Flashback #6
1er Mars 2017 ~ 01h47
Techniquement cela faisait presque deux heures que nous n'étions plus le jour de son anniversaire, mais le jeune homme de dix-sept ans s'en fichait complètement. C'était encore sa soirée et il comptait bien en profiter.
Yaël, bien que sceptique au début face à cette sortie, était tout de même parvenu à enfin s'amuser. Ce sont ses amis qui l'avaient poussé à se rendre dans cette boîte de nuit parisienne pour célébrer son anniversaire. Le petit groupe n'était pas majeur alors, certes, ils pourraient rentrer, mais seulement à la condition de ne pas consommer d'alcool. Cependant c'était le cousin de Jules - plus fêtard que responsable - qui gérait les lieux et l'ami de Yaël l'avait alors convaincu de fermer les yeux sur leur présence et leurs faits et gestes. Jules, persuadé que c'était une bonne idée, avait donc insisté, certifiant qu'il s'agissait d'un bon moyen pour se changer les idées. Pour une fois que ce n'était pas Laura qui les entraînait dans un plan foireux !
Enfin, même si elle n'était pas à l'origine de cette idée, son amie s'était quand même précipitée pour acquiescer et convaincre Yaël. Une bonne sortie en boîte entre amis, à s'éclater jusqu'au bout de la nuit, ne se refusait pas, selon elle. Abel, lui, avait simplement haussé les épaules, une petite moue de contentement sur le visage, avant de suivre le mouvement, comme d'habitude.
Alors, ne pouvant leur résister, Yaël avait fini par céder à leur demande, se retrouvant désormais au milieu de ce club, la musique assourdissante perçant ses tympans. Et puis, si cela pouvait éviter à Jules et Laura de parler constamment de son ex, alors ça l'arrangeait. Les deux amis étaient convaincus que c'était ce qu'il lui fallait pour tourner enfin la page.
Yaël avait bien conscience que depuis sa rupture avec son premier petit copain, il y avait un mois de cela, il avait du mal à s'en remettre et retrouver le sourire. Mais plus que la fin de cette relation, c'était ce sentiment de trahison et cette impression de s'être fait avoir que le jeune homme avait du mal à digérer. En effet, son ex avait rompu quelques jours seulement après avoir couché avec lui pour la première fois, et visiblement c'était tout ce qu'il avait attendu de cette relation. Yaël en avait été dégoûté et profondément affecté, lui qui avait commencé à développer de réels sentiments. Des sentiments qui avaient commencé à enfin faire de l'ombre à ceux qu'il ressentait pour un autre.
Après la rupture, ses trois amis avaient alors pris le relai, lui apportant tout leur soutien. Et après avoir longuement insulté le jeune garçon qui avait fait souffrir Yaël, ils s'étaient mis en tête de l'aider à l'oublier.
Et finalement, après avoir décrété que cette soirée ne devait être qu'à propos de lui, Yaël avait réussi à ne plus penser à cet ex qui n'en valait de toute façon pas la peine. Et après des débuts hésitants, ne sachant pas quoi faire de son corps ou du verre qu'on lui avait mis dans la main, Yaël avait fini par se lâcher. Complètement se lâcher. Jusqu'à se retrouver au milieu de la piste à danser avec un garçon qui l'avait gentiment abordé.
Pendant de longues minutes, ils avaient laissé leur corps se mouvoir au rythme de la musique jusqu'à ce que le jeune garçon – Andréa, si Yaël se rappelait bien de son prénom, chuchoté dans une salle trop bruyante – décide d'aller fumer.
Hésitant, Yaël avait regardé autour de lui, s'inquiétant de savoir où étaient ses amis. Assis vers le bar, il repéra rapidement Abel, qui semblait encore perdu dans ses pensées, et Jules qui y était accoudé et dont les yeux semblaient fixer quelque chose devant lui. En suivant ce regard, Yaël remarqua Laura qui dansait comme une folle avec un garçon inconnu au bataillon sur la piste de danse, après s'être visiblement incrustée dans un autre groupe d'ami.
