38. Doubts

"La seule limite à notre épanouissement de demain sera nos doutes d'aujourd'hui."

Franklin Roosevelt

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Yaël

- Je suis rassurée que tu aies pu t'occuper de lui, qu'il y ait eu quelqu'un avec lui ce soir-là. Je sais que c'est compliqué entre vous et peut-être que tu m'en veux de t'avoir appelé et de te l'avoir mis dans les pattes mais je m'inquiétais tellement ! J'avais besoin de savoir qu'une personne de confiance était avec lui.

J'écoutais Joyce s'expliquer sur ce qu'il s'était passé ce week-end avec un petit sourire. Elle semblait vraiment désolée, mais elle n'avait rien fait de mal, et je ne lui en voulais pas de m'avoir appelé alors qu'elle se rongeait les sangs à propos de Swann. Au contraire, je la remerciais d'être une si bonne amie pour lui.

- Tu n'as pas à t'excuser, et tu as bien fait de m'appeler, la rassurai-je. J'ai pu le ramener en sécurité chez moi et au moins ça nous a donné l'occasion de discuter un peu, du moins le lendemain matin.

- Et qu'est-ce qu'il en est ressorti ? demanda-t-elle, curieuse.

- Il va devoir se bouger s'il veut réellement construire quelque chose avec moi, dis-je simplement en haussant les épaules.

Joyce hocha la tête et m'adressa un petit sourire compréhensif avant de regarder par-dessus mon épaule.

- En attendant il y a un beau blond qui semble t'attendre, m'apprit-elle malicieusement.

Je me retournai instantanément et aperçus Camille à quelques pas de là, les mains dans les poches. Il me regardait déjà, comme hésitant, comme s'il ne savait pas s'il pouvait s'approcher de notre groupe ou non. Dans un sourire, je lui fis un signe de tête pour lui intimer de nous rejoindre.

La veille, Camille m'avait dit qu'il allait repartir en France. Il ne pouvait pas rester ici indéfiniment et maintenant que nous avions discuté, il n'avait plus vraiment de raison de rester en Angleterre. Alors il ne passerait plus que quelques jours à Oxford avant de reprendre l'avion en fin de semaine.

Je lui avais donc proposé d'aller prendre un café ensemble après mes cours. Maintenant que cette lourde conversation qui planait autour de nous était évacuée, maintenant que la tension entre nous s'était un peu estompée, maintenant que nous avions convenu que nous ne nous détestions pas et que nous étions d'accord pour rester amis, j'avais envie de parler un peu plus sereinement avec lui. Prendre de vraies nouvelles, s'intéresser à sa vie, parler de tout et de rien, comme des amis. Je voulais que ce soit comme ça que nous nous quittions, et non sur cette douloureuse conversation.

J'aurais pu l'avoir lors du match de foot de Selia, cette discussion, mais j'étais bien trop perturbé par la présence de Swann. Je me retrouvais toujours à tourner la tête dans sa direction. Même si je paraissais distant envers lui, en réalité j'avais été bien plus intéressé par Swann et ses interactions avec ma petite sœur que par ce que me disait Camille. 

Et à la fin du match, une fois que Swann nous avait quitté, Camille avait préféré rentrer à l'hôtel, nous laissant finalement, ma sœur et moi, aller prendre un goûter rien que tous les deux. Un goûter durant lequel elle s'était fait un plaisir de me parler presque uniquement de Swann.   

J'avais apprécié qu'il prenne la peine de venir voir le match de Selia, et ma petite sœur en avait été très contente. Mais je ne voulais pas non plus me faire de fausses idées, j'attendais de voir s'il tenait vraiment à rester dans ma vie ou s'il allait à nouveau fuir à la première occasion. J'avais besoin de temps avant de lui refaire confiance. Du temps, et des gestes significatifs de son côté. Je le voulais auprès de moi, mais je n'allais pas lui refaire une place aussi facilement. Je voulais savoir si, lui, me voulait auprès de lui. Et ce pour plus de deux semaines.

