Chapitre 3

« Faire des choix est une chose, ne jamais en avoir eu l'occasion en est une autre. »

Allie Condy

*

Louis avait attendu, jusqu'au soir. Parce qu'il n'était pas vraiment certain que quelque chose comme ça lui soit arrivée, à lui. C'était comme si on lui avait posé un lapin sauf que c'était un rendez-vous professionnel. Pour ne pas mentir, il se sentait juste totalement con. Il avait cette désagréable impression de s'être fait avoir. Et il avait vraiment, vraiment envie de casser son pot à crayons qui de toute manière ne lui servait à rien parce qu'il ne possédait qu'un malheureux bic bleu qui avait par conséquent beaucoup trop de place pour lui tout seul dans ce putain de pot à crayons. Il se leva précipitamment et attrapa son trench coat. Il regarda un instant par la fenêtre et leva les yeux au ciel. Il pleuvait, comme d'habitude. Il habitait à Londres depuis maintenant cinq ans et en cinq ans il avait dû avoir trois jours de beau temps. Peut-être que c'était exagéré. Mais il n'aimait pas la pluie et devoir vivre avec tous les jours l'exaspérait plus qu'autre chose. Il sortit de l'immeuble d'un pas vif, sans même un regard pour April et monta dans sa voiture. Lorsqu'il arriva devant le foyer Greenwood il avait l'impression que quelque chose avait changé. Peut-être était-ce l'air qui s'était alourdi. Ou son cœur qui s'était subitement mis à battre plus vite. Toujours est-il que quelque chose semblait différent et ça lui faisait comme une boule dans la gorge. Il secoua vivement la tête de gauche à droite avant de prendre une grande inspiration et d'entrer sans frapper. Immédiatement, Lizzie vint le trouver et son sourire s'évanouit lorsqu'elle le vit. Il grimaça et leva les mains en l'air.

« - J'avais le choix entre aller me faire foutre ou bouger mon cul. Je suis là. dit-il simplement en souriant en coin, fier de son entrée.

- Bien. Je suppose que vous êtes venu voir Harry ? demanda-t-elle gentiment, et Louis ne put s'empêcher de lever les yeux au ciel. On fait moins la maline quand on est plus au téléphone. Il a été conduit à l'infirmerie, enchaîna-t-elle alors ce qui fit sortir Louis de ses pensées.

- Pourquoi ? Il a été malade ?

- Non, je suis juste allé dans sa chambre après votre appel et je l'ai trouvé, baignant dans une mare de sang alors j'ai soigné toutes les blessures visibles qu'il avait et je l'ai conduit là bas. »

Louis la regarda un instant, sans avoir aucune réaction. Son visage resta étrangement impassible et c'était presque effrayant tant il semblait ne ressentir aucune émotion. Finalement, il cligna des yeux et demanda poliment à l'infirmière qu'elle le conduise jusqu'à l'infirmerie. Elle ne fit aucun commentaire et lui demanda de la suivre. Elle l'entraîna à travers un dédale de couloirs, regardant parfois derrière elle pour vérifier que le psychologue suivait bien. Finalement, ils arrivèrent devant une petite porte blanche sur laquelle était fixé un écriteau « Infirmerie ». C'était blanc. C'est le seul mot qui lui vint à l'esprit lorsqu'elle le fit entrer dans la petite pièce exiguë qui abritait Harry. Tout était tellement, tellement blanc que Louis hésita à se pincer pour vérifier qu'il était encore vivant et que tout ceci n'était pas le paradis. C'était comme cela qu'il l'imaginait. Le paradis. Blanc et étrangement calme. Ses yeux firent le tour de la pièce, évitant soigneusement le lit au centre de la petite chambre mais finalement, son regard se posa sur le corps frêle de son patient. Il semblait vêtu seulement d'un t shirt large et sa poitrine se soulevait à un rythme irrégulier. Le bas de son corps était caché par un drap blanc. Louis prit une profonde inspiration et s'avança lentement jusqu'à lui. Il eut envie de lui prendre la main, mais se retint. « Professionnel, tu dois rester professionnel » voilà ce qu'il pensa tout du long, sans doute pour s'éviter de craquer. Il le regarda encore quelques instants, et il dégagea doucement une boucle de ses cheveux qui étaient venue se loger juste sur son œil. Il sourit tristement et repartit, comme il était entré, sans un mot pour personne. Il sortit du foyer et monta dans sa voiture, puis il rentra chez lui sans même un regard en arrière.

