50. Just To See You Smile
"Celui qui peut sourire alors qu'on l'a volé vole lui-même quelque chose à son voleur."
William Shakespeare
♠️♠️♠️
Yaël
- Allez, lève-toi, lançai-je en donnant à Swann une légère tape sur sa cuisse. Va sous la douche, fais-toi beau et rejoins-moi en bas. On sort.
La masse qu'était Swann, complètement affalée sur le ventre au-dessus de mes draps, grogna et bougea presque imperceptiblement. Dans un geste lent et paresseux il redressa sa tête, jusque-là enfouie dans mon oreiller, et cligna des yeux avant de trouver mon regard.
- Pourquoi faire ? baragouina-t-il en resserrant ses bras sous mon cousin avant d'y reposer sa tête.
Je laissai un mince sourire prendre place sur mes lèvres avant de m'approcher. Je m'assis à côté de lui et laissai ma main errer dans ses cheveux, espérant attirer son attention jusqu'à ce que ses yeux bleu azur se dirigent vers moi. Des yeux qui n'étaient plus aussi perçants qu'avant, qui avaient perdu leur étincelle. Des yeux vides et rouges par le manque de sommeil et les larmes que Swann laisser échapper en pleine nuit même s'il tentait de le cacher, pensant que je ne le remarquerais pas. Mais j'étais toujours là, pour resserrer ma prise autour de son corps et l'apaiser jusqu'à ce qu'il s'endorme à nouveau.
- Pour changer d'air, répondis-je finalement. Sortir va te faire du bien, je te le promets, surtout pour aller voir nos amis. Ça va te remonter le moral, j'en suis certain.
- Tu as organisé une sortie avec nos amis ? s'enquit-il avant que je ne hoche la tête. Mais ils vont tous me regarder avec pitié, ou comme si j'étais une petite chose fragile.
Sa petite moue et son regard embué me firent pousser un discret soupir. Il avait besoin de prendre l'air et de voir du monde, tout en se mettant dans la tête que ses amis ne le jugeraient pas. Il avait besoin de les voir et non pas de rester ainsi isolé. Je comprenais son besoin de prendre de la distance, mais je ne pouvais pas le laisser déprimer sans essayer de l'aider. Je ne voulais plus le voir aussi mal, atteint par les paroles de son père, je voulais qu'il retrouve le sourire comme il l'avait fait pendant quelques heures lorsque sa tante était venue dîner avec nous la veille.
Je m'inquiétais de le voir rester constamment dans ma chambre à dormir et manger que très peu. Il n'était pas non plus retourné à la fac, et je ne voulais pas qu'il se laisse abattre maintenant. Il devait retrouver des forces et continuer de montrer qui il était, et à quel point c'était un garçon formidable, quoi qu'il arrive.
- Tu n'es pas fragile, Swann, tu es même très fort, assurai-je. Et tu sais très bien que nos amis seront simplement là pour te faire passer un bon moment. Ils te feront penser à autre chose et je suis sûr que Joyce arrivera à t'arracher un sourire ou deux. En plus elle n'arrête pas de me harceler depuis le match, pour savoir si tu vas bien, alors s'il te plaît libère-moi de son oppression.
La petite moue que j'adressai à Swann eu au moins le mérite de lui faire décrocher un timide sourire. C'était un progrès, une avancée jusqu'à ce qu'il accepte.
- Plus sérieusement, repris-je, Joyce s'inquiète. Elle a besoin de te voir et de te prendre dans ses bras. Tu la connais, notre maman Joyce. Elle ne lâchera pas le morceau de sitôt alors on ferait mieux de la rejoindre avant qu'elle vienne nous chercher par la peau des fesses. Et de toute façon tu n'es même pas obligé de participer, juste à asseoir tes jolies fesses sur une chaise et les écouter déblatérer leurs âneries habituelles. On n'est pas obligé non plus de rester trop longtemps, c'est toi qui décideras quand on rentrera. Alors ? Tu veux bien essayer ? S'il te plaît.
