-24-CONNOR
"Je suis tombé - D'un train ? -Non, amoureux."
La cité des anges
Connor
Le vol s'était passé tranquille. Charlie n'avait échangé avec moi que quelques banalités, regardant souvent par le hublot, elle était mélancolique, c'est vrai. A mon réveil ce matin, elle était dans mes bras, apaisée, le visage détendu grâce à moi je pensais en faite j'en étais sûr. Elle ne m'avait rien réclamé d'autre qu'un instant où elle pouvait oublié. Je l'avais compris trop tard mais pour moi ça avait été tellement plus. La regardant dormir, j'avais découvrais encore une nouvelle Charlie ou c'est moi qui avait changé, je ne savais plus.
A son réveil, elle avait été si silencieuse que je pensais qu'elle regrettait mais ce qu'elle avait dit, ce putain mot impitoyable, merci. C'était une lame pointée sur mon cœur. Suivis de son discours pendant que nous attendions le vol qui était la seconde salve, elle avait enfoncé la lame lancinante, doucement pour me torturer et me broyer le cœur. Ses mains qui la trahissait toujours étaient restées de marbre, entourant son gobelet. Ses yeux métalliques fixés sur moi dans une détermination claire. Je payais un lourd tribut pour mes conneries passées.
Voila ce que Charlie voulait de moi maintenant, un ami juste bon à baiser.
Elle s'était de nouveau enfermée dans sa bulle, se protégeant du monde extérieur et surtout de moi. J'avais la sensation d'être une merde. Elle n'avait pas changé, pas d'un iota, c'est moi qui avait changé. Avant elle, j'avais mes règles que je suivais à la lettre, le boulot, le sport, les combats de kickboxing, encore le boulot. Le peu de fois où je sortais, je m'autorisais des relations avec des filles sans promesse d'avenir, ça me suffisait. J'étais bien dans mes baskets, à l'aise et sûr de moi puis elle était arrivée. C'était la seule à qui j'avais parlé du divorce de mes parents, ma relation avec mon frère, de mes craintes, la seule que j'avais laissé jouer avec moi jusqu'à me rendre fou.
J'avais voulu la protéger et l'aider à être plus forte mais elle l'était déjà, plus que moi. J'avais essayé de lui faire adopter mon mode de vie, de la caler à mon rythme de course sans succès. Et quand je me laissais aller enfin comme hier, elle n'attendait plus rien de moi. Charle m'avait offert la claque la plus magistrale de ma vie.
Aujourd'hui mon monde venait de s'écrouler au moment où je m'avouais enfin que j'étais amoureux de Charlie.
***
J'entendis les cris de Sasha appelant Charlie, évidemment, sa meilleure amie serait là pour l'accueillir à son retour à L.A. J'avais espéré quelques secondes que nous ferions le trajet ensemble dans ma voiture et devant chez elle, je me serais excusé d'avoir été un salaud durant ces derniers mois et que nous pourrions essayer quelque chose. Cette nuit que nous avions partagé était l'expression de ce que je ressentais et voulais pour nous deux. Mais c'était peine perdue. Une fois réunis ces deux filles formaient un duo invincible alors je ne demanderais pas de la ramener.
Sasha avait été contre ma volonté mon défenseur le plus acharné auprès de Charlie. Rattrapant mes coups et m'aidant à réaliser mais j'avais mis trop de temps et c'était trop tard. J'étais rayé de la vie de Charlie. Je n'avais plus rien à espérer avant d'y avoir songé. Juste effleurer ma chance.
Ce n'était pas plus mal au fond. Nous ne nous étions apportés rien de bon. Elle avait souffert à cause de moi. Mon amitié avec Jared avait pris un coup de canif, mon boulot était merdique alors que je devais monter une opération qui propulserait ma carrière.
