-55-CHARLIE
« Jungle de béton où les rêves se construisent
Il n'y a rien que tu ne puisses pas faire
Maintenant que tu es à New-York »
Empire state of mind - Alicia Keys, Jay-Z
Charlie
Je regrettais de ne pas avoir prix un pull plus chaud, je n'avais pas songé que la température était différente ici. Un frisson me prit quand nous quittions l'appareil, une fois nos bagages en main. Nous avions franchis les portiques de sécurité et un homme habillé d'un costard attendait, une pancarte en main avec les noms et prénoms de Connor écrit au stylo feutre dans une écriture franche. Cela avait des airs un peu trop pompeux à mon goût alors que je suivais Connor vers cet homme qu'il ne prenait même pas la peine de saluer.
—Où est ma mère, demanda Connor excessivement agressif.
L'homme désigna la foule un peu plus loin et les yeux chercheurs de Connor se mirent en quête de sa mère avant de s'arrêter sur un point précis. Une fois de plus, il partit d'un bon pas et je courrais presque derrière lui pour ne pas le perdre. Mes yeux cherchait aussi et je reconnaissais la mère de Connor avant même de la connaître. Elle était grande, les cheveux d'un brun clair tout comme Connor. Elle ne nous avait même pas vu, pourtant son fils ne pouvait pas passer inaperçu, dépassant d'une tête tous les gens présent autour de nous et jusqu'à qu'il se place face à elle. Elle finissait sa conversation et avança de deux pas pour embrasser son fils sur la joue. Un froid glacial s'abattait dans l'aéroport de New-York et je frissonnais une deuxième fois mais pas pour les même raisons.
—Maman, je te présente Charlie, ma petite amie.
—Bonjour, je disais en avançant d'un pas. Je suis ravie de vous rencontrer.
Elle détacha ses yeux de son fils juste pour me serrer la main avec un très léger sourire qui n'atteignait pas ses pupilles. Je ne m'attendais pas à des effusions de tendresse mais je pensais qu'elle serait plus chaleureuse de nous voir même dans ses circonstances. Je ne voyais rien à objecter tant sa présence était percutante. Son aura était telle que je me sentais minuscule avec mon mètre soixante dix.
Je reconnaissais immédiatement la forme de ses yeux en amande mais d'un marron assez clair et le haussement de sourcil caractéristique de Connor. C'était une très belle femme vêtue d'un tailleur haute couture. Mon homme avait peut être hérité de la carrure de son père ou son physique mais la posture, cette manière d'occuper tout l'espace par sa présence, c'était tout sa mère, ça en devenait déroutant. Les épaules hautes, le dos et la tête droit comme dominant le monde, il le tenait indubitablement d'elle. Imposante et implacable comme tout avocat qui respecte, elle m'ausculta de la tête au pied avant de revenir à son fils. Je commençais à me demander d'où Connor avait tiré son rire ou sa bonhomie. Parce que avec ses parents maintenant rencontrés, j'avais l'impression d'avoir affaire avec deux gargouilles typiques des bâtiments gothiques. Ils m'effrayaient en somme.
Une belle voiture nous attendait devant l'aéroport pour nous conduire chez eux. Tout le long du trajet, Connor n'avait pas décroché un mot. Sa mère restait pendu au téléphone sous les yeux noirs de son fils. Il était en colère et moi je me sentais m'enfoncer dans mon siège vraiment pas à ma place.
—C'est très gentille d'être venu nous chercher madame Heasley, je commençais, une fois qu'elle avait décroché de son cellulaire.
Je n'étais pas une grande bavarde mais merde, on avait l'impression que pour la famille de Connor, le silence était une religion. Ils s'y appliquaient avec une dévotion tenace.
—Sûrement pas madame Heasley, répliqua t-elle. Je ne porte plus ce nom depuis plus de quinze ans. Appelez moi madame Matthews.
