Chapitre Trois

Il faisait nuit, tout était sombre, on ne voyait pratiquement rien. Nous avancions en silence, le plus discrètement possible. Si qui que ce soit nous voyait, on pourrait avoir des ennuis. De très sérieux ennuis. Et pourtant, nous étions là, se faufilant entre les ombres, à la recherche de quelque chose dont nous savions seulement l'apparence. Et nous devions le chercher dans le Secteur entier, sans que personne ne comprenne que nous étions humaines. Et aucun humain n'a le droit de pénétrer dans le Secteur, à part les gardes. Si l'un d'entre eux nous voyait, c'était fini pour nous. Et je n'osais même pas imaginer ce qui nous arriverait si c'était un Atrien qui nous tombait dessus. Tout le monde savait que certains d'entre vouaient une haine immense envers les humains. Il paraît même qu'un d'entre eux avait craché sur un garde. Il avait été arrêté et emprisonné à la "ruche". C'était l'endroit où était enfermé tous les Atriens ayant enfreint la loi. Plus personne après ça ne s'en était pris physiquement à un garde, de façon trop voyante du moins. Et c'est donc dans cet endroit qualifié d'hautement dangereux par les Red Hawks, que nous cherchions du cyper. Je me sens effrayée et excitée à la fois, c'est un mélange de sentiments très étrange. Ceci était le plan complètement fou d'Emery. En fait c'était pas un plan, sinon on aurait eu une -voire plusieurs, mais c'est trop demander je crois- possibilités pour sauver nos fesses en cas de problèmes. Et on en a pas. Donc, j'ai dis oui, et je suis venue, mais je savais déjà qu'on finirait notre nuit, soit au poste de police, soit mortes. Franchement, je sais pas ce que je préfère entre les deux.

Changement de tactique. Etant donné qu'il y avait des gardes qui patrouillaient sur des passerelles en hauteur, ce qui leur permettait de voir tout le Secteur, on a décidé que marcher dans la rue principale, mêlées à la foule, serait moins suspect. Ouais, sauf que chaque personne qui regardait un peu trop sous notre capuche remarquait que nous n'avions pas de marques, et par conséquent que nous étions humaines. Mais bon, dans un cas comme dans l'autre, on nous aurait repérées, donc ce "plan" n'est pas forcément plus mauvais que l'autre. Il fallait juste trouver la bonne personne à qui demander où était le cyper. Ca aussi, c'est pas forcément un bon plan, mais on n'a aucun autre moyen pour trouver le cyper, donc bon. Je remarquais que les gens nous regardaient bizarrement. Donc on est repérées. Je tournai la tête vers Emery, et remarquai qu'elle était arrivée à la même conclusion que moi. Une Atrienne assez âgée vint à notre rencontre au même moment, plusieurs colliers qui semblaient avoir été fabriqués par elle-même, dans ses mains. Elle nous parla dans un anglais approximatif, nous demandant si nous voulions les acheter. Après cela, un homme s'avança vers nous, et poussa la vieille dame. Je ne comprenais pas bien ce qu'il se passait, mais il nous prit par le poignet, et nous tira un peu à l'écart, nous disant que deux humaines aussi jeunes ne devraient pas se trouver ici, avec un sourire bizarre. Absolument pas flippant quoi. Alors que je m'apprêtai a dire à Emery que nous devrions nous en aller, elle fit quelque chose que je qualifierai de...stupide.

- Vous savez où on peut trouver du cyper ?

Et là, le mec perdit son sourire, déjà flippant, pour revêtir une tête qui, comment dire, me donnait envie de partir en hurlant, et en pleurant, le tout en levant les bras en l'ai, et en courant. Et d'un coup, tout partit de travers. Des gens se mirent à crier autour nous, tout le monde s'agitait et courrait, et le mec en face de nous disparut. Nous ne savions pas trop comment réagir, si nous devions suivre tout le monde et se fondre dans la masse ou partir dans le sens inverse. Puis, Roman, l'un des sept Atriens du programme d'intégration, apparut devant nous et nous cria de passer par une porte, pas loin. Emery lui obéit et passa la porte. Je m'empressai de la suivre, sous les cris de Roman. Aussitôt que j'avais passé la porte, plus aucun bruit ne se faisait entendre. Nous étions arrivés sur une sorte de toit, et Roman nous demanda si nous allions bien, avant de nous conduire à un endroit où nous serions en sécurité, d'après lui. En voyant Emery le suivre automatiquement, un sentiment d'ébahissement me pris. Mais pourquoi lui faisait-elle aussi confiance ? En l'espace de cinq minutes, deux Atriens nous avaient abordés, avec, je le savais, des idées pas très sympas en tête, et tout avait dégénéré. Et là, elle suivait Roman comme si elle le connaissait depuis des années. Non mais sérieux, va falloir qu'on parle. Et avant de mourir, si possible.

