- Alors, prête pour ta rentrée ?

- Oui.

Non, je ne l'étais pas. Après être partie pendant si longtemps de cette ville, c'était dur de revenir. Mes parents sont morts ici, et n'ayant personne pour nous garder, mon frère et moi avons dû aller en famille d'accueil dans une ville loin d'ici. Et me revoilà, de retour après dix ans. J'allais aller au lycée, comme si tout était normal, alors que rien ne l'était. C'est en fin de compte ce qui était le plus difficile avec cette rentrée. Les yeux du monde entier seront braqués sur cette rentrée. Parce-que je ne serai pas la seule avec mon entrée pour la première fois au lycée d'Edendale.

"C'est officiel, et tout le monde attends avec impatience l'arrivée des sept Atriens dans le lycée d'Edendale, la ville qui a accueillie l'ensemble des Atriens après leur crash sur notre planète. C'est ainsi que nous saurons si une cohabitation est possible entre Humains et Atriens, et chacun espère -ou non-, que le programme d'intégration sera un succès. C'est avec les images de la manifestation des Red Hawks que notre émission s'achève."

Ces phrases étaient partout, à la télé, à la radio, sur le net, partout. On avait toujours beaucoup parlé des Atriens, mais depuis que le programme d'intégration a été mis en place, c'était pire. Chacun y allait de son avis, de sa critique, de son soutien. Mon frère soupira et se leva pour éteindre la télévision.

- Écoute, c'est normal que tu stresses avec tout ça mais, Ellie, j'aimerai au moins que tu me le dises.

- Mais non ça va, je vais sûrement passer à la télé en plus, si c'est pas génial.

Sur ce je me levai et débarrassai la table. Manger devant la télévision, c'est pas toujours top, surtout en ce moment. Ceci fait, je me rendis dans ma chambre, à l'étage. Assez spacieuse et décorée de façon simple et féminine, j'aimais m'y réfugier. De toute façon, venant d'arriver en ville, je n'avais pas trop eu l'occasion de sortir. Il avait fallu défaire tous les cartons et tout ranger pour être prête pour la rentrée. Je me mettais sérieusement à détester ce mot, bien que je ne l'ai jamais vraiment aimé. Mais cette année, c'était pire. J'ai quitté mes anciens amis pour retourner dans la ville de mon enfance, où je ne connais presque personne. Et les seules personnes que je connaisse ne se souviennent sans doute pas de moi. Youpi, j'ai hâte.

J'enfilai un short et un débardeur en guise de pyjama et vérifia pour la quinzième fois que toutes mes affaires étaient prêtes pour le lendemain. Et elles l'étaient, je le savais. Je voulais juste ne rien oublier, pour éviter d'avoir des problèmes, dès le premier jour. Ce qui était bien d'une certaine façon, c'est qu'au moins on ne fera pas trop attention à moi, les gens seront trop occupés à fixer les Atriens et à les observer dans les moindres détails. Les pauvres, ça n'allait pas être facile. Heureusement qu'ils seront sept, et donc ne seront pas seuls pour affronter la foule. Moi, je le serai, seule. Youpi again.

Attrapant mon ordinateur, je me mis dans mon lit, au chaud sous la couette, et me regardai un film pour me destresser. C'est pas bon qu'ils disent, les médecins et les psychologues, de trop stresser. Je suis une gentille fille moi, je les écoutais. Ou pas. Fuck mes médicaments, j'ai d'autres choses à faire. Regarder mon film, et dormir. Ce que je fis, attendant avec impatience la fin de la rentrée.