*

Lorsqu'Harry ouvrit les yeux, la nuit était tombée et il ne put s'empêcher de trouver cela bizarre car normalement, il ne voyait pas le ciel à travers la fenêtre de sa chambre. Il se redressa un peu et gémit de douleur lorsqu'il prit appui sur ses bras. Il regarda autour de lui et -même si le fait qu'il fasse nuit et qu'il puisse le voir aurait dû être une information suffisante pour arriver à cette conclusion- il fut étonné de constater qu'il ne se trouvait pas dans sa chambre. Il se recoucha et regarda un instant le plafond, sans véritablement penser à quelque chose de particulier. Il méditait simplement sur le fait qu'il était encore en vie alors qu'il n'aurait pas dû l'être. Parce qu'après tout, qui a envie de vivre après avoir vécu l'enfer ? Qui a envie de continuer à vivre alors que l'espoir n'existe plus dans son esprit ? Personne, et certainement pas Harry. Il frissonna et c'est alors qu'il remarqua qu'il était vêtu seulement d'un vieux t shirt qui ne lui appartenait pas. Brusquement, il se sentit pris de nausées et il eut terriblement envie de pleurer. Quelqu'un l'avait touché. Sans sa permission. Comment pouvait-on lui faire ça ? Qu'avait-il fait pour mériter ça ? Il ne voulait plus être touché, jamais, par personne. Il remonta le drap contre lui et grimaça en sentant le tissu effleurer ses avant bras. Pourtant ils étaient bandés. Tiens, encore quelque chose de bizarre. Et il sentit la sueur couler le long de son dos. Non seulement on l'avait touché mais pire encore, on l'avait soigné. Il avait brusquement envie de crier et de tuer quelqu'un. Enfin, peut-être que tuer quelqu'un était excessif mais il était assez énervé pour que ça lui ai traversé l'esprit, ne serait-ce qu'une demie seconde. Il arracha les bandages d'un coup sec et dut se mordre les lèvres pour ne pas crier. Il sentit rapidement le goût du sang dans sa bouche et il ne put retenir un petit sourire. Il observa un instant ses blessures et avant qu'il puisse réfléchir convenablement à ce qu'il était en train de faire, il se mit à se griffer. Violemment, ses longs doigts fins arrachaient les croûtes qui commençaient à peine à se former. Il manqua une nouvelle fois de hurler mais se retint au dernier moment, mordant la première chose qui vint, autrement dit, son oreiller. Le sang coulait sur le drap blanc, traînée vermillon qui menait tout droit à la mort. Il avait mal, terriblement mal mais ce n'était rien comparé à la douleur morale qu'il avait autrefois endurée. Une griffure plus vive que les autres lui laissa une douleur cuisante et alors qu'il continuait de maltraiter sa chair, Lizzie entra. Elle semblait effarée. Sa bouche formait un « o » de surprise et elle était complètement livide. Après plusieurs longues secondes qui semblèrent durer des heures, elle s'avança vers Harry et elle le regarda, les yeux pleins de larmes avant de lui demander gentiment d'arrêter. Il releva le visage vers elle et c'est lorsqu'il sentit quelque chose de froid dans son cou qu'il sentit qu'il pleurait. Il regarda une nouvelle fois ses avant bras et sans surprise, les larmes se mélangèrent au sang. Lizzie l'appela une nouvelle fois et il comprit enfin qu'encore une fois, il avait été faible. Assez faible pour crier sans même s'en rendre compte. Finalement, lassée, elle attrapa Harry par les coudes, maintenant ses deux bras loin l'un de l'autre. Elle grimaça et cria à quelqu'un de lui apporter de l'antiseptique, du savon et des compresses. Harry ne voyait plus très bien et toutes ces paroles lui semblaient étrangement lointaines, comme s'il était dans une grosse boule de coton. Lorsqu'il perdit connaissance, il avait un petit sourire au coin des lèvres et il semblait apaisé.