Alors en attendant je le laissai venir vers moi sans trop lui donner. J'attendais de voir quelles seraient ses décisions. Et ensuite je prendrais la mienne.

Camille arriva à mes côtés et je posai une main sur son bras avant de me tourner vers mes amis.

- Je vous présente Camille, je... je crois que vous avez déjà entendu parler de lui, soufflai-je en ne tenant pas trop à rentrer dans les détails non plus. Camille, je te présente Joyce et Austin, mes amis.

Quelques hochements de tête en signe de salut et une étreinte de la part de Joyce suffirent à l'intégrer dans le groupe, et j'en étais ravi. Je ne voulais pas que mes amis soient hostiles à la présence de Camille juste parce qu'il était mon ex, surtout qu'il était adorable et qu'il n'était coupable en rien dans la fin de notre relation.

Joyce et Camille semblaient d'ailleurs bien s'entendre puisqu'ils se lancèrent dans une conversation mêlant les quelques bases de français que mon amie avait appris lors de ses cours. Ce fut en détournant le regard alors que je les laissais discuter que je l'aperçus.

Swann venait de sortir du bâtiment principal et son regard s'était instantanément posé sur nous. Il ne sembla pas hésiter une seconde avant de s'avancer dans notre direction, s'incrustant progressivement dans notre groupe. Ses yeux plantés dans les miens, il s'arrêta en face de moi, s'immisçant entre Joyce et Austin.

- Oh tiens, un revenant ! s'écria Joyce lorsqu'elle remarqua sa présence. Tu te souviens qu'on existe ?

Swann ne lui répondit que par un petit regard en biais avant de reporter son attention sur moi.

- Tu n'es pas avec Hugo ? enchaînai-je, presque aussi surpris que Joyce de le voir parmi nous.

- Pourquoi je serais avec Hugo ? répliqua Swann d'un air confiant. Il est insignifiant, contrairement à vous. Et il s'en prend aux personnes que j'aime.

Les mains dans les poches, ses yeux azurs ancrés dans les miens, il avait dit ça avec une telle assurance que je pourrais presque croire que son meilleur ami n'était réellement rien pour lui, qu'un détail de sa vie. Cependant je ne pouvais pas me permettre d'avoir trop vite confiance en lui et en chaque mot qui sortait de sa bouche. Je devais rester méfiant, parce que j'étais toujours blessé et amer face au comportement qu'il avait eu envers moi ces dernières semaines.

Alors je retenais mon sourire, un sourire qui mourrait d'envie de s'exprimer pourtant. Parce que, malgré tout, je devais reconnaître que c'était un premier petit pas de nous choisir, nous, et non Hugo. Restait à savoir si ce choix s'appliquerait aussi dans la durée.

- J'ai l'étrange impression de me sentir légèrement de trop ici, intervint Joyce, mettant fin à notre échange visuel. La tension entre vous trois est carrément étouffante ! Heureusement qu'avec Austin on n'est pas aussi compliqués que vous !

Ce dernier, jusque là silencieux, ne put se retenir de pouffer.

- Je ne sais pas de qui tu crois parler mais tu dois être la personne la plus compliquée que je connaisse, lâcha-t-il dans un rire. Si Swann ne s'en était pas mêlé, je n'aurais jamais obtenu notre premier rendez-vous tellement tu es têtue ! Et il a ensuite fallut que je t'emmène à je ne sais combien de rendez-vous pour que tu acceptes enfin de sortir avec moi.

- Justement, ne me fais pas regretter cette décision, rétorqua-t-elle. Et Swann aurait dû se mêler un peu moins de ma vie et un peu plus de la sienne, en écoutant mes conseils, s'il voulait éviter d'être dans la situation merdique dans laquelle il se trouve actuellement.

Deuxième regard noir de la part de Swann et notre groupe retomba dans un silence gêné. J'observai Swann qui, lui, fusillait Joyce du regard tandis que Camille fixait ses chaussures. Oui, la tension était bien présente et elle venait de monter d'un cran, grâce à l'intervention de Joyce. Et elle s'en rendit bientôt compte.

