-46-CHARLIE

Pourquoi est-il impossible de faire du bien à quelqu'un sans lui faire du mal ? Pourquoi est-il impossible d'aimer sans le détruire?

Amélie Nothomb

Charlie

Après une journée de boulot merdique, je jetais littéralement mon sac dans un coin de la pièce, je me changeais après une douche pour passer un jean boyfriend et un tee shirt à manche courte blanc. Une tenue beaucoup plus confortable mais qui ne me permettait pas de me sentir plus en sûreté en revanche.

Tremblante, j'avais envoyé un message à Connor lui demandant de venir à la maison pour parler, sa réponse avait rapidement suivi mais n'évoquait rien.

« D'accord »

Pas de message caché ou la moindre information pour jauger de son humeur. S'il était encore très en colère ou pas après moi. Parce qu'à la fin de la soirée, je savais qu'il le serait, dans une fureur jusque là inconnue, c'était sûr.

J'avais exposé les faits à Sasha ce matin qui pour une nouvelle fois se rangeait du point de vue de Connor. Elle m'avait engueulé comme jamais après lui avoir reprocher de discuter de moi avec lui. A ce moment là, Sasha était montée dans les tours, n'arrêtant plus sa diarrhée verbale. Elle était passée par toutes les couleurs de l'arc en ciel pour finir par me mettre au pied du mur. Soit je disais tout en essayant de lui expliquer et de conserver ce qui nous liait ou je le perdais définitivement. Je savais qu'elle avait raison mais j'étais tellement terrorisée d'affronter mon passé. J'étais responsable de la situation explosive des derniers jours. Si j'avais parlé, Connor n'aurait pas besoin de poser des questions aux autres. Ma prise de tête du matin avec Sasha m'avait laissé encore amère mais elle avait raison sur un point, je devais dire la vérité à Connor.

Je frisais la crise d'hyperventilation, je n'avais qu'un seul médicament pour me calmer, la tequila. Je sortais la bouteille du freezer puis un citron vert que je coupais. Du sel, le verre et je m'attelais à tout préparer pour commencer le traitement. Un dose de citron, je léchais le sel sur ma main et cul sec avec l'alcool. Je répétais l'opération une deuxième fois. Punaise, ça détendait bien mais ça ne m'enlevait pas l'épine de la taille d'un tronc d'arbre que j'avais dans le pied. J'étais prête à recommencer l'opération une troisième fois quand j'entendis les clés dans la serrure. Mon cœur accéléra sa course dans ma poitrine.

Merde, je pensais que Connor arriverait plus tard.

Ses yeux balayaient le salon pour me trouver dans la cuisine, il avisa la tequila et haussa les sourcils en s'approchant.

—Ça sent pas bon, me disait-il en balançant ses clés sur le comptoir.

Je déglutissais. L'image que je renvoyais ne devait pas être très belle.

—Non, je répondais, des larmes venaient déjà perler aux coin de mes yeux sous le stress.

Un silence pesant s'abattait dans la pièce alors que nous nous faisions face. Les traits tendus, Connor avait un regard de glace sans l'ombre d'une émotion. Il apparaissait si dur.

—Tu me quittes ?

Je sentis mes muscles s'agiter en un sursaut sous sa question. C'était pire que ce que je pensais. C'était lui qui aller me quitter après cette douloureuse conversation, j'en étais certaine.

—Quoi, ma voix s'égarant dans les aiguës, je ressemblais à une poivrote.

Il désigna le chantier sur le plan de travail, j'en avais mis partout.

—L'alcool, ta tête. On dirait que tu t'apprêtes à donner ta sentence parce que je pose des questions.

Je soufflais.

—Justement, c'est pour ça que je t'ai fais venir. Pour répondre à tes questions.

Il pencha la tête sur le côté. Ça devait lui paraître surréaliste parce que j'avais tellement reculer mais aujourd'hui, je me retrouvais au bord de la falaise, sans aucune issue possible.La chute ou parler et tomber ensuite. Valait mieux crever sans le poids de ses secrets. La balance en serait sacrément allégée.

—Oh. La tequila c'est pour te donner du courage ?

Courage, tristesse, peur, tout se mélangeait en moi.

—Calmer mon angoisse plutôt.

—Okay, me répondit Connor. C'est pire que ce que j'ai imaginé alors.

Il était clair que de ne rien dire, laissait place à une imagination débordante mais il était en deçà de la vérité. J'allais lui envoyer l'équivalent d'une boule de démolition dans la poire.

