-25-CONNOR

"Secret confié, secret divulgué"

Proverbe

Connor

Le vendredi soir, j'étais un des derniers encore à bosser. Je lisais une note sur l'ordinateur, sans en comprendre un mot, ça faisait une heure bloqué sur le même document. Je commençais à voir trouble, les yeux me brûlant. Je n'avais pas bouffé depuis la matin et mon sandwich qui gisait sur mon bureau faisait triste mine, la mayonnaise avait du tourner alors je le faisais glisser vers la poubelle. Attrapant la bouteille de soda, j'en avalais une grande goulée histoire de me donner des forces. Je passais sur une main sur mon crâne pour me réveiller et je faisais craquer mon cou. J'avais le cul tanné d'être resté dans la même position et le dos fichu. Je ressemblais à un vieux comme ça, grimaçant au moindre mouvement. Je soufflais en posant la tête sur le dossier de mon fauteuil observant le plafond, fatigué comme c'était pas permis.

Le matin à mon arrivée, je m'étais encore pris une  soufflante par mon chef parce qu'il trouvait que je ne branlais rien. Il n'avait pas tort, j'étais présent mais toujours à mille lieux. Toujours accompagné de Charlie. Sur une plage, à courir ou tout autre endroit mais à chaque fois, nous finissions de la même manière. L'un contre l'autre, dans une étreinte ou à s'embrasser. Ça me faisait tellement envie.

Je sentis une tape sur l'épaule et je grognais.

C'était Jared, avec une tête aussi usée que la mienne mais pour d'autres raisons. Je savais qu'il avait rattrapé mes bourdes de la semaine sans rien me reprocher cependant. Le chef m'était tombé dessus à mon retour confiant mon enquête aux mains de Jared qui faisait de moi son toutou, une légère vengeance. Je ne lui en voulais pas. J'en étais rendu à servir les cafés et exécuter les ordres.

—Je me casse, je vais boire un verre, tu viens Starsky ? 

Un verre, une bouteille et une énième cuite, ça n'était pas vraiment la meilleure des solutions. J'avais essayé, espérant oublier Charlie mais le contraire c'était produit comme toujours avec elle. J'avais passé plusieurs soirs d'affilés devant mes verres de whisky à regarder la porte du Pickey ou de mon appartement en espérant la voir venir. Ses cheveux dorés tombant sur ses épaules, ses mains fines me saluant et ses yeux. Ses putains d'yeux gris dans lesquelles je me perdais.

Revenant à moi, je répondais à Jared qui me regardait avec agacement.

—Non. Vaut mieux pas que je bois.

—Blabla, souffla t-il. Le sport, la déshydratation, t'es un vrai bonnet de nuit ma parole.

Je pouvais en avoir l'air, dit comme ça mais c'était le contraire. Je ne dormais pas beaucoup et ma gueule de défoncé en était le parfait témoin.

—J'en ai envie mais je sais pas si je pourrais m'arrêter.

J'avouais ma faiblesse. L'envie d'oublier. Me cacher ne servait plus à rien, Jared savait parfaitement où j'étais et surtout avec qui pendant ces jours et mon retour avec cette humeur était un aveux sans mots. C'était tentant, de boire jusqu'à sombrer dans le coma et dormir mais je restais raisonnable.

—A ce point. Bon, je saluerais les autres pour toi.

Il eut un sourire en coin en continuant son chemin et puis je tiquais un peu en retard. Mon cerveau ne faisait plus la liaison entre les choses même simple, de manière normale.

—Comment ça les autres ?

Déjà arrivé à l'ascenseur à quelques mètres, il se retourna.

—Ouais, c'est Léo qui m'a appelé. Tout le monde se retrouve près de Venice dans ce bar, il y a un groupe sympa qui fait un set.

Venice beach, à côté de chez Charlie. Qui dit Léo dit Sasha, ce qui veut dire la présence de Charlie.

A l'évocation de ce prénom, les fils de connectaient immédiatement sous mon crâne.

—Je viens.

Je me levais sur mes pieds. Le destin venait de me faire un grand signe, c'était le moment de me jeter à l'eau. Je balançais mon sac sur mon épaule et je pressais le pas avant que les portes de l'ascenseur ne se referment.

Mon binôme ricanait sans me regarder, les yeux fixés face à lui. Il pouvait se moquer de moi et de mes attitudes de petit chien comme il se plaisait à le scander partout, je m'en fichais comme de l'an quarante.

—Bien sûr, c'est pour la musique, rigola Jared.

Il savait très bien qui je voulais voir ce soir. Pas de doute.

***

J'étais rentré chez moi en quatrième vitesse, me jetant sous la douche pour enfiler un jean et une chemise pas trop froissée, quelque chose de propre qui ne sentirait pas le vieux bouc pour avoir une allure un peu présentable. Là j'étais limite clodo mais me raser me prendrait trop de temps alors je faisais l'impasse. Je passais la main dans mes cheveux en râlant. Ils avaient toujours fais leur vie sans me demander mon avis alors je ne m'évertuerais pas à vouloir les discipliner et mettre du gel était une erreur que j'avais commise une fois et ne recommencerais plus jamais. Il n'y avait que la coiffeuse du coin qui savait quoi en faire et Charlie, surtout quand elle passait sa main de mon front à mon l'arrière de mon crâne. A chaque fois j'avais la tête pour en redemander, j'aimais ça.