Swann gardait ses jolis yeux ancrés dans les miens alors que je tentai d'arborer la mine la plus mignonne que j'avais en stock, celle à laquelle il ne résisterait pas. Et je sus que j'avais gagné lorsqu'il finit par pousser un soupir, laissant retomber sa tête contre l'oreiller en grognant.
- D'accord, grommela-t-il. Je vais aller me préparer.
Heureux qu'il décide enfin de sortir de sa grotte, je ne retins pas un grand sourire qui illumina tout mon visage. Je me relevai, enthousiaste, et déposai un baiser sur la joue de Swann.
- Merci, mon cœur, soufflai-je. Je suis fier de toi.
Ce fut seulement lorsque je me redressai et que j'aperçus cette même joue rougie, alors que Swann m'observait d'un petit œil surpris et timide, que je me rendis compte du surnom que je venais d'employer. C'était venu tout seul, je n'avais rien contrôlé, et maintenant Swann était aussi écarlate qu'une tomate. C'était mignon. Adorablement mignon.
Je ne rajoutai alors rien, me contentant d'un clin d'œil et d'un rictus malicieux. Sans perdre une seconde de plus, je me retournai et ouvris la porte de ma chambre.
- Allez, à la douche, lançai-je en quittant la pièce. On part bientôt, je t'attends dans la cuisine.
Je ne pris pas la peine de jeter un regard en arrière et me dirigeai vers les escaliers. Je savais que Swann finirait par se lever. Il ressemblait certes en ce moment à un ours en hibernation, mais je savais qu'il tiendrait parole. Il viendrait avec moi. Et j'espérai de tout cœur que cette sortie lui ferait du bien, lui apportant un peu de soleil dans ses idées sombres.
Arrivé au rez-de-chaussée, je pris place au comptoir de la cuisine, rejoignant ma mère qui m'offrit un joli sourire.
- Alors ? Tu as réussi à le convaincre ? me demanda-t-elle.
Je n'eus pas le temps de lui répondre qu'on entendit l'eau de la douche se mettre en route. Je levai l'index, pointant vers l'étage, avec un sourire victorieux.
- Visiblement, dis-je simplement. Je pense qu'on sera partis dans une demi-heure maximum.
- D'accord, sourit ma mère. C'est bien, tu as eu une bonne idée. Je pense vraiment que ça ne peut que lui faire du bien. Je m'inquiète, tu sais. Hier soir, on a réussi à le retrouver un peu, et je pensais que ça irait doucement mieux, mais aujourd'hui il s'est renfermé dans ta chambre. Il ne parle pas, mange peu, et je suis certaine qu'il broie du noir. J'espère vraiment que tu pourras l'aider. Je ne veux pas que ses parents lui ruinent un peu plus la vie qu'ils ne l'ont déjà fait.
Je savais que ma mère était particulièrement remontée contre les parents de Swann, et c'était tout à fait légitime. J'étais heureux qu'elle soit de notre côté, qu'elle permette à Swann de rester ici et qu'elle le soutienne comme elle le faisait.
- Je m'inquiète aussi, confiai-je. Je ne sais pas si ce que je fais c'est bien, je ne sais pas si le traîner dehors est la bonne solution. Mais j'essaye quand même parce que je veux juste trouver un moyen de lui faire penser à autre chose. J'espère pouvoir l'aider avant d'être complètement dépassé. Je déteste le voir aussi triste.
- On sera là pour lui, on fera tout pour l'aider, Yaël, m'assura-t-elle en posant sa main sur la mienne. On ne le laissera pas tomber.
- Merci, maman, d'accepter de l'aider. Et de l'accepter dans la famille.
- Tu as bien fait de le ramener ici. Et je lui ai déjà dit mais je le redis, je suis contente qu'il soit là, en sécurité, et il pourra rester aussi longtemps qu'il le faudra.
Je hochai la tête et me levai rapidement pour m'approcher d'elle et la prendre dans mes bras. L'altruisme et la bienveillance de ma mère m'avait toujours impressionné, elle était pour moi un modèle. Elle était une femme et une mère incroyable.