Je les suivis donc, n'ayant pas d'autres choix, et on arriva peu après sur une terrasse, toujours sur un toit, où se trouvait une sorte de serre, avec des plantes qui y poussaient. C'était magnifique, surtout qu'il faisait nuit et que les quelques lumières allumées rendaient l'atmosphère magique. J'étais emerveillée, jusqu'à ce que j'entende une vois derrière moi, loin d'être accueillante.

- Qu'est-ce qu'elles font là ?

Je me retournai et vis Lian. Oh, super, il manquait plus que ça. Sur tous les Atriens du Secteur, il fallait qu'on croise Lian à un moment donné. Roman s'avança vers lui et ils s'avancèrent un peu plus loin pour parler. J'ai comme l'impression que Roman pourrait avoir des problèmes si les gens de son peuple savaient qu'on étaient ici, vu l'énervement assez voyant de Lian. Ou alors c'est juste qu'il nous aime pas. Les deux je suppose. Pendant ce temps, Emery et moi nous approchèrent un peu plus des plantes qui poussaient ici, et je poussai un cri de surprise. Du cyper. Là, juste devant nous, se trouvait des centaines de plants de cyper. Emery aussi l'avait remarqué, et elle demanda aux garçons après qu'ils soient revenus :

- C'est du cyper ?

Malaise chez Roman et Lian. Donc c'est bien du cyper. Et Roman, après quelques secondes d'hésitation, nous le confirma.

- Oui, c'est bien du cyper.

Alléluia, on n'a pas fait tout ça pour rien. On va pouvoir soigner Julia, l'amie d'Emery, qui nous attendait à l'hôpital. C'était pour elle que nous étions venues chercher du cyper. Elle était atteinte de leucémie, et, si les médecins la laissait sortir, c'était pour qu'elle puisse profiter de la vie avant de mourir. Car, ils n'avaient pas réussi à la soigner, malgré tous leurs efforts.

- Oh mon Dieu, c'est vraiment du cyper ?

Emery ne semblait pas y croire. Je la comprenais. Elle-même avait été malade pendant si longtemps, et maintenant elle trouvait un remède miracle, qui pouvait sauver n'importe qui, et en particulier sa meilleure amie, atteinte d'une grave maladie. Je crois qu'à sa place, il me faudrait aussi un peu de temps pour réaliser. D'ailleurs, je ne réalise pas non plus que moi aussi, je pourrai être soignée, et vivre une vie normale.

- Oui, c'est bien du cyper. Ou la version atrienne de ce que vous appelez du safran, annonça Lian.

Attendez, quoi ? Du safran ? Mes yeux s'écarquillèrent, en même temps que ceux d'Emery. Du safran. Une épice. Et non un remède miracle. Non, c'est pas possible, ça ne peut pas.

- Et non, c'est pas une plante curative, comme pensent les humains.

Lian, tu ferais mieux de la fermer si tu veux rester en vie, vraiment. Voyant notre réaction, Roman demanda d'une vois hésitante :

- Vous connaissez quelqu'un de malade ?

A ces mots, Emery s'empressa de tourner la tête, et je sus qu'elle pleurait. Moi, j'avais juste l'impression que le monde s'était arrêté. J'ai tant espéré, et voilà que, une fois de plus, le remède pour lequel j'avais eu tant d'espoir, s'avérait ne pas marcher. Ou ne même pas exister, dans ce cas précis.  Je n'ai jamais été douée pour réconforter les gens. Je m'avança pour la prendre dans mes bras, ainsi je la réconfortai tout en me réconfortant moi-même, pendant que que Roman murmura tristement qu'il était désolé. Ouais, merci mec, ça nous avance vraiment à quelque chose. Au bout de quelques secondes de silence gênant, Emery se dégaga de mes bras, et s'essuyant les yeux, elle déclara d'une voix qu'elle voulait assurée :

- Non, c'est bon, c'est pas ce que Julia aurait voulu. C'est pas grave.