Ses amis étaient bien occupés, alors Yaël prit sa décision et suivit l'autre garçon jusqu'à cette allée à l'extérieur du club. Andréa s'adossa contre le mur et alluma sa cigarette, ne quittant pas Yaël des yeux. Ce dernier l'observait. Andréa devait avoir seulement un ou deux ans de plus que lui. Ses cheveux noir de jais retombaient sur son front et ses yeux clairs semblaient complètements hypnotisant. Quant à ce petit rictus séducteur, il le rendait mystérieux et attirant. Oui, Yaël le trouvait très beau.
Flatté d'être regardé de cette façon et conscient qu'il plaisait au bouclé, Andréa laissa ses lèvres s'étirer dans un sourire plus franc, amusé et victorieux. Ce fut sans aucune hésitation, alors, qu'il passa une main sur la nuque de son vis-à-vis pour le rapprocher de lui. Puis doucement, il avança ses lèvres jusqu'à les poser sur celle de Yaël dont le ventre se retourna à ce contact. Une douce chaleur remonta le long de son échine, une sensation si agréable qu'il se laissa faire, répondant au baiser avec un plaisir non retenu jusqu'à ce qu'il soit à son tour plaqué contre le mur.
Yaël ne se souvenait pas d'avoir été embrassé si passionnément avant cela, ni d'avoir ressenti tout ce qu'il ressentait à cet instant. Enfin si, peut-être une fois avant qu'il parte d'Angleterre, mais ce n'était pas le moment d'y penser. Non, il appréciait plutôt cette connexion qui s'était faite avec ce garçon qu'il connaissait à peine et profitait de ce qu'il lui offrait pour oublier tous ses tracas et fêter dignement son anniversaire.
Jusqu'à ce que des voix et des rires gras se fassent entendre à quelques mètres des deux garçons, jusqu'ici perdus dans leur bulle. Mais les éclats de rire et les râles bruyants de ces personnes très certainement alcoolisées devenaient de plus en plus encombrants, surtout lorsqu'ils remarquèrent les jeunes garçons, faisant alors éclater leur bulle.
— Regarde ! lança l'un à son ami, en riant. Les deux tapettes qui se mangent la bouche dans l'allée !
A ces mots, Andréa se crispa et se recula brusquement, laissant Yaël pantelant. Inquiet, il tourna la tête vers les deux hommes qui, malheureusement, s'approchaient déjà.
— Hé les pédés ! Vous avez pas honte de vous donner en spectacle comme ça, devant tout le monde ? Vous avez confondu cette allée avec votre trou à rat pour vous adonner à vos lubies dégueulasses ?
Yaël était figé, il ne savait pas comment réagir face à ces deux hommes qui les encerclaient désormais. Toujours acculé contre le mur, ses jambes étaient paralysées et il savait qu'il ne pourrait pas faire un pas sans devoir confronter un des deux idiots devant lui. Andréa, lui, était tremblant et cherchait une échappatoire.
Le premier coup partit sans prévenir, les esprits des deux hommes certainement trop embrumés par leur bêtise et l'alcool qui coulait dans leurs veines. Yaël se tenait le nez. C'était lui, la première victime. Et Andréa, profitant de ce moment de confusion, pris ses jambes à son coup pour sortir de cette allée, trop effrayé par ce que pourrait donner la suite de cette confrontation.
Yaël se retrouva alors seul face aux deux hommes inconnus et n'avait aucun moyen de se défendre. Il était coincé, acculé, et les coups de ses agresseurs pleuvaient avec une telle insistance et une telle force qu'il se retrouva rapidement replié sur lui-même au sol, douloureux.
Tout se brouillait, tout devenait sombre autour de lui alors que Yaël commençait à perdre espoir. Il se voyait déjà mourir ici.
Jusqu'à ce qu'une voix sévère ne s'élève et qu'un corps s'interpose. L'inconnu repoussa les agresseurs et les dégagea du corps tremblant et choqué de Yaël. Il aurait voulu les retenir afin de pouvoir les livrer à la police mais les deux hommes, lâches, s'étaient enfuis aussi vite qu'ils étaient arrivés.
