-23-CHARLIE
"Qui sourit n'est pas toujours heureux, il y a des larmes dans le cœur qui n'atteignent pas les yeux"
Jane Austin
Charlie
Mes parents nous déposèrent dans l'après midi à l'aéroport pour attraper notre avion pour Los Angeles. Nous allions retrouver nos vies, tout allait revenir à la normale et ça ne m'enchantait guère mais je devais me faire une raison. Connor et moi, ne nous étions plus parlés depuis le matin. Je ne savais pas vraiment quoi lui dire après tout ça et lui semblait fâché. Il devait s'en vouloir, j'imaginais et avoir peur.
Une conversation gênante devrait avoir lieu mais surtout pas dans la maison de mes parents, il y avait toujours une paire d'oreilles indiscrète qui traînait ici. Alors ça serait à l'aéroport où même dans l'avion, cette boite de conserve qui empêchait les fuites et ça ne se transformerait pas en dispute ou en règlement de compte. Nous devrions faire profil bas, j'allais tenter de le rassurer. Il n'y aurait pas de conséquence à cette nuit entre nous, Connor devait le savoir au vu de son attitude de ce matin.
Mon réveil avait sonné comme chaque matin. L'éteignant du bout des doigts, j'avais laissé ma main retomber mollement. Connor se tenait dans mon dos, m'enveloppant de ses bras comme beaucoup d'autres fois. J'aimais la sensation de l'avoir contre moi mais je sentais qu'il était également réveillé. Ces quelques secondes de silence furent les dernières que je grappillais avant de me lever pour m'asseoir. Il en avait fait de même.
Il se frottait les yeux de ses deux mains.
—Merci, je disais hésitante, pas sûr de ce que il fallait dire dans ces cas là.
Connor avait arrêté son geste pour relever la tête vers moi. Il m'avait jeté un regard des plus durs, un V se formant entre ses deux yeux, ses sourcils froncés sur ses yeux verts perçants.
—Merci ?
Avant que je ne puisse lui répondre, il avait bondi du lit sans un mot pour se glisser dans ses fringues me tournant le dos avant de se précipiter hors de la pièce. Sans oublier de jeter un coup d'œil dans le couloir mais pas de regard pour moi, il fuyait.
Puis j'avais entendu la douche couler et ses pas rapide et lourd dans les escaliers quelques minutes après cela. Je n'avais pas osé sortir de mon lit avant qu'il est fini et de risquer de le voir. Ayant également prit le temps d'une longue douche, j'étais descendue pour avaler un petit déjeuner toute seule, soulagée de l'être. Connor et mon père étaient dehors en train de discuter, il lui filait un coup de main dans ses menus travaux. Les deux s'étaient bien trouvés dans le fond. J'avais passé le reste du temps avec ma mère, la laissant profiter un peu pour me torturer. Elle m'avait posé une autre série de question sur Connor et moi. Je répondais toujours la même chose tout en l'observant lui, à travers la vitre, tasse en main, le cœur au bord des lèvres, nous n'étions que des amis.
Connor m'avait consolé d'une certaine manière mais avait été clair par le passé, nous ne formerions jamais un couple. Je prenais mon parti de l'accepter, je n'attendais rien de plus de lui. J'aurais voulu avoir le temps de lui dire avant de le voir s'échapper. Je voulais qu'il continue à faire partie de ma vie alors même si c'était ainsi, des petits moments de bonheur fugaces, je prenais. Il m'était trop indispensable mais c'était bien trop peu tout en même temps.
Le moment pour nous de partir pour l'aéroport arriva vite forte heureusement. Nous étions assis à l'arrière, mon père au volant, il discutait avec ma mère, tous les deux heureux. Connor semblait se préoccuper du paysage sans le voir, la main droite sous le menton, me laissant observer son profil. Il était extrêmement contrarié, les muscles sous ses mâchoires roulant de manière intense, sa bouche pincée et ses yeux comme deux fentes ne me trompait pas. N'y pouvant rien, je me tournais à mon tour vers la vitre pour réfléchir tout en admirant le vert de mon état natal.
Ma mère s'adressa à nous deux pour avoir la confirmation du terminal. La tête de Connor se tourna vers elle pour répondre d'un voix caverneuse et puis revenir à ce qu'il faisait.
Au portes des contrôles, je vis le respect dans les yeux de mon père comme ceux de Connor dans les siens quand ils se serrèrent la main. Ils auraient pu s'entendre à merveille, calqués sur le même mode. C'est comme si mon père avait comprit que cet homme avait une grande place dans ma vie et qu'il acceptait de me confier à lui. Si il savait.
—Prenez soin de ma fille, ajouta mon père. En cas de pépins, vous avez mon numéro.
—Sans problème, monsieur.
Je ne voulais pas contrarier mon père en lui expliquant que ce n'était qu'une vague amitié avec quelques arrangements. Ni lui faire de la peine en lui expliquant qu'il y avait peu de chance pour eux de se revoir et que cette passation de mes bons soins n'existerait pas. Alors je prenais mon père dans mes bras, le serrant fort et le laissant m'embrasser sur le sommet du crâne. J'avais du mal à les laisser. Malgré la mauvaise nouvelle qui m'avait fait venir, j'avais été contente de retrouver ma famille, un peu moins mes soeurs mais bon.
