IX. Bienvenue en Enfer.

Une petite brise vint souffler sur le visage d'Oniel alors qu'Akin et lui s'enfonçaient plus profondément dans la forêt, Akin lui tenant la main et guidant ses pas comme le ferait une mère avec son enfant.

Oniel avait la tête haute, comme pour dire qu'il assumait son choix, mais en réalité, une partie de son être commençait déjà à regretter amèrement.

Chaque pas qu'il faisait était en train de l'éloigner du Paradis.

Son Paradis... Sa patrie, sa terre natale... La seule chose qu'il ait jamais connue, et la seule chose qu'il pensait pouvoir connaitre. Il ne reverra probablement plus rien d'elle.

Cette seule pensée fit regretter Oniel de plus bel.

Il ne verra plus sa maison... Ni son nuage... Ni les arbres entre lesquels il aimait tellement voler... Ni les bonnes gens du Paradis...

Ni son père.

Le cœur d'Oniel loupa un battement à cette réalisation.

Il n'arrivait pas à le croire ! Pas un seul instant il n'avait pensé à son père !

Qu'est-ce qu'il va bien pouvoir penser quand il verra que je ne rentre pas ...?!

Oniel faillit faire demi-tour sur le champ, mais la petite pression qu'Akin appliqua à sa main au même moment l'en empêcha.

- Tout va bien ? Lui demanda silencieusement ce dernier.

Oniel lui répondu avec un petit hochement de la tête, incapable de faire plus.

Il commençait sérieusement à regretter.

Mais... Bien qu'il se sente vraiment mal... Il avait aussi l'impression qu'il ne pouvait plus y avoir de retour en arrière.

Voyager a toujours été un vieux rêve, pour lui. Enfin... C'était plus un fantasme qu'un rêve, étant donné qu'il ne pensait pas pouvoir le réaliser un jour, mais maintenant qu'il le pouvait... Maintenant qu'il était réellement en train de partir... Il se sentait plus libre que jamais... Et l'adrénaline qui remplissait ses veines forçait immanquablement ses pieds à continuer l'aventure. (N/A : je ne sais pas pourquoi, mais après avoir écrit ça, je n'ai pas arrêté de chanter "Partir là-bas" de La Petite Sirène, puis je me suis tapée toutes les chansons Disney sur YouTube XD)

Oui... Il n'y a plus de retour en arrière. C'est maintenant ou jamais.

Alors Oniel releva la tête et regarda droit devant lui, se sentant - plus ou moins - prêt à découvrir le monde inconnu qu'il allait affronter.

Akin, conscient de ses conflits intérieurs, se contenta d'afficher un matois sourire en coin.

Navré, mon chou, mais même si tu le voulais, je ne te laisserais pas revenir sur tes pas. Tu es mien, à présent.

Akin aurait bien lâché un de ses rires diaboliques après cette pensée, mais ça aurait été un chouïa suspicieux.

Plus ils avançaient, plus les arbres devenaient denses et plus il commençait à faire sombre. Oniel, qui n'avait pas pris la peine d'observer autour de lui jusqu'ici, balaya rapidement les lieux du regard, mais ne vit pas grand chose, à cause de l'obscurité.

C'est à peine si je peux voir où je marche...

Soudainement, plusieurs petits points lumineux, groupés deux à deux, apparurent un à un dans l'obscurité.

Qu'est-ce que c'est ?!

- Ce sont des elfes, l'informa nonchalamment Akin. Comme tu le sais, Oudetérous est une zone neutre, alors certains êtres ont jugé bon d'en faire leur habitation.

- Des elfes ? Répéta Oniel, les yeux s'illuminant rapidement de curiosité. De quoi ont-ils l'air ?

Akin claqua alors des doigts et la forêt qui auparavant était aussi sombre que son âme, fut soudainement baignée d'une lumière semblable à celle du jour.

De brusques bruits de fuites se firent entendre et Oniel n'eut que quelques fractions de secondes pour apercevoir de petits hommes verts à la taille lilliputienne, habillés des feuilles violettes d'Oudetérous, se ruer derrière les troncs d'arbres et sous les rochers, disparaissant de sa vue à la vitesse de la lumière.

- Quelles adorables créatures, gloussa Oniel. Mais pourquoi se cache-t-elles donc ?

- Ce sont des curieux de natures, expliqua Akin, mais, comme la plupart des habitants de cette forêt, ils préfèrent de loin l'obscurité à la lumière... Dans tous les sens du terme.

- Huh ? Fit Oniel, une page en retard, comme d'habitude. Qu'est-ce que tu veux dire ?