Alors, doucement, l'inconnu s'approcha du jeune homme étendu sur le bitume et l'aida à se redresser. Yaël eut un mouvement de recul, un sursaut au contact de ce nouvel homme avec qui il était désormais seul dans cette allée. Toujours apeuré, il trouva tout de même la force d'ouvrir les yeux pour voir le visage de cet inconnu. Il tomba alors sur un regard ambré et un visage à la fois inquiet et bienveillant, encadré par des cheveux blonds comme les blés.
— C'est fini, souffla doucement l'inconnu. Je ne vais pas te faire de mal, d'accord ? Je m'appelle Camille. Et toi, c'est quoi ton prénom ?
— Yaël.
Le blond sourit tendrement à cette réponse. Etrangement, le brun avait envie de faire confiance à ce Camille. Quelque chose dans son visage avenant le faisait se sentir en sécurité.
— Hé ! Qu'est-ce qui se passe ici ! lança soudainement la voix de Jules qui, à peine arrivé dans l'allée, se rua sur Camille pour le repousser brusquement en le tenant par le col. Qu'est-ce que tu lui as fait ?
— Rien ! Rien du tout ! promis le blond, les deux mains levées en l'air. Quand je suis arrivé, il y avait deux types en train d'agresser ton ami. J'ai entendu des cris et je suis intervenu, je les ai fait fuir. J'aurais aimé les retenir pour qu'on appelle la police et qu'ils soient identifiés mais j'ai pas pu. Je vous promets que je n'ai pas touché votre ami.
Entre-temps, Laura s'était précipitée vers Yaël pour l'aider à se relever. Foncièrement inquiète, elle avait inspecté le visage de son ami avant de s'accrocher à lui, comme si elle avait autant besoin de sentir sa présence que, lui, avait besoin de la sienne. Abel, lui, était resté à quelques mètres, paralysé par cette vision, profondément choqué et affecté de voir son ami dans cet état-là
Yaël s'appuyait encore sur son amie lorsque Jules tourna la tête dans sa direction pour avoir une conformation de l'histoire qu'était en train de raconter le blond.
Sans aucune hésitation, le brun hocha la tête. L'inconnu n'y était pour rien. S'il y avait bien une chose que ce Camille avait faite ce soir, c'était de le sauver. Et Yaël lui en serait éternellement reconnaissant.
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14 Mars 2017 ~ 14h22
Le jeune homme aux boucles brunes avait eu envie de le revoir, ce garçon qui l'avait sauvé. Il avait besoin de le revoir, pour le remercier.
Ce fut alors Jules qui se proposa pour retrouver la trace de Camille, comprenant que c'était important pour son ami. Cette nuit là, c'était lui qui avait passé le plus de temps avec le blond, à lui parler, alors que les autres amis de Yaël avaient appelé une ambulance. C'était alors Jules qui en connaissait le plus sur cet homme qui leur était encore inconnu.
Et puis, sans que Yaël ne comprenne jamais comment, Jules avait toujours eu accès à des contacts dans toute la ville. Le brun trouvait ça fascinant, et très utile dans des cas comme celui-ci.
C'est ainsi, avec l'aide de Jules et celui des réseaux sociaux, qu'ils avaient pu retrouver et contacter Camille. Et les deux hommes n'étaient plus qu'à quelques minutes de se rencontrer, pour une deuxième fois, mais dans un contexte beaucoup plus sain. Impatient, mais aussi terriblement angoissé, Yaël regardait avec hésitation la devanture de ce café typiquement parisien.
Jules avait certifié à son ami que Camille se trouverait là, acceptant ce rendez-vous, et il lui avait aussi fait promettre de l'appeler dans la seconde si ça se passait mal. Jules avait toujours été très protecteur envers ses amis, et encore plus après ce que Yaël avait vécu.