*

Louis se rendit chez Zayn immédiatement après avoir quitté le foyer. Et bien qu'il soit dix heures du soir, son ami lui ouvrit sans poser aucune question. Louis lui en fut reconnaissant et il ne put s'empêcher de l'aimer encore un peu plus lorsqu'il lui apporta une tasse de thé avec du lait et un zeste de citron. Il le remercia d'un regard et Zayn s'assit en face de lui, sur le canapé beige qui trônait au milieu de leur salon.

« - C'était si horrible que ça ? demanda-t-il gentiment.

- Il était même pas réveillé. J'ai pas pu lui parler.

- Je te jure, Louis si tu m'expliques toujours à moitié les trucs je vais jamais comprendre.

- Désolé. il soupira longuement et but une gorgée de son thé avant d'ajouter. C'était juste bizarre de le voir comme ça parce qu'il avait l'air bien, Zayn. Vraiment bien. Reposé et calme. Et ça m'a fait juste comme .. J'en sais rien, un choc. Parce que je m'y attendais pas. De le voir comme ça, je veux dire.

- Je pense que je peux comprendre ça, il pencha la tête sur le côté et sourit en coin. C'est bizarre parce que là tu vois j'ai l'impression de psychanalyser le psy. Du coup je me sens un peu merveilleux tu vois.

- Qu'est-ce que t'es con ! s'exclama-t-il en levant les yeux au ciel, souriant tout de même un peu. Le fait est, Zayn, que tu es prof. De littérature anglaise. Pas psychologue. Donc tu sais pas faire et t'es pas en train de me psychanalyser, on est juste en train de discuter.

- Bah déjà t'es mon meilleur pote et côtoyer un psy tous les jours ça rode. Et je peux te dire que vu le nombre de thérapies que je me suis farcies, je sais comment ça fonctionne.

- T'as peut-être pas tort. il haussa les épaules et but à nouveau. D'ailleurs en parlant de ça, je pense que sans le vouloir je t'ai donné pleins de consultations gratuites, faudra que je songe à me les faire rembourser.

- Liam est celui qui gère les finances de la maison ! il rit et leva les bras en l'air. C'est à lui qu'il faut demander. Tu peux toujours essayer mais ni lui ni moi ne te devons un seul centime. De toute façon, tu es bien assez riche comme ça.

- Serais-tu jaloux Zayn ? demanda-t-il en souriant.

- Plus maintenant.

- J'suis désolé. il grimaça et fixa le fond de sa tasse d'un air pensif. Tu comprends ça fait longtemps alors des fois j'oublie.

- Comme des fois j'oublie qu'il faut pas que je t'appelle Lou. Louis frissonna à l'entente du surnom et Zayn plissa les lèvres. Désolé !

- C'est pas grave. il rit doucement. On parlait de quoi, déjà ?

- De ton patient.

- Oh. il baissa à nouveau la tête et soupira. J'ai juste l'impression qu'à chaque fois qu'il vient me voir, tout se complique et qu'il ne parlera jamais. Alors le voir calme et bien ça m'a perturbé. C'était étrange comme sensation, j'avais l'impression de pas vraiment être en face du Harry que je connais mais en face d'un parfait inconnu.

- Qu'est-ce que l'infirmière t'as dit ?

- Qu'il s'était mutilé, il soupira longuement et redressa la tête avant de s'enfoncer un peu plus dans le canapé, fixant ainsi Zayn. Ce qui ne m'étonne pas même si ça me rend juste malade et aussi qu'il se portait plutôt bien maintenant.

- C'est un bon point. Qu'il se porte bien j'veux dire.

