-44-CHARLIE

"J'ai couru, j'ai couru jusqu'à sentir mes muscles brûler, jusqu'à sentir dans mes veines, l'acide sulfurique à la place du sang. Puis, j'ai couru encore."

Fight Club

Charlie

Allongée sur le ventre à moitié fringuée, je laissais Connor m'embrasser le ventre en me faisait des chatouilles. Nous passions un moment agréable jusqu'à ce qu'un de ses doigts passent sur une partie que je n'aimais qu'il s'attarde dessus.

—Et cette cicatrice, me demanda Connor. Elle est étrange.

Une cicatrice longue de cinq centimètres me balafrait le ventre. Elle était presque invisible parce que le médecin avait fait du très bon travail mais ayant la peau plus bronzée que d'habitude, elle était facile à deviner. Je savais que si je lui répondais, il allait venir d'autres questions auxquelles je refusais de répondre.

—Je me suis fait mal sur une tôle coupante.

Il me regardait incrédule. Les images me revenaient en mémoire. Je me souvenais parfaitement du jour de cette blessure. Jour que j'avais occulté depuis longtemps.

—Comment ?

Toujours cette sempiternelle question qui étais-je, comment j'avais fais ci ou ça, il me posait sans arrêt ces questions. Un mot en trop ou pas assez et les questions venaient sans répit. Je rabaissais mon tee-shirt pour soustraire cette preuve du passé à sa vue. Mentir n'était pas mon fort, malade de lui faire ça mais je n'avais pas le choix. Je refusais de le perdre pour ce que je déclarais être un chapitre clos de ma vie. Mentir avait un prix, comme lui cacher mes inquiétudes face à l'homme qui me poursuivait dans toute la ville.

—A chaque fois qu'on aborde le sujet de ton passé, tu te fermes comme une huître.

Je me relevais ne voulant pas m'expliquer d'avantage et Connor retombait sur les oreillers. Le visage pas ravi.

—Ce n'est pas vrai, je lui répondais.

Dans ma tête ce n'était pas le cas. Je taisais seulement ce que je jugeais sans importance mais Connor ne le voyait pas ainsi, évidement.

—Si, insista Connor. Je comprends que ça soit douloureux de parler d'Alec, vous aviez des projets et tout s'est écroulé. Sasha a dit que tu étais terrifiée.

Pourquoi me parler d'Alec ? Je tiquais à ce prénom. Quoi qu'il arrivait le prénom de la blonde finissait toujours par apparaître dans nos discussions. Sasha avait fait ceci pour moi, dit cela et je commençais à en avoir ma claque des bavardages incessants de mes amis à mon sujet. Je ne demandais rien d'autre que la paix et d'apprécier la vie que j'avais aujourd'hui mais c'était trop demandé apparement, ce qui mettait en colère.

—Tu as encore parler avec Sasha, c'est pas possible. Je vais devoir avoir une conversation avec elle et mettre les points sur I. Vous êtes comme deux vieilles, à colporter des ragots.

Il me regardait, ne prenant pas mes menaces pour vérité. Je passais plus de temps à râler qu'à mordre. Je savais qu'à force ceux me connaissant ne faisaient même plus attention et se jouaient de mon caractère alors je soufflais de dépit.

—Connor, je t'ai dis des choses que je n'avais dite à personne. Pas même à Sacha.

Il se releva pour se poser au bord de son lit et me fixer de ses yeux verts pénétrants.

—C'est faux, tu ne me dis que ce que tu veux bien m'avouer. Qui était vraiment Zaine, qu'as tu fais toutes ces années avec un type beaucoup plus vieux que toi ? Il est parti et ça s'est arrêté là, tu n'as pas chercher à comprendre, ce n'est pas toi. Parle moi d'Alec, pourquoi est-il mort ? Et tout ce que tu sais sur la drogue, c'est pas anodin ça, Charlie !

Des questions, toujours des questions. C'était devenu son principal sujet de conversation quand nous n'étions que tous les deux alors je préférais rentrer chez moi. De toute façon, j'avais beaucoup de travail à rattraper et je devais me lever tôt le lendemain.

—Tu ne pourrais pas comprendre.

Il y eut un silence, je m'en voulais de lui parler de cette manière mais je me sentais si tendue.