- En tout cas j'ai été ravie de faire ta connaissance, lança-t-elle à l'intention de Camille en lui offrant le plus grand des sourires. J'espère qu'on ne vient pas de t'effrayer. Je t'assure qu'on est des personnes parfaitement normales habituellement. J'espère qu'on ne t'a pas donné une mauvaise image de l'Angleterre.

Joyce termina sa phrase dans un petit rire embarrassé.

- Non j'ai passé un bon moment, la rassura-t-il. Je serais bien resté plus longtemps mais j'ai un avion à prendre en fin de semaine.

- Oh on devrait sortir tous ensemble avant que tu repartes ! s'exclama Joyce. Ça nous permettrait d'apprendre à nous connaître mais aussi de renouer un peu les liens dans notre groupe. Enfin, si Monsieur le Populaire n'a pas quelque chose de plus important à faire ailleurs, rajouta-t-elle en jetant une œillade à Swann.

Ce dernier ignora sa remarque et préféra regarder à tour de rôle tous les membres de notre groupe. Il s'attarda un instant sur Camille, le fixant avec les sourcils froncés, avant que ses yeux ne se posent sur moi. Il semblait réfléchir, et je donnerais tout pour savoir ce qu'il se passait actuellement dans sa tête. Après de longues secondes de silence, il se décida enfin à prendre la parole.

- Non j'ai rien de prévu. Je serais là, dit-il en fixant à nouveau Camille.

Les deux garçons s'observèrent avant que Camille ne détourne le regard, un sourire amusé accroché à ses lèvres. De mon côté, je me sentais incroyablement gêné mais, étrangement, la situation semblait presque divertissante pour mon ex.

Lorsque je me décidai à quitter Camille des yeux, je tombais directement dans le regard de Swann qui s'était fait plus doux mais aussi embarrassé. Il trépignait et se mordait la lèvre, comme s'il hésitait à reprendre la parole.

- Sinon je voulais... est-ce que ça serait possible de te parler deux minutes, Yaël ? me demanda-t-il finalement, timidement. S'il te plaît.

Les sourcils froncés, me demandant ce qu'il tenait à me dire, je hochai tout de même la tête. Malgré notre situation actuelle, je n'allais pas lui refuser une conversation. Alors j'acceptai, laissant entendre d'un regard à Camille que je revenais vite.

- Je t'attends ici, me glissa-t-il doucement.

En silence, je suivis Swann alors qu'il s'éloignait du groupe, certainement pour que notre discussion reste privée. Alors que je m'attendais à ce qu'il m'entraîne jusqu'à cette petite allée où nous avions déjà eu quelques échanges cachés, il se retourna finalement vers moi alors que nous étions toujours sur le parvis de l'université, à mon plus grand étonnement. S'agissait-il d'un nouveau progrès, d'un nouveau pas en avant de sa part ?

Je ne savais pas quoi croire. Tout simplement parce que je n'avais pas envie de m'emballer à nouveau trop vite.

- Tu n'es pas obligé de venir si tu n'en as pas envie, lançai-je sans lui laisser le temps de prendre la parole en premier, soucieux de ne pas prendre sa présence lors de notre future soirée entre amis pour acquise. Te force pas.

- J'en ai envie, assura-t-il rapidement et vivement. Et puis il faut bien que je passe du temps avec toi pour te prouver que... ce que je dois te prouver. Pour regagner ta confiance et espérer que tu me redonnes une chance.

- Et tu crois que c'est en jouant au pot de colle, en t'imposant, que tu vas y arriver ? hasardai-je d'une voix plus malicieuse qu'accusatrice.

- Je ne m'impose pas si tu veux que je sois là, répliqua-t-il avec assurance alors qu'il se rapprochait de moi. Et je sais que tu veux que je sois là.

- Donc c'est ça ta stratégie alors, me sortir tes phrases de drague les plus pourries ?

- Je sais ce que je fais, affirma-t-il. J'ai séduit plein de filles avant toi, ça doit pas être bien différent. Après tout, ça reste du flirt, quel que soit le sexe de la personne en face.