Finalement, Yaël se décida à avancer et, d'une main tremblante, il tira la porte du café avant de faire quelques pas à l'intérieur. Le jeune homme regarda autour de lui jusqu'à remarquer ce visage dont il se souvenait parfaitement. Timidement, il traversa la salle et s'arrêta devant le jeune homme blond qui l'accueillait avec un franc sourire.
— Bonjour, souffla Camille, ses grand yeux dorés pétillants.
— Salut.
— Je t'en prie, assieds-toi, l'invita le blond en montrant la chaise en face de lui d'un geste doux.
Yaël s'exécuta et pris place en face de Camille, croisant ses mains moites devant lui. Il n'osait pas encore prendre la parole, ne sachant pas comment engager la conversation. Alors il garda un instant le silence et n'ouvrit la bouche que pour commander un café lorsqu'un serveur s'approcha.
Camille continuait de le regarder avec bienveillance, lui laissant le temps d'être un peu plus confiant en sa présence. Le blond n'avait rien laissé paraître, mais il avait bien vu les traces de l'agression dont Yaël avait été victime, toujours présentes sur le visage du brun. Un hématome sur le point de s'estomper habillait pourtant toujours sa joue et le bas de sa lèvre fendue guérissait doucement. Le cœur de Camille se serra pour le brun, il ne comprenait pas comment ce genre d'agression pouvait encore se produire à leur époque.
— Tu voulais me voir ? lança finalement le blond une fois le café de Yaël servi.
— Oui, je... en fait je voulais te remercier, murmura doucement Yaël en osant enfin relever les yeux. Pour l'autre jour. Merci d'être intervenu et de... de les avoir arrêtés.
Camille adressa à Yaël un petit sourire de compassion. Il ne pouvait s'empêcher de trouver le brun adorable. Sa timidité mais aussi cet accent anglais qu'il avait bien remarqué étaient charmants.
— C'est normal, certifia le blond. Je n'allais pas rester sans agir et les laisser te faire du mal alors que j'étais témoin d'un acte comme celui-ci. Je ne me serais jamais pardonné de n'avoir rien fait. Comment tu te sens, toi, après tout ça ?
— Je... je sais pas. Choqué. Effrayé. J'ai passé toute une semaine enfermé dans ma chambre après ça. Et encore aujourd'hui j'ai peur de sortir de chez moi, parce que j'ai peur que ça recommence. Je t'avoue que j'étais pas très à l'aise à l'idée de venir jusqu'ici pour te voir, même si je tenais à te remercier, mais je sais que Jules est dans le parc juste à côté et qu'il n'attend qu'un signe de ma part pour débarquer, donc ça me rassure.
— Tu as l'air d'avoir de très bons amis, sourit Camille.
— Oui, ils sont géniaux, confirma Yaël. Ils ont toujours été là pour moi et cette semaine ils se sont relayés pour venir me voir et prendre de mes nouvelles. Ma famille aussi est très présente pour moi. Ma petite sœur, je... je crois qu'elle a eu peur aussi de voir revenir son frère dans cet état-là, elle ne me lâche plus depuis. Elle n'a que six ans. Et mes parents, ils sont en colère. Ma mère a beaucoup pleuré.
— Je suis désolé, murmura le blond. Personne ne devrait subir ça, et j'espère que vous pourrez tous vous en remettre. Je te le souhaite, Yaël. Tu as porté plainte ?
— Oui, le lendemain. Ça a été la seule fois où j'ai accepté de sortir de chez moi. Mes parents m'ont convaincu de le faire, et de toute façon je voulais porter plainte. C'est important, je pense. Mais on n'a pas beaucoup d'éléments, je ne connaissais pas ces gars, alors il y a peu de chance pour qu'ils soient retrouvés et que ça aboutisse à une condamnation. Comme c'est son cousin qui tient la boîte, Jules lui a directement demandé s'il y avait des caméras de surveillance à l'extérieur, ça nous aurait peut-être aidé à les identifier. Mais il n'y a rien dans l'allée où... où ça s'est produit.