—Sûrement, je lui concédais. Tu vas m'écouter et me laisser parler jusqu'au bout ensuite je répondrais à tes questions.

Il s'asseyait sur le tabouret en face de moi, j'aurais aimé avoir le temps de m'enfiler un troisième verre. Je le prenais d'ailleurs. J'étais en panique totale pourtant j'y allais.

—D'accord, par où je vais commencer...heu...okay. Je t'ai déjà dit que je ne supportais pas la ville où je suis née, je ne m'entendais pas avec mes sœurs.

—Ca, je le savais déjà.

Sa voix était dure, il ne m'épargnerait rien.

—C'était pas la joie. J'étais mal dans ma peau et je voulais ressembler aux autres alors je me suis mise à sortir dans les fêtes, les autres avaient deux, trois ans de plus que moi, voir plus. Et bref, je me suis fais des amis pas très fréquentables, mes parents rageaient mais j'avais d'excellentes notes alors ils ne pouvaient rien me dire. Les interdictions de sorties je m'en moquais, suffisait de faire le mur ou du dire que j'étais à la bibliothèque. J'ai perdu ma virginité à quinze ans sur la banquette arrière d'un pickup. J'ai beau être intelligente, je n'étais pas maligne.

Je respirais fort avant de reprendre ma tirade et la pathétique histoire de ma vie.

—J'ai poussé le vice jusqu'à l'extrême jusqu'au jour où je suis allée dans une soirée organisée sur une plage près de Seattle. Il y avait de l'alcool, des gars pas nets. J'ai fricoté avec un qui s'est montré un peu trop insistant à mon égard mais j'ai pas compris tout de suite quand il m'a amené à l'écart. J'ai voulu lui dire stop mais j'étais piégée. Il n'arrêtait pas de me toucher, de vouloir m'embrasser un peu trop fort à mon goût mais quand j'ai voulu arrêter, il ne m'a pas lâché alors on a commencé à se battre et j'ai crié. C'est là que quelqu'un est intervenu. Ce gars était au téléphone, éloigné de la fête et il a entendu les bruits de lutte et moi. Il a dégagé mon agresseur d'un seul geste et il l'a frappé jusqu'à ce que l'autre soit sur le carreau. Il m'a regardé ensuite pour me demander si je n'avais rien, il a été gentil et j'ai été transporté par ses yeux bleus, son visage.

Je voyais le visage de Connor se déformer à mes mots. Il rageait de ce qui aurait pu m'arriver et encore plus en découvrant qui a été mon sauveur.

—C'etait Zaine ?

Je hochais la tête. Je me souvenais de tout, de ce que j'avais ressenti à ces instants et le soulagement d'avoir était sauvé et de la vision de Zaine. Je l'avais trouvé tellement beau, il était sombre et ne cachait pas sa nature. Respecter par les autres et craint, moi je l'admirais pour cela. Une imbécile de quinze ans, amoureuse d'un image de bad boy, le parfait cliché.

—Toutes les filles lui couraient après parce qu'il avait vingt six ans, je reprenais. Il était beau comme un dieu, un look de bad boy, l'attitude. Je te passe les minables détails de tout ce que j'ai pu faire pour qu'il me remarque mais ça à payé. Je n'étais pas farouche à l'époque alors je lui ai tapé dans l'œil mais il a refusé au début parce que j'étais trop jeune. Alors je me rendais partout où il était, le suivant comme un petit chien et je lui ai sauté dessus un soir. Il m'a dit que j'étais folle mais qu'il ne pouvait plus résister alors on s'est embrassé et plus jamais lâché.

Le regard de Connor se faisait de plus plus perplexe, deux fentes irritées au plus haut point. Et ce n'était que la partie émergée de l'iceberg. Le plus douloureux allait venir dans les minutes suivantes.

—Mon père était furax la première fois que Zaine est venu me chercher devant la maison et moi je gloussais de plaisir à leur en faire baver autant. J'étais en totale admiration devant lui, je buvais ses paroles, je passais mon temps à le regarder et mon monde ne tournait que pour lui.

Les sourcils de Connor atteignaient des sommets, je sentais sa colère me percuter.

—C'est des bêtises de gamine que tu me caches depuis le début ?

Je cherchais à me justifier par tous les moyens pour lui faire comprendre les événements de ma vie, ce qui avait pu me conduire à la suite. Ça ne rendait pas mes actes moins méprisables mais soulageait ma conscience. Connor devait comprendre.

