9. Regrets
"Choisir, être choisi, aimer : tout de suite après viennent le souci, le péril de perdre, la crainte de semer, le regret."
Colette
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Yaël
Perdu dans mes pensées, je remontai d'un air absent la rue jusqu'à rejoindre l'entrée d'Oxford après être descendu de mon bus. C'est en relevant la tête que j'aperçus Swann sortir de sa voiture de riche. Je m'arrêtai un instant et l'observai traverser le petit parking jusqu'à passer les portes de l'université. La tête baissée, les mains dans les poches, il semblait dans son monde, soucieux, comme s'il s'évertuait à porter constamment le poids du monde sur ses épaules.
Lui, il ne me vit pas. De toute façon, il m'aurait très certainement ignoré, encore. Je n'avais pas eu de nouvelles de Swann depuis la soirée de vendredi dernier, non pas que cela changeait de d'habitude. J'avais juste dû entendre Joyce le traiter de type pathétique et de connard tout en précisant qu'elle l'aimait quand même malgré, je cite, "sa constante capacité à ne jamais prendre les bonnes décisions" jusqu'à ce qu'on arrive devant chez elle lorsque je l'ai déposée après la soirée. Mais, au delà de ça, je crois que nous nous étions tous terrés chez nous tout le week-end.
Enfin, sauf Hugo, lui il l'avait passé à exposer ses exploits sur les réseaux sociaux.
Moi, j'avais cogité pendant deux jours. Je ne cessais de penser à Swann, non pas que, ça non plus, ça change de d'habitude. J'avais peut-être un peu abusé à la soirée. Non, j'avais carrément abusé, de l'alcool déjà, et ensuite je n'aurais jamais dû pousser Swann dans ses retranchements comme je l'ai fait. Tout ce que j'arriverais à faire, avec cette méthode, c'est le braquer encore plus et lui donner une énième raison de s'éloigner de moi.
Mais il m'énervait avec sa manie de minimiser les choses ainsi que sa foutue mémoire sélective. Il m'énervait à ne pas se rendre compte qu'il récitait depuis toujours un discours appris par cœur et mâché par d'autres que lui. Il m'énervait à ne même pas croire un mot qui sortait de sa bouche. Je le voyais dans ses yeux. Et je le connaissais, le vrai Swann.
Mais il m'énervait quand même. Parfois à m'en donner des frissons, à vouloir lever les yeux au ciel jusqu'à voir ce qu'il y a au-dessus des nuages. J'avais autant envie de l'étrangler que de... je sais pas.
Lui et ses airs outrés, lui et ses propos formatés, lui et son air détaché ainsi que sa tendance à vouloir se faire bien voir par ses potes, lui et ses airs perdus et son regard plus aussi confiant lorsqu'il se retrouvait en face de moi, lui et ses yeux bleus me donnaient envie de le pousser à bout.
Mais sa fragilité qu'il cachait au fond de lui, et tout ce que cela impliquait pour lui de voir la réalité en face dans la situation dans laquelle il évoluait, ainsi que ma peur de le perdre encore une fois, et pour toujours, me poussait à faire un pas en arrière. Le forcer à faire quoi que ce soit ne mènerait à rien, je le savais. Et puis ce serait injuste.
Alors plus d'alcool pour moi, ou j'allais réellement faire une connerie.
Ce fut la sonnerie de mon téléphone qui me fit revenir sur terre. Je le sortis de ma poche et fronçai les sourcils en ne reconnaissant pas le numéro qui s'affichait à l'écran. Curieux, je décrochai tout de même et portai mon téléphone à mon oreille.
- Enfin tu décroches ! J'étais à deux doigts de penser que tu étais mort !
Tout mon corps se figea instantanément. Putain, pourquoi j'avais décroché, moi ? Cette voix, je la reconnaîtrais entre mille, ainsi que cet accent français prononcé que j'avais toujours trouvé mignon.