- Honnêtement j'en sais rien. il haussa les épaules. J'ai juste l'impression que tout est perdu d'avance avec ce patient et ça m'horripile. Vraiment. Je suis juste frustré là putain !

- Calme toi ! il leva une nouvelle fois les mains en l'air. Je suis innocent moi j'ai rien fait du tout alors tu me cries pas dessus, merci. Et si tout était perdu d'avance tu l'aurais pas accepté parce que tu supportes pas l'échec. Tu penses qu'il y a une chance, au fond de toi, tu le sens et me dis pas non parce que je te connais.

- Ok. il soupira longuement et se redressa. Je crois que je vais juste rentrer et dormir.

- Je crois que c'est une bonne idée. Oh, et demain je pars avec Liam. Enfin tu sais comme c'est nos deux ans de mariage et tout ça, je vais l'emmener à la plage. il sourit tendrement en pensant à son mari et Louis vint le prendre dans ses bras. Comme il a jamais été à la mer j'ai pensé que c'était une bonne idée. chuchota-t-il.

- C'est une excellente idée, et je suis certain qu'il va adorer. il se détacha de leur étreinte et sourit. Passe lui le bonjour et profitez bien ! »

Zayn hocha la tête et Louis sortit. Il respira un instant l'air frais Londonien et son nez se plissa lorsqu'il reçut une goutte de pluie. Fichue pluie. Il ne se démonta pas pour autant et décida de longer le bord de la Tamise. Bien sûr, il avait dit à Zayn qu'il rentrait chez lui et qu'il allait dormir. Bien sûr, il avait menti. Il se promena, regardant les gens autour de lui. Il avait toujours aimé observer les gens, ce qui était plutôt bizarre surtout quand il était devenu un adolescent et qu'il savait que dévisager quelqu'un qu'on ne connaît pas dans la rue n'est pas quelque chose qui se faisait. Mais ce n'est pas comme s'il avait l'habitude de respecter les règles de savoir vivre. Il n'avait jamais été le genre de mec qui respectait les règles. Il n'avait jamais été un bon élève. Il était seulement dans la moyenne, plus porté sur le foot que sur les études. Mais sa vie avait brusquement changée, lorsqu'il avait eu environ quatorze ans et il avait décidé de prendre ses études plus à cœur et de devenir psychologue. Sa mère avait été étonnée au début, mais lorsqu'il lui avait expliqué ses motivations, elle s'était résignée et l'avait même encouragé. Il était plutôt fier d'en être arrivé là à vrai dire. Lorsqu'il avait reçu son diplôme et que le regard bienveillant de sa mère s'était posé sur lui, il avait été fier. Et peut-être qu'il avait un peu pleuré. Mais pas trop quand même, il était un mec tout de même pas une poule mouillée ou ce genre de trucs stupides. Il s'arrêta sur un banc et rejeta la tête en arrière. A travers le fin crachin londonien, la lune brillait. Il la trouvait particulièrement belle ce soir. Il continua d'observer les gens qui passaient devant lui, leur attribuant une note mentale sur dix et essayant de deviner leur passé. Un mec le regarda bizarrement et il haussa les épaules. C'était un jeu comme un autre et il avait besoin de distraction. Son téléphone sonna et il hésita un instant à le jeter dans la Tamise avant de regarder l'appelant. Sa mère justement. Il leva les yeux au ciel et regarda l'heure. Vingt trois heures douze. Comment se faisait-il que sa mère l'appelle à cette heure là ? Il grogna de mécontentement et décrocha quand même. S'ensuivit une discussion sur la cuisson parfaite des cookies -non parce que tu comprends, mon chéri, s'ils sont trop cuits c'est pas bons mais en même temps s'ils sont trop fondants et que les pépites de chocolat fondent c'est mauvais aussi il faut absolument que tu m'aides dis moi comment tu les préfère toi hein?- et il crut vraiment qu'il allait lui raccrocher au nez et jeter son téléphone dans l'eau. Au lieu de ça il se releva et continua de lui parler presque gaiement jusqu'à chez lui avant de lui dire qu'il était fatigué. Elle s'excusa et lui promit que la prochaine fois qu'il viendrait, elle lui ferait des cookies comme il les aime. Il adorait sa mère, ce qui l'insupportait c'est qu'elle lui parle à longueur de temps de gâteaux, de jardinage et d'oiseaux bizarres. Et qu'elle lui demande la cuisson des cookies qu'il préfère au lieu de lui dire clairement « viens à la maison, tu me manques. » Oui, ça, ça l'exaspérait.

