Flashback #5
8 Mars 2012 ~ 8h23
Adossé contre le mur derrière lui près de l'entrée du collège, le jeune garçon ne pouvait détacher son regard sombre de ce qui se trouvait à quelques mètres de lui. Une voiture, une magnifique Audi noire parfaitement brillante et sans aucun accroc. Mais ce n'était pas cette voiture qui avait capté le regard de Yaël, c'était la personne qui en sortait. Ce garçon aux cheveux châtains et aux yeux bleus perçants, ce garçon qui était censé être son meilleur ami depuis toujours, ce garçon qui lui manquait terriblement.
Cela ferait bientôt quatre mois qu'ils s'étaient éloignés. Quatre mois depuis ce désastreux anniversaire. Quatre mois depuis que Yaël avait tenté de parler à Swann sans beaucoup de succès. Son meilleur ami lui échappait, et il ne savait pas quoi faire pour le retrouver.
Quelques jours après cette fête d'anniversaire, Yaël avait essayé de s'expliquer mais Swann restait boudeur, peu réceptif à ses excuses. Et plus les jours, les semaines, passaient, plus Swann était distant. C'était comme si une barrière s'était soudainement élevée entre eux, comme si quelque chose, ou quelqu'un, le retenait loin de lui. Et Yaël en souffrait parce qu'il ne comprenait pas le comportement de son meilleur ami, eux qui avaient toujours été si proches depuis le plus jeune âge. Il ne comprenait pas ce revirement de situation.
Il comprenait simplement que ça lui faisait mal de voir son ami si loin de lui. Et le jeune adolescent n'était pas encore près à le laisser partir, il voulait encore se battre pour récupérer sa place auprès de Swann. Là où il s'était toujours senti bien, en sécurité, et surtout là où il pouvait être lui-même.
Alors, de loin, Yaël observait Swann alors qu'il refermait la portière de la voiture après que sa mère lui ait à peine dit au-revoir, après qu'elle lui ait à peine adresser un regard. Swann n'avait pas fait deux pas que l'Audi s'éloignait déjà et Yaël leva les yeux au ciel. Cela le rendait fou de voir à quel point les parents de son ami lui accordaient si peu d'importance. Swann était tellement intéressant, être proche de lui était une chance, et ses parents ne se rendaient pas compte de la perle qu'ils logeaient sous leur toit. Au lieu de ça, ils l'abîmaient.
Yaël regardait d'un air nostalgique le garçon aux cheveux châtains s'avancer dans sa direction, passant la grille de leur collège. Il avait la tête baissée et semblait pensif. Yaël donnerait n'importe quoi pour savoir ce qu'il se passait à cet instant à l'intérieur de cet esprit qui lui était désormais inaccessible. Il voulait lui parler, rien qu'un instant, et retrouver ce lien qui semblait malheureusement s'effacer un peu plus chaque jour.
Alors que le jeune adolescent allait faire un pas vers son ami, celui-ci releva la tête. Ses yeux couleur azur rencontrèrent alors les yeux sombres de Yaël et le temps s'arrêta un instant. Les garçons avaient soudainement l'impression que cela faisait une éternité que ce genre d'interaction ne s'était pas produite, aussi minime soit-elle. C'était comme respirer à nouveau, même si cela ne dura qu'un infime instant.
Swann ne mit en effet pas longtemps à baisser à nouveau le regard pour ensuite reprendre son chemin, bien décidé à ignorer son meilleur ami, sans trop savoir pourquoi. Quelque chose le poussait à agir de cette façon. Cependant la voix de Yaël le retint.
- On peut se parler, s'il te plaît ? demanda Yaël d'une voix suppliante. Juste deux minutes.
Swann hésita quelques secondes mais il n'arrivait pas encore à résister à Yaël. Son armure était encore en construction. Alors il hocha doucement la tête avant de s'approcher de son ami, les mains dans les poches.
- Tu me manques, souffla simplement et honnêtement Yaël.
Swann ne répondit rien, se contentant de détourner le regard qui s'accrocha sur un point invisible à sa droite. Son pied jouait distraitement avec un caillou.
- Qu'est-ce qui s'est passé pour qu'on en arrive là ? continua Yaël. On pouvait jamais passer une journée sans se parler et maintenant tu m'accordes à peine un regard.