Je me pinçai les lèvres, retenant mon sourire. C'était peut-être maladroit mais je savais pertinemment qu'il n'avait pas dit ça pour être méchant ou vexant. Certes, je n'avais pas spécialement envie d'entendre parler des autres filles avec qui il avait eu une aventure, mais sa manière d'essayer de s'en sortir, d'essayer de remonter à la surface et de se remettre à me parler avec assurance me plaisait. Sa maladresse m'amusait. Peut-être que le laisser ramer allait être beaucoup plus divertissant que je l'imaginais !

- Je ne veux pas que tu me séduises, contrai-je. Je le suis déjà, pensai-je. Je veux que tu me montres que tu tiens à moi.

- L'un ne va pas sans l'autre, souffla-t-il doucement.

Un léger sourire sincère se dessinait sur les lèvres de Swann alors que nous restâmes quelques instants à nous regarder les yeux dans les yeux. C'était dingue avec quelle facilité et rapidité je pouvais me perdre et me noyer dans ses orbes azurs. Ses yeux étaient ma faiblesse. C'était pour ça que j'étais tombé si facilement, dès que j'avais croisé son regard. Et c'était pour ça que je devais me méfier, parce que c'était bien trop facile de tomber à nouveau, de sauter dans le vide sans filet au risque de s'écraser au sol.

- Il te faudra plus que ça, lui rappelai-je. Plus qu'un rapide flirt, un beau sourire, des belles paroles pour me convaincre.

- Je sais, soupira Swann. Sérieusement, Yaël, je fais ce que je peux. Mais je suis un peu perdu. J'ai jamais eu à prouver ce genre de chose à qui que ce soit. J'en ai jamais eu le besoin, ou l'envie. Contrairement à maintenant, j'en ai envie. Je veux le faire. Je veux que tu me fasses confiance.

- C'est déjà ça.

- Mais qu'est-ce que tu attends de moi exactement ? enchaîna-t-il. Est-ce que te prouver que je tiens à toi et que je veux être avec toi passe par le fait de le dire à tout le monde ? Est-ce que tu t'attends à ce que je cris sur tous les toits notre histoire, ce que tu représentes pour moi ? Que je mette toute la ville au courant ? Est-ce que tu veux que je sorte du placard pour toi ? Parce que je tiens à toi, Yaël, et je ne te dis pas que je le ferais jamais, mais je suis pas prêt. Pas comme ça, c'est trop tôt et...

- Non ! Je ne te demanderais jamais ça, le rassurai-je en posant ma main sur son bras. C'est certains que tu pourras pas te cacher toute ta vie mais c'est à toi de faire ça, quand tu seras prêt. Je ne te forcerais jamais à le faire. D'accord ? Tout ce que je veux c'est que tu sois sûr de qui tu veux, ou ne veux pas, dans ta vie et que tu sois sûr de ce que tu ressens. Je veux que tu prennes en compte les sentiments des autres tout en écoutant les tiens, et en arrêtant de fuir à chaque obstacle. Et si tu veux vraiment utiliser tes phrases toutes pourries et toutes prêtes pour me séduire, je ne t'en empêcherais pas.

Swann m'offrit un sourire timide avant de baisser la tête, préférant se concentrer sur le sol sous ses pieds. Je les voyais, ses joues, prendre une teinte rosée. Et là encore je devais prendre sur moi pour ne pas craquer alors que je le trouvais incroyablement mignon lorsqu'il était embarrassé.

- Et sinon, de quoi tu voulais me parler à la base ? repris-je après m'être raclé la gorge.

Je l'observai relever vivement la tête et se mordre la lèvre. Il semblait hésitant mais je lui laissai le temps de s'exprimer, curieux de savoir ce qu'il me voulait avec tant d'empressement.