— Je peux passer au commissariat, proposa Camille. Je leur donnerais ma version des faits, je leur dirais ce que j'ai vu. Bon, je te l'accorde, il faisait sombre et j'étais concentré sur toi et sur le fait de les éloigner et les arrêter donc j'en ai pas vu beaucoup plus que toi. J'ai pas vraiment eu le temps d'enregistrer leur visage mais on sait jamais, si je peux aider. Et j'espère vraiment pour toi qu'ils seront retrouvés et jugés.
— Merci.
Le silence retomba entre les deux jeunes hommes qui ne savaient plus trop quoi se dire. Ils se concentrèrent alors plutôt sur leur boisson, pour se donner une contenance. Yaël, timide et déstabilisé par le regard intense de Camille, baissa à nouveau les yeux.
— Tu as un accent, lança soudainement Camille. Tu viens d'Angleterre ?
Yaël releva brusquement la tête en entendant à nouveau la voix douce de son vis-à-vis.
— Je... Oui, bafouilla-t-il. Je suis né et j'ai grandi à Oxford, en Angleterre. Ça fait trois ans qu'on est en France, avec ma famille. On a déménagé pour le travail de mon père. Il est prof, à la Sorbonne.
— Et tu te plais en France ? Tu fais des études ? Raconte-moi.
— J'ai eu un peu de mal à m'adapter mais, finalement, je me suis fait à la vie en France, répondit Yaël. J'ai pas quitté grand-chose de toute façon en partant, à part un... meilleur ami. Alors ça va. Et sinon je suis encore au lycée, et je sais pas trop ce que je veux faire plus tard encore. Et toi, tu fais quoi dans la vie ?
— Tu as encore le temps de trouver ton chemin, le rassura Camille. Moi je suis dans une école pour suivre une formation d'éducateur spécialisé. Ça fait longtemps que ce métier et ce milieu m'intéresse. J'aime aider les autres.
Yaël hocha simplement la tête. Il ne connaissait pas Camille depuis longtemps mais, pourtant, cela ne l'étonnait pas. Le jeune homme semblait altruiste et bienveillant. Auprès de lui, il se sentait en sécurité, comme s'il dégageait une aura apaisante. Aider les autres semblait alors être une vocation pour lui.
Les deux hommes s'observaient en se souriant doucement. Yaël ne pouvait s'empêcher de remarquer la beauté que dégageait le garçon qui lui faisait face. Ses cheveux blonds illuminaient un visage angélique et ses yeux ambrés, semblants même posséder quelques reflets dorés, étaient éclatants et pourraient hypnotiser n'importe qui.
Quant à Camille, même s'il avait conscience que ce rendez-vous n'avait rien de romantique, il ne pouvait que trouver Yaël absolument adorable avec son petit sourire timide et ses cheveux bouclés en pétard qui lui donnaient envie de les recoiffer de sa main. Les traces encore visibles sur son visage n'enlevaient rien au charme du brun.
Il ne sortit de sa contemplation que pour regarder l'heure sur son téléphone.
— Je vais devoir y aller, souffla doucement Camille. J'ai un cours qui va bientôt commencer.
Yaël hocha la tête mais ne put s'empêcher de ressentir une petite pointe dans son cœur à l'idée de déjà devoir le quitter. Même s'il était presque encore un inconnu pour lui, il aurait aimé passer encore un peu de temps avec Camille.
- Dis, ça te dérangerait si... si on gardait contact ? parvint-il alors à demander malgré son hésitation. On pourrait peut-être... se revoir, si tu veux bien ?
Yaël eut alors le plaisir de voir un sourire éclatant se former sur les lèvres du blond, faisant ressortir ses dents blanches. Ses yeux brillaient.
- Oui, bien sûr ! lança Camille. Je peux te laisser mon numéro, comme ça tu pourras me contacter quand tu veux. Si tu en ressens le besoin, ou l'envie.
Sans plus aucune hésitation, Yaël hocha la tête. Oui, il aimerait beaucoup le revoir.