De légers pas se firent entendre dans l'escalier. Je me détachai alors de ma mère et me retournai pour voir Swann arriver dans la cuisine. Un sourire pris place sur mon visage lorsque ses yeux croisèrent les miens. Il n'était toujours pas coiffé mais ce n'était définitivement pas grave puisque je le trouvais absolument mignon comme ça. Il était habillé simplement. Un jean noir classique qui lui allait parfaitement bien tandis que ses mains étaient cachées dans la poche d'un sweat trop grand pour lui.
- C'est encore une de mes sweats que tu m'as volés ? lançai-je alors, ma rapprochant de lui avec un rictus amusé accroché au visage.
- Il sont confortables, répondit-il simplement en haussant les épaules.
- Garde-les alors, ils te vont bien, soufflai-je en déposant un baiser sur sa joue. T'es mignon.
Swann baissa la tête alors que ses joues prenaient à nouveau une teinte rosée. J'adorais ça, le déstabiliser avec de simples petites remarques était devenu mon passe-temps préféré.
- On y va ? demanda-t-il simplement en se dirigeant vers l'entrée.
Je ne pus retenir un sourire face à cette manie peu discrète qu'il avait de changer de sujet quand il était embarrassé, mais je ne fis aucune remarque. Je me contentai de prendre ma veste et de l'enfiler alors que Swann se dirigeait vers l'endroit où nous entreposions toutes nos clés.
- Je conduis ? lança-t-il doucement en tentant d'attraper les clés de sa Porsche que nous avions récupérée le matin même après s'être assurés que ses parents ne seraient pas à la villa.
Je m'approchai de Swann et lui pris les clés des mains. Hors de question que je le laisse conduire.
- Dans tes rêves ! m'exclamai-je. Tu me laisses m'occuper de tout et toi tu te laisses conduire et tu passes une bonne soirée. En plus je te connais, tu risquerais de nous emmener dans la direction totalement opposée de là où on est censés se rendre juste parce que tu n'as pas envie de sortir et de voir du monde.
- Ça ne te dit pas de t'enfuir avec moi, alors ? répliqua-t-il dans une petite moue adorable que j'avais envie d'embrasser.
- C'est tentant, je l'avoue, mais la fuite n'est pas au programme du jour. On aura plein d'autres occasion de partir découvrir le monde ensemble, je te le promets.
Je me penchai pour enfin retrouver ses lèvres dans un bref baiser avant de lui tendre ma main. J'obtins un petit sourire de sa part alors qu'il entrelaçait nos doigts. Nous saluâmes ma mère, qui nous observait déjà d'un air attendri, avant de sortir définitivement de la maison. Nous prîmes tous les deux places dans la voiture et j'allumai le moteur. Le trajet ne serait pas long.
Ce fut quelques minutes plus tard que j'ouvris la porte du bar situé en centre-ville d'Oxford dans lequel nous avions rendez-vous. Je laissai ensuite passer un Swann qui n'avait pratiquement pas dit un mot depuis que nous étions partis. Je m'étais habitué à ce silence, même s'il me serrait le cœur, parce que c'était un traitement qu'il réservait à tout le monde depuis quelques jours. J'espérais que nos amis parviendraient à le faire parler.
D'ailleurs, en parlant d'eux, je ne mis pas longtemps à repérer Joyce et Austin, assis à une table à quelques mètres de nous. Je fis un signe à Swann pour qu'il me suive et Joyce ne tarda pas à nous repérer à son tour. Cette dernière ne perdit pas un instant pour se lever et serrer fermement Swann dans ses bras. Ils restèrent ainsi enlacés pendant quelques secondes durant lesquelles je saluai Austin qui nous accueillis aussi avec un grand sourire.
Je voyais Joyce murmurer des choses à l'oreille de Swann tandis que ce dernier acquiesçait. Evidemment, notre amie avait été mise au courant de tout, et je l'avais appelé après notre confrontation chez les parents de Swann pour la mettre au courant et la rassurer sur le fait qu'il était chez moi et que je prendrais soin de lui. Depuis, elle n'avait cessé de me faire comprendre qu'elle mourrait d'envie de le voir et de pouvoir le prendre à son tour dans ses bras.
