant son odeur, appréciant sa chaleur réconfortante. Steve le serra plus fort contre lui, passant ses deux bras autour de son dos. Il l'enveloppa dans une étreinte qui sentait comme la maison... et jamais Tony n'aurait cru qu'il se sentirait autant en sécurité dans les bras de Steve. Comme si rien ne pourrait plus jamais l'atteindre, ainsi protégé.

Ses yeux s'humidifièrent et sa gorge se serra davantage.

- Je me serais excusé quand j'en ai eu l'occasion, à New-York, ajouta Steve après un long moment, la voix rendue rauque par l'émotion. Je t'aurais embrassé pour la première fois quand tu t'es réveillé après avoir sauvé tout le monde.

Tony sourit à travers ses larmes qui refusaient de couler, et il renifla légèrement.

- Je ne t'aurais jamais trahi ensuite. Je serais resté avec toi, et un jour, je t'aurais amené à Brooklyn pour te montrer où j'ai vécu. Je t'aurais demandé en mariage, et tu m'aurais dit oui, bien sûr, continua-t-il avec un petit sourire.

Tony eut un petit rire étranglé, et il resserra sa prise autour de Steve, tandis qu'ils continuaient à tournoyer lentement. Steve rit faiblement, puis il appuya sa tête contre celle de Tony.

- Et ensuite on aurait adopté un enfant.

A ces mots, le brun redressa la tête pour croiser le regard de Steve d'un air vaguement amusé. Mais ses yeux... ses yeux étaient incroyablement tendres. Steve ne l'avait jamais vu le regarder comme ça.

- Un enfant ?

- Mhmh, lui sourit doucement le blond, ses yeux d'océan devenus clairs et ondoyants. Ça aurait été un garçon – et on l'aurait appelé Peter, comme mon oncle excentrique.

- Tu crois vraiment que ça aurait pu se passer comme ça ? Je veux dire... tu me connais.

Steve le regarda longuement, comme s'il sondait son âme à travers son regard, et Tony sentit ses genoux faiblir. Parce que ce qu'il voyait, lui, dans les yeux de Steve... ce n'était rien d'autre que de l'amour pur et fondu, qui brillait entre les stries bleu foncé de ses iris.

- En tout cas j'aurais aimé que ça se passe comme ça, murmura Steve après un très long moment de silence.

- La maison, les enfants, le jardin, la clôture blanche et le chien, hein ?

- A peu de choses près.

- Ouais, chuchota Tony en reposant son front contre l'épaule de Steve. J'aurais aimé aussi que ça se passe comme ça.

Il aurait aimé que ça se passe comme ça. Mener une vie normale, ponctuée des chagrins de la vie, de ses drames et de ses amours.

Il ne restait plus que ce moment pour eux, désormais. Plus de vie remplie de rires et de disputes tempétueuses, de premières fois à deux, puis à trois. Pas de Peter, ni de chien, ni de jardin. Pas de bague en or à leur annulaire, pas d'union scellée pour toujours.

Seulement des remords, des non-dits, des mots jamais prononcés, des rancœurs et des âmes morcelées.

- Tu sais, il n'est jamais trop tard..., finit par dire Tony en se détachant de son épaule à regret pour le regarder. Bientôt, il ne restera plus rien de tout ça. De toutes ces années gâchées.

Et ça lui fit mal, de voir comme Tony les voulait aussi, ces années de rires et de disputes tempétueuses, de premières fois à deux, puis à trois. Ça lui fit mal parce que c'était tout ce à quoi il avait toujours aspiré, et la seule chose pour laquelle il n'avait jamais eu le courage de se battre.

Steve Rogers n'aurait renoncé qu'à une seule chose dans sa vie, et ce n'était autre que Tony Stark.

Il n'y avait plus de lendemains, pour eux, plus de longues nuits sous les étoiles, à l'abri d'une voiture perdue au milieu de nulle part. Il n'y aurait jamais de rires et de disputes tempétueuses, de premières fois à deux, puis à trois. Il n'y aurait plus que ce seul moment de vérité, de cœurs à découvert.

Et ça faisait mal.

- Je...

Tony inspira, détourna le regard. Le soleil se couchait presque sur l'horizon.

Bientôt, il n'y aurait plus rien.

- Je sais, murmura Steve, attirant l'attention de Tony vers lui.

Et la gorge de Tony se serra. Bien sûr que Steve savait. Il avait toujours su.

Tomber amoureux de Steve Rogers avait été la chose la plus facile du monde. Le lui avouer, la plus impossible. Et maintenant...

- J'aurais voulu... j'aurais voulu tout ça, Steve, mon Dieu, je – je veux revenir en arrière, recommencer, et –

La panique s'emparait doucement de lui, le rendant tremblant et le souffle coupé. Il voulait, il voulait désespérément retourner en arrière et réparer ses erreurs, parce que, mon Dieu, pourquoi s'était-il refusé ce bonheur-là ?

- Shhh, le rassura Steve en s'arrêtant de tourner pour prendre le visage de Tony entre ses mains, en voyant qu'il commençait à perdre pied.

Love was made for me and you...

Love is all that I can give to you...

Love is more than just a game for me and you...

- On est là maintenant. Je suis là.

Et quand ils seraient partis, il n'y aurait plus ce vide qu'ils ressentaient. Cette immense détresse, ce profond regret.

Le soleil se coucha sur l'horizon, éteignant la lumière, et le silence se fit.

Ce ne fut qu'au moment où leurs lèvres s'effleurèrent pour la première et dernière fois, que le couperet retomba.

Et à l'endroit où s'étaient tenues deux âmes décharnées au cœur meurtris, une brise souleva les cendres d'étoiles qui restaient d'eux, les dispersant dans l'air vide et froid de cette vie désormais oubliée.

Parce qu'il n'y aurait plus personne maintenant pour se souvenir de Steve Rogers et Tony Stark, et de ce qui les avait liés. 

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