- Peut-être que c'est parce qu'on grandit, répondit enfin Swann. Peut-être qu'on a plus les mêmes intérêts.
- C'est des conneries ça, Swann ! s'emporta le garçon aux boucles brunes. On était inséparables ! Et puis du jour au lendemain tout s'est arrêté, c'est stupide. Je voudrais juste retrouver mon meilleur ami.
- De toute façon on pouvait pas rester collé l'un à l'autre toute notre vie, dit Swann en haussant nonchalamment les épaules.
Pourquoi pas ? pensa soudainement Yaël.
- Il y a quand même un grand pas entre resté collé l'un à l'autre et s'ignorer, répliqua-t-il finalement. Ça fait quatre mois Swann, et je trouve que c'est ridicule. Si c'est par rapport à ton anniversaire, je me suis déjà excusé des centaines de fois, et j'ai déjà essayé de t'expliquer que...
- Arrête Yaël, le coupa Swann. Arrête de toujours remettre ça sur le tapis. C'est comme ça, c'est tout.
- Dis-moi que je ne te manque pas, reprit son ami. Regarde-moi dans les yeux et dis-moi que je ne te manque pas. Dis moi que nos après-midis passés ensemble, nos devoirs à moitié faits chez l'un ou chez l'autre, toi qui essaye désespérément de m'apprendre à jouer au foot dans mon jardin, moi qui chante pendant que tu joues au piano dans ton salon, dis-moi que tout ça ne te manque pas. Tous les livres qu'on lit ensemble, nos discussions, ces histoires qu'on raconte à ma petite soeur, dis-moi que ça ne te manque pas.
Swann avait rentré sa tête dans ses épaules et évitait encore une fois le regard de son meilleur ami. Son ventre était noué et son coeur palpitait dans sa poitrine. Il arborait une petite moue triste que Yaël remarqua rapidement, tout comme ce voile qui passait au fond de ses prunelles. Finalement il soupira et planta à nouveau ses beaux yeux azurs dans ceux de son meilleur ami.
- Bien sûr que si tu me manques, souffla-t-il timidement. Tout ça me manque. Mais mes parents, je sais pas, ils ont toujours un truc à me faire faire et je crois qu'ils veulent plus trop qu'on passe du temps ensemble. Et puis j'ai Hugo, lui aussi veut passer du temps avec moi.
- J'arrive pas à croire que tu traînes avec Hugo, grogna le garçon aux yeux sombres. Celui qui me volait mon goûter il y a quelques années, celui qui prends plaisir à me faire des croche-pieds, celui qui me traite comme un moins que rien, celui qui...
Yaël n'osa pas finir sa phrase, ne voulant pas inquiéter son ami. Il n'avait pas à savoir toutes les choses que Hugo s'était mis à lui faire subir depuis quelques mois. Ce n'était pas la peine de l'inquiéter et de le faire culpabiliser pour ça. Swann, devant lui, ne fit que hausser les épaules comme s'il ne savait pas trop quoi répondre. En réalité, il ne savait pas trop pourquoi il s'était retrouvé à être ami avec Hugo.
Préférant le geste à la parole, Yaël se rapprocha de Swann et saisit délicatement sa main pour la serrer dans la sienne. Son ami frissonna légèrement, sûrement surpris par ce geste, mais il ne recula pas, savourant au contraire ce contact perdu.
- Je sais pas ce qu'il s'est passé, murmura tristement Yaël. Mais on est pas obligé de s'éloigner comme ça, de s'oublier. Je veux pouvoir continuer à être ami avec toi, Swann. Alors peut-être qu'on se verra moins souvent mais ça ne veut pas dire qu'on doit complètement arrêter de se parler. Tu me manques trop, Swann, et je ne veux pas te perdre.
- J'ai pas envie de te perdre non plus, chuchota-t-il. Mais je suis pas sûr que ça plaira à mes parents.
- On s'en fiche, non ? lança Yaël en haussant les épaules. Et puis je sais garder des secrets s'il le faut.
Un léger sourire se dessina sur le visage de Swann alors qu'il reconnaissait la malice de son meilleur ami. Et après quelques secondes de réflexion, il finit pat hocher la tête à cette idée. Peut-être que leur amitié n'était pas définitivement perdue.