*

Extrait du journal d'Harry – 12 Mai 2010, trois ans plus tôt.

Finn. C'est le nom du nouveau client. C'est laid je trouve. Ou peut-être que je dis ça parce qu'il l'est, laid je veux dire. Il me répugne. Comme tous les autres mais il a quelque chose d'autre qui me glace le sang dès que je l'aperçoit. Il ne fait pas ça parce que sa femme est chiante ou parce qu'il refuse d'admettre qu'il est gay, comme la plupart des clients habituels. Je n'ai pas fait tellement attention quand je l'ai vu arriver, mais quand j'ai eu finit le boulot j'ai compris. Il avait ce truc bizarre dans le regard, cette lueur lubrique tu sais et j'ai eu peur. Un petit peu. Je pense qu'il fait ça seulement pour se sentir supérieur, pour montrer qu'il a une vie digne de ce nom et que tout le monde mérite son respect même si lui ne donne le sien à personne. Il est méprisant, il me méprise et ça me fait me sentir encore plus merdique. Non parce que je sais que je suis une merde, et que je suis bon qu'à ça. Qu'à faire la pute. C'est ce que me dit John et bizarrement je le crois. Enfin c'est comme ça, c'est ma vie maintenant. Oh, ça faisait six jours. Mais tu sais, il y a eu Finn et j'ai pas pu résister. Je sais que ça me rend pas meilleur, au contraire, que ça fait de moi un lâche et un faible mais j'en ai tellement besoin. D'ailleurs, je suis désolé parce que je crois qu'il y a une tache de sang en haut de cette page. Ou c'est sur une autre, je ne sais plus. J'ai pas fait tellement attention et ça craint un peu mais bon. John n'a toujours rien remarqué, ça veut dire que je joue bien la comédie. Je joue tellement bien la comédie que quand il vient me voir, la nuit et qu'il me dit « t'aimes ça, petite salope je sais que t'aimes ça » il croit que j'aime vraiment ça. Je ne lui dirais jamais qu'il est en train de me tuer de l'intérieur, et que j'ai envie de pleurer dès qu'il entre dans mon champ de vision. Il ne faut pas qu'il sache. Ni lui ni les autres. Je dois garder ça sous silence. Je le fais pour elle. Pour elle, je dois continuer à faire comme si tout allait bien. Elle mérite que je fasse ça pour elle. Personne ne doit savoir que je ne suis qu'une merde et que ma vie est un déchet. Personne ne doit savoir que le matin les larmes roulent sur mes joues parce que je me suis réveillé et que j'aurais préféré dormir encore pour l'éternité. Je te fais une promesse, à partir d'aujourd'hui. Personne ne saura jamais qui je suis vraiment et personne ne saura jamais ce que je cache au fond de moi. Personne. Je peux pas te serrer le petit doigt parce que tu n'es qu'un vulgaire carnet mais je te jure que celle ci je la tiendrais. J'entends John arriver, et il y a des pas plus lourds dans son dos. Peut-être est-ce Finn peut-être est-ce un autre au fond qu'importe ? Je suis vivant alors que j'aurais préféré mourir.

