-16-CONNOR

"J'étais comme un animal blessé qui se terre : mieux vaut le laisser se guérir tout seul, on risque de se faire mordre si on tente de l'aider."

Inconnu


Connor

Renfrogné assis derrière mon bureau, je ne vis pas mon binôme qui s'approchait un peu trop de moi.

—A qui appartient cette belle trace de main.

Jared essaya de me prendre le visage mais je repoussais sa main. Nous étions lundi et j'avais encore la marque visible de la main de Charlie sur la gueule, même après deux jours, la preuve qu'elle n'y avait pas été de main morte.

—Ca te regarde pas.

Il en profita pour se marrer et se foutre de ma gueule.

—Oooh, attention le loup irlandais est de mauvais poil.

Plus que de mauvais poil et son attitude désinvolte ne m'arrangeait pas.

—T'as pas un rapport à écrire ou quelqu'un d'autre à emmerder, sérieux.

Je me levais, j'avais pas envie de rire surtout pas aujourd'hui. Pourtant, il me bloqua le passage et tous se tournèrent vers nous. Ils n'avaient rien d'autre à foutre que de jouer les commères dans ce service. Je maîtrisais mon énervement à la lisière de mes nerfs.

—Tu t'es fais larguer par ta nana ?

Il enfonçait toujours plus clou.

—Lâche moi la grappe putain, Jared.

—Mec, tu vas pas te prendre la tête pour une fille. Y en a des tas qui attendent juste une chose.

Il mimait une pénétration faisant rire la moitié du bureau.

—Celle là était coincé du cul.

Je me jetais sur Jared, il ne connaissait pas Charlie. Il n'avait pas à en parler, elle en valait dix même cent comme lui.

—Heasley, Wright! Arrêtez vos préliminaires. Dans mon bureau !

La voix du chef résonna comme un coup de canon, faisant taire le service.

On se rendit tous les deux dans le bureau. Je le poussais pour passer le premier, ce petit roquet n'avait pas intérêt à me chier dans les bottes.

—Au lieu de vous chamailler dites moi un peu, où en êtes-vous sur l'enquête ?

Une nouvelle enquête. De nouvelles drogues et toujours les même combats.

—Ça avance pas vite, plaida Jared. C'est une nouvelle drogue qui circule, pas de doute. Le niveau de pureté est pas mal, elle est pas chère. Les flics en ont trouvé un peu partout à différentes raves, fêtes d'étudiants, c'est là que on a repris l'affaire depuis on avance à petits pas. C'est pas faute de vouloir passer à l'action.

—Arrête, je le coupais. C'est toujours pareil avec toi, tu réfléchis pas, jamais plus loin que le bout de ton nez. On va arrêter des dealers et parader dans les journaux parce que on aura intercepté quelques dizaines de kilo de drogues. Et après, on sait bien que y en aura d'autres pour venir prendre la place vacante, c'est le serpent qui se mord la queue.  J'en ai marre de jouer petit. On a l'occasion de frapper un bon coup pour une fois.

Jared me regardait en soufflant mais il savait que j'avais raison. Le chef hochait de la tête, voir la gloire de la DEA atteindre des sommets ne serait pas pour lui déplaire.

—Vous pensez en être capable, Heasley ?

—Y a du boulot de préparation avant de faire quoi que se soit.

J'étais content de pouvoir me plonger plus dans cette affaire, ça allait me permettre de penser à autre chose. J'avais retourné en boucle la dispute. Charlie avait avoué qu'elle était amoureuse de moi. Comment j'avais pu laisser les choses aller si loin?Fallait que j'arrête, j'étais en boucle comme un vieux 45 tours, merde. Je passais en mode combat.

—On sait que ça fait quelques mois que la drogue s'écoule dans notre ville, est ce qu'elle arrive ici directement où elle est présente ailleurs ? Les scientifiques disent que c'est de la colombienne mais tous les dealers qu'on arrête nous informes sur des mexicains, des petits revendeurs sans grand intérêt. J'y vois un réseau beaucoup plus vaste que l'on pense. Laissez nous enquêter dans le milieu, jauger un peu. Je veux pas que ça finisse comme la dernière fois, le FBI n'aura pas tous les lauriers. Si ça doit se finir sur un autre terrain, je veux en être.

J'avais balancé ma tirade d'un seul souffle, ça me démangeait le cerveau depuis quelques jours.

—Que me dites-vous là ?

—Vous avez très bien compris, patron. Si je dois lourder mon cul au Mexique, je fais ma valise et je fonce.

Il me jaugea un instant avant d'acquiescer. C'était dit. Personne ne pourrait rien y faire.

—Vous avez carte blanche, Heasley. Whright vous le suivez. Vous formez une bonne équipe. Je veux pas de vagues, je vous presse pas mais je veux un boulot bien fait. A la clé, y aura une place de choix pour vous deux.

Je sortais en premier, je n'avais plus rien à faire ici. J'en avais ma claque de supporter les blagues graveleuses de mes collègues. Le pas bruyant du blonde me montrait qu'il  n'avait pas fini d'en découdre avec moi.