—Non. S'il n'y avait que ces années là, je t'aurais tout avouer depuis longtemps.

J'avalais une nouvelle tequila qui m'arracha la tronche.

La vache !

L'alcool me montait à la tête. J'aurais  du avaler de la nourriture avant de me décider à picoler mais plus le temps pour les regrets. J'étais lancée dans un train à grande vitesse, sans frein.

—Le jour où j'ai su qu'il devait quitter Seattle pour Los Angeles, j'ai postulé à l'UCLA pour le suivre et il a accepté. Avec un dossier scolaire comme le mien, toutes les universités m'ouvraient leurs portes. Les parents ont été ravis, tu penses. M'éloigner des conneries que je faisais était l'assurance pour eux que j'allais me remettre dans le droit chemin sans savoir ce que j'avais en tête. Zaine était présent à ma remise de diplôme comme mon petit ami officiel, je n'ai jamais vu mon père dans un tel état d'énervement de toute ma vie. Le lendemain, je faisais mes bagages pour partir avec lui à Los Angeles. J'ai craché à la gueule de mes parents que je quittais ce monde de bouseux pour m'en aller très loin et que je ne remettrais jamais les pieds chez eux et j'ai claqué la porte.

Je voyais les mains de Connor se serrer de plus en plus fort.

—Ce qui poussait mon père à detester Zaine c'est qu'il n'avait pas que l'attitude d'un mauvais garçon, il en était un. Zaine était en quelque sorte, trafiquant en tout genre et mon père le connaissait très bien avec son boulot. Ironique, non? La fille du chef de la police qui se pervertie avec un malfrat.

J'attendais que le couperet tombe face à la bouche ouverte de Connor en avalant un autre verre cul sec. Je me sentais au plus mal comme je ne l'avais pas été depuis des années.

—T'es sérieuse là ?

Ses yeux étaient noires alors je hochais la tête pour confirmer ma réponse ayant de plus de mal à respirer alors mes mains étaient deux élastiques que je tordais dans tous les sens comme l'anxieuse que j'étais. La suite était terrible, mes confessions montant crescendo.

—Tu l'as su quand, il me demandait.

Sa voix était telle que je savais qu'il connaissait déjà la réponse. La culpabilité se lisait sur mon visage mais tout devait venir de moi, je n'avais plus le choix.

—Dès le début, j'avouais. Il ne m'a jamais rien caché. J'étais au courant du principal mais moins j'en savais mieux ça valait pour ma sécurité. Enfin les premiers temps.

Mes paroles firent leur chemin dans son cerveau. Je voyais l'émotion sr son visage me dire qu'il comprenait ce que j'allais déclarer et je me sentais tellement mal.

—Tu as bossé pour lui.

Je grimaçais. La réponse n'était pas équivoque et je ne contenais plus les larmes que je retenais depuis le début de notre conversation. Je sentais ma poitrine se serrer, perdu dans mon passé sombre et tellement peur que Connor ne m'accepte plus. Je me frottais les yeux pour eviter de laisser voir que je craquais.

—Putain, cria Connor. J'y crois pas. Comment tu as pu te laisser embarquer là dedans ?

Je sentais de nouveau des larmes forcer le barrage de mes paupières alors que je me refusais à pleurer. Jouer les pleureuses n'arrangerait en rien la situation, provoquerait surement le contraire.

—J'avais seize ans, Connor. J'étais une surdouée, planquée dans mon coin, tout le lycée se moquait de moi. J'étais la fille avec des lunettes, les meilleures notes et le mouton noir. Lui, il m'a vu tel que j'étais, il m'a fait me sentir différente. Une personne à part avec mon importance. Mon intelligence servait à quelque chose enfin.

La tension était palpable, elle avait changé l'atmosphère de la pièce faisant crépiter des étincelles entre nous. Je n'avais plus de contrôle sur la situation.

—Tu me déçois.

Une douche froide, j'avais espéré une autre réponse de sa part, tout sauf celle là. La colère, la fureur, je pouvais l'accepter mais tout sauf ça. L'estime qu'il avait eu pour moi venait de changer et j'avais mal de le voir me regarder avec autant de mépris.

—Désolée si mon passé ne t'agrée pas, je disais à mon tour, tout autant en colère que lui. Désolée de ne pas être la femme parfaite, de ne pas être à ta hauteur Robot Cop.