- Ils ne sont pas très amicaux, soupira Akin, voilà ce que je veux dire. Ils n'hésiteront pas à nous jouer de sales tours, alors il vaudrait mieux pour nous de les éviter. Ce n'est pas que j'ai peur d'eux, non - je veux dire, ces petites bêtes sont aussi fragiles que des mouches, encore plus face à moi - mais l'émanation de magie provenant de cet droit est traquée par ET le Paradis ET l'Enfer, alors si l'on ne veut pas attirer l'attention sur nous, il nous faut nous faire le plus discret possible.

Oniel voulut lui demander comment il savait tout cela - il n'a jamais entendu parler de cette histoire de traque - et pourquoi personne ne les avait attrapés si la magie provenant d'Oudetérous se faisait réellement traquée comme il le prétendait - car si tel était le cas, alors ils auraient déjà dû se faire prendre, avec tous les affrontements qu'ils ont eus - mais il décida de garder ces questions pour un moment plus propice. De tout façon, Akin lui répondrait probablement quelque chose dans les lignes de "je suis ici depuis plus longtemps que toi", alors à quoi bon. Il le découvrira par lui-même, plus tard.

- D'ailleurs, continua Akin, nous ferions mieux de finir le reste de la route en nous téléportant. La sortie n'est plus très loin, mais le chemin séparant Oudetérous de l'Enfer est beaucoup plus long et dangereux que celui qui sépare Oudetérous du Paradis, alors nous ne pouvons absolument pas la traverser à pieds.

À peine eut-il finit de parler qu'il attira brusquement Oniel contre lui, n'ayant eu qu'à tirer sur la main qui se trouvait toujours dans la sienne pour le faire, et ne put s'empêcher de sourire de satisfaction lorsqu'il sentit le cœur de ce dernier commencer à battre rapidement contre son torse (était-ce à cause de la surprise ou d'autre chose, allez savoir...).

Au même moment, il annula le sort d'illumination qu'il avait jeté à la forêt, et Oniel et lui se retrouvèrent alors à nouveau plongé dans le noir.

Plus aucun bruit ne se fit entendre ; pas même celui du bruissement des feuilles d'arbres. Les yeux d'Akin rutilèrent dans l'obscurité et Oniel les laissa l'hypnotiser pendant un court instant, baladant brièvement son regard entre les deux perles de rubis, avant de finalement revenir à ses sens.

- Q-qu'est-ce que tu fais ?! Bégaya-t-il en se débattant contre Akin pour tenter de se libérer de son étreinte.

- Comment ça ? Répondit innocemment Akin. Je m'apprête à nous téléporter.

- Je peux me téléporter tout seul, merci bien ! Riposta Oniel.

- Oh, mais oui, parce que tu as totalement déjà mis les pieds en Enfer avant, répondit sarcastiquement Akin. Aurais-tu oublié que l'on ne peut pas se téléporter à un endroit dont on ne connait pas l'itinéraire ? A moins que cela se passe différemment chez les anges, bien sûr.

- ...Non... Marmonna à contre-cœur Oniel.

- Alors c'est décidé, déclara Akin. Accroche-toi à moi.

- A- a-t-on a réellement besoin d'être aussi proche ?! Se plaignit Oniel. Ne peux-tu pas juste me tenir l'épaule ou quelque chose comme cela ?

- Impossible, répondit Akin. Il faut que l'on soit le plus proche possible, pour que je puisse te transmettre un peu de ma magie et dire à ton organisme où aller.

Mensonges. Ils n'avaient pas du tout besoin de proximité pour se téléporter et cette histoire de transmission était une invention cousue de fil blanc mais, évidemment, Oniel n'en eut pas la moindre suspicion. Akin, ce sale démon, cherchait juste une excuse pour "sentir" un peu la "marchandise".

- Oh, v-vraiment... Fit Oniel, dépité. Dans ce cas, je n'ai pas le choix...

Il enroula alors - avec très peu d'enthousiasme - ses bras autour d'Akin et, fermant les yeux, il posa sa tête contre son torse. Akin eut envie de se tordre de joie, mais se retint promptement. Il ne pouvait sérieusement plus attendre de pouvoir faire tout ce que son esprit dérangé voulait à Oniel ; il ne tenait quasiment plus en place.

Patience, mon cher Akin... Patience...

Prenant une petite bouffée d'air pour se calmer intérieurement, Akin ferma les yeux puis se concentra avant de se transporter, avec Oniel, à environ une demi-lieues des portes de l'Enfer.

Pouf!

Lorsqu'Oniel rouvrit les yeux, il ne pût s'empêcher de lâcher un petit cri, qu'il étouffa en plaçant une main devant sa bouche.

W-wow...

Tout était si... Obscur. L'exact opposé de tout ce qu'il connaissait. Le ciel était gris et sombre... Les quelques arbres qu'il y avait dans les environs semblaient torturés, et une lumière rouge et menaçante jaillissait de partout, mais sa principale source était... L'Enfer. Qui se trouvait juste devant ses yeux.