Le baiser qu'elle déposa sur la joue de Swann scella la fin de leur étreinte et ce fut au tour d'Austin d'accueillir chaleureusement Swann. Le couple désormais emblématique retourna s'asseoir, nous les suivîmes pour prendre place à notre tour. Swann était en face de sa meilleure amie, qui ne le quittait plus des yeux, tandis que je faisais face à Austin.
- Comment tu te sens ? demanda Joyce à l'intention de Swann tout en posant sa main sur la sienne.
Malheureusement elle n'obtint qu'un grognement en guise de réponse. Je savais à quel point elle s'inquiétait, mais je savais aussi que Swann commençait à en avoir assez qu'on lui pose constamment cette question. Je le faisais aussi, j'en étais conscient, et c'était simplement parce que nous voulions nous assurer de son état, mais je pouvais comprendre la redondance de la situation et la lassitude qu'il pouvait en ressentir.
- D'accord, j'ai compris, s'exclama Joyce en levant ses deux mains en l'air en signe de reddition. On n'en parle pas. On laisse toutes les mauvaises ondes à la porte parce qu'on est ici pour passer une bonne soirée. D'ailleurs on venait juste de commander des bières avant que vous arriviez, j'espère que ça vous conviendra, les garçons. Quant à toi, Swann Nelson, je te promets que j'arriverai à te faire rire avant la fin de cette soirée.
Je vis avec plaisir Swann esquisser un léger sourire alors qu'il secouait la tête, feignant être désespéré par les paroles de sa meilleure amie.
- C'est déjà bien, mais ne crois pas que je vais me contenter de ce minuscule petit rictus, enchaîna-t-elle. On a toute la soirée pour te dérider, et je relève le défi.
Ce fut finalement Austin et moi qui laissâmes échapper un léger rire. Swann, quant à lui garda la même expression mais je pouvais déjà voir ses yeux pétiller un peu plus et ça me rassurait. Oui, il avait besoin de ça. Et il avait besoin de Joyce. Après tout elle aussi avait toujours été à ses côtés, et surtout lorsque, moi, je ne l'étais plus.
Une serveuse nous interrompit alors qu'elle vint nous déposer nos boisons dans un grand sourire. Nous la remerciâmes avant de trinquer. Je regardai Swann s'empresser de boire une longue gorgée. Je préférais garder un œil prévenant et prudent sur lui, je ne tenais pas à ce qu'il noie sa peine dans l'alcool comme il l'avait pourtant déjà fait auparavant. Je ne voulais pas non plus avoir l'air de le surveiller mais je voulais être sûr que nous puissions passer une bonne soirée.
- La seule chose que je dirais sur toute cette situation c'est que j'ai aperçus ton père près de la mairie hier, reprit Joyce. Et j'ai été prise d'une pulsion qui traduisait ma haine pour cet homme. Malheureusement, Austin était là aussi et c'est lui qui m'a retenu et empêché de rayer sa si belle voiture.
- Tu n'aurais pas dû, souffla simplement Swann en portant son regard vers Austin.
- Ah tu vois ! s'écria Joyce d'un air triomphal tout en donnant une légère tape sur l'épaule d'Austin. Je t'avais bien dit qu'il nous donnerait l'autorisation, tu aurais vraiment dû me laisser faire ! Tu m'as fait rater une occasion de m'en prendre à l'intouchable Dave Nelson ! Depuis le temps que ça me démange ! Je crois que j'en ai envie depuis la première fois qu'il ma vue et qu'il m'a prise pour une sous-merde vicieuse qui tentait d'influencer son fils et de l'attirer vers le côté sombre.
- Ah, ça nous fait un point commun alors ! répliquai-je dans un sourire ironique. Bienvenue dans le camp des dépravés et de la débauche !
Je levai mon verre et l'entrechoquait avec celui de Joyce qui avait imité mon mouvement. Swann pouffa à mes côtés et leva les yeux au ciel.