- Camille ? Mais... pourquoi tu m'appelles avec un numéro inconnu ? demandai-je, perdu.
- A ton avis ? Tu ne réponds jamais quand je t'appelle. Il fallait bien que je trouve une parade pour savoir si tu étais toujours vivant, si tu allais bien, ou au moins si tu étais bien arrivé. J'ai eu aucune nouvelle, Yaël ! Je m'inquiétais. Alors j'ai emprunté le téléphone d'un ami.
- Un ami ? répétai-je bêtement.
- Vraiment ? Tu vas vraiment me faire ce coup là ? Je crois pas que tu sois en position pour ce genre de remarques et d'espèce d'élan de jalousie mal placée. Et puis c'est tout ce que tu retiens ? C'était silence radio depuis ton départ, Yaël !
Je fermai les yeux et poussai un léger soupir en passant une main sur mon front. C'est vrai que c'était con. Je ne savais même pas pourquoi j'avais dit ça, un reflex peut-être. Mais il était clair que j'étais très mal placé pour lui reprocher quoi que ce soit. Après tout, c'était moi qui l'avait trompé. Et ça me retournait le ventre, je détestais ça, et je me détestais de lui avoir fait ça, il ne le méritait pas. Je nous avais ruiné, sans trop savoir pourquoi, quelques jours avant de partir pour l'Angleterre. J'étais parti, laissant Camille gérer cette merde tout seul sans plus donner de nouvelles.
Putain, j'avais vraiment été le pire des connards sur ce coup là.
- Je comprends pas pourquoi tu m'appelles, admis-je finalement. J'ai fait de la merde et je me suis enfui, je comprends pas pourquoi tu veux encore parler à un connard comme moi. Ça devrait être moi qui te harcèle de messages et d'appels, m'excusant et essayant de te récupérer. Et ça devrait être toi qui m'ignore, et qui me déteste.
- Oh je te déteste, crois-moi ! J'ai envie de t'étrangler et te faire bouffer le cœur que tu m'as mis en bouillie. Mais je t'aime aussi. Et je voudrais comprendre. Enfin merde, Yaël ! Tu m'as fait cocu et tu t'es barré dans un autre pays de l'autre côté de la manche la même semaine. On a pas eu le temps de parler, de s'expliquer, tu t'es juste volatilisé. Et...
J'entendis Camille reprendre son souffle, tout comme j'avais entendu sa voix craquer juste avant. Ça me brisait le cœur de le voir dans cet état là à cause de moi. Ça me brisait de voir que j'avais brisé une personne aussi géniale que lui. Il m'avait aidé sur bien des sujets et je l'avais laissé tomber, le remerciant de la pire des manières.
- Camille, je...
- C'est tout ce que je méritais selon toi ? me coupa-t-il. Que notre histoire se finisse comme ça ? Que tu te casses sans un mot ? Je comprends pas, Yaël, c'est pas toi, ça. Je sais que c'est pas toi. Je sais que t'es pas comme ça. T'es profondément bon, Yaël, alors qu'est-ce qui s'est passé ? Qu'est-ce que j'ai fait ? Je sais qu'on s'était engueulés la veille mais c'est pas une excuse.
- T'as raison, c'est pas une excuse. Et c'est pas ta faute. Il n'y a pas d'excuse à donner, je sais pas pourquoi j'ai fait ça. J'aurais pas de réponse à te donner, Camille. Et là je vais devoir te laisser, je dois aller en cours.
- Non ! Attends, Yaël, s'il te plaît. Raccroche pas, parle-moi. J'ai besoin qu'on s'explique, même si c'est pour s'engueuler. J'ai besoin de savoir qu'est-ce qu'il s'est passé et après peut-être que... que je pourrais passer à autre chose.
- Je peux pas. Je suis vraiment désolé, Camille, sincèrement. Tu es la personne la plus douce que j'ai jamais rencontré, et tu méritais pas ça. Tu es extraordinaire, et tu mérites quelqu'un qui te traitera mieux que moi. Je regrette de t'avoir fait autant de mal. Je suis désolé.