—Ou elle pourrait t'appeler par ton prénom si tu te présentais correctement, grogna Connor en la coupant.
Des secondes de silence ou les deux se regardaient en chien de faïence. Ça recommençait.
Oh bordel !
—Rachel, lance t-elle à ma personne sans plus de cérémonie. Je suis désolée Connor mais j'ai énormément de travail. Je suis sur un gros dossier en association avec le procureur et venir jusqu'à Kennedy me fait perdre du temps.
—Excuse moi, gronda Connor, pas vraiment l'air désolé. La prochaine fois qu'une personne de mon entourage meurt, je lui demanderais de te faire parvenir une ordonnance du juge.
Son ton était dur mais sa mère n'oscillait même pas. Cela changeait d'avec son père. Connor et lui se lançaient des piques en signe de provocation et aucun n'était prêt à plier pour finir par se disputer comme des chiffonniers. Avec Rachel, tout autre manière de procéder avec beaucoup de self contrôle. Regard de biais et bouche close mais l'intensité du moment ne laissait pas de place à l'imagination. Elle ne rentrerait pas dans le jeu de Connor cependant, ne lui laissait pas la chance de faire son grognon parce que mon petit ami en bon passif agressif était un spécialiste de la remarque acerbe mais là, pas de retour à l'envoyeur. Elle prit un nouvel appel, ne nous regardant même plus. Je m'enfonçais un peu plus dans mon siège si cela était encore possible car j'avais l'impression d'être ventre à terre et me demandant comment j'avais pu me retrouver dans cette situation. On ne m'épargnait rien de son côté mais j'étais capable d'encaisser d'avantage, je tiendrais le coup. La main de Connor se glissa dans la mienne, plongeant ses iris émeraude vers moi. Il passait le message qu'il excusait pour de la situation. Je serrais sa main à mon tour pour lui faire comprendre que ça allait.
***
La voiture nous déposa dans le centre devant un grand building. Connor descendit en premier et attrapa nos sacs. Je n'en revenais pas, il avait habité ici. C'était le luxe. A côté ma petite maison de Seattle dépotait vraiment. Sa mère repartit aussi sec à son travail. L'ascenseur nous conduit jusqu'au penthouse, j'étais stressée une fois les portes s'ouvrant sur un intérieur digne des magasines.
—Connor !
Cette voix venait d'une petit bonne femme, haute comme trois pommes, rondouillarde mais un grand sourire aux lèvres. Enfin quelqu'un qui nous montrait un peu de chaleur humaine.
—Hey Rosa !! Je suis content de te voir.
Connor la prit dans les bras en la soulevant du sol avant de se tourner, les deux vers moi, complice.
—Rosa, je te présente ma Charlie.
Son ton est beaucoup plus chaleureux que celui employer avec sa mère et ce mot d'affection ma Charlie me comblait de joie. Je comprenais que Rosa comptait pour lui comme il l'avait déjà mentionné.
—Ravie de vous rencontrer mademoiselle, dit-elle en me claquant une paire de bises sur les joues avec un accent espagnol assez prononcé. Je désespérais de le voir caser ce petit. Venez niños, je vais vous servir du café et un bon déjeuner. Vous irez vous reposer ensuite, le voyage a du être exténuant.
Ce qui nous attendait sur la table était digne des grands hôtels. Toute un assortiment de douceur avec lesquelles je me régalais. Connor insista à plusieurs pour que Rosa s'installe avec nous jusqu'à ce qu'il lui fasse poser ses fesses sur une chaise alors qu'elle refusait prétextant du travail à faire. Le visage de Connor s'éclaira alors. Il lui prépara une assiette de fruit pour la déposée devant elle ainsi qu'une tasse de café lui intimant l'ordre de déjeuner avec nous. La bouche pleine de pancake, il faisait du charme à quinquagénaire et celle ci gloussait de contentement.