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2 Juin 2017 ~ 22h54
— Allez, entre ! Dépêche-toi, tu vas attraper froid !
Les deux jeunes hommes riaient aux éclats alors que Camille laissait passer Yaël pour qu'il trouve abris dans son appartement. Ils venaient de se livrer à une course effrénée pour échapper à une pluie tempétueuse. Heureusement pour eux, l'appartement du blond ne se trouvait qu'à quelques mètres seulement du cinéma dans lequel les garçons avaient passé leur soirée. Mais cela avait suffi pour qu'ils se retrouvent trempés sous cet orage de fin de printemps.
Pris par surprise, ils avaient décidé de s'abriter dans l'appartement de Camille plutôt que de braver la pluie pendant plusieurs minutes encore le temps que le blond raccompagne Yaël jusqu'à chez lui. Evidemment, en bon fils parfait, ce dernier avait envoyé un message à ses parents pour les prévenir de ce contretemps afin qu'ils ne s'inquiètent pas.
— Tu peux poser ta veste sur le porte-manteau, on va la laisser sécher un peu, dit le plus âgé. Installe-toi, j'arrive.
Camille disparu alors au détour d'un couloir. Juste un instant pendant lequel Yaël inspecta du regard la pièce dans laquelle il était et ce qui l'entourait. L'entrée donnait sur un salon qui n'était pas très grand mais bien agencé. Sur sa gauche se trouvait un canapé marron semblant être la pièce principale de ce salon. Plus loin, de grandes fenêtres devaient probablement illuminer joliment l'appartement en pleine journée. Enfin, derrière le canapé se trouvait une table toute simple, en bois, sur laquelle reposaient tout un tas de papier, certainement des cours pour lesquels le blond se donnait à fond.
— Tiens, attrape ! lança Camille en revenant dans le salon, tout en jetant une serviette que Yaël rattrapa de justesse. Essuie toi un peu, je voudrais vraiment pas que tu sois malade.
— Merci.
Yaël imita alors le geste de Camille et porta la serviette à ses cheveux humides pour les éponger un minimum. Le plus jeune retint un grognement, la masse brune sur sa tête allait encore boucler de manière infernale jusqu'à se retrouver avec quelque chose de complètement brouillon et fouillis qui ne ressemblerait à rien. Et en plus Camille aurait à le voir comme ça !
— Viens, tu vas pas rester debout, intervint Camille, inconscient du débat intérieur et capillaire auquel se livrait Yaël. Installe-toi dans le canapé.
Encore une fois, le brun suivit les conseils de son ami sans dire un mot, toujours intimidé d'être en présence de Camille, et encore plus d'être aujourd'hui dans son appartement. Cela faisait plusieurs mois que les deux jeunes hommes se voyaient, enchaînant les sorties et les conversations, apprenant à se connaître. Le plus âgé avait même rencontré officiellement les amis de Yaël et il s'était aussi présenté brièvement à la famille Stevens qui lui avait tout de suite accordé sa confiance.
Et cela faisait aussi plusieurs mois que Yaël était conscient de son coup de cœur pour son ami. Mais c'était tout ce qu'ils étaient pour l'instant, des amis. Au grand désespoir de Yaël qui sentait pourtant un lien se former entre lui et Camille.
Ignorant toujours les tourments du plus jeune, Camille vint rapidement s'installer à côté de Yaël, déposant une couverture sur leurs jambes. Il se pencha une seconde pour attraper la télécommande sur la table basse tandis que Yaël ne semblait plus pouvoir le quitter du regard.
— Tu veux regarder un film ou une série en attendant que la tempête se calme ? proposa Camille. Je te raccompagnerai chez toi après.
Yaël hocha la tête et Camille, après un sourire, alluma sa télévision avant de se rendre sur Netflix. Les deux garçons se décidèrent sur une série légère qui venait de sortir, sans prise de tête, idéal pour faire passer le temps. Camille lança le premier épisode et tourna la tête vers Yaël avant de froncer les sourcils.