- Yaël...
Je n'attendis pas qu'il ait fini sa phrase et raccrochait. Ça me trouait le cœur de le savoir comme ça, et de le planter de cette façon. Mais je n'avais aucune excuse valable à lui fournir si ce n'est de simples et futiles "désolés". Et parler de mon erreur, entendre sa voix, le savoir brisé et seul à Paris retournait encore le couteau dans la plaie.
Je l'ai aimé, sincèrement et profondément. Et je l'aimais encore. Mais j'avais fait cette connerie alors que j'étais bourré et j'avais tout détruit. Maintenant nous en payions les conséquences.
Tromper Camille avait très certainement été la chose la plus conne que je n'avais jamais faite. Nous étions bien ensemble mais, à quelques jours de mon départ pour l'Angleterre, j'ai paniqué. Et commis l'irréparable. Il n'y avait pas de logique, pas d'explication, j'ai juste merdé.
Je pris une grande inspiration pour reprendre mes esprits et tenter de chasser mon mal-être ainsi que la douleur de Camille que j'avais perçu a travers son coup de fil et rangeai mon téléphone. Essayant de repousser ma propre douleur et ma propre confusion, je me remis en marche pour passer les portes de l'université.
Je remontai la grande allée centrale avant de m'engager dans un plus petit couloir un peu moins bondé. Si je ne me dépêchais pas un peu, j'allais être en retard en cours. Après quelques autres couloirs arpentés, quelques embouteillages d'étudiants évités, j'arrivais enfin à destination et passai la porte de la salle.
Je repérai, à quelques rangées de moi, un peu plus en contrebas dans l'amphi, des cheveux châtains remontés en une queue de cheval que je reconnaîtrais désormais parmi tant d'autres. Joyce. Je savais que nous partagions quelques cours, dont celui-ci, et j'étais content de la voir parmi toutes ces têtes inconnues.
Doucement, je m'approchai d'elle jusqu'à m'asseoir à ses côtés. Joyce tourna le tête dans ma direction et m'offrit un de ses grands sourires dont elle avait le secret. Enfin ça, c'était avant qu'elle ne fronce les sourcils et qu'un air inquiet prenne place sur son visage.
- Ça va pas ? lança-t-elle, soucieuse.
Je plongeai mon regard dans le sien et tentai d'esquisser un sourire rassurant.
- Tout va bien, t'en fais pas, soufflai-je doucement.
- T'es sûr ? Parce t'es tout blanc, on dirait presque que tu as vu un fantôme.
- Et toi, comment tu te sens ? esquivai-je. Tu as pu te remettre de la soirée ?
Joyce resta silencieuse quelques secondes, elle m'observait, m'analysait, un sourcil haussé. Finalement, elle baissa le regard et poussa un léger soupir. Elle capitulait, à mon plus grand bonheur.
- Ça va, je suis juste encore un peu énervée, répondit-elle enfin. Merci de m'avoir ramenée, enfin même si c'est moi qui ait conduit au début.
Je lui lançai un sourire en guise de réponse. Heureusement que j'avais emprunté la voiture de ma mère pour venir à la soirée, cela m'avait permis d'avoir un moyen de locomotion pour rentrer chez moi, et ramener Joyce. Le seul problème était que nous avions dû attendre un peu avant de partir, le temps que je décuve, et que Joyce avait préféré prendre le volant durant la première partie du trajet pour des questions de sécurité. Mon amie m'avait ensuite laissé conduire jusqu'à chez moi, non sans une grande hésitation et quelques minutes de négociations. Mais je me sentais déjà mieux et je crois que ce qui l'avait convaincu était que nous vivions à quelques rues l'un de l'autre. Je lui avais promis d'être plus que prudent pendant les deux minutes de trajet qu'il me restait.