- Nelson ! Qu'est-ce que tu fous ?
Cette voix fit sursauter les deux garçons et Swann se recula instinctivement, relâchant la main de Yaël. Un regard sur sa droite lui suffit pour apercevoir Hugo, son nouvel ami, à quelques mètres de lui. Il semblait l'attendre de pied ferme. Les sourcils froncés, son interrogation était visible sur tout son visage. Il se demandait ce que Swann faisait avec ce minable de Stevens.
Yaël regardait la scène en spectateur, plus personne ne faisait attention à lui. Swann s'était tendu dès qu'il avait compris la présence de celui que Yaël considérait comme un parasite. Quand à ce dernier, Hugo, il paraissait envoyer un message silencieux, certainement celui de le rejoindre.
Cela faisait quelques mois que Swann trainait de plus en plus avec Hugo, Yaël l'avait bien remarqué, et il n'aimait pas ça. Il ne comprenait pas. Les deux garçons semblaient de plus en plus proches pendant que Swann lui échappait alors que Yaël pensait leur lien indestructible. Le jeune adolescent ne comprenait pas. Pourquoi Hugo ? Pourquoi celui qui avait toujours été méchant avec lui ? Pourquoi celui qu'ils avaient toujours détesté en silence. Pourquoi Swann avait soudainement décidé d'être ami avec lui ? Oubliait-il toutes ces fois où ils avaient été victimes de ce garçon ? Yaël détestait ça.
Il détestait perdre son meilleur ami. Et il détestait encore plus que ce soit au profit d'un garçon qui ne le méritait pas. Hugo ne méritait pas l'amitié de Swann. Et Yaël se sentait trahi par cette nouvelle amitié. Trahi et peiné.
- Qu'est-ce que tu fais avec Stevens ? reprit Hugo. Je croyais que vous n'étiez plus amis.
- On ne faisait que parler, répondit Swann en haussant les épaules. Et puis on est toujours amis, c'était juste un petit différent qu'on peut régler. Et après peut-être qu'on pourrait même traîner tous ensemble.
Jamais je ne deviendrais amis avec celui qui fait de ma vie scolaire un enfer, pensa Yaël alors qu'il levait les yeux au ciel.
L'innocence que Swann arborait encore le fascinait. Il était encore trop naïf et trop optimiste pour comprendre que son petit idéal ne se réaliserait pas. Et si on en jugeait par la grimace de dégoût qui déformait le visage de Hugo, ce dernier était du même avis. Une amitié entre eux serait définitivement impossible, jamais cela ne se produirait.
Swann devrait choisir.
- Si tu veux mon avis, il est trop ennuyant pour qu'on s'intéresse à lui, lança finalement Hugo. Et moi ça m'intéresse pas de traîner avec ce minable. Allez viens, Swann, on va être en retard. Il n'en vaut pas la peine.
Le visage de Swann se ferma et ses yeux s'assombrirent alors que son regard fixa Hugo avec un mélange de colère et de déception. Il détestait quand son ami parlait comme ça.
Yaël, lui, ne disait rien, attendant que l'orage passe. Il avait l'habitude de subir les remarques du nouveau meilleur ami de Swann.
- Hugo, je...
- Swann tu deviens chiant, là, le coupa Hugo. Tu viens ou pas ? C'est toi qui voit. Soit tu me suis et on subit les cours ensemble jusqu'à la fin de cette journée où on pourra se faire un match de foot. Soit tu restes avec lui, à pleurnicher sur votre amitié perdue comme les minables que vous avez toujours été. C'est pathétique, Swann. Je te préviens, si tu choisis de rester avec lui, ce sera pas la peine de revenir vers moi après ça. Etre amis avec des faiblards comme vous, ça ne m'intéresse pas. Et honnêtement, Swann, je crois que tu mérites bien mieux que ça. Tu veux vraiment vivre la même petite pathétique vie que lui ? Et en subir les mêmes conséquences ?