Je me plongeais déjà dans mes fantasmes et je perdais du temps alors je lâchais l'affaire en claquant la porte de mon appartement. Voulant y être le plus vite possible, je me décidais pour la moto. En un coup d'accélérateur où je dépassais les limites autorisées encore une fois, j'étais arrivé à destination.

Pourtant une fois devant le bar, j'hésitais à entrer. Il y avait du monde et j'avais peur de me ridiculiser. Alors, je fumais une clope pour me calmer, tirant dessus comme si elle pouvait me donner un peu de courage. Je devais réfléchir à ce que j'allais lui dire. Je devais me raisonner quand aux propos utilisés devant la belle. Je ne devais pas paraître comme un désespéré pour ne pas lui faire peur mais pas trop détaché, non plus. Jusque là, je m'étais concentré sur comment la voir et pas à ce qu'il allait se passer ensuite, comme un con.

Je virais le mégot d'un pichenette et je me dirigeais d'un pas décidé vers la porte, je n'hésiterais plus. Juste la peur de sa réaction. Est ce que j'allais me prendre une claque ou allait-elle me donner cette chance que je souhaite pour nous ?

Je scrutais par la vitre et la tête blonde de Sasha m'apparut me faisant sursauter avant que je ne franchisse le seuil. Elle arriva à l'extérieur, me souriant comme à un débile.

—Question discrétion, t'es pas très doué, je t'ai vu arriver et tirer su ta clope. Tu es angoissé peut-être ?

Elle avait ce sourire, celui qui me faisait comprendre qu'elle se foutait ouvertement de ma gueule. Je ne savais pas trop comment, elle était devenue ma confidente. Sasha s'était immiscée dans mon cerveau, sachant avant moi même, ce que je pouvais penser ou même ressentir surtout à propos de sa meilleure amie.

—Oh non, je m'exclamais faussement. Je voulais pas être discret, j'ai vu enfin vu...

Ce début de phrase était nulle. Je ne savais même pas ce que je voulais dire.

—T'as vu de la lumière et tu t'es dis, je vais rentrer, se moqua Sasha. Si tu cherches quelqu'un de particulier, je peux t'affirmer qu'elle est là avec une humeur de chien.

Je capitulais un peu, ne leurrant personne.

—Ouais, j'ai pas réussi sur ce coup là, je suis nul en ce moment, au boulot et dans ma vie privée.

J'élucidais sa question sur Charlie mais évidemment que c'est elle que je cherchais. Je le faisais tout le temps. Dès qu'elle n'était pas à une soirée, je me cassais pour la retrouver ou rentrer chez moi pendant ses absences. J'étais devenu un toutou remuant la queue au pied de sa maîtresse mais pire j'adorais ça.

—C'est sûr, pour un flic, tu n'es pas doué pour la filature.

Elle s'amusait bien de moi à me mettre les nerfs en pelote. J'avais quand même ma fierté ou ce qu'il en restait pour faire le beau devant Sasha.

—Je ne vous suis pas, enfin si mais pas pour les raisons que tu crois .

—Bon alors, crache le morceau.

Putain, j'étais fini. Je pouvais pendre mes couilles à un arbre les laissant à un autre qui saurait quoi en faire. Sasha et son impitoyable doigt rouge vif était tendu vers moi.

—Je suis amoureux de Charlie.

J'avais cru que le dire à voix haute me rendait débile mais non, j'étais fier. Fier de moi, je n'avais plus honte de ce que je ressentais, ouais, j'étais amoureux dingue de cette nana. Je voulais la caler sous mon bras et dire que il n'y avait que moi qui ait le droit de la toucher mais ça me foutait une de ses angoisses.

—Enfin, tu oses le dire !

Elle leva les bras vers le ciel sans nuage, m'arrachant un rire qui faisait descendre la pression.

—J'ai l'impression que tout le monde l'a compris sauf moi et le merdier dans lequel je me suis foutu.

Sa tête confirmait mes dires avec une belle grimace sur sa bouille.

—Un vrai crétin ! Pourquoi maintenant ?

La liste était longue comme le bras.

—J'ai essayé de la garder à distance mais dès que je ne la vois plus, je perds la tête. Je l'ai dans la peau et je suis en train de devenir fou, ça fait une semaine que je lui ai pas parlé et je peux plus vivre comme ça.

—Pourquoi la repousser tant de fois ?

Concrètement, elle me faisait passer un test, pour savoir si j'étais digne de Charlie et si j'avais pris un peu de plomb dans l'aile. Ces deux filles auraient ma mort.

—A cause du boulot, je suis sur une grosse affaire, je vais sûrement entrer en infiltration. Je pourrais pas lui parler ni la voir. Et si ma couverture est grillée on pourrait s'en prendre à mes proches. Mais depuis Seattle, on a passé la dernière nuit ensemble, j'ai craqué complètement et Charlie a dit qu'elle ne me demandait rien de plus. Putain, c'est comme mettre prit un coup de pied dans les couilles, ça fait mal.

Ce n'était qu'une partie de la vérité mais je la devais en priorité à Charlie.

—Je comprend mais tu ne crois pas que c'est à Charlie de prendre la décision de te voir t'éloigner un temps, me demanda mon amie.

—C'est pour ça que je suis là, il est trop tard ?

Sasha me sourit en me prenant le bras.

—Je vais te dire un secret. Il n'est jamais trop tard pour aimer. Laisse moi la préparer et je te la laisse.

****

Hey !

🤩🤩🤩

Grandes décisions pour notre Connor.
Il est prêt à s'élancer apparemment ...

Vous pensez que ça va marcher ?
C'est la bonne ?

Quel suspens !!!!

Bises les moches 😘

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