-21-CONNOR
"On nous faisait faire de longues marches, on était toujours à la recherche d'un dénommé Charlie"
Forrest Gump
Connor
Ça regorgeait de vieilles dames ici et j'étais perturbé, comme pas à ma place. Je dominais la plus part de plusieurs têtes pour commencer et je détestais l'odeur de rose et de poudre de riz par la même occasion. Je faisais acte de présence pourtant.
Pour Charlie déjà et pour Dean aussi qui m'avait supplié d'être à ses côtés pour partager une bière au moins. J'avais accepté, de toute façon, je ne voyais pas trop bien ou je pourrais être.
Je n'avais pour autant pas eu beaucoup l'occasion de discuter avec Dean aujourd'hui. Il était très pris, du coup je me retrouvais avec les beaux frères de Charlie, un peu mal à l'aise. J'aimais beaucoup le père de Charlie. Un homme pondéré, avec une grande force. Il imposait le respect par sa présence silencieuse mais forte et au vu de sa carrière impressionnante, c'était le genre de bonhomme que j'aurais aimé être plus tard. Nous avions bien accroché tous les deux.
Je n'avais pas tenu rigueur à Charlie de son manque d'information sur la profession de son père. Travailler dans un bureau, ce n'était qu'une farce de sa part de m'avoir dit cela. Et je ne comprenais vraiment pas pourquoi, elle n'en avait pas fait voulu m'en faire part. J'aurais été le mieux placé pour comprendre. Encore ses secrets. Avait-elle honte ? Impossible sinon, elle aurait eu les même sentiments de dégoût pour moi et à ces derniers dires, ce n'était pas le cas.
Pour l'heure, je rongeais mon frein avec Laurel et Hardy, les beaux-frères, rebaptisés ainsi par Charlie. La comparaison n'était pas mauvaise, loin de là et j'avais retenu un rire en les voyant arrivés.
Le plus vieux, assez grand était engoncé dans sa chemise par son embonpoint, ne semblant pas plus à l'aise que moi de se trouver là. Il avait sa dernière gamine remuante dans les bras, elle devait avoir un an tout juste, le nez plein de morve et un sourire édenté, pas réjouissant. Quant au deuxième, c'était un nabot à lunettes un peu trop collé monté à mon goût qui ponctuait ses fin phrases par un « évidement » prétentieux. Heureusement, un sujet réunissait les hommes, le sport et on papotait sur les derniers résultats de base-ball sans grande conviction, j'écoutais plus que je n'intervenais.
Le grand père de Charlie sortirait la semaine suivante et pour remercier les voisins de leur soutien, une fête était organisée en son honneur, d'où la présence du quartier dans la maison des Summers. Je trouvais cela étrange, le grand père n'était même pas là mais je n'avais pas chercher à comprendre suivant les conseils de Dean. Quand sa femme avait une idée en tête rien ne l'écartait de son chemin. J'avais aussi eu du mal aussi à interpréter l'attention particulière que pouvait mettre Carole Summers à me présenter comme étant l'accompagnateur de Charlie et faisant étalage de mon pedigree. J'avais l'impression d'être une bête de foire.
J'avais aidé ce matin à installer les affaires du grand père ainsi qu'un lit dans ce qui était maintenant l'ancien bureau de Dean et tout le nécessaire à son bon rétablissement sous la surveillance de Charlie. Elle prenait grand soin à ce que tout soit à sa disposition au moment où il quitterait l'hôpital, allant du matériel médical qui arriverait bientôt à ses affaires personnelles que nous étions allés chercher tous les deux après une visite à l'hôpital le matin même.
J'avais eu l'occasion de discuter avec cet homme et de sympathiser assez rapidement, là aussi. Un vieil homme souriant, sa petite fille aux petits soins pour lui. Ils partageaient une complicité rare, ça se voyait comme le nez au milieu de la figure. Il m'avait ordonné de l'appeler par son prénom Jérémy et pas autre chose. Nous avions évidement discuté de Charlie mais il ne m'avait pas posé de questions embarrassantes mais je le soupçonnais d'en savoir plus sur moi que je ne l'imaginais. Son regard ne trompait pas. D'ailleurs, ces fameux yeux gris étaient les mêmes que sa petite fille et que son fils et j'avais l'impression d'en avoir toute une armée qui me visait, déroutant. Des missiles à la place des pupilles, on avait l'impression d'être déshabillé, scanné et analysé sans un seul mot. Mais j'avais vraiment apprécié cet homme qui rendait Charlie heureuse et tout ce qu'elle m'avait raconté sur lui, le classait dans la liste des gens à apprécier. Il était le soutien de Charlie, sans faille.
Cette famille était vraiment étrange, diamétralement opposé à la mienne, en tout point. Ils remuaient tout le temps dans leur petite maison chaleureuse. Ce foyer était un drôle de cliché regorgeant de bouillonnement humain qui n'était pas pour me déplaire. On trouvait une considérable série de chaussures alignés dans l'entrée témoignant des allers et venus incessants. Des coussins en grand nombre sur les fauteuils et canapés, des tapis partout, des bibelots à profusion, des souvenirs, une cheminée pleine de photos de leur vie mouvementée. Un léger désordre naturel invitant au laisser allé. C'était vivant et très loin de l'intérieur cliniquement sain de chez ma mère et ça me rappelait ma vie en Irlande un peu . Le cottage de mon père et remplit de vie là aussi par ma belle mère, Mary.