*

Harry avait terriblement mal dormi et une douleur aiguë s'était emparée de sa tête. Tous ses membres le lançaient et il avait l'impression qu'un camion de trente cinq tonnes était en train de l'écraser. Il n'essaya même pas de bouger, il n'ouvrit pas les yeux non plus. Il faisait jour, il le savait de toute façon car il sentait les premiers rayons de soleil caresser sa peau. Il se rappela des événements de la veille et grimaça en repensant au fait que Lizzie l'avait vu dans un tel état. Il n'aimait pas que quelqu'un le voit comme ça. Si vulnérable, si fragile. Il ouvrit péniblement les paupières en entendant la porte de l'infirmerie claquer et lorsque la voix joyeuse de Nick résonna dans la petite pièce il eut envie de l'étriper. Ou de l'assommer à coup de marteau pour le faire taire. Enfin, tout faire pour qu'il la ferme.

« - Salut Harry. il s'assit sur la chaise à côté du lit sans cesser de sourire. Tu vas bien ?

- Si je suis ici je suppose que non.

- Toujours aussi aimable. il leva les bras en l'air et rit. Au moins tu parles c'est cool.

- Pourquoi t'es là ? demanda-t-il en chuchotant.

- Parce que j'avais envie de te voir, tu comprends. Bon je sais on est pas encore pote. il fit claquer sa langue contre son palais et fit semblant de dégainer un pistolet pour le pointer sur Harry. Mais ça va pas tarder. Donc je viens te voir. Parce que t'as pas l'air bien.

- Je veux pas être ami avec toi.

- Oh là là de suite les grands mots. il arrêta subitement de jouer avec ses mains et les posa sur ses genoux. Alors, dis moi Harry. J'ai dû aller à la pêche aux informations puisque tu veux rien dire à Tonton Nick. C'est vrai que tu te mutiles ? »

Bon, peut-être que dans sa tête ça ne sortait pas exactement comme cela, que c'était un petit peu plus gentil et surtout moins abrupt. Harry changea littéralement de couleur. Il devint si blanc que sa peau tirait un peu vers le vert et c'était vraiment flippant. Il regarda Nick froidement, plus aucune émotion ne passait dans son regard si ce n'est une haine sans borne. Il lui demanda posément de quitter la pièce et comme Nick ne réagissait pas, il réitéra. Encore et encore jusqu'à ne plus tenir et il se mit finalement à lui crier dessus. Et ça faisait tellement longtemps qu'il n'avait pas crié ainsi que sa voix se bloqua dans sa gorge et que ses yeux se fermèrent. Lorsqu'il les rouvrit, Nick était parti et la pièce dans laquelle il se trouvait semblait étrangement vide. Tout était calme et silencieux. Et ça lui faisait froid dans le dos. Parce que s'il avait appris une chose, ces quatre dernières années, c'est bien que le calme n'apporte jamais rien de bon. Jamais. Le calme cache toujours quelque chose de mauvais. Il est angoissant, car il est imprévisible. Harry détestait le calme. Presque autant qu'il détestait le bruit. Soudainement et sans aucune raison apparente, il se mit à penser à sa mère. C'était grâce à elle s'il était encore là aujourd'hui et il regretta de ne pas avoir pu lui dire. Il ne l'avait même pas vu. Après quatre ans passés enfermé dans une cave de neuf mètres carrés, il n'avait même pas pu voir sa mère à la sortie. Et ça le rendait triste, un petit peu. Nostalgique en tout cas. Il avait envie de pleurer mais il ne le fit pas. Il avait appris que pleurer ne servait à rien. C'était seulement de l'eau. Cela ne voulait rien dire. Il n'aimait pas pleurer. Il n'aimait pas grand chose. A part sa mère. Elle était sans doute la seule chose qu'il aimait. Avec la tarte au citron. Mais il n'avait eu le droit à rien à sa sortie. Pas une visite, pas une pâtisserie. Il avait été privé des choses qu'il aimait. Et même s'il ne le montrait pas, le foyer était une autre chose qu'il détestait. Parce que sortir de quatre ans d'enfermement pour se retrouver à nouveau enfermé, il ne voyait pas tellement l'intérêt. Bien sûr, c'était différent. Greenwood était fait pour aider les gens. Il était fait pour les remettre dans le droit chemin en quelques sortes. Les réinsérer dans la vie. Mais Harry ne voulait pas de ça. Il n'avait pas besoin de ça. Il avait seulement besoin qu'on l'écoute un peu. Il avait seulement besoin d'amour, pourquoi personne ne voulait-il le comprendre ? Les médicaments n'y feraient rien. Il avait besoin d'être aimé à nouveau, pour que son cœur puisse se réparer. Il se rendormit, en rêvant de jours meilleurs et de tarte au citron.