- Je me demandais juste, qu'est-ce que... Qu'est-ce qu'il y a exactement entre Camille et toi ? lança-t-il finalement dans un léger bégayement alors qu'il jetait un coup d'œil derrière mon épaule, certainement en direction de mon ex. Enfin je sais que j'ai peut-être été un peu jaloux la dernière fois mais je voudrais juste savoir si j'ai encore une chance. Parce que, même si j'ai envie de le détester, Camille a l'air sympa, et vous semblez complices. Alors tu pourrais très bien vouloir te remettre avec lui, surtout après tout le mal que je t'ai fait ces derniers temps.

- Donc tu veux savoir si ça vaut le coup que tu te battes ? demandai-je, les sourcils froncés. Ou si tu n'as plus besoin de te donner la peine maintenant que Camille est là ?

- Non ! Bien sûr que non ! Evidemment que je veux me battre pour toi, Yaël ! Mais je voulais juste savoir si j'étais en compétition avec lui.

- Mais qu'est-ce que vous avez tous avec cette histoire de compétition ! soufflai-je en levant les yeux au ciel.

- Mais parce que c'en est une ! s'exclama Swann. Si je dois me battre contre Camille, je le ferais. Et tu sais quoi, je vais gagner. Parce que je gagne toujours.

Pour me souffler cette dernière phrase, Swann s'était rapproché de moi, très près de moi. Et je devais bien avouer que son regard déterminé planté dans le mien était intimidant et plutôt déstabilisant mais je ne laissais rien paraître. Je restai de marbre jusqu'à ce qu'il s'écarte après un dernier sourire victorieux.

Ce fut seulement à ce moment là que je pus reprendre mon souffle alors que je l'observai s'éloigner et disparaître progressivement de mon champ de vision. Sur son chemin, Swann frôla Camille sans lui adresser un regard alors que moi je remarquai que lui nous scrutait de loin. Il avait certainement dû être témoin de cette scène.

Lentement, Camille s'approcha de moi, les mains dans les poches et un sourire amusé accroché au visage.

- Ça devrait me faire mal de te voir avec lui, commença-t-il une fois arrivé à ma hauteur, ou moins me gêner, étant donné notre histoire commune, mais finalement je trouve ça assez divertissant.

Son petit haussement d'épaule me confirmait qu'il prenait ça à la légère. Pourtant notre histoire était encore fraîche et il devait certainement être encore un peu amer par rapport à la façon dont elle s'était terminée. Mais c'était Camille, jamais rancunier et toujours à voir le bon côté des choses.

- Tu es prêt ? On y va ?

La voix de Camille me fit revenir sur terre, me rappelant que nous avions un rendez-vous au café de prévu. J'acquiesçai simplement et lui souris avant d'ouvrir la marche en direction de ce petit café aux alentours de l'université, celui où beaucoup d'étudiants se donnaient rendez-vous.

Une fois les portes du café passées, nous nous installâmes rapidement et un serveur vint prendre notre commande. Nous restâmes quelques instants silencieux, Camille m'observait, les mains croisées et posées sur notre petite table.

- Alors, tu vas lui redonner une chance ? lança-t-il finalement.

Je remontai le regard dans sa direction et me pinçait les lèvres, comprenant immédiatement de qui nous étions en train de parler.

- Je... je sais pas, répondis-je, hésitant. Et je sais pas si c'est une bonne idée de parler de ça avec toi. Enfin, tu vois, t'es quand même mon ex.

- Je ne vais pas te mentir en te disant que ça ne me fait pas mal au cœur mais, je te l'ai dit, j'ai accepté la situation, dit-il. Je sais que nous deux c'est terminé et je ne vais pas m'accrocher à notre couple alors que je vois bien que tu t'intéresses à quelqu'un d'autre. Et puis je t'assure qu'il m'amuse à essayer d'attirer ton attention. Maintenant je suis ton ami, c'est ce qu'on s'est dit, alors tu peux me parler si tu en as besoin.

Je hochai la tête mais baissai néanmoins les yeux sur la tasse de café qu'on venait de m'apporter.