Ce fut à cet instant que Yaël compris. Lorsqu'il vit cet éclat menaçant dans le regard de Hugo, le même qu'il arborait avant de l'enfermer dans un casier, ou dans le placard à balai du concierge, lui renversant parfois quelques produits ménagers sur ses vêtements, ou lorsqu'il se débrouillait pour le jeter dans la benne à ordure. Le même regard qu'il avait lorsqu'il lui avait asséné son premier coup il y a deux mois de ça.
Il comprit que si Swann revenait vers lui alors il deviendrait à son tour la victime de Hugo. Et ça, il ne pouvait pas se le permettre. Il en était hors de question. Il préférait subir lui-même toutes les humiliations que lui réservait Hugo plutôt que de savoir pertinemment que Swann en serait victime aussi. Et que tout serait de sa faute.
Il ne pouvait pas laisser faire ça. Swann ne méritait rien d'autre que de vivre tranquillement sa vie d'adolescent sans se soucier de certaines brutes qui pouvaient réellement tout ruiner.
- Vas-y, rejoint-le, souffla alors finalement Yaël.
Swann reporta rapidement son attention sur lui, les sourcils froncés.
- Mais...
- Il a raison, vous allez en retard, insista-t-il. Vas-y Swann, t'en fais pas pour moi.
Swann hésita un instant, mais sous la pression de tous les regards tournés vers lui, il finit par acquiescer avant de rejoindre Hugo, certainement persuadé qu'il aurait plus tard sa discussion avec son meilleur ami. Après un dernier regard, il s'avança alors vers Hugo qui plaça un bras sur ses épaules pour l'entraîner vers l'entrée du collège.
Yaël les observa jusqu'à ce qu'ils quittent son champ de vision. La dernière chose qu'il vit fut Hugo qui lui adressait un flamboyant rictus vainqueur.
L'adolescent baissa la tête, vaincu. Mais si c'était pour protéger son meilleur ami, alors il accepterait de se sacrifier et de s'en éloigner.
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8 Mars 2012 ~ 15h34
- Stevens !
Cette voix qui criait fermement son nom, résonnant dans ce couloir désormais presque désert fit sursauter Yaël. Ce dernier se retourna rapidement, faisant face à son interlocuteur, craignant déjà ce qui risquait de se produire ensuite. Néanmoins, il se redressa, le dos droit, ne voulant pas montrer son inquiétude.
Hugo se tenait là, à quelques pas de lui, au côté d'un de ses amis, Kyle, s'il se rappelait bien de son prénom. C'était souvent avec son aide que Hugo s'en prenait à Yaël, étant souvent celui qui lui donnait un coup de main pour le jeter dans la benne à ordure. A cause de sa présence, le jeune adolescent ne pouvait qu'imaginer l'issue de cette journée.
Leur sac à dos jeté négligemment sur leur épaule, les deux garçons semblaient près à quitter l'établissement. Comme Yaël, ils devaient avoir fini les cours, seulement ils ne partiraient pas avant d'avoir humilié une dernière fois leur victime préférée.
- Tu voudrais pas faire un bout de chemin avec nous ? lança Hugo à l'intention de Yaël.
Le jeune adolescent savait pertinemment qu'il n'avait pas vraiment le choix. Refuser n'arrêterait pas les plans de l'autre garçon. De toute façon il marchait déjà vers lui, enroulant fermement un bras autour de ses épaules, provoquant un frisson qui remonta le long de son échine.
Rien qu'à la force de son bras, Hugo le conduisait vers le fond du couloir, là où une porte coupe-feu donnait sur l'arrière du collège.
- Je me disais, toi et moi, on n'est pas vraiment du même monde, lui souffla Hugo à l'oreille, tout en continuant de marcher. Swann et toi, vous n'êtes pas du même monde non plus. On n'a pas la même vie. On n'a pas les mêmes intérêts. Alors je crois pas que ça vaille vraiment le coup qu'on soit amis avec toi.
Yaël ne répondit rien, il savait que ça ne servait à rien de débattre avec le nouvel ami de Swann. Il préférait lui laisser dire ses stupidités sans répondre.
Le froid de ce début de mois de mars frappa le visage de Yaël alors qu'ils rejoignaient l'extérieur mais à l'intérieur son sang bouillonnait, anxieux mais aussi prêt à encaisser ce que Hugo lui réservait. Il fut d'ailleurs bientôt plaqué contre le mur, et bien qu'il tenta de se débattre, il savait que c'était peine perdu, Hugo était plus fort que lui. Hugo serait toujours plus fort que lui. Et plus vicieux, et plus manipulateur. Il n'avait aucune chance.