Il pouvait actuellement sentir toute la damnation, toute la misère et toute la souffrance qui émanait de cet endroit, comme le prouvait le long frisson qui le parcourut du bout des orteils jusqu'aux pointes des ailes, qui frétillèrent d'ailleurs légèrement. Il ne voulait même pas imaginer ce qui se cachait derrière les murs immensément hauts délimitant l'Enfer qu'il apercevait de là où il était.

- C'est une mauvaise idée, après tout, déclara-t-il après un moment en tournant les talons, s'apprêtant à faire demi-tour.

- Relaxe, rit Akin en le retenant par l'épaule. Ce n'est pas si mal, crois-moi.

- M-mais-

- Ne t'inquiète pas, le rassura Akin. Aussi longtemps que tu resteras près de moi, il ne t'arrivera rien.

Une étrange chaleur fleurit dans la poitrine d'Oniel à l'entente de cette phrase.

Qu'est-ce que...

- Mais avant... Continua Akin.

Il recula d'un pas pour avoir une meilleure vue d'Oniel.

- ...Changeons un peu ton apparence, continua-t-il.

- Huh ?! S'écria Oniel. P-pourquoi ?!

- Si tu entres en Enfer tel que tu es - avec cette apparence et cette aura sainte - tu pourras être sûr que tu ne passeras pas inaperçu, répondit Akin. On saura immédiatement que tu es un ange, et tu te feras capturer à coup sûr.

Oniel pâlit à cela.

- A-avais-tu réellement besoin de m'avouer cela ?! Se plaignit-il. Comme si je ne paniquais pas déjà assez comme ça !

- Ne t'inquiète pas, répéta Akin. J'ai déjà masqué ton aura avec mes pouvoirs, mais ton apparence pose encore problème. Cependant, ce n'est rien que je ne puisse arranger.

Ceci dit, lâchant un long 'hmm', il circula autour d'Oniel, tout en se caressant le menton.

- Que faire de ses ailes... Se murmura-t-il à lui-même. Tu y tiens probablement, alors j'imagine que les couper est hors de question, n'est-ce pas ?

- Quoi ?! S'exclama Oniel, abasourdit par le fait qu'Akin ait pu ne serait-ce que penser à couper ses ailes.

- Et les faire entrer dans ton corps sera péniblement douloureux, continua Akin. Que faire... Les teindre en noir, peut-être ? Cela me paraît acceptable... On pourra alors te faire passer pour un démon oiseau. Le problème, c'est qu'il n'y a pas beaucoup de démons oiseaux à haut rang, alors tu risques quand même d'attirer l'attention... (N/A : petit rappel sur le fait que seuls les démons à haut rang ou ceux qui le sont à demie ont une apparence humaine) Enfin. On reparlera des détails plus tard.

Hochant la tête d'un air décidé, il s'approcha alors d'Oniel et, prenant une mèche de ses cheveux entre ses doigts, il la frotta brièvement. En un instant, les cheveux d'Oniel devinrent plus noirs que l'ébène.

Puis il libéra un peu de sa magie et la laissa virevolter autour d'Oniel en petites lucioles bleuâtres. La peau d'Oniel pâlit - cette fois littéralement - sous son regard, et ses ailes se teintèrent peu à peu de noir.

Oniel était conscient qu'Akin était en train de faire des choses à son corps, mais il ne s'en soucia pas vraiment.

Du moins, pas pour l'instant, alors qu'Akin était aussi proche de lui.

C'était curieux, mais depuis ce baiser... Oniel se comportait de manière étrange, et il en avait lui-même grandement conscience. Il ne pouvait pas s'empêcher de regarder Akin, dès qu'il le pouvait. C'était comme si ses yeux étaient inévitablement polarisés sur lui.

Comme en ce moment, alors qu'Akin, occupé à faire son travail, avait son visage à seulement quelques centimètres du sien et qu'il le contemplait sans pudeur.

Akin ne faisait pas vraiment attention à lui - il avait les yeux sur lui, certes, mais son attention n'était pas actuellement sur lui, plus sur ses traits - et cela arrangeait grandement Oniel, car grâce à cela, il pouvait librement plonger son regard dans le sien, étant donné qu'il avait apparemment développé une drôle d'obsession avec les yeux d'Akin. Il les trouvait si... Sublimes...

- Que regardes-tu ? Demanda soudainement Akin, le ramenant à l'instant présent.

Ce n'est qu'une fois sorti de ses pensées qu'Oniel se rendit compte qu'il avait tord en disant qu'Akin ne le regardait pas, parce que ce dernier avait actuellement les yeux fixés droits sur les siens. Cette soudainement révélation déstabilisa légèrement Oniel et ramena du rouge à ses joues.

- R-rien, répondit-il, se raclant la gorge, en s'éloignant d'Akin. Aurais-tu fini ?