- C'est normal, j'allais pas te laisser toute seule là-bas, chez Hugo en plus, dis-je finalement. Tu as eu des nouvelles de Swann depuis vendredi ? Tu l'as appelé ?
- Non, je lui en veux encore trop, même si je sais que ça ne durera pas. Je suis incapable de rester fâchée contre lui trop longtemps. Mais bon, il m'a quand même plantée à la soirée alors qu'il m'avait promis de rester dans les parages et de pas m'abandonner. J'ai été déçue.
- Je comprends. Mais, tu sais, je crois qu'il était un peu perturbé quand il est parti. Il voulait pas te laisser là, il ne t'a pas consciemment abandonné. Il est juste parti précipitamment et je pense qu'au fond, il s'en veut.
Je ne voulais pas avoir l'air de le défendre mais je me sentais aussi un peu coupable. C'est moi qui était responsable du trouble de Swann. Je l'avais poussé à bout et il était parti énervé, laissant Joyce chez Hugo. Je me sentais coupable de l'abandon de Joyce.
- Qu'est-ce qu'il s'est passé ? Dans cette salle de bain ? demanda Joyce d'une voix douce. Je sais que tu étais avec lui et je vous ai vu sortir en vous criant dessus.
Les yeux noisettes de Joyce étaient plongés dans les miens jusqu'à ce que je détourne le regard. Je croisai mes mains sur la table devant moi et poussai un léger soupir. Je n'avais pas trop envie d'en parler et, de toute façon, je n'étais pas sûr qu'il y ait grand chose à dire.
- Yaël, je t'ai vu sortir tout dépité de cette salle de bain, souffla-t-elle. Et quand je t'ai rejoint, alors que tu étais assis sur une marche en plein milieu des escaliers, tu semblais triste. Tu peux me parler, tu sais, tu peux tout me dire, n'importe quoi.
- Il n'y a rien à dire, Joyce. Il ne s'est rien passé, rien d'important. J'aurais même pas dû le suivre quand il est monté mais j'ai pas pu résister. On a parlé deux minutes jusqu'à ce qu'il s'énerve, comme d'habitude, puis il est parti. Fin de l'histoire. Mais c'est de ma faute, je l'ai poussé à bout alors que j'aurais dû le laisser tranquille. De toute façon, nos discussions ne mènent jamais à rien.
- Mais tu sais aussi bien que moi comment est Swann. Si on ne le bouscule pas un peu, il restera enfermé dans son monde.
- Mais qu'est-ce que tu veux que j'y fasse ! m'exclamai-je. C'est pas comme si je pouvais le pousser à faire quoi que ce soit. Et puis, à chaque fois, j'ai l'impression que je m'y prends mal. Il finit toujours par se braquer puis partir bouder dans son coin. Un vrai gosse !Maintenant il va sûrement ne plus vouloir me parler du tout, et je peux aussi certainement tirer un trait sur son amitié, cachée ou non.
- Attends, c'est quoi cette histoire d'amitié cachée ? s'insurgea-t-elle en tournant tout son corps dans ma direction. Laisse-moi deviner, il ne veut pas être vu avec toi, c'est ça ?
- Laisse tomber, Joyce, c'est rien d'important, soufflai-je.
- Votre relation est quand même devenue super tordue ! Un jour il faudra vraiment que vous mettiez carte sur table. Et, à ta place, je n'aurais jamais accepté le genre de relation qui se dit être une "amitié cachée". Soit il assume, soit tu lui fais comprendre qu'il ne mérite pas d'être dans ta vie. C'est un peu dur mais c'est ce que je ferais. Tu peux pas continuer à souffrir dans ton coin juste parce qu'il a peur. Je dis pas que je suis d'un côté ou de l'autre, je connais Swann, je l'aime de tout mon cœur, et je comprends pourquoi il est comme ça, mais ça n'empêche que tu devrais pas t'accrocher autant à quelqu'un qui n'est pas prêt à te garder dans sa vie.