— Tu trembles, remarqua-t-il. Viens, rapproche-toi.
Yaël ne se fit pas prier et n'attendit pas une seconde pour venir se blottir contre Camille, laissant sa chaleur l'envahir et son odeur l'apaiser. Il se sentait bien ici, dans ses bras. Auprès de Camille, il se sentait en sécurité, protégé, et il y avait aussi cette connexion. Il était certain qu'il ne l'avait pas rêvé, ce lien qui semblait les rapprocher. Il aimait les moments qu'il passait avec le blond. Ils étaient toujours entièrement composés de conversations intéressantes, de rires, de points communs qu'ils arrivaient bien souvent à se trouver. Avec lui, Yaël se sentait en sécurité, il se sentait aussi écouté, entendu, il sentait qu'il comptait. Que ses avis et ses idées comptaient pour Camille. Oui, il se sentait bien auprès de lui.
Alors que Camille avait la tête obstinément tournée vers la télé, pleinement concentré sur l'intrigue de la série, Yaël, lui, n'arrivait pas à y porter le moindre intérêt. Son regard ne pouvait plus quitter le blond. Son profil angélique, sa peau laiteuse, ses cheveux bien coiffés dont seulement une mèche retombait sur son front, ses yeux ambrés toujours étincelants, ses lèvres rosées, et ce grain de beauté qu'il avait dans le cou. Tout ça l'hypnotisait. Yaël ne parvenait plus à rien voir d'autre que lui.
Se sentant observé, Camille tourna enfin la tête vers Yaël dont il croisa le regard.
— Ça va ? s'inquiéta-t-il.
Ne résistant plus à cette attirance, Yaël fit taire son hésitation et s'élança vers Camille, rompant la distance et déposant ses lèvres sur celles du plus âgé. Mais cela ne dura qu'une seconde avant que Camille ne s'éloigne, brisant cet instant.
— Yaël, je...
Le blond se tut et poussa un soupir, passant une main sur son visage.
— Quoi ? Je ne te plais pas ? marmonna Yaël, timidement. Tu ne m'apprécies pas comme ça ? Je pensais pourtant qu'il se passait quelque chose. Enfin, je veux dire, on a passé tellement de temps ensemble ces derniers temps, juste tous les deux. Et aujourd'hui tu m'as même proposé un dîner et un cinéma ! Je pensais que... que... Enfin, laisse tomber, c'est pas grave. On oublie ça.
— C'est pas ça Yaël, souffla Camille en retenant le brun contre lui alors que celui-ci tentait déjà de s'échapper. Tu me plais beaucoup. Mais je... on n'a pas le même âge, on a trois ans d'écart. Tu n'as que dix-sept ans, Yaël, tu n'es même pas majeur. Et j'ai peur qu'on pense que je profite de toi, que je te pousse à faire quelque chose dont tu n'as pas envie.
— Mais je sais ce que je fais ! se défendit le brun en se redressant droit comme un piquet. J'ai toute ma tête et je sais prendre une décision. Oui, j'ai dix-sept ans, mais je ne vois pas en quoi c'est un problème. Je serais majeur dans quelques mois et, honnêtement, trois ans d'écart c'est rien. Camille, je sais que tu ne profites pas de moi, et je sais que tu ne me feras jamais de mal. Je veux dire, je me sens bien quand je suis avec toi. Et les autres, on s'en fiche, non ? Je sais que mes parents t'aiment bien alors ça ne devrait pas être un problème pour eux. Camille, je... je t'aime bien, et c'est tout ce qui compte, non ? Mais... si, toi, tu veux pas, je comprendrais. Dis-moi, que tu n'en as pas envie et je te promets que je t'embêterai plus jamais avec ça.
Camille ne put retenir un sourire attendri face au jeune homme qui, à moitié paniqué et à moitié déterminé, tentait de le convaincre.
— Bien sûr que j'en ai envie, murmura-t-il alors en posant sa main sur la joue du brun. Et tu es absolument adorable.