Akin leva un sourcil, semblant pendant un moment vouloir insister pour avoir une réponse plus satisfaisante, mais se décida finalement à laisser tomber.

- Oui, répondit-il.
- Qu'as-tu fait, de toute façon ? Demanda Oniel en observant une mèche de ses cheveux. Mes cheveux sont plus noirs... Et ma peau plus blanche. Est-ce tout ce que tu as changé chez moi ?
- Plus ou moins, répondit vaguement Akin. Tu ne te sens pas trop différent, j'espère ? Cela serait un problème.

Oniel plissa suspicieusement les yeux.

- Qu'as-tu fait ? Répéta-t-il, se montrant cette fois plus insistant.
- Pourquoi tant de méfiance ? Rit Akin. Ne t'inquiète pas, tu es toujours aussi attirant qu'avant.
- C-ce n'est pas ce qui m'inquiète ! S'exclama Oniel, rougissant légèrement.
- Mais oui, se moqua Akin. Bon, il est grand temps que l'on parte d'ici. Rester immobile trop longtemps est toujours une mauvaise idée, en Enfer. C'est le premier conseil que je te donne.

Sur ce, Akin se mit en marche, suivit de près par Oniel.

Durant le trajet, Akin remarqua rapidement qu'Oniel semblait... Distrait. Toutes les 2-3 secondes, il regardait furtivement autour de lui, comme s'il avait entendu un bruit - ce qui était probablement le cas (il y a toujours des bruits louches, sur les sentiers de l'Enfer).

- Tu as l'air effrayé, commenta-t-il avec amusement. Devrais-je à nouveau tenir la main de la damoiselle ?

Oniel lui lança un regard mauvais.

- Pour la énième fois ! Se plaignit-il. Je suis un guerrier ! Je peux me défendre de tout et n'importe quoi, et je n'ai absolument pas peur ! Pour tout te dire, je n'ai peur de... Rien...

Le "rien" d'Oniel s'affaiblit lorsqu'Akin et lui arrivèrent devant... Les portes de l'Enfer. Deux immenses portes de bois, ornées de pics sur les bords. Et bien qu'il ne fasse pas très clair, Oniel pouvait très clairement distinguer les... Têtes d'humains qui la décorait également. Certaines d'entre elles étaient encore ensanglantées, d'autres n'étaient plus que de vulgaires carcasses, et Oniel n'arrivait pas à croire qu'il voyait cela. Il aurait déjà vomi si le choc n'avait pas bloqué sa nausée.

Mais ce n'était pas tout.

Dans l'ombre, gardant les deux portes, se tenaient deux énormes... Créatures... Chauves... Sans vie... Ni yeux. Ni âmes. Elles faisaient près de 8 pieds de long et 3 pieds de large. Une espèce de bave verte s'écoulaient de leurs bouches et les épées les plus grosses qu'Oniel ait jamais vue étaient accrochées à la ceinture de leurs pantalons en cuir. Leurs dents étaient toutes pourries et elles grognaient dangereusement... À moins que ce soit les têtes.

Elles baissèrent légèrement la tête à l'approche d'Akin et d'Oniel (ce qui resserra la gorge d'Oniel), mais ne firent pas plus.

Du coup, Oniel faisait moins le guerrier. Mais n'oublions pas que c'est la première fois qu'il voyait ça.

- Jeune Lord ?

Un autre personnage sortit de l'ombre, surprenant à nouveau Oniel.

- Cicero, salua Akin.
- Que faites-vous là ? Demanda la voix de l'homme caché sous une longue capuche aussi noire que le reste.
- J'accompagne mon ami en ville, répondit tranquillement Akin en enroulant un bras autour des épaules d'Oniel.

'Reste calme' chuchota-t-il ensuite dans l'oreille de ce dernier.

- Et qui est-ce ? Demanda curieusement l'homme à la capuche. C'est rare que quelqu'un de l'extérieur vienne ici. Lord Lucifer est-il au courant ?

Oniel se raidit à ce nom. Lucifer.

- Il l'est, mentit Akin. Ouvre les portes, nous sommes pressés.

L'homme fit un signe d'acceptation de la tête puis claqua des doigts, ordonnant aux créatures d'ouvrir les portes. Ces dernières saisirent chacune une tête humaine - apparemment solidement accroché - et tirèrent.

Les portes s'ouvrirent lentement, faisant vivre un suspens horrible à Oniel, qui, les yeux écarquillés, attendait de voir ce qui se trouvait derrière les portes...

- Bienvenue en Enfer, messire, ricana alors l'homme à la cape.

Note : pas édité, pas relu, court et pourrie, mais c'est tout ce que j'ai pu faire en 2 jours de pause, désolée.
Bon, bye, je suis crevée et je dois me lever tôt demain 😣🔫

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