Je haussai les épaules et continuai d'observer mes mains, me terrant dans mon silence. Je n'avais pas envie de répondre à ça, je n'avais même pas envie d'y penser. J'avais déjà essayé de m'éloigner de Swann mais cela ne fonctionnait jamais, je semblais toujours recroiser sa route ou, au moins, son souvenir. Je reconnaissais que, parfois, ça pouvait tourner à l'obsession, mais Swann était toute mon enfance et avant tout mon meilleur ami. Je ne pouvais pas simplement l'oublier comme ça.
J'entendais et je comprenais ce que me disait Joyce mais, en réalité, toute cette situation était bien plus compliquée qu'elle n'y paraissait.
Je restai muet pendant tout le reste du cours, perdu dans mes pensées. Lorsque la fin du cours sonna, je suivi Joyce jusqu'à l'extérieur de la salle d'un geste automatique. Cependant je revins rapidement sur terre au moment où, comme un boomerang, l'objet de toutes mes pensées surgit devant nous.
- Joyce ! Je suis désolé, tellement tellement désolé, si tu savais ! s'écria-t-il en arrivant devant notre amie. Je sais que je t'avais promis de rester avec toi, j'ai jamais voulu t'abandonner et...
- Encore heureux ! s'exclama Joyce. Écoute, je sais que tu ne m'as pas laissé volontairement mais je me suis quand même retrouver toute seule à une soirée à laquelle je ne voulais pas assister et chez un type que je déteste et qui me déteste en retour. Excuse-moi d'avoir encore du mal à digérer ça. Heureusement que Yaël était toujours là pour me tenir compagnie.
Swann remonta le regard vers moi, comme s'il venait juste de remarquer ma présence. Notre échange ne dura que quelques secondes puisqu'il baissa presque immédiatement le regard, prétendant ignorer ma présence.
- Je suis sincèrement désolé, continua-t-il. Et je trouverais un moyen de me rattraper, je te le promets, je ferais tout ce que tu me demanderas. Mais, en attendant, j'aurais vraiment besoin que tu me rendes un petit service.
- Attends, tu me plantes à une soirée et, deux jours après, tu reviens la bouche en cœur avec des excuses rapides et un service à me demander ? Je t'adore, Swann, mais tu n'as pas l'impression d'abuser un peu là ?
- Joyce, s'il te plaît. C'est à propos de samedi et tu me sauverais vraiment la vie. Est-ce que... est-ce qu'on pourrait en parler tous les deux un peu plus loin ?
Swann me jetait toutes les deux secondes des petits coups d'œil qu'il voulait discret. Ma présence le mettait mal à l'aise, je le voyais bien, mais ça m'ennuyait de céder à son caprice en m'en allant.
Joyce, quant à elle, nous regarda tour à tour, semblant comprendre ce qu'il se passait, avant de pousser un long soupir.
- Tu ne vas pas me dire un secret, soupira-t-elle avant que Swann ne secoue négativement la tête. Alors tu peux me le dire ici et maintenant, je ne vois pas le problème.
Swann hésita encore quelques secondes avant de pousser un long soupir, lançant un regard noir à notre amie.
- J'ai juste besoin que tu m'accompagnes samedi, au gala de charité auquel mes parents participent. J'ai vraiment besoin de toi, Joyce.
- Tu vois c'était pas bien compliqué, fit-elle remarquer. Et pourquoi tu n'emmènes pas Brayden, c'est elle ta copine, après tout.
- Je crois que c'est plus ma copine. On a rompu samedi matin. Je pense qu'elle n'a pas trop apprécié la façon dont je l'ai traitée dernièrement.
Je ne pus me retenir de pouffer à cette information qui, sans trop savoir pourquoi, me remontait le moral. Cependant Swann n'eut pas l'air de trouver ça drôle puisqu'il planta ses yeux bleus dans les miens juste pour me lancer un regard noir avant de se reconcentrer sur Joyce.