- Swann, il ne te mérite pas, reprit Hugo. Tu n'es qu'un petit intello solitaire, bon qu'à rester seul, ennuyant à mourir. Il mérite mieux que ce que tu peux lui offrir. Tu crois pas ? Lui et toi, vous étiez destinés à vous éloigner, ça pouvait pas durer éternellement. Tu voudrais pas être un boulet pour Swann, pas vrai ?
Yaël se retint de lever les yeux au ciel pour ne pas empirer sa situation. Il ne répondait toujours pas, loin d'être prêt à admettre que, peut-être, Hugo avait raison. Il ne disait ça que pour le chercher, l'énerver, et l'éloigner de Swann.
- Et puis tu voudrais pas qu'il arrive quoi que ce soit à ton précieux meilleur ami que tu aimes tant, continua son agresseur. Tu l'aimes beaucoup, pas vrai ? Beaucoup trop, si tu veux mon avis. Et je suis sûr que tu voudrais pas que ce soit lui qui soit jeté dans cette benne derrière moi. Tu voudrais pas qu'il soit enfermé dans les casiers, cerné dans les toilettes, humilié à la cantine. Tu voudrais pas que tout ça lui arrive aussi, pas vrai ?
Impuissant, Yaël secoua la tête de droite à gauche, son regard envoyant des éclairs à son vis à vis.
- Alors tu restes loin de lui pour éviter de le contaminer avec ta mauvaise chance et tu continues ta petite vie solitaire. Ça serait dommage qu'il devienne comme toi, que tu aies un peu trop d'influence sur lui. Sinon je serais obligé de...
- Tu le touches pas ! s'écria Yaël. Tu ne t'en prends pas à lui !
- Tu sais ce qu'il te reste à faire, alors.
La colère et l'injustice courait dans les veines de Yaël et alors que Hugo commençait à s'éloigner, le jeune adolescent pris la parole, attirant à nouveau l'attention sur lui.
- C'est pas en menaçant les autres et en manipulant tout le monde qu'on se fait des amis, lança-t-il. Un jour Swann verra ton vrai visage. Ce sera peut-être dans plusieurs années, mais ça arrivera. Parce qu'un gars comme toi ne peut pas toujours gagner, au contraire, tu devras assumer les conséquences du traitement que tu réserves aux autres. Et ce jour là, tu te retrouveras tout seul, parce que tu te rendras compte que tu n'as jamais eu de véritables amis. La personne pathétique dans cette histoire, ce n'est pas moi, c'est toi.
- Si tu le dis, soupira Hugo, pas plus intéressé que ça par les paroles du garçon qui lui faisait face. Kyle, tu viens m'aider ?
- Non !
La plainte de Yaël s'évanouit cependant sans avoir été écoutée. Le garçon savait très bien pourquoi Hugo avait appelé son ami, et il n'avait vraiment pas envie de gérer ça aujourd'hui. Seulement Hugo ne semblait pas décidé à le laisser repartir sans l'avoir bousculé.
Fermement attrapé par Kyle et Hugo, Yaël tenta de se débattre en vain. Il finit par lâchement être jeté dans la benne à ordure qui se trouvait à quelques pas. Une plainte s'échappa de sa bouche alors que son dos retombait sur des sacs plus crasseux les uns que les autres. Kyle et Hugo riaient, certainement fiers d'eux, tandis que Yaël puisait dans tout ce qu'il avait pour garder une expression neutre.
Il ne pleurerait pas. Pas pour ça. Pas pour eux. Peu importait à quel point il se sentait humilié. Il ne leur donnerait pas cette satisfaction.
- Profite bien de ton bain, la tapette ! lança Hugo qui semblait déjà être à quelques mètres de lui.
Les deux garçons hilares s'éloignèrent rapidement, laissant le jeune adolescent seul. Il se démena pendant de longues minutes pour réussir à sortir par ses propres moyens de cette grande benne. Même s'il était à bout de force, il devait sortir de là. L'endroit était infecte et empestait d'une odeur impossible à décrire. Yaël rêvait de se changer, de boire un bon chocolat chaud avant de se réfugier sous ses couvertures au fond de son lit.