Cette liste des « contre » était assez explicite pour me faire renoncer. Malgré tout ça, la liste des « pour » battait des records de niaiserie. Le parfum, les yeux, la douceur de la peau de Charlie, sa façon de m'écouter attentivement et de s'intéresser à ce que je pensais. Sa manière de tordre ses doigts quand elle était gênée, en faite tout en elle m'attirait et encore plus après hier. Durant nos ébats tout avait été tellement naturel, j'avais aimé sa façon de réagir à mes gestes, le plaisir qu'elle avait pris et le mien aussi.
Une tape sur l'épaule me propulsa dans la triste réalité. La main de Léo.
—Salut ! On te ramène ?
—Non, je répondais défaitiste. J'ai laissé ma voiture au parking.
—D'accord.
Il me prit le sac de Charlie des mains et un poids sur les épaules m'alourdis, je la perdais.
—Merci encore et à un de ces jours, me disait Charlie me regardant à peine.
Je n'avais droit qu'à ça. Je faisais une nouvelle chute.
Le contraire de l'amour n'était pas la haine, non c'était l'indifférence.
Tandis qu'ils s'éloignaient et que je restais sur place, c'est Sasha qui tourna la tête vers moi. Les yeux inquisiteurs, elle avait compris, j'en étais certain.
Dans ce putain d'aéroport, je compris que je venais de tomber amoureux pour avoir le cœur brisé la seconde d'après.
***
Je regagnais mon appart à allure lente, tout me poussait à retrouver Charlie. Je m'étais habitué à vivre près d'elle, elle avait dormi avec moi plus que les autres filles, en savait plus sur moi aussi .
Qui joue, perd.
Cette phrase me laissait un goût amère dans la bouche. Compétiteur né, j'avais voulu gagné tous les trophées, ce que j'avais fait. Promu lieutenant très tôt, ma réputation faite, je me sentais un mec bien et fier. On m'avait bien prévenu, d'être prudent en tombant amoureux. J'avais été négligeant, je m'étais essayé à un nouveau jeu où il était sûr qu'elle gagnerait. Je pensais au regard de Dean Summers. J'avais vu en cet homme, celui que j'aurais souhaité être dans tous les sens, un bon flic, un homme aimant pour sa famille et un protecteur pour Charlie. Si il savait vraiment qui j'étais. Le décevoir me rendait malade plus que pour mon propre père.
Une fois chez moi, je ne pouvais pas dormi malgré l'heure tardive alors je prenais ma veste et mon casque décidé à faire un tour à moto pour oublier. Le bord de mer était blindé de fêtards heureux, ça ne m'allait pas. J'avais besoin de vider ma tête de ce merdier. Sans réfléchir, j'accélérais sur l'autoroute, je bifurquais sur une sortie manquant de me planter sur une voiture que je n'avais pas vu. Alors je roulais plus calmement, je devais vraiment oublier. Je posais la moto près de la salle d'entraînement, mon refuge.
Changé en tenue de sport, les mains bandés je retrouvais mon sac de frappe et je le martelais des poings et de coups de pied. Bien défoulé, je buvais une bouteille d'eau et je vis l'entraîneur Abraham, il m'observait et s'approcha.
—Tu as fini, me demanda t-il une fois une fois prêt du sac de frappe.
Je ne demandais même pas pourquoi il était encore présent si tard.
—Je crois, ouais.
Je n'étais pas sûr. Mon corps avait transpiré, mes bras me faisait mal à force de cogner mais ma tête tournait en boucle et mon cœur semblait être écraser, déchiqueter et ça ne passait pas même en tapant comme un forcené.
—Alors, habille toi et je te paies un verre, ça fera passer la douleur.
Je le regardais avec étonnement.
—Je suis si transparent que ça ?
Mon entraîneur eut un rire, il se moquait de moi.
—Un peu. Je connais aussi, j'ai été à ta place un jour.
—Je peux pas boire, je suis en moto.
—Ta moto est à l'abri dans l'arrière court, ne te préoccupe pas de ça. Je t'embarque, tu vas me raconter tous ça. Je commence à bien te connaître Connor et venir la nuit cogner, c'est pas ton genre. Elle doit être extra cette nana.