J'aurais voulu qu'il me fasse pleinement confiance sur mon silence mais je savais bien que ce n'était pas possible. Connor était un homme entier, un flic a qui l'on ne pouvait rien caché. Il voulait me posséder, connaître tout de moi mais je savais pertinemment que rien de ce que je dirais ne suffirait à faire passer sa rage quand il saurait. L'embrassant légèrement, je m'apprêtais à quitter son appartement quand il m'attrapa le bras, m'enlaçant contre lui puis il me murmura à l'oreille des phrases qui me suffirent à ne plus lui en vouloir.

—J'ai trente et un ans dans trois mois et je n'aime pas les carottes. Je t'aime et j'adore quand tu me regardes avec ses yeux plein de fureur, ça me donne envie de te faire l'amour n'importe où. J'aime voir ton nez se froncer quand je te fais rire. Mais je déteste quand je vois ce regard triste sur ton visage quand je te poses une question trop personnelle. Je vois la douleur dans tes yeux et comme tu es partagée mais je sais que je peux de te rendre heureuse, tu dois me faire confiance.

Je baissais les yeux émue par ses aveux. Lui qui avait tant lutter contre lui même aujourd'hui, il m'ouvrait son cœur. Moi je n'étais pas capable d'en faire autant, à mon cœur défendant.

—Charlie tôt ou tard, tu devras déposer les armes à ton tour et te délivrer de ton passé. Fais le avec moi, s'il te plaît.

Ses supplications me faisaient mal parce que je ne pouvais pas lui dire. C'était impossible. Je me replongeais dans ses bras pour retrouver mon refuge.

—Dis moi pourquoi tu refuses. On t'a fais du mal ?

Sa question me tirait un sanglot. Oui, on m'avait fait du mal mais j'étais la principale actrice de mon malheur. J'aurais voulu effacer ce passé, ne jamais y avoir participer. Cette honte qui me collait à la peau. Je savais que ces demandes étaient justifiées, j'en aurais fais tout autant si nous étions dans des positions inverses.

Connor nous ramena vers son lit pour nous permettre d'être dans une position plus confortable mais je m'en fichais d'être mal installée. Je m'accrochais à son torse comme si ma vie en dépendait parce que c'était lui qui la tenait entre ses mains. Sans Connor, je ne serais plus rien. Je ne survivrais pas s'il venait à me quitter.

Ce soir là, Connor me demanda de rester pour la nuit, malgré mes obligations j'acceptais. Nous étions allongés sur le lit et je l'écoutais me parler de sa jeunesse, de sa vie à New-York avec sa bande d'ami, de son père qui avait manqué à son éducation, de ce qui l'aimait ou pas, son film préféré ou la chanson qu'il aimait. J'aimais cette confiance qu'il me témoignait en me révélant beaucoup de choses sur lui. Cette nuit là, sa voix me berçait, calmant les inquiétudes qui me rongeait et apaisant mon esprit des tourments que je pouvais m'inventer, histoire de m'effrayer d'avantage durant mes heures de sommeil. Je crois que ce n'est que très tardivement que nous nous endormions. Il y avait longtemps que je n'avais pas eu de repos si agréable, tout contre lui.

***

Au matin, je réalisais pleinement que ça serait bientôt à mon tour de lui raconter ma vie malgré moi, j'étais au pied du mur. Les bons côtés et les mauvais, il y en avait un paquet. J'avais peur qu'il part en courant en apprenant la vérité sur moi et pour cela que je refusais de le faire. J'avais ce besoin oppressant qu'il soit dans ma vie, il y apportait une grande stabilité mais l'équilibre serait rompu au moment où je prononcerais les premiers mots.

Et toujours la présence de Paul. Je l'avais recroisé à de nombreuses reprises, j'avais l'impression qu'il se trouvait dans mon dos en permanence, je passais beaucoup de temps à regarder derrière moi et j'avais raison. Il était encore là quand je sortais du bureau en même temps que mes collègues. De l'autre côté de la rue. Jusque là, je l'avais ignoré mais aujourd'hui mes humeurs étaient tellement en pelote que je traversais la rue, bien décidé à en finir avec lui.

—Dis moi un prix, je lui demandais en l'approchant.