- Si être avec vous c'est avoir une vie de débauche alors je préfère être un dépravé qu'un hypocrite, lança-t-il.
- Alors trinque avec nous, l'encouragea Austin en levant son verre à son tour.
C'est ainsi que nous trinquâmes tous les quatre dans une bonne humeur retrouvée. Tout comme Joyce, Austin était un très bon ami pour Swann. Il tenait véritablement à lui, c'était évident, et ne l'avait jamais jugé ou regardé différemment lorsqu'il avait compris la relation que nous entretenions. En réalité, il n'avait même jamais relevé ou fait de remarques à ce propos, certainement parce que cela n'avait pas lieu d'être et qu'il savait très bien que ça ne le regardait pas. Il s'inquiétait seulement d'être notre ami et était, de toute façon, bien souvent trop occupé à être au petit soin avec Joyce pour nous remarquer.
Comme à l'instant où le couple s'était à nouveau renfermé dans leur petite bulle. Quant à Swann, il me regardait avec des yeux brillants. Pas besoin de mots pour que je comprenne que, finalement, il était content d'être là. Je ne résistais plus et me penchai vers lui pour déposer un baiser sur sa joue. J'espérai qu'il soit toujours aussi content dans une minute, et qu'il ne se braquerait pas.
Parce que, de là où je me trouvais, je pouvais la voir arriver, notre dernière invitée. Le bar était ce soir assez rempli, et les différents groupes d'amis se multipliaient devant nous, ainsi que cette foule qui se déplaçait dans la salle jusqu'à atteindre le bar, mais cette grande brune qui avançait vers nous ne passait pas inaperçue. D'un signe avenant, je l'encourageais à s'approcher.
Un sourire timide aux lèvres, elle s'approcha prudemment de nous avant de s'installer en bout de table, à côté de Swann qui ne l'avait toujours pas remarqué. Lorsque ce dernier aperçut la brune, je le vis perdre le sourire qu'il avait gagné lors de sa conversation avec Joyce, surpris. Vivement, Swann tourna la tête dans ma direction et planta son regard dans le mien.
- Tu as invité Kaitlyn ? me demanda-t-il, les sourcils froncés.
- Oui, je voulais réunir toute la bande, toutes les personnes qui tiennent à toi, expliquai-je. Alors j'ai contacté Kaitlyn, et j'ai fait en sorte qu'elle soit là ce soir. Parce que c'est aussi ton amie. Et c'est même elle qui nous a proposé ce lieu.
Swann hocha la tête et reporta son attention sur Kaitlyn qui le regardait avec un mélange d'inquiétude et d'espoir après avoir salué nos amis. Ils s'observèrent un instant, quelques secondes pendant lesquelles une certaine tension s'installa entre nous, avant que Kaitlyn ne prenne la parole.
- Je suis désolée pour avoir indirectement mis Hugo au courant, souffla-t-elle alors.
Après avoir gardé le silence encore quelques secondes, Swann poussa finalement un soupir et secoua la tête de droite à gauche.
- Non, c'est moi qui suis désolé, dit-il. Je n'aurais pas dû réagir comme ça, te rejeter et être si froid avec toi. Ce n'était pas ta faute, et ce n'était même pas vraiment contre toi que j'étais en colère. Je ne t'en veux pas. Et il fallait bien que ça se sache un jour ou l'autre. Tu m'as juste aidé à ce que ça aille un peu plus vite. Et honnêtement, je crois que sans toi je n'aurais jamais eu le courage de le faire. Donc je pense que tu m'as rendu un service finalement. Tu veux bien accepter mes excuses ?
- Evidemment, idiot ! sourit-elle avant de prendre Swann dans ses bras.
Je regardai la scène avec tendresse, un grand sourire conquis accroché aux lèvres. Les deux amis semblaient être heureux de se retrouver, et j'étais ravi que cette réconciliation se soit passée de cette façon. Même s'il ne se connaissaient pas depuis longtemps, de nombreux points communs, et une situation familiale similaire, les avaient réunis. Et je crois que Kaitlyn était une personne précieuse pour Swann, elle était déterminée et sûre d'elle, représentant comme un guide pour celui qui s'était retrouvé perdu dans une situation qu'il a eu beaucoup de difficultés à accepter. Je savais les conseils que la jeune femme lui avait donnés et je la remerciai de l'avoir orienté lorsqu'il le fallait.