Ils partageaient une jolie complicité, évoquant des souvenirs légers. Voilà d'où venait les rire de mon homme, j'étais rassurée quelqu'un avait pris le temps de s'occuper de lui, de lui montrer toute son affection.
Une fois ce repas copieux avalé, je ne tardais pas à sombrer dans les bras de morphée entouré des bras de Connor. La vue depuis son lit était à couper le souffle.
***
Je me réveillais ne sachant plus vraiment où je me trouvais. Le décor n'était pas familier et cet excès de modernisme dans la décoration me mettait mal à l'aise encore. Le réveil affichait seize heures. Je me rendais dans le salon, à la recherche de Connor. Il n'y avait personne puis j'entendis une personne chantée, la voix de Rosa.
—Miss Charlie, je suis contente de vous voir, avez vous bien dormi ?
—Oui merci. Où est Connor ?
—Il est parti il y a une heure pour se rendre auprès de la femme de son ami. Connie attendait impatiemment l'arrivée de Connor.
Voila qu'il me laissait une seconde fois auprès d'une femme dont j'ignorais tout. Soit il avait en moi une confiance aveugle pour que je pose toutes les questions que je voulais ou c'était en la personne avec qui il me laissait comme avec Mary.
—Vous la connaissez bien, je demandais en prenant place à ses côtés.
—Si, dios mio, nous allons à la même église. Cette pauvre femme est anéantie. Connor saura la réconforter, il est comme un fils pour eux. Ne soyez pas fâchée après lui.
Drôle de remarque. Pourquoi donc lui en vouloir ?
—Je ne lui suis pas du tout, je la rassurais d'un sourire. C'est important pour eux et pour Connor.
—C'est parfait, me repondit Rosa en déposant son verre d'eau dans l'évier. Je vais aller faire des courses. Je vais préparé le plat préféré de la famille, ma recette secrète. Vous m'accompagnez ?
Je n'avais pas grand chose à faire. Je connaissais un peu New-York par mes voyages mais pas assez pour me lancer dans une balade en solitaire.
—Avec plaisir, disais-je avant d'aller chercher une veste.
Nous avions fait des courses près de l'appartement. Rosa était une vrai maman, elle choisissait avec soin les légumes, la viande, tout pour préparer ses tamales. Une fois rentrées, nous nous lancions à la confection de la recette et Rosa décida de me révéler ses secrets de cuisine pour mon plus grand plaisir. Pendant que nos mains s'activaient, les langues n'étaient pas en reste. Nous avions matché toutes deux car il était clair que nous aimions le même homme aux yeux de jade. Amour maternelle pour Rosa qui se faisait un plaisir de me raconter les bêtises de Connor ou de me décrire le petit garçon qu'il était.
— Cet enfant m'en a fait voir de toutes les couleurs, s'exclama Rosa. Il fallait le voir dans ses bermudas et ses longues jambes. Il courrait dans tous le parc, jamais fatigué, toujours plein de vie. Un testaduro ! Impossible de le faire rentrer, il me regardait avec ses petits yeux verts et sa bouille ronde me suppliant de le laisser faire des tours. Je m'en suis fais du soucis, avec celui là.
Je riais d'imaginer ce petit Connor. Il devait être craquant à souhait.
—Vous êtes une belle personne, pour rompre de silence doucereux. Je vois que Connor vous aime. Il ne donne pas son cœur facilement.
—Merci, ça me touche.
Cette femme avait raison, le cœur de Connor était difficile à atteindre mais une fois chose faite, il offrait tout.
—Vous serez une bonne épouse et une bonne mère pour vos enfants.
Je m'empourprais. Pas question d'avoir ce genre de conversation avec une étrangère alors je prenais congé pour me réfugier dans la chambre et attendre patiemment Connor. Il n'avait pas appeler.
Le bruit de la toux de Connor me fit sursauter alors que j'arpentais sa chambre. Très peu de souvenirs lui appartenant étaient présents. Quelques bibelots et une photo de lui en uniforme.