*

Liam regardait autour de lui, complètement absorbé dans la contemplation de ce qui se trouvait sous ses yeux. Deux bras forts vinrent encercler sa taille et il posa sa tête contre l'épaule de son mari. « Merci » chuchota-t-il et Zayn l'embrassa dans le cou en souriant. Ce n'était pas quelque chose de formidable, de merveilleux ou de magique. Juste un étendue de sable blanc avec la mer en fond. Zayn avait tout planifié, et ils dormiraient à l'hôtel ce soir. Il voulait lui offrir un cadeau digne de ce nom. Liam se retourna et l'embrassa chastement avant de l'emmener avec lui sur la plage. Ils trouvèrent un coin tranquille et étendirent leurs serviettes avant de venir se blottir l'un contre l'autre. Ils se sourirent amoureusement et soudain Liam se redressa pour pouvoir regarder son amant dans les yeux.

« - Putain mais Zayn j'ai pas de cadeau moi ! J'ai rien à t'offrir.

- Eh, il l'attira à lui et embrassa tendrement la peau de son cou. Déjà tu m'offres énormément de choses. Premièrement, ton amour. Ensuite, il y a longtemps, quand on sortait pas encore ensemble tu m'as offert le plus beau cadeau qu'il soit. L'espoir, Liam. Tu m'as redonné la force de croire en la vie et je pourrais jamais assez te remercier pour ça. Tu as accepté de m'épouser, même si ma demande n'était pas des plus romantiques et que j'étais un peu ridicule. Je te dois tout, absolument tout. Je ne veux pas de cadeau, Liam. Je t'ai toi, je n'ai besoin de rien d'autre. T'avoir à mes côtés chaque jour est un cadeau. Un cadeau qui n'a même pas de prix tellement il est précieux. Tu m'as accordé ta confiance et je pense que c'est le plus beau cadeau que l'on puisse faire. Je ne t'ai pas amené ici parce que j'espère quelque chose en retour. Je t'ai amené ici parce que je voulais voir cette étincelle s'allumer dans tes yeux. Ça te rend si beau, tu n'imagines même pas à quel point. Tu es avec moi, je n'ai besoin de rien d'autre. Comment peut-on souhaiter avoir un cadeau quand on a trouvé son âme sœur ? »

Liam le regarda un instant et l'embrassa longuement, n'essayant même pas de cacher les larmes qui coulaient sur ses joues. Zayn le serra dans ses bras et lui sourit tendrement. « Je t'aime, Zaynie. » dit Liam et Zayn hocha la tête en se disant que définitivement, il n'avait besoin que de ça et seulement ça. Juste Liam contre lui avec au loin le bruit du ressac. C'était définitivement une belle journée pour aller à la mer. Il rit à gorge déployée avant de se relever précipitamment et d'aller se jeter dans les vagues. L'eau était plutôt froide, mais c'était leur anniversaire de mariage alors il ne dit rien et se contenta de continuer à sourire, pour impressionner Liam qui ne tarda pas à le rejoindre en le taquinant sur le fait qu'il semblait vraiment avoir froid. Une belle journée, pour deux ans de mariage.