Beaucoup de tumulte également dans cette maison entourée de verdures, sans aucun moment de répit apporté par les quatre femmes de la maison qui se prenaient le bec sans arrêt. Rien de méchant, c'était plutôt drôle même. La mère de Charlie était une femme hilarante à ses dépends. Maladroite, sa fille cadette tenait d'elle sur ce sujet d'ailleurs. J'avais été complément embarqué dans leurs vies en y trouvant une place étrangement. On m'avait demandé mon opinion, mes avis sur plein de sujet ainsi que mes préférences culinaire, j'avais pu participé à leur vie dans une bonne ambiance.
Charlie repartirait en avion demain avec moi, elle s'était débrouillée avec son boulot pour obtenir des places côte à côte. Elle avait passé pas mal de temps au téléphone pour cela et ça me rassurait un peu mais je redoutais le retour, cependant.
Ici, entrainé dans cette atmosphère conviviale, nous étions juste Connor et Charlie. Complice comme avant, de bon amis qui se soutenaient, plaisantaient mais à Los Angeles toutes les merdes que j'avais engendré me reviendrait sur la gueule. Je me demandais si nous pourrions dépasser tout cela. Revenir à une relation plus calme, différente mais dans un cadre moins tendu. Je n'avais pas les réponses et je n'osais pas lui demander, ne voulant pas l'importuner. Charlie avait d'autres chats à fouetter que mes états d'âme. Alors je continuais à faire acte de présence, consentant à la place qu'elle voulait bien m'accorder.
Alerté par des voix qui dépassaient le son ambiant, je continuais discrètement à surveiller Charlie. Jetant un coup d'œil régulier sur Charlie qui remuait les bras en fronçant les sourcils le tout devant ses sœurs. A chaque fois qu'elles étaient réunies, ça tournait au pugilat mais personne ne semblait s'en offusquer. J'étendis même le mari de Claire, l'aîné bougonner.
—C'est reparti pour un tour.
Il disait cela en levant les yeux aux ciel puis reprit d'un voix lasse à mon intention cette fois.
—Évite de te mettre au milieu, pour ton bien.
Il s'éloignait de quelques pas dans le sens inverse afin de surveiller ses deux autres enfants et l'autre dont je ne me rappelais plus le prénom se bâfrait devant le buffet, aveugle à la futur dispute en préparation donc je me retrouvais plus ou moins seul, spectateur.
J'avais assisté à leurs bagarres invraisemblables déjà et il demeurait une constante. Charlie s'opposait systématiquement à ses sœurs, si les deux autres disaient blanc, elle jurait noire et inversement. Rien ne les mettait d'accord à part celui d'être en désaccord. C'était toujours leur mère qui endossait le rôle d'arbitre pour arrêter les cris tandis que je suivais Dean à l'extérieur, dans son jardin qui était un havre de paix à l'abris des filles furieuses. Mais j'avais sérieusement du mal à discerner la relation des sœurs même si elle apportait son lot de situation comique.
A présent, les deux autres faisaient face à Charlie qui avait les bras croisés comme si elles attendaient des explications. Puis Charlie tapa du pied enserrant les poings. C'était mauvais signe. Quand je voulais me diriger vers elle, je fus arrêté par un duo d'octogénaires. Des petites mamies endimanchées aux visages marqués de rides par le temps mais à l'expression polissonnes.
—C'est vous le nouveau beau-fils de Dean et Carole, me demanda celle qui devait être là plus ancienne.
Avant que je puisse répondre, la deuxième enchaîna.
—C'est bien mieux. Bien mieux.
Elles reprirent leur chemin tout en ricanant. Je commençais à comprendre les dires de Charlie quand elle parlait d'une ville de tordus. Ou ils étaient tous drogués, ou quelqu'un devait s'amuser à déverser des produits illicites dans les réserves d'eau de la ville. Putain, je mettais à délirer aussi.
Au secours.
Je repris mes esprits pour me concentrer sur Charlie qui avait disparu de mon champ de vision. Je ne la voyais nulle part. Je fis le tour du propriétaire en passant par les chambres mais rien alors je jetais un coup d'œil par la fenêtre. Elle se cachait dans le jardin, assise sur une balançoire. Elle se laissait bercer tout en regardant vers le ciel. Je la trouvais jolie dans sa robe vaporeuse tout en simplicité. Sa beauté naturelle me fila un coup de fouet.
Qu'est ce que je ne ferais pas pour cette fille !
****
Je suis fière de mon Connor. J'espère que c'est votre cas aussi ?
Ça augure que du positif tout ça.
✨✨✨
Dernier jour avant leur grand retour à Los Angeles,
du coup vous l'imaginez comment ce retour ?
Bises les moches 😘😘
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