Et puis il devait se dépêcher, s'il ne rentrait pas dans les prochaines minutes, sa mère allait s'inquiéter.
Finalement, il réussit à retrouver la terme ferme. Il récupéra son sac et inspecta ses vêtements, les époussetant comme il le pouvait. Et comme la chance ne semblait pas être de son côté aujourd'hui, il commença à pleuvoir. Néanmoins Yaël se disait que, même s'il rentrait trempé, au moins la pluie pourrait peut-être évacuer la crasse et l'odeur qui infectait ses vêtements. Et peut-être alors qu'il n'aurait pas à inquiéter sa mère, il n'aurait pas à inventer une excuse pour lui expliquer pourquoi il rentrait dans un tel état.
Décidé à enfin mettre fin à cette journée de malheur, il remonta la rue de son collège d'un pas déterminé. Il était fatigué. Fatigué de tout ce qu'il s'était passé depuis le matin même. Fatigué de devoir subir les attaques de Hugo. Fatigué de devoir se battre pour retrouver l'attention de son meilleur ami, son confident. Fatigué de perdre la bataille.
Swann lui échappait et il n'y avait rien qu'il ne puisse faire pour empêcher ça.
Yaël avait l'impression que c'était fini, qu'il ne retrouverait jamais son meilleur ami, celui qu'il aimait tant. Pas quand tout jouait contre eux. Tout les éloignait.
Les parents de Swann ne voulaient plus qu'il l'approche. Hugo ne voulait plus qu'il l'approche. Et il n'avait pas les armes pour résister. Et même si ça lui brisait le coeur, il préférait reculer, prendre ses distances vis à vis de Swann. Parce que c'était certainement le seul moyen de le protéger. Il ferait n'importe quoi pour protéger Swann.
Alors il n'avait pas le choix. Il allait tous les écouter et s'éloigner, il se contenterait de l'observer de loin parce qu'il ne pourrait pas s'en empêcher. Et il espérait désespérément que ce serait suffisant, que ce serait la bonne solution, et surtout, que ce serait pour son bien.
Yaël voulait juste que Swann soit le plus heureux possible. Et il ne pourrait pas l'être s'il était celui qui lui apportait constamment des malheurs.
♠️♠️♠️
Hey !
J'espère que vous allez bien en ces temps de confinement, j'espère que vous vous portez bien. Moi ça va, je suis à la maison avec mes parents et je continue d'écrire. J'ai pris un peu de retard ces derniers jours parce que j'étais malade ( rien de grave ) mais je vais faire au mieux pour le rattraper et ainsi pouvoir toujours vous fournir un chapitre chaque semaine, surtout en ces temps où nous n'avons pas grand chose à faire...
Concernant ce flashback, je voulais montrer un peu plus ce qu'Hugo faisait subir à Yaël depuis les années collèges, et continuer à donner des indices sur les raisons de l'éloignement entre Yaël et Swann lorsqu'ils étaient enfants.
Sachez que ce flashback était complètement improvisé. Enfin il était prévu dans ma tête mais j'ai complètement oublié d'en faire le brouillon, donc j'espère qu'il sera quand même satisfaisant pour vous...
Du coup, qu'en avez-vous pensé ?
Je sais pas trop quoi vous poser comme question aujourd'hui, mais je suppose en tout cas que votre haine envers Hugo est une nouvelle fois amplifiée. N'est-ce pas ?
Vous comprenez pourquoi Yaël décide de s'éloigner de Swann ? Vous comprenez cette décision pour le protéger ?
Quelque chose à dire sur Swann ? A l'époque il était encore assez innocent et se laissait entraîner sans trop savoir ce qui se passait autour de lui.
Voilà n'hésitez pas à me raconter tout ce que vous voulez. Je suis dispo sur Insta aussi si vous voulez discuter ( hope.dreamy ). Peut-être que j'y organiserai quelque chose pour faire passer le temps.
En attendant je vous souhaite tout de même une très bonne semaine. Restez en sécurité et soyez prudents. Nous on retrouvera Swann la semaine prochaine pour un nouveau chapitre. Je vous embrasse.
À bientôt, T.
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