La pauvre, ça se voyait tellement qu'elle ne pensait pas ce qu'elle disait. Mais, du peu que je savais de Julia, de ce que m'avait dit Emery, et quand je l'avais rencontrée avant de venir au Secteur, elle aurait dit que ce n'était pas grave, et que la vie continuait. Elle avait vraiment l'air du genre de personne à se satisfaire de faits très simples, à sourire tout le temps, même quand ça n'allait pas. C'est pas mon cas. C'était grave., et je ne voulais pas juste écarter ce faux-espoir d'un geste de la main. Roman l'attira un peu plus loin pour parler à Emery, et je décidai de leur laisser encore plus d'intimité en m'éloignant un peu, en m'accoudant à la barrière. Ainsi, je voyais la ville humaine, de haut. C'était magnifique. Pourquoi tout est magnifique quand on est triste ? On dirait que l'univers veut nous réconforter, en nous montrant de jolies choses, pour essayer de nous rendre le sourire.

- Votre technologie humaine peut pas l'aider, votre amie ? demanda Lian.

Lian ne fait pas parti des jolies choses, pourquoi alors l'univers me l'envoie ?

- Nan.

Je ne connais presque pas Julia, mais la savoir condamnée me rend triste aussi. Elle a vraiment l'air d'être une personne super, et cela démontre encore une fois, que ce sont les meilleures personnes qui doivent s'en aller. C'est injuste.

- Vous pouvez pas rester là.

- Tu permets deux secondes ? On vient d'apprendre qu'une amie est condamnée parce-que votre satanée plante n'est pas capable de la soigner. Tu peux pas nous virer comme ça.

- Oh que si je peux vous virer "comme ça". Et c'est pas notre faute si votre amie va mourir. Va insulter tes stupides humains qui ne sont pas plus capables de la soigner que nous.

Je soupirai, énervée. Il faudrait que je me taise. Je dis toujours des trucs stupides quand je suis énervée, et je le regrette plus tard. Mais je ne suis pas capable de me taire.

- Tu veux que je te dise ?

- Non.

- Je m'en fous de ce que tu veux. Ce que moi je veux en revanche, je le sais. Et je veux un remède miracle. J'en ai rien à foutre si je dois retourner tout le Secteur, mais je trouverais ce remède miracle, parce-que la rumeur du cyper qui guérit tout n'est pas sortie de nul part. Alors cachez bien vos trucs, parce-que quoi qu'il se passe, je reviendrais. Et je le trouverais.

Sur ce, je me retourna et partis en direction de la sortie, attrapant au passage Emery. Elle aussi semblait ne plus pouvoir supporter cet endroit, donc c'est parfait. Je remarquai qu'elle semblait troublée, mais, toujours énervée, je ne lui demanda pas d'explications. On rentra chacunes chez soi, sans parler. Juste avant qu'on se quitte, elle me fit un sourire, et me dit que je ne devais pas m'inquiéter pour Julia, que tout irait bien. Je m'inquiétais pour elle. Elle ne guérirait pas sans le cyper. Qui n'est autre que du cyper. Ca me dégoûte sérieux. On était à ça de le trouver, ce fameux remède miracle, à ça. Et bah non. Ca va être super de dormir, avec ça. Dormez bien petits Atriens, mais préparez-vous à mon retour.

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Hey tout le monde, voilà le chapitre trois ! :)

Comme vous pouvez le voir, la visite au Secteur s'est pas trop bien passée, surtout à la fin xD Ellie en mode grave vénère xD

A tous ceux qui on vus la série, sachant que je vais suivre les évènements de la série, no spoilers aux autres ! ;)

J'espère que vous avez aimé, et je vous dis au prochain chapitre :p
Bonne journée, soirée ou nuit <3

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