J'avais lancé les hostilités sans le vouloir. Mes mots dépassaient ma pensée, dévalant ma langue comme une chute sans fin. Je voulais me justifier par tous les moyens, lui faire comprendre ma façon de voir la vie à cette époque. Connor s'attaquait a celle que j'étais, l'imparfaite idiote.

—Très drôle, me répondit-il cynique. Tu es tout de même d'accord avec moi que ce n'est pas une profession très reluisante ?

—C'est vrai, je répondais, cassante. Quelle meilleure profession que celle de flic mais faut bien des méchants pour que tu puisses faire ton travail. Je suis moins à tes yeux parce j'ai aimé quelqu'un de pas tout à fait honnête ?

Ce n'est pas ce que je voulais. Je n'étais pas une victime dans cette histoire, à mon grand regret. Je portais ma croix tous les jours.

—A quel degré, tu étais plongée la dedans, reprit Connor sur un ton moins fort mais bourré de rage.

Je voulais répondre les deux pieds dedans, jusqu'au cou et la tête avec finalement mais faire de l'humour n'était pas vraiment intelligent. Je tentais de minimiser les choses en employant des termes techniques mais les faits étaient là, preuve flagrante que j'étais coupable jusqu'au bout des cheveux.

—J'ai entendu beaucoup de choses. J'ai vu passer des cargaisons, de l'argent et j'ai connu des gens. Management, contrôle de gestion avec budget, prévision des ventes, je l'ai aidé dans une certaine mesure à créer son réseau.

Un mot un peu léger.

—J'ai acquis quelques facultés dans son monde aussi. Je faisais les transactions parfois. On discute mieux avec un jolie visage, c'est un monde d'homme principalement. Une jolie gamine, on la voit pas venir et pourtant, mon intelligence si je peux dire, était une valeur ajoutée.

Je le vis se rasseoir sur le tabouret. Je n'avais même pas remarquer qu'il s'était levé, sous le coup de la colère.

J'avouais pleinement avoir participé à la création d'un réseau de drogue. Une carrière parallèle à celle d'étudiante. Le jour, j'étudiais le management et la nuit venue, j'appliquais mes cours avec succès. Pourtant plus les mois passaient et plus je m'en mordais les doigts. Nous vivions dans le stress permanent et savoir ce que je faisais me rendait malade alors je l'avouais à Connor pour en venir à la partie la plus pénible de mon existence.

—Pourquoi tu n'es pas partie tout simplement ?

J'allais lui donner le coup de grâce. C'était l'information à mon propos qui me terrifiait le plus. J'avais été associé à des dealers de drogues, participé à des opérations illégales mais ce que je craignais le plus était complètement légale.

— J'y ai pensé, de nombreuses fois mais nous étions mariés. Zaine représentait beaucoup à mes yeux, plus qu'un petit ami, il a été d'avantage. Quand je suis partie de chez moi, j'étais une gamine avec mes parents légalement responsable de moi et me faire émanciper était beaucoup trop long. Zaine et moi avons pris cette décision que je jugeais bonne à l'époque, l'épouser.

Connor ne répondit pas sûrement trop abasourdi par la nouvelle, il y avait de quoi d'ailleurs mais je lui devais la vérité. A n'importe quel prix même celui de notre relation. Je ne lui en voudrais pas de me rejeter après la foudre que je venais de déclencher sur lui.

—Attend, c'est énorme ce que tu viens de me dire, c'est...

Je devais couper court à la situation et ne pas le laisser s'imaginer d'autre chose.

—C'est du passé Connor.

Ce que je venais de dire, ne lui suffisait pas, ça n'irait jamais. Je connaissais son aversion pour les institutions maritales, pour les gens comme moi et j'avais tellement mal d'avoir était cette fille. Je m'en voulais terriblement d'avoir était aussi stupide.

—Non, non ... comment ... comment c'est possible ... comment t'as pu te marier ... et si jeune, Charlie ! Et me le cacher si longtemps?

Ses paroles étaient du venin pour moi. Elles faisaient remonter ce que j'avais été durant des années. Je me maudissais.

—J'avais peur.

Ma peur face aux réactions au réaction de Connor, terrifie de le perdre, pas ce que j'avais été. Je vivais avec tous les jours et j'assumais plus ou moins. Après on ne pouvait pas changer le passé.

—Ce mec faisait n'importe quoi, il t'a mise en danger et je ne pense pas qu'il avait vraiment conscience...

—Connor, c'était mon mari.

Je regrettais déjà ce que je venais de prononcer parce que ce n'est pas ce que j'avais voulu dire ou du moins pas de cette manière. Je voulais juste lui faire comprendre l'ancienne moi mais le mal était fait, Connor se tue me fixant, en colère.