Leur étreinte terminée, celui que j'aimais désormais appeler mon copain, se retourna vers moi avec de grands yeux pétillants. Ils avaient, le temps d'une soirée, retrouvé un peu de leur éclat, et c'était magnifique. Swann s'avança vers moi et passa une main sur ma nuque pour m'attirer à lui et connecter nos lèvres.
- Merci d'avoir organisé tout ça, murmura-t-il. Et merci d'avoir aussi invité Kaitlyn.
- C'est normal, je voulais juste te faire plaisir, lui répondis-je. Et puis tu avais raison, on a discuté un peu elle et moi, et elle est très sympa. Tu as vu, j'ai réussi à bien m'entendre avec elle !
Swann m'observa quelques secondes avec un sourcil haussé et un mystérieux sourire malicieux.
- C'est bizarre parce que j'ai remarqué que tu as complètement changé d'opinion sur Kaitlyn, et que tu as aussi arrêté d'être jaloux, à partir du moment où tu as appris qu'elle avait une copine, souleva-t-il.
- Alors là, je ne vois pas de quoi tu parles, me défendis-je très maladroitement. Je ne suis pas du tout jaloux !
-Bien sûr, pouffa-t-il. Je vais te croire, mon cœur.
Etonné et amusé, je relevai un sourcil. Swann venait d'insister sur le surnom que j'avais laissé échapper avant que nous quittions la maison. Je savais qu'il ne le disait que pour me taquiner mais je ne pouvais m'empêcher d'apprécier ces petits mots doux qui sortaient de sa bouche. Je n'avais pas contrôlé ce surnom avec lequel je l'avais qualifié il y a quelques heures, et je ne savais pas si cela deviendrait une habitude, mais cela faisait battre mon cœur un peu plus vite et j'espérais que la douceur de ces petits mots deviendrait naturelle entre nous.
Alors que Swann et moi étions toujours enfermé dans notre propre petite bulle, en train de nous regarder dans les yeux, ses orbes azurs éclatants plongés dans les miens, ce fut Kaitlyn qui nous ramena sur Terre.
- D'ailleurs, elle est juste là, ma copine, intervint-elle en se penchant vers Swann.
D'un même mouvement, nous tournâmes la tête vers l'endroit indiqué par le regard de Kaitlyn. Nous aperçûmes alors une jolie jeune fille installée derrière le bar, occupée à servir des clients avec un sourire éblouissant, teinté d'un rouge à lèvre couleur cerise. Un carré court blond platine encadrait son visage, son bras droit était presque entièrement recouvert de plusieurs tatouages tandis que l'autre était nu. Elle ne semblait pas être très grande mais extrêmement dynamique. Elle était très jolie.
- Elle travaille ici, reprit Kaitlyn. Et c'est pour ça que je vous ai proposé ce bar, pour que vous puissiez la rencontrer.
Tout le monde émis un grand sourire à cette idée, et Joyce laissa même échapper un cri de joie, alors que Kaitlyn faisait un signe en direction du bar pour proposer à sa chérie de la rejoindre. La petite blonde échangea un mot avec un de ses collègues avant de nous rejoindre sans se départir de son sourire. Elle se dirigea d'abord vers Kaitlyn, qu'elle embrassa doucement, avant de nous faire face, gardant un bras autour des épaules de sa copine.
- Je vous présente Iris, ma petite-amie, commença Kaitlyn en la présentant de sa main. Iris, je te présente mes amis, Joyce, Austin, Yaël et Swann.
Nous la saluâmes chaleureusement tandis que la dénommée Iris nous adressa un signe de la main en murmurant un léger mais joyeux "Bonsoir". Son regard parcouru chacun de nos visages jusqu'à Swann, qu'elle fixa un peu plus intensément.
