29. Renoncer ?

Alors que je la regarde rentrer dans son immeuble, je me demande sincèrement si je ne vais pas finir par mourir dans les secondes qui suivent. Les battements de mon cœur se heurtent avec violence dans ma cavité cardiaque. J'entends presque mon sang pulser dans tout mon être et n'ayant qu'une idée fixe rebondissant tout aussi violemment dans mon esprit : MAIS QU'EST-CE QU'IL M'A PRIS DE FAIRE TOUT ÇA ????

Qu'avais-je espéré secrètement lorsqu'elle m'a demandé de venir la chercher ???

Avoue Kakashi !!

J'aurai tant voulu qu'elle me tombe dans les bras !! Qu'elle ne voit en moi que celui qui lui fait oublier l'espace d'un instant ses démons et notamment cet arrongant prétentieux d'Uchiha !! Je voulais qu'elle me considère tel un sauveur pour .... pour quoi ?!? Satisfaire uniquement mon ego. Flatter ma certitude que notre différence d'âge fait de moi celui qui détient la sagesse de la guider.

Et je comptais sur quoi pour faire ça ?? L'ambiance feutrée du Sharingan afin d'exercer sur elle ma force de persuasion afin de l'emmener vers un monde fantasmé et déformé par le tabou qu'il représente en lui même !!

J'en ai la nausée rien que d'y penser. Je me serai rabaissé à ça ?! Vraiment ?!? Le dégoût de moi-même est remplacé quasiment instantanément par une sorte de colère toujours dirigée contre moi.

Je ne peux pas continuer sur cette voie. Je ne peux pas écouter ma tête qui me dit de quand même de persévérer dans cette séduction qui ne mènera à rien de toute manière ou si peu : une passion intense et dévorante, sûrement pleinement satisfaisante pour le corps et les sens. Mais Sakura se résume-t-elle à ça ? Je me refuse à l'utiliser ainsi. Elle n'est point un objet qu'on prend et qu'on jette. Les femmes, tout comme les hommes, ne devraient pas être considérés comme des objets que l'on peut utiliser selon nos bons vouloir. Je ne le sais que trop bien et j'ai trop de respect pour elle pour écouter ce que me dit ma tête.

Je finisdonc par rentrer chez moi, résolument déterminé à faire cesser cette folie quia commencé et qui n'aurait jamais dû. Et je l'ai donc appliqué dès le retour au travail. Sakura n'ayant pas cherché à me reparler de la fin de soirée ratée du week-end, cela m'a conforté à rester professionnel dans notre relation. Nous avions encore de nombreuses choses à voir ensemble pour Kusa et je voulais quand même avancer sur le projet d'Ame. Mais parfois, bien que la raison semble avoir décidé une chose, notre coeur n'en fait que selon sa propre volonté.

J'avais pourtant décidé. Je me pensais plus fort que cela. Mais dès qu'elle a franchi la porte du bureau ce matin, mon regard a croisé le sien. La lueur illuminant son visage m'a alors percuté de plein fouet, me faisant oublier les résolutions prises et répétées sans cesse depuis la veille. Et je sais que ce n'est pas qu'une attirance physique qui me perturbe autant. Non, j'ai cette sensation que cela va au-delà de l'apparence qu'elle a pourtant magnifique. Cette femme possède en elle quelque chose qui me chavire à l'intérieur. Ma rationalité semble être totalement mise à rude épreuve et surtout poussée à ne pas fonctionner. Toute mon âme me crie de cesser de me poser des questions et de foncer tête baisser vers elle. D'apprendre à l'aimer et de l'aimer autant qu'elle le mérite. Je souhaite la voir sourire, la savoir heureuse et épanouie. Je souhaite tout un tas de choses mais je suis alors ramené à la réalité de la vie lorsqu'elle me dit de sa voix si douce mais si neutre et déterminée :

Nous ne devrions pas perdre de temps. Il nous reste tellement de choses à voir pour le projet de Kusa et j'aimerai pouvoir ne pas travailler le vendredi puisque je prends l'avion le samedi matin. Pensez-vous arriver à finir de me donner les éléments nécessaires pour que je puisse me débrouiller seule là-bas ?

Son ton est si distant, si professionnel que je ne peux que me résoudre à faire ce que j'avais tantôt décidé : Ne pas laisser libre court à ce que me hurle mon âme. Cela doit sûrement se dérouler ainsi. Elle aura été un court instant de trouble. Et,  dans quatre jours cela ne sera qu'un souvenir resté à l'état de fantasme inassouvi. Je devrai rapidement m'en remettre.

Mais à peine nous remettons-nous à travailler assidûment que nous sommes dérangés par l'arrivée de Sasuke Uchiha. Je sens mon corps se crisper dès que j'ai vu sa silhouette se poster dans l'encadrement de la porte, fixant intensément la rose et en ignorant allègrement ma présence. Je n'ai pourtant jamais douté de mon apparence physique et je ne me suis jamais senti inférieur à un autre homme de mon entourage.  Mais en présence du jeune Uchiha, je me sens comme en compétition avec lui. C'est sûrement puéril comme attitude, j'en ai bien conscience mais je veux qu'il se rappelle que je ne suis pas n'importe qui et qu'à ce jeu de la virilté, je ne me laisserai pas impressionner par lui.

Sakura est également crispée à côté de moi alors que nous sommes installés sur le canapé du bureau, les documents éparpillés sur la table. Je me lève et accueille l'homme qui n'a toujours pas dit un mot depuis qu'il est devant nous.

Mr Uchiha ! Qu'est-ce que je peux faire pour vous ? Dis-je en lui serrant la main par politesse avec une force un peu plus vive que d'habitude ! Je ne compte pas lui broyer les os de la main mais...
Le brun me fixe un instant, serrant également un peu plus fort que la normale avant de récupérer sa main. Il dit alors de sa voix emplie de certitude et d'arrogance :

Je souhaiterai participer à vos échanges. Il va de soi que Sakura n'a pas autant d'expériences que vous sur le système Chidori. Et j'aimerais en connaître l'essentiel pour m'assurer que l'installation du Tsukuyomi Palace se déroule sans accro. Vous n'y voyez aucun inconvénient ? N'est-ce pas Hatake ? Il en va de la réputation de la SNE.

Celle-là je ne l'avais pas vu venir mais je ne peux pas refuser sa proposition. Professionnellement parlant il a raison. Et même si cela me hérisse le poil de l'admettre, je m'entends lui dire :

Bien évidemment que vous pouvez vous joindre à nous. Sakura a déjà intégré la majorité du système de fonctionnement mais une deuxième personne ne sera pas de trop pour veiller à la bonne installation du Chidori sur Kusa. Et vous êtes le plus à même pour cela.

L'Uchiha m'accorde un sourire plein de satisfaction non feint. Je commence déjà à regretter ma décision.

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A suivre

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