—Connor, rajouta ma mère. Nous sommes ravis de vous connaître, vous êtes un garçon adorable et très serviable.
Il lui avait réparé le verrou de la porte de la cuisine et Connor entrait dans son top Ten des personnes préférées. Je levais les yeux au ciel sous le rire de mon père et le malaise de Connor. Elle avait passé ses journées à minauder devant lui. Continuant aujourd'hui comme pendant notre séjour en me bassinant à quel point, il semblait gentil et quel beau garçon, il était. Tout cela était vrai et j'avais beau répéter que il n'y avait rien de plus entre nous que notre amitié, ma mère n'en avait pas fait état. Elle continuait à vanter ses mérites pour me crever le cœur.
Je sais tout ça maman, je ne suis pas aveugle mais il ne veut pas de moi.
—N'hésitez pas à nous donner de vos nouvelles, reprit-elle. Ou même d'accompagner notre fille, elle viendra peut être nous visiter plus souvent si vous êtes là.
Je baissais les épaules, elle était en boucle et impossible de la faire changer. Après tout si elle voulait tenter sa chance.
Ça serait dégueulasse quand j'y pensais.
Beurk, ma mère avec Connor.
Malgré mon adolescence un peu chaotique, ma fugue, j'étais capable de m'occuper de moi. J'avais assez bien mené ma barque mais là devant l'échange tacite de mon père et Connor, qui avorterait avant de naître je voulais redevenir la petite fille de mon père. Je voulais qu'il me garde dans ses bras en sécurité. L'émotion de ses derniers jours nous avaient rapprochés, nous n'avions pas besoin de parler pour nous comprendre. Il me demanda de faire attention à moi, ma mère m'embrassa une dernière fois et ils nous laissèrent.
***
Une fois nos bagages enregistrés, nous passions les barrières de sécurité mais il nous restait du temps avant notre vol alors à peine nos sac et objet personnel reprit, je lui proposais un café. Le coffee shop était à côté.
Devant mon latte caramel, j'observais Connor. Il avait la tête enfoncée dans ses épaules voûtées, le visage fermé, les mains jointes devant sa bouche, il ruminait. Le café chaud avait dissipé les dernières traces d'embarras en moi et je devais rassurer Connor qui était en alerte. Il devait se demander à quel moment je lui exploserais à la figure.
—Je comprend pourquoi tu pars quand on vit un moment intime.
Il fut surpris de ma franchise, ses yeux s'arrondirent en se redressant. J'avais compris avec le temps que la franchise était la meilleure des solutions dans tous les cas malgré Connor qui semblait préférer les silences et les non dits. Même si j'acceptais une nouvelle forme de relations entre nous, cette amitié étrange, pas question de renier ma façon de voir.
—Je ne te suis pas là, me dit-il.
—Tu tires une tronche de trois pied de long, je lui expliquais. Pourtant, c'était clair, je ne te demande rien de plus. Tu m'as réconforté hier, un moment agréable, point final alors arrête de te prendre la tête.
—D'accord mais...
Il fut coupé par l'annonce de notre vol, c'était tant mieux. Je ne voulais vraiment pas me lancer dans une conversation sérieuse ou même une dispute alors je me levais. Jetant mon gobelet au passage, je prenais la direction de la porte d'embarquement.
Une fois assis sur nos sièges et les bagages rangés dans les compartiments, je lisais les prospectus et les bouquins dans la pochette devant moi, évitant le regard de Connor fixé sur moi. Avant, il refusait de me regarder et maintenant, il me la jouait psychopathe à m'épingler de ses yeux verts.
—Charlie, faut qu'on parle.
Je claquais mon magasine pour le regarder à mon tour. Je n'avais pas envie de me disputer dans un avion et de jouer une scène devant un si large publique. Je voulais que le vol se passe le plus vite possible et rentrer chez moi. J'allais pleurer un bon coup, user quelques mouchoirs et repartir au travail comme si de rien n'était, ni plus ni moins.
Je prenais une grande inspiration pour continuer sur ma lancée.
—De quoi, je demandais. Du temps qu'il fait, de la durée du vol, tu crois qu'ils passeront un bon film ?
Il souffla, énervé et je ne comprenais plus rien à ce foutoir.
—Non, me répondit t-il. De nous.
Nous? On était parti où là encore?
Il était bouché comme un coin ma parole. Pire que les gosses, il fallait sans arrêt lui répéter la même chose.
—Connor, il n'y a pas de nous. Tu as été très clair et j'ai compris. Hier soir, c'est derrière nous, sans importance ni conséquence, c'est clair. Ce qui se passe à Seattle reste à Seattle. Alors, tu veux faire la conversation pas de problème mais on ne parle plus de ça. On essaie d'être ami, d'accord ?
Il hocha la tête pas vraiment ravi mais résolu à m'écouter. Qu'est ce qu'il lui prenait maintenant, il devenait sentimental ou quoi ? Parce que s'il venait à regretter une partie de jambe en l'air, les carottes étaient cuites.
****
Charlie est résolue. Connor tire la tronche. A votre avis, pourquoi ?
Il n'a pas pu ouvrir la bouche le pauvre et pour dire quoi d'ailleurs?
Mon pauvre chéri, il est maltraité ....
On se retrouve lundi pour la suite !
Bises les moches 😘😘
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