- Alors c'est toi, le mec qui a embrassé ma copine, lança-t-elle à son intention, sans préambule.
Je me renfrognai sur ma chaise et croisai les mains devant moi, luttant pour ne pas laisser ma jalousie parler. Je n'allais pas faire un scandale, j'étais au courant de ce baiser. Swann m'en avait parlé il y a quelques semaines de cela, alors que nous recommencions une relation sur de bonnes bases. Je savais que ça n'avait été qu'un smack d'une seconde sans importance, mais cela ne voulait pas dire que j'appréciais qu'on remette cette histoire sur le tapis.
Swann, lui, était devenu tout blanc et regardait désormais Iris avec ses petits yeux de chiots apeuré, pris en flagrant délit alors qu'il avait fait une bêtise.
- Je... je suis désolé, bafouilla-t-il. Ça ne comptait pas et puis je savais pas... à l'époque je savais pas que Kaitlyn avait quelqu'un dans sa vie. Désolé.
- C'est bon, panique pas, beau gosse, je te fais marcher, lâcha-t-elle finalement en riant, désamorçant la tension. Kaitlyn m'a raconté, je sais que tu n'essayais pas de voler ma copine. Juste, si tu pouvais éviter de recommencer, ça m'arrangerait.
Swann hocha la tête, un sourire gêné aux lèvres, avant de tourner la tête dans ma direction. Il attrapa ma main et entrelaça nos doigts.
- T'inquiète pas, maintenant je suis bien trop occupé à l'embrasser, lui, ajouta Swann sans me quitter des yeux.
Pour illustrer ses propos, Swann se pencha et déposa à nouveau ses lèvres sur les miennes sous les acclamations de nos amis. Comme toujours, je fermai les yeux et profitai de ce contact avec cette impression que je ne pourrais jamais m'en lasser.
C'est dans cette bonne humeur que la soirée continua de se dérouler. Nous avions tous été heureux de rencontrer Iris et d'apprendre un peu à la connaître mais, malheureusement, elle n'avait pas pu rester avec nous trop longtemps puisqu'elle devait reprendre son service derrière le bar. Mais cela n'avait pas empêché Kaitlyn de nous parler d'elle et de nous raconter des anecdotes tout au long de la soirée, sans manquer d'échanger de grands sourires avec la barmaid en face de nous.
Les conversations allaient bon train dans une atmosphère légère et détendue. Les sourires étaient nombreux, sincères et lumineux, et Joyce laissa même échapper une bruyante exclamation lorsqu'elle réussit enfin à tirer un long éclat de rire de Swann. Un rire franc, bruyant et réellement réjoui. Un rire enfantin qui m'avait manqué, un rire que je n'avais plus entendu depuis des jours, un rire qui me faisait plaisir et me réchauffait le cœur.
J'étais heureux de le voir comme ça, à nouveau détendu et souriant. Rien que quelques heures. Elles comptaient beaucoup, ces quelques heures de répit. Swann le méritait bien.
Ses yeux bleus pétillaient lorsqu'il les tourna vers moi. Il était beau, et j'aimais le voir comme ça. J'espérais pouvoir l'aider à traverser les obstacles qu'il rencontrait en ce moment, et j'espérais qu'il garderait cet air adorablement enfantin encore longtemps, souriant à chaque occasion.
- T'avais raison, cette soirée m'a fait du bien, me souffla-t-il en accrochant son bras au mien, se collant un peu plus contre mon flanc. Merci.
- Je suis juste content de te voir sourire, lui dis-je en replaçant une mèche qui lui tombait sur le front. Je crois que tu avais bien le droit à une petite pause. Respirer un peu, voir tes amis avant de...
- De retourner en cours ? finit-il pour moi. Je sais bien que j'ai pas été très courageux ces derniers jours et que j'ai préféré me cacher, mais j'ai conscience que ça ne peut pas être définitif. Il faut que je le fasse. Et je crois que je suis prêt à retourner à la fac maintenant.