Je tentais le tout pour le tout. Quitte à en vider mon compte en banque, retirer mes économies. Tant qu'il partait de ma vie, tout m'était égal. Il appuyait par sa présence sur la plaie et je voulais me débarrasser de cet infecte cafard puant.

—Je te demandes pardon?

Il avait bien compris ma question mais voulait m'humilier un peu plus. Le pouvoir qu'il avait sur ma conscience devait le rendre fier comme un paon alors que moi je me délaitais au fur et à mesure des jours. Sa présence était un poids supplémentaire dont je n'avais pas besoin.

—Tu veux combien pour te barrer Paul?

Il me rigolait au nez.

—Ce n'est pas une question d'argent, crois moi.

J'avais vu juste alors. Rien ne le ferait changer d'avis, aucun marchandage. J'étais dans une rage folle.

—C'est Zaine, n'est ce pas? Tu bosses toujours pour lui? Il est revenu ?

Je n'avais pas de réponses à mes questions mais je commençais à croire en mes théories farfelues. Paul n'avait pas de raison d'être là sinon de me faire chier mais ça n'aurait pas du durer aussi longtemps, il avait un but. Il se tramait dans mon dos quelque chose dont j'ignorais tout. Pourtant, j'avais ce pressentiment qu'une ombre planait sur nous. Quelque chose de malfaisant se préparait.

Paul avait quitté sa place en souriant pour me laisser encore plus mal que je ne l'étais déjà.

Si Zaine était revenu à Los Angeles alors mes ennuis ne feraient que recommencer en sachant avec qui je vivais. Connor serait en danger alors il ne devait jamais savoir mes soupçons. Je n'avouerais sous aucun prétexte à mon petit ami parce que mon ex ne me pardonnerait jamais l'offense que je vive une histoire d'amour avec un homme venant de l'autre côté de la barrière. Connor, s'il l'apprenait aurait peur pour moi et déplorerait des forces de son côté. Je refusais qu'une guerre sanglante éclate.

Il ne s'agissait que de théories de ma part, des idées farfelues. Le stress me montait à la tête et j'envisageais tout et n'importe quoi. De l'idée la plus intelligente à la plus idiote. J'ignorais s'il s'agissait de la réalité après tout parce que la possibilité de revoir Zaine ici était vraiment mince. Rien ne l'obligeait à revenir, aucune attache si ce n'est moi mais au vu de son départ précipité en me laissant vulgairement, je n'avais pas eu autant d'importance que j'aurais pu le croire par le passé.

Je n'avais aucun moyen d'avoir une vraie réponse parce que si je posais des questions aux personnes de mon ancienne vie alors il parviendrait plus vite jusqu'à moi. Pas par une attaque frontale, ce n'était pas son genre mais de manière ingénue, tortueuse et implacablement violente.

J'avais cette impression tenace d'une menace dans l'ombre dont j'ignorais tout. Je délirais, devant paranoïaque.

Mon passé dévoyait mon présent, une perversion malsaine et qui me plongeait dans la tourmente. Je me prenais des coups de tous les côtés. Connor était la clé, ma solution unique mais le chemin pour arriver jusqu'à lui me semblait encore plus dur que de rester sur place à me prendre des attaques. D'un côté comme de l'autre, la finalité serait terrible. N'importe quels chemins que j'allais choisir me conduirait au chaos. Comment me protéger et surtout comment protéger Connor qui partirait en guerre contre moi, nous, ceux qui pourrait nous faire du mal s'il acceptait ce que je devais lui avouer. Quel choix me restait il ? L'éloigner ? Ou moi même fuir ? Je n'envisageais ni l'un ni l'autre, ne pouvant me réduire à quitter ma nouvelle vie que j'aimais pas dessus tout à ses côtés, malgré les embûches et nos différences.

Je n'avais pas la réponse à mes questions car il s'agissait de choisir entre la peste et le choléra. Un dilemme impossible à résoudre.

****

Petit chapitre mais encore plus de mystère ...

J'entend la musique des dents de la mer moi, le truc bien stressant!

Je note également vos théories qui me font rire.
Votre implication à vouloir comprendre ce que j'ai pu inventer me touche.
Je vous sens vivre avec mes personnages et j'adore !

Sachez que beaucoup se rapproche de la vérité, d'autre s'en éloigne.

Bises les moches 😘

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