- Et puis c'est ce que mon père voudrait, que j'y aille avec la fille d'un de ses investisseurs, reprit-il alors que je ne me gênais pas pour lever les yeux au ciel. C'est avec toi que je fais ça, normalement, Joyce. C'est ensemble qu'on surmonte cette galère, ces soirées barbantes, c'est avec toi que le temps passe plus vite, c'est toi qui sais me gérer quand je suis sur le point de péter un câble, c'est toi qui fait que ces soirées sont moins ennuyantes, plus amusantes. J'ai vraiment besoin de toi, mon acolyte, ma partenaire, ma meilleure amie.
Swann finit son discours en arborant une petite moue adorable. A la place de Joyce, je crois que j'aurais craqué depuis bien longtemps.
- Tu pourrais y aller avec Yaël, lança-t-elle pourtant. Surtout si tu veux faire chier ton père.
- Mais t'es malade ! nous nous exclamâmes en même temps en nous tournant tous les deux vers la petite brune à nos côtés.
- Ah voilà ! Vous voyez qui vous arrivez à être d'accord parfois !
Si nos yeux lui lançaient des éclairs, les siens étaient remplis de malice et d'amusement. Un grand sourire avait cette fois pris place sur son visage.
- Je plaisantais, Swann. C'est d'accord, je viendrais. Mais tu as intérêt à bien te tenir d'ici là sinon je trouve un moyen pour que Yaël enfile un costume et qu'il s'incruste à la soirée à ma place. Ça vous fera les pieds à tous, dit-elle avant de hausser les épaules.
Puis, dans un geste vif, Joyce s'approcha de Swann pour lui déposer un bisou sur la joue avant de continuer son chemin, disparaissant parmi les autres étudiants à une vitesse folle. Elle nous avait planté là, en plein milieu du couloir, sans prendre la peine de m'attendre.
Swann le remarqua, lui aussi, après qu'il ait essuyé la trace du baiser de Joyce avec la manche de son pull, l'air dégoûté. Il planta alors son regard azur dans le mien. Il ne restait plus que nous deux. Et nous nous observions comme deux idiots, figés comme des piquets, sans savoir quoi dire, sans savoir se parler. Comme toujours.
Je ne sais pas combien de temps ça dura. Quelques secondes ? Une minute ? Deux minutes ?
- Par rapport à vendredi, commençai-je finalement, je...
- J'ai pas le temps, me coupa-t-il en resserrant la prise sur son sac et en me dépassant, disparaissant, lui aussi, dans la foule d'étudiant.
Je le regardai s'éloigner en poussant un soupir. J'étais seul, encore.
Mettre carte sur table ? Avoir une bonne conversation ? Poser un ultimatum ? Je crois que ça ne sera pas pour tout de suite.
Non, nous allions choisir la fuite, et l'ignorance. Comme d'habitude. Comme à chaque fois. Et nous recommencerions.
Nous continuerons encore et encore jusqu'à ce que l'un de nous ait le courage de s'engager pleinement dans la partie, ou de s'en retirer.
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Hey !
Ravie de vous retrouver aujourd'hui pour ce chapitre 9 au point de vue de mon petit Yaël ! J'espère qu'il vous aura plu.
Comme dans le précédent, qui était du point de vue Swann, on est à quelques jours de la soirée et on voit le sentiment de Yaël par rapport à cette dernière.
Dites-moi ce que vous en avez pensé
Ce que pense Yaël de la soirée ? Son comportement auprès de Swann ?
Camille ? Des avis à son propos ? Sa relation avec Yaël ?
Joyce ?
Hâte de vous lire, comme toujours !
En attendant, on se retrouve mercredi prochain pour un nouveau chapitre. Et après... bah après il faudra attendre que j'ai fini d'écrire la suite... Le chapitre 11 sortira quand il sera prêt mais je ne peux rien vous promettre.
Mais c'est pas grave, parce que d'ici là j'aurais très certainement une bonne nouvelle pour vous par rapport à One Year...
À bientôt, T.
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