Yaël esquissa un petit sourire timide en baissant le regard. Et Camille ne pouvait pas s'empêcher de l'observer, ne parvenant plus à résister. Ça faisait des semaines qu'il se contenait, pour ne pas effrayer le plus jeune ni torturer sa conscience qui cherchait à savoir si c'était bien ou mal. Mais c'était impossible de ne pas craquer face à l'adorable garçon et la personne incroyable qu'était Yaël.
Alors Camille céda et se rapprocha de Yaël pour retrouver ses lèvres. La sensation avait été tellement agréable qu'il voulait la ressentir à nouveau, comme si ce premier baiser avait ouvert le chemin à tant d'autres et qu'il ne pourrait désormais plus s'en passer.
Yaël, lui, répondit à ce baiser avec intensité alors qu'il sentait son ventre se retourner et son cœur se réchauffer, battant à tout rompre. Il profitait des douces lèvres de celui qu'il espérait pouvoir désormais qualifier de petit-ami.
Lorsqu'ils reculèrent pour reprendre leur souffle, les deux jeunes hommes échangèrent un sourire timide mais franc. Les joues étaient rosées et les cœurs comblés. Ils s'observèrent encore quelques secondes avant que Camille ne repousse de ses doigts une boucle brune qui retombait sur le front de Yaël. Il ouvrit ensuite ses bras et invita le plus jeune à s'y blottir, ce qu'il fit sans rechigner.
Camille tenta de se reconcentrer sur la série qui défilait toute seule devant eux et qu'ils n'avaient pourtant absolument pas suivi en tenant Yaël contre lui. Le brun avait été un véritable coup de cœur depuis le début, mais il n'avait jamais trop osé imaginer plus, jusqu'à aujourd'hui.
Et Camille se promis de faire attention à cet adorable garçon et de le traiter au mieux, c'était ce qu'il méritait. Le blond reconnaissait à quel point Yaël était précieux, et à quel point il avait de la chance de le tenir désormais dans ses bras. Il prendrait son temps avec lui et il ferait tout pour toujours prendre soin de lui. Aussi longtemps qu'il le laisserait faire.
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Hey !
J'espère que vous allez bien, et que vous avez apprécié cette petite remontée dans le temps. Bon, je sais, ça fait bizarre de voir ici Yaël avec Camille et non pas avec Swann mais j'ai pris vraiment beaucoup de plaisir à écrire ce flashback. ( Bon pas l'agression, évidemment, mais tout le reste avec les débuts de la relation avec Camille )
Comme vous l'avez vu et compris, ce flashback se divise en trois parties, trois dates différentes. La première se concentre sur cette malheureuse agression dont Yaël à été victime il y a trois ans de cela, celle qu'il racontera à Swann, et les deux autres parties nous montrent un peu plus comment la relation entre Yaël et Camille a évolué. C'étaient des scènes que j'avais dans la tête depuis longtemps ( très longtemps... le début des brouillons pour cette histoire je dirais même ) et je ne pouvais pas ne pas les écrire. Je voulais aussi montrer la douceur de Camille et qu'on puisse revoir ce personnage qui a conquis le coeur de 99% d'entre vous.
Alors, qu'avez-vous pensé de ce flashback ?
L'agression de Yaël ? ( on doit bien commencer par ça...)
Un avis sur les amis français de Yaël aussi ?
Camille qui intervient dans la première partie de ce flashback ? Son inquiétude ensuite et l'intérêt sincère qu'il porte à Yaël dans la deuxième partie ?
L'évolution de la relation entre Yaël et Camille ensuite ?
Voilà, je suis vraiment très impatiente d'avoir vos retours sur ce chapitre et de lire vos commentaires ! Impatiente de voir ce que vous pensé de cette partie de la vie de Yaël, et ce que vous pensez de Camille.
En attendant de lire tout ça, je vous souhaite une très belle fin de journée et une bonne soirée. Nous on se retrouve au plus vite pour un prochain chapitre dans lequel on retrouvera notre Swann. Jusque là, je vous embrasse fort.
A bientôt, T.
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