—Du passé, ouais ...

La lourde porte claqua comme le glas de notre histoire d'amour. Je n'avais pas bouger de ma place, honteuse. Je buvais directement à la bouteille allant plus vite. Me soûler pour oublier ce qui me rongeait de l'intérieur. Les larmes se mélangeant avec l'alcool, je ne pouvais plus tenir sur mes jambes, trop prise par mes émotions. Je me laissais glisser le long du meuble pour m'échouer sur le sol. J'avais tout perdu avant même d'avoir pu y accéder.

Il avait voulu la vérité et je lui avais offerte sur un beau plateau mais le prix étaient vraiment trop lourd à payer. Tout allait recommencer, je resterais seule jusqu'à la fin de ma vie. La seule personne qui m'avait comprise était Alec et il était mort pour ça.

J'essayais d'effacer de ma mémoire le regard de Connor. Il y a quelques temps il me jurait de m'aimer malgré tous les obstacles que nous pourrions vivre mais c'était faux. Mes aveux étaient de trop mais quel choix j'avais au fond. Mentir et le laisser m'échapper ou l'aimer et le faire souffrir. Il n'y avait aucune bonne réponse, que des choses mauvaises et j'étais la responsable. Mon imagine venait de se fracasser en éclat.

Une énième gorgée et je grimaçais toujours autant. Vive la tequila.

***

J'avais tout de la soûlarde de base. Je ne marchais plus très droit, je parlais trop fort et quand à la dégaine que je pouvais avoir, elle était fatale. Ne supportant plus d'être chez moi seule, j'avais pris un taxi pour rejoindre le centre de Los Angeles avec une seule idée en tête.

—Je lui ai tout dit à propos de Zaine, ce qu'il faisait, mon mariage et il est parti, il m'a laissé seule. J'ai dû prendre un taxi pour arriver ici parce que je suis bourrée. J'ai essayé de le joindre mais maintenant je tombe directement sur sa messagerie. Il veut me faire comprendre qu'il ne veut plus de moi.

Je me tenais encore sur le pas de la porte de Sasha, beuglant bien trop fort ma pathétique histoire.

—Laisse lui le temps, me disait Sasha. Ça fait beaucoup à digérer surtout dans sa position.

Je perdais la tête, complètement alerte pourtant Sasha m'apparaissait comme la seule personne capable de m'aider. Elle savait toujours comment faire.

—Je devrais peut-être aller chez lui.

Elle me tira à l'intérieur de son appartement en faisant bien attention à fermer le verrou.

—Non, non, tu es dans un état pitoyable. Tu vas dormir ici et demain, tu verras plus clairement et Connor se sera calmé. C'est toi qu'il aime, pas la Charlie d'il y a dix ans. Tu t'es soûlée à quoi ?

Je m'installais à la table de son salon. Léo n'était pas là, surement à son travail. Je tombais sur la chaise en basculant. Je me sentais fatiguée, usée. Délivrer toute mon histoire m'avait vidé de toutes mes forces.

—Tequila.

Je sortais une bouteille de mon sac.

—J'ai pas fini d'ailleurs, tu as du citron ?

Sasha fit une drôle de grimace ou alors je commençais à voir flou.

—Oh, tu vas avoir mal au crâne demain.

Une faible pénitence.

—J'espère m'écrouler justement. Tu voudrais pas me faire une margarita ?

Sasha me regardait comme seize rond de flan mais j'étais bien décidée à me beurrer jusqu'au sommeil. Abdiquant, elle alla dans la cuisine. Je jetais mon sac qui atterrit au sol et je m'enfonçais la tête dans mes mains.

—Tu as du cointreau dans le deuxième placard au dessus du four, je gueulais.

On avait picolé jusque tard dans la nuit et Sasha avait eu raison. Je m'étais écroulée sur son canapé, les yeux pleins de larmes.

Quand je me réveillais, j'étais dans le lit de la chambre d'ami, sûrement Léo qui avait dû me trouver en rentrant du travail. J'avais un mal de crâne carabiné mais je n'y voyais pas plus claire que la vieille.

Non, mon futur était obscur si toute fois, j'en avais encore un.

****

Révélation en cascade.

Tout a été dis.

☹️☹️☹️

Maintenant, vous connaissez la véritable histoire de Charlie.

Comprenons mon pauvre Connor.

On le retrouvera pour le prochaine chapitre.

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