- Je sais pas quoi faire, confessai-je alors d'un souffle. J'ai envie d'être avec lui mais il y a quelque chose qui me retient. Je sais pas si je peux lui faire confiance, je sais pas s'il est fiable ou s'il va s'enfuir à nouveau. Je sais pas si un jour il acceptera de se montrer en publique avec moi, je sais pas si je finirais encore avec le cœur brisé. Je sais pas.

- Mais en même temps, si tu ne le laisses pas essayer, tu ne sauras pas non plus si tu peux lui faire confiance, souleva-t-il. Tu ne sauras pas s'il est sincère. Peut-être qu'il veut vraiment te prouver qu'il peut le faire, peut-être qu'il veut être avec toi, même publiquement. Je comprends tes doutes et c'est évident que tu dois faire attention à toi. Mais ne te renfermes pas complètement, parce que je crois qu'il essaye vraiment de revenir vers toi. Laisse-toi du temps et impose-lui des limites, mais laisse-le aussi l'occasion de se rattraper. Ne te ferme pas complètement. Parce qu'il y a une chance que ça vaille le coup.

- Je comprends pas comment tu peux être aussi gentil et compréhensif, soupirai-je. Je comprends pas comment tu peux m'aider à ce sujet alors que je t'ai fait du mal.

- C'est fini ça, Yaël. Ne pense plus à ça.

Mon regard croisa ses yeux ambrés, sincères, doux, bienveillants. Nous échangeâmes un sourire alors que je mesurai la chance que j'avais eu de croiser son chemin. Même si notre histoire était terminée, je lui serais toujours reconnaissant d'être entré dans ma vie, parce qu'il m'a beaucoup apporté.

- Merci d'avoir été là pour moi pendant plus de deux ans, quand ça allait mais aussi quand ça n'allait pas, formulai-je. Et merci de l'être encore aujourd'hui.

- On a quand même eu une belle histoire, sourit-il.        

Je répondis à son rictus en hochant la tête, nostalgique. C'est vrai qu'on a passé de bons moments ensemble, bien plus de rires que de pleurs et c'est ce que je retiendrais. J'espérais qu'il puisse trouver quelqu'un qui le rendrait encore plus heureux. Et de mon côté j'espérais, un jour, retrouver le confort que je ressentais avec Camille dans une prochaine relation. Et j'espérais tellement pouvoir l'avoir avec Swann.

- Swann est complètement jaloux de toi, lançai-je en riant, changeant de sujet.

- Vraiment ? Qu'est-ce qui te faire dire ça ? Le fait qu'il me fusille du regard à chaque fois qu'il me voit ? Le fait qu'il m'ait bousillé la main quand il me l'a serrée l'autre jour ? Ou le fait qu'il essaye de marquer son territoire comme si tu lui devais quelque chose ?

Je pouffai au ton ironique, mais sans réel venin, de Camille.

- C'est juste qu'il ne sait pas s'y prendre, le défendis-je sans trop savoir pourquoi.

- Tu pourrais continuer de le rendre jaloux, proposa Camille. Juste un peu, parce qu'au moins ça montre qu'il tient à toi. Ou alors il ne se donnerait pas la peine de se mettre dans cet état. Je crois que la jalousie est un déclic pour lui, il va se bouger s'il voit qu'il est en train de te perdre, s'il comprend qu'il peut te perdre à tous moments s'il ne se bat pas.

- Ou alors ce sera juste un caprice, répliquai-je. Il se battra jusqu'à ce que je cède, encore, jusqu'à ce qu'il m'ait récupéré, et ensuite il s'en ira encore une fois lorsqu'il aura eu ce qu'il voulait.

- C'est toi qui voit, c'est toi qui décide, affirma-t-il en haussant les épaules. Mais j'ai vu la façon dont il te regarde, et la façon dont il rougit quand tu lui parles, et tu le vois aussi. Je ne crois pas que tu sois qu'un caprice. Certes, c'est nouveau pour lui et il est très maladroit, mais je crois qu'il a vraiment des sentiments pour toi et que c'est sincère. Il n'a pas l'air méchant ou calculateur, il avait juste peur, et je crois qu'il a compris maintenant. Je ne te dis pas qu'il ne refera pas d'erreurs, mais je crois qu'il y réfléchira à deux fois maintenant avant de prendre une mauvaise décision. Parce qu'il sait ce qu'il risque de perdre. Et crois-moi, quand on est dans ta vie, on n'a pas envie de te perdre.