J'écarquillais les yeux sous ses propos. J'avais néanmoins suivi les conseils d'Ab. Il m'avait écouté déblatérer sur Charlie une partie de la nuit en me servant des whisky et des bières. J'étais rentré chez moi bourré comme un coin et je m'étais endormi sur le canapé ne me réveillant qu'en début d'après midi, pas vraiment frais. La boite vocale pleine de messages de Jared qui m'attendait au boulot et toujours ce vide que je ne pouvais pas combler.
Je pourrais me battre contre la terre entière pour simplement voir son visage, une minute ou une seconde, prêt à descendre en enfer, si je pouvais juste la voir. C'était elle qui m'avait sauvé, qui m'avait sorti de l'ombre, pas moi. C'était contre ou pour elle que je m'étais battu, que j'avais sorti la tête hors de l'eau et une fois qu'elle n'était plus là, je m'enfonçais dans les profondeurs sans douceur.
***
Retrouver le bureau ne fut pas aussi réjouissant que je le pensais. On nous avait appelé après la découverte d'un corps dans une maison de South Central avec assez de drogue pour ravitailler plusieurs soirées, l'enquête de voisinage n'avait rien donné. La journée finit, je partais courir et je la cherchais sans le vouloir, elle serait peut-être là, à m'attendre avec ses écouteurs et son sourire.
Mais personne.
Je courrais sans réfléchir sans m'arrêter jusqu'à arriver à Venice Beach, pas loin de chez elle. Encore quelques rues et je serais prêt d'elle. Je parcourais les rues jusqu'à me retrouver devant son immeuble mais sa voiture n'était visible nulle part, toutes les lumières éteintes alors je repartais dans un sprint. Ma capuche sur la tête, je ressemblais à un pervers, un de ce que j'avais arrêté, j'étais pathétique.
La nuit n'était franchement pas mieux. A chacune d'elle, j'élaborais des plans pour la retrouver, pour la rencontrer. Tourner autour de son boulot, du restaurant où elle aimait déjeuner mais ça me dérangeait aussi, c'était forcé le destin. Je revivais les scènes entre nous une par une, un trique à faire péter l'élastique de mon caleçon. Je tournais sur le ventre pour m'interdire mais au bout de plusieurs nuits, j'en été venu à être obligé de me branler, pas vraiment fier.
J'étais également pris la soufflante de l'année par mon chef, d'avoir déserté les lieux de cette manière même si il comprenait dans une certaines mesures. Rowland avait été mon défenseur et bien que je lui disais merci, la sentence avait été sans appel. Je ne serais plus le chargé de cette affaire, je devrais exécuté les ordres de mes collègues, j'évitais l'expulsion complète, ce qui était mieux que rien.
Ça me faisait chier mais je ferais pénitence. Ces quelques jours à Seattle m'avait été bénéfique. Je m'étais enfin réveillé de tout mon bordel et voyant tout cela d'une autre manière. Lutter ne servait à rien, j'aurais du plonger bien plutôt au vu de cette nuit qui avait eu l'effet d'un calmant et d'une gifle.
Mais j'avais tout perdu.
Why do we put each other through hell ?
Pourquoi est-ce-qu'on se fait traverser l'enfer ?
Why can't we just get over ourselves ?
Pourquoi est-ce-qu'on ne peut juste pas passer au-dessus de nous ?
****
Mon petit Connor 😔
Il est tout amoureux, il se l'avoue enfin mais il s'est fait jeter avant de pouvoir dire quoi que se soit.
Vous croyez qu'il va y arriver à lui dire, un jour du coup parce que Charlie est sans pitié là. En même temps c'est de sa faute, si il avait pas été si obstiné au départ ...
Bon bah on verra bien au prochain chapitre hein?
J'avoue que c'est un chapitre que j'aime. Le lâcher prise de Connor même si ça ne se passe pas comme il l'aurait voulu.
Bises les moches 😘😘
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