—Hey, alors comment va Connie ?
Il haussa les épaules en se dirigeant vers moi. Ma question était un peu bête. Comment pouvait se porter une femme qui venait de perdre son mari sous les balles, à part être au fond du gouffre.
—Pas très bien mais elle fait face, les enfants aussi.
—Combien, en ont-ils ?
Ca me brisait le coeur de l'entendre. Avoir son père arraché de cette manière était horrible. J'avais moi même souvent eu peur de perdre le mien et je ne pouvais que comprendre le sentiment.
—Deux. Sarah a quinze ans, MJ vingt ans. Son père était son modèle.
—Je suis vraiment désolée pour eux, je disais la main sur la poitrine, sincèrement désolée.
Il s'allongea sur le lit, se pinçant l'arrête du nez. Je venais me nicher contre son torse, essayant de lui transmettre ma chaleur, mon amour pour le réconforter.
—Et toi ?
—Ca ira, finit il pas grogner. Je pensais pas mais ça m'a fait du bien d'être là bas. Je suis désolé de t'avoir laisser seule ici mais je ne me voyais pas t'amener dans une maison si triste.
—Ce n'est pas grave, ne t'en veux pas. Je me suis bien amusée avec Rosa. Elle m'a parlé de toi quand tu étais petit et on a fait la cuisine.
Je lui arrachais un sourire qui me réconforta. Les yeux pétillants alors qu'il levait la tête vers la porte.
—Oui ? Ça sentait bon quand je suis rentré.
Je passais outre la conversation sur les enfants et le mariage, on était pas vraiment prêt. Dans le silence, je regardais une fois de plus la pièce, c'était tellement luxueux.
—Pourquoi, tu ne m'as jamais parler de cet appartement, c'est wouaah.
Connor regarda autour de lui.
—Je n'aime pas trop. Ma mère a déménagé avant que je pars à L.A. J'ai passé peu de temps ici. Je préférais mon appartement à Greenwich.
Je me relevais pour le regarder. Ce quartier, je le connaissais bien et l'adorait même. Remplie de cafés, de boutiques et de restaurants populaires avec de très beaux immeubles du pur style new-yorkais avec des briques rouges, des rambardes en fer forgé. C'était un incontournable de Manhattan.
—Tu as habité à Greenwich village ?
Je l'imaginais tellement dans ce lieu, correspondant bien plus à sa personnalité.
—Oui, en coloc avec Matt. Tu voudrais voir ?
—Tu l'as encore, je demandais excessive.
—Matt vit toujours là bas.
Il tira son téléphone de sa poche, eu une conversation rapide mais enjoué. Je n'en revenais pas. J'allais enfin rencontrer le célèbre Matt. Cet ami d'enfance plein de bon conseil et qui était comme un frère pour Connor. Je ne me tenais plus parce que j'aurais des milliers de questions à lui poser à celui là.
—Après le dîner, on ira là bas, me dit Connor en raccrochant.
J'étais contente de quitter cet univers froid et stérile pour me plonger dans le vrai monde de Connor. Sa mère arriva peu avant l'heure du dîner, plus souriante à notre égard. Quand il se glissa derrière elle et s'excusant de me laisser, je voyais poindre les ennuis gros comme une maison et se fut le cas. Leur conversation ne pouvait pas rester privé dans un espace si grand et dépourvu de mur de séparation.
—Tu n'as franchement pas été poli ce matin. C'est quoi ce comportement ?
Le fils qui faisait une leçon de morale à sa propre mère, c'était terrible.
—Connor, tu sais bien que j'ai toujours beaucoup de travail et tu n'as pas à me parler de cette manière, je suis ta mère.
Cette voix implacable d'avocate, pas celle de mère aimante. Tout allait tourner à la catastrophe, je le sentais si Connor ne prenait pas le temps de se calmer.