- Pourquoi tu le défends ? demandai-je soudainement, les sourcils froncés.

- Parce que je veux que tu sois heureux, répondit-il d'un haussement d'épaule. Et je crois que, même si vous souffrez pour l'instant, il peut te rendre heureux. Je crois qu'il s'en donnera les moyens.

Vraiment trop gentil pour son propre bien.

- Toi aussi tu seras heureux, lui assurai-je. J'en suis convaincu.

Je frôlai du bout des doigts la main de Camille dans un geste léger, délicat mais aussi hésitant. Il m'adressa un simple sourire tendre avant que sa main ne rejoigne sa jumelle derrière sa tasse, désormais inaccessible à mon toucher.

- Je comprends que tu veuilles qu'il rame et qu'il fasse des efforts, et je suis d'accord avec toi sur ce principe, dit-il. Mais s'il t'ouvre son cœur, ne ferme pas le tien. Quant à moi, je vais essayer d'ouvrir mon cœur à quelqu'un d'autre. Si possible quelqu'un qui ne sera pas obsédé par son ami d'enfance.

Un petit sourire triste étira mes lèvres alors que je baissai mes yeux sur ma tasse de café, presque honteux.

- Ton futur copain aura de la chance, soufflai-je doucement. Et s'il ne la mesure pas et qu'il la bousille comme moi je l'ai fait, tu peux être sûr qu'il entendra parler de moi.

Le rire de Camille s'éleva dans le petit café jusqu'ici plutôt silencieux. Et si des regards réprobateurs s'étaient tournés vers nous, alors je n'y avais pas fait attention. Parce que ce qui m'importait à cet instant était de redonner le sourire à Camille.

- C'est réciproque, tu sais, lança-t-il une fois calmé. Si Swann te blesse à nouveau, je serais bien moins gentil que ces derniers jours, ni aussi compréhensif.

Je souris doucement, presque nostalgique, me rappelant que Camille avait toujours été celui qui assurait mes arrières, celui qui me protégeait. Et aujourd'hui il était encore prêt à le faire. Ça me touchait. Comme tous les mots qu'il m'avait dit jusqu'ici. Il arrivait à mettre notre relation de côté pour me conseiller et me rassurer.

Je ne savais pas encore comment tout allait se passer avec Swann. Mes doutes persistaient et j'avais peur de lui donner ma confiance trop tôt. Mais peut-être que Camille avait raison, peut-être que je ne devais pas me renfermer complètement et lui laisser la chance d'essayer tout en imposant mon rythme.

De toute façon j'étais bien trop accro à lui, et c'était ce qui me faisait peur. Parce que, malgré ma rancœur, je craignais ne pas pouvoir lui résister bien longtemps.

♠️♠️♠️

Hey !

Vous allez bien ?
Moi je suis contente de vous retrouver aujourd'hui pour ce nouveau chapitre même si, comme la dernière fois, je n'en suis pas pleinement satisfaite... C'est plus des chapitres de transition en fait, et moi j'ai hâte de vous faire partager ce que j'ai prévu pour la suite.

Rien ne change beaucoup pour l'instant du côté de Swann, il est perdu et ne sait pas trop comment s'y prendre, même s'il essaye de faire des petits pas. Yaël, quant à lui, a toujours des doutes.

Alors, qu'avez-vous pensé de ce chapitre ?

Swann ?

Les doutes de Yaël ?

Les conseils de Camille ?

Joyce et sa proposition de sortie entre amis ? Bonne ou mauvaise idée selon vous ?

Voilà, impatiente de vous lire !

Je vous souhaite une très bonne fin de journée ! Moi je vais me remettre à l'écriture pour vous livrer la suite au plus vite. Hâte de vous poster le prochain chapitre !

À bientôt, T.

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