*

Niall était inquiet pour Louis. Véritablement inquiet. Il ne savait pas trop quoi faire, comment agir, quoi lui dire mais toujours est-il qu'il était désormais en bas de son immeuble, attendant que la foutue concierge veuille bien lui ouvrir la porte. Ce qu'elle ne fit pas bien sûr. Niall appela alors Louis sur son portable, lui demandant gentiment s'il pouvait lui ouvrir. Il se fit traiter de tous les noms pour avoir oser réveiller sa majesté Louis mais la porte s'ouvrit. Il ricana un peu en voyant l'ai dépité de la gardienne et monta les marches quatre à quatre pour échapper à son courroux. Bien évidemment, il avait fallu que Louis possède un appartement au dernier étage. D'accord, c'était le seul avec une terrasse et c'était le seul assez grand pour accueillir Louis et toutes ses habitudes bizarres. Mais tout de même. Lorsqu'il fut devant sa porte il se dit qu'il aurait aussi pu prendre l'ascenseur et il se sentit un peu con. Il frappa trois coups brefs et Louis, l'air complètement shooté lui ouvrit la porte. Il avait des cernes sous les yeux et ne portait qu'un bas de jogging. Il n'était pas rasé et son regard disait clairement « laisse moi tranquille je veux dormir ». Mais Niall n'était pas du genre à se laisser rebuter par ce genre de dégaine. Il en avait vu des biens pires en prison, et Louis était son ami. Il lui sourit gentiment ce qui lui valut un autre regard meurtrier avant de s'asseoir sur le canapé de Louis. « Fais comme chez toi » grinça ce dernier et Niall soupira longuement avant de prendre la parole.

« - Je veux juste t'aider Louis, je vois bien que t'es mal depuis quelques temps et comprends moi je cherche juste à t'aider. Parce qu'on est amis enfin je te considère comme mon ami et tout ce que je veux, c'est que tu ailles bien.

- Ouais mais en même temps, c'est pas comme si j'en avais quelque chose à foutre de ce que tu veux ou pas en ce qui me concerne tu vois. En fait, j'en ai vraiment rien à foutre.

- Arrête de me parler comme ça putain je suis pas ton chien ou je sais pas quoi !

- Et toi arrête de venir me faire chier alors que t'es incapable de garder un putain de connard en prison ! cracha-t-il, mauvais en faisant de grands gestes avec ses bras. T'es un incapable. il le pointa du doigt. Et je sais, ce que je fais c'est pas juste et tu devrais pas tout te prendre dans la gueule mais c'est comme ça. T'as laissé filé cette ordure sous prétexte que t'avais aucune preuve alors qu'on a un mec complètement détruit qui sait plus où il en est, qui se taillade les veines en face de nous putain. Tu crois que c'est pas une preuve ça peut-être ? Putain mais je sais même pas comment t'as pu te lever ce matin et te regarder dans une glace. Tu .. Comment tu peux vivre avec le fait qu'un mec pareil soit dans la nature par ta faute hein comment ?

- Je ne vis pas avec. Je survis, je fais ce que je peux, moi aussi je me sens mal.

- Bah tu sais quoi ? J'en ai rien à foutre de tes états d'âmes. Va te faire enculer Niall, mais vraiment. Et dégage de chez moi. Parce que t'es pas un type bien.

- C'est pas parce que tu te sens comme une merde Louis que forcément tous les gens autour de toi le sont. »

Niall partit sans un regard en arrière, prenant bien soin de claquer la porte en sortant alors que Louis encaissait le choc de ses paroles. Il se sentait encore une fois très las. Et il se sentait blessé. Parce que merde, Niall avait complètement raison. Il se recroquevilla sur lui même, adossé contre la porte de sa chambre. Il se sentait véritablement comme une merde. Une merde incapable de sauver une seule vie. Putain. Il était pathétique. Et pour la seconde fois cette semaine, il se mit à pleurer. Mais personne n'en saurait jamais rien. Personne ne devait savoir que Louis Tomlinson n'était rien d'autre qu'un faible incapable de faire le bien.

FA L L E N  K I N G D O M

Je pleure de la nullité de mon chapitre. Il est vraiment nul.  Donc le voilà. Il est court - et peut-être long pour vous -, et je le ré-écrirais sûrement. M'en veuillez pas, je suis désolée. Merci pour tout encore et toujours, love. x


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