—Et moi, ton fils au cas où tu voudrais une précision. Je te demande pas de m'accueillir avec des banderoles mais tu aurais pu au moins prêter un peu plus d'attention à Charlie, elle était gênée.
Je me mordais la main d'entendre de tels propos et j'avançais un peu plus pour les observer se faire face.
—Connor, je t'ai vu avec plus de filles à ton retour de chez ton père que je ne pourrais le dire.
—J'avais dix huit ans, maman. Aujourd'hui j'en ai bientôt trente. J'ai envie de me poser et il y a de très très grosse chance que ça soit avec Charlie. Alors s'il te plaît, lâche ce stupide téléphone et soit agréable, pour moi.
Sa demande était si touchante que je sentais mes pommettes se serrer alors que je les observais le plus discrètement possible. Après un échange silencieux, sa mère dépose une bise sur sa joue puis elle passa une main sur la joue de son fils, d'un geste léger. Rachel enleva ses talons et posa définitivement son smartphone sur le buffet de la salle à manger avant de revenir vers la table pour s'installer à ce qui devait être sa place. Connor prit le siège en bout de table et me sourit alors je me posais à sa droite. Le bruit des plats dérangea le silence alors que de légères conversations timides étaient entamés entre les deux. Je restais silencieuse pour continuer a les voir évoluer. Connor et sa mère entretenaient une relation différente qu'il avait avec son père mais il demeurait cette distance que je ressentais avec mon petit ami et ses proches.
Nous allions peut-être arrivé à nous détendre. Moi, tout du moins. Je reconnaissais le tempérament de Connor dans sa mère, rien qu'à l'écouter notifier ses désaccords en parlant de son affaire en cours. L'impétuosité, la fougue et ce désir de faire ce qu'il lui semble, une volonté de liberté absolue. Ça pouvait m'angoisser.
Est ce que j'avais réussi à dompter son caractère ? Qu'en était-il de sa mère ? Son père avait du y arriver à un moment pour l'épouser et qu'elle lui donne un enfant. Je ne connaissais pas leur histoire dans les détails mais je savais que les absences prolongés de Patrick Heasley avaient fait éclater en morceau leur mariage mais je ne pouvais pas cesser de penser que cette soif de liberté avait été un élément déclencheur pour l'éloignement de son père aussi. D'où la fuite si loin de son enfant, de l'autre côté de l'Atlantique.
Je découvrais enfin ce qui composait mon petit ami. Une partie du mystère enfin dévoilé et on pouvait dire qu'il revenait de loin. Connor était un battant pour essayer d'améliorer ses relations avec les autres, il devait lutter contre lui même pour ne pas s'enfuir et c'était au delà de mes mots. J'éprouvais de la peine et de l'admiration pour l'homme que j'aimais. Ce sentiment d'abandon encré en lui, c'était ce que Connor éprouvait en permanence et je me mettais un doigt sur nos problèmes. Il ne s'attachait à personne pour ne pas souffrir comme pour nous. Il avait eu peur que je m'enfuis à mon tour, que je laisse sur le bord de la route. Je le sentais changer pourtant, tout doucement et je savais parfaitement que moi je ne le laisserais jamais, sous aucun prétexte. Car je l'aimais de toutes mes forces, de tout mon âme, ce petit garçon grognon au fond de lui ou l'homme fort aux muscles saillants et aux yeux rieurs. Comment ne pas chérir un garçon tel que lui avec ses faiblesses et ses qualités et surtout ce cœur qui ne demandait qu'une chose, être aimé. Il fallait être fou pour passer à côté et j'étais heureuse d'avoir pris le train en marche.
****
Welcome to New York City 🍎
Un bon gros chapitre et y a de l'amour dans l'air !!
😁😁😁
On commence le décompte :
reste 10 chapitres avec celui ci avant le grand final !
Que je suis impatiente de vous faire lire ce que j'ai préparé !!!
Des idées ? Des théories ?
Bises les moches 😘
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