- Tu as été très courageux, Swann, le repris-je. Tu avais besoin de temps et je peux tout à fait le comprendre. Mais si tu es sûr de te sentir prêt alors je serais là. Que ce soit demain matin ou dans plusieurs jours, tu pourras compter sur moi, sur nous. Et je suis certain que tout se passera bien de toute façon.
- On sera content de te retrouver, Swann, intervint Austin qui nous regardait. Mais fait attention à Hugo. Je ne sais pas ce qu'il mijote mais je l'ai vu sortir du bureau du doyen lundi matin. Il a gardé son sourire mauvais et victorieux toute la journée après ça.
- Il est allé voir le doyen ? répéta Swann. Mais pourquoi ? Tu crois que ça a un rapport avec moi ?
- Je ne sais pas, admit Austin. Mais je veux juste que tu te méfies, et que tu fasses attention à toi. En tout cas nous on sera toujours derrière toi, ainsi que quelques gars de l'équipe. Tu n'es pas tout seul là-bas non plus, quelques uns te soutiennent même après avoir entendu la rumeur.
J'écoutai cet échange en fronçant les sourcils. J'avais une très mauvaise intuition par rapport à ça, surtout lorsqu'on savait le lien d'amitié qu'entretenaient le doyen d'Oxford et le père de Swann, ainsi que la haine qui animait Hugo depuis quelques jours.
- C'est justement ça, l'équipe, lançai-je d'un souffle. Son rendez-vous avec le doyen devait avoir un lien avec l'équipe. Je ne sais pas ce qu'il essaye de faire, mais ce qui est certain c'est qu'il va tenter de te nuire.
Je détestais la lueur de peur qui habillait désormais le regard de Swann. C'était une lueur que j'avais espéré ne plus voir mais, malheureusement, notre combat contre ceux qui n'acceptaient pas notre couple était loin d'être terminé. Mais, malgré ça, j'étais convaincu que Swann était désormais assez fort pour l'affronter. J'avais confiance en lui.
Alors, pour lui montrer encore et encore mon soutien, je posai ma main sur la sienne, celle qui reposait sur la table que nous occupions.
- Quoi que Hugo ait en tête, on ne le laisserait pas gagner, affirmai-je en gardant mes yeux ancrés dans ceux de Swann.
Et juste comme ça, sans que nous ayons besoin de nous concerter, tous nos amis posèrent à leur tour leur main sur celle de Swann, lui assurant alors leur soutien à tous.
- On sera là pour toi, Swann, déclara Joyce. Si tu le veux bien.
♠️♠️♠️
Hey !
J'espère que vous allez bien, comme toujours. Et je suis contente de vous retrouver pour ce chapitre entre amis, fait pour remonter le moral de Swann et montrer à quel point il est entouré de personnes précieuses.
Je n'ai pas grand chose à dire sur ce chapitre à part que Yaël fait tout pour redonner le sourire à Swann avant la reprise de la fac, à laquelle nous assisterons la prochaine fois.
Alors, qu'avez-vous pensé de ce chapitre ?
Yaël qui fait sortir Swann et organise une soirée entre amis ? Qui veut le faire sourire ?
Notre Swann en hibernation qui accepte quand même de mettre le nez dehors ?
Notre bande d'amis ?
La réconciliations entre Swann et Kaitlyn ? La présentation d'Iris, copine de Kaitlyn ?
Et pour la suite, une idée de ce que prépare Hugo ? Une idée de comment va se passer ce retour à la fac ?
Impatiente de lire tous vos petits commentaires, tous vos avis et toutes vos hypothèses !
Nous on se retrouve au plus vite pour le prochain chapitre. Mais je voulais quand même vous prévenir que le chapitre qui sortira ensuite sera celui que j'ai eu beaucoup de mal à écrire, parce qu'il était dur et qu'il m'a complètement vidé donc voilà... Je ne veux pas vous spoiler mais... je m'excuse d'avance, et lisez avec prudence pour les plus sensibles.
Voilà, sur ce, je vais me trouver un trou de souris pour aller me cacher. Je vous embrasse quand même très fort, et on se retrouve très vite.
A bientôt, T.
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top