—Maintenant que tu as décidé de m'écouter et de larguer cette nana, tu vas peut-être te concentrer et faire bien ton boulot ?

La goutte qui faisait déborder le vase. Je le plaquais contre le mur, usé par autant de défiance.

—T'as gueule Jared. Si je suis pas là pour faire le sale boulot à ta place, tu serais même pas dans ce bureau, alors te prend pas pour le plus intelligent. Va te faire foutre.

Ils étaient tous en train de nous regarder.

—Allez tous vous faire foutre.

Je devrais quitter cette ville de merde, me casser. Au moins je ne connaîtrais personne et je n'aurais pas à parler à qui que se soit.

***

J'avais passé la semaine de mauvais humeur. Je dormais mal, je n'arrivais pas à me concentrer. Tout  se bousculait dans ma tête. J'étais parti tous les soirs courir et j'avais vu Charlie au loin. J'avais essayé de la suivre mais elle était rapide et puis qu'est ce que je pourrais bien lui dire de plus ?

Que je l'adorais, que je voudrais la voir revenir dans ma vie mais que l'on se fréquente selon mes règles ?

Ça ne menait à rien.

Et puis dans le boulot, je me heurtais à des murs, je voulais vraiment savoir par où passait cette putain de drogue. J'avais usé des heures, assis dans la bagnole pour suivre les activités de revendeurs mais on avait rien de concret. Sur le papier c'était facile, on arrêtait les dealers qui nous conduisaient aux revendeurs puis les nombreux intermédiaires, les entrepôts et ça permettait de remonter les cartels. Ça c'était dans les films à la con sauf que dans la réalité, on se heurtait aux procédures des grattes papiers. Il fallait avoir une patiente à rude épreuve alors je me m'en tenais à mes plans mais je savais que j'y parviendrais coûte que coûte.

Quelques noms chopaient au hasard de mes recherches n'avaient rien donné de concret mais le problème majeur était que on se faisait la gueule avec Jared, je ne le supportais plus.

Si je m'écoutais, je demanderais une mutation mais j'avais mon enquête à boucler et le chef comptait sur moi. Une pression de plus. Mon cœur allait flanché d'être si mal surmené.

***

Les jours passent mais ne se ressemblent pas. Une belle connerie si vous vouliez mon avis.

Ils étaient parfaitement semblables. Se vautrer dans les bars malfamés, malmener quelques gars pour les faire cracher, tourner en rond comme un félin dans sa cage, voilà à quoi ressemblait ma vie. Ça ne tournait plus rond, un rouage avait cédé, pièce impossible à remplacer et elle portait un nom. Je me refusais à trop y penser et je me plongeais dans le travail devenu un peu salutaire. Les heures que je passais chez moi était devenu un supplice.

Beaucoup de ses affaires étaient encore ici et je n'avais pas voulu y toucher. Un sursaut de bonheur illusoire comme si un peu de sa présence que je retenais, arriverait à combler le manque. Une illusion qui ne me satisferait pas longtemps.

Je n'étais qu'une machine de guerre armée jusqu'aux dents prêt à mettre les gaz pour bondir mais rien ne se passait. Même les entraînements avec Abraham ne m'avait pas soulagé, je cognais comme une brute. Je ne voyais plus mon adversaire, il avait fallu la force de deux boxeurs pour m'écarter et Abraham m'avait foutu l'engueulade la plus grande que j'avais connu depuis belle lurette. Viré, jusqu'à nouvel ordre.

Malgré les appels incessants de Matt pour prendre de mes nouvelles, je ne décrochais pas, écoutant juste ses messages inquiets. Personne ne voulait m'approcher et ça m'arrangeait bien. Je ne voyais plus Ana, ne m'approchant pas d'un bar ou d'une bouteille. Je ne dormais toujours pratiquement pas, tournant et retournant dans mon lit comme une girouette avec la seule et toujours même pensée.

Que faisait Charlie ? Comment allait-elle ? Plus aucune nouvelle.

J'avais peur de craquer. Elle m'aimait.

Charlie, si tu savais comme dans ma tête ça éclate.

Est ce qu'elle avait mal comme moi ? Le mal d'elle. Ce manque me détruisait la poitrine. Et si j'avais osé parler?

Puis le coup de pouce du destin, celui qu'on désespérait m'avait tenu éloigné de mes mauvais songes, de tout arrêter, de tout envoyer en l'air, m'obligeant à passer mes journées et mes nuits au bureau.

J'avais arrêté le bon, un revendeur local qui m'avait informé plus que les autres. Ses oreilles traînaient un peu trop et quelques chatouilles lui faisaient chanter les informations mieux que la Traviata, un air d'opéra.

Jackpot pour moi. Une soupape qui se levait pour m'offrir un peu de répit.

Une opération de démantèlement et la DEA de Los Angeles pouvait se glorifier dans les journaux d'avoir découvert un stock de presque une tonne de drogue et d'armes faisant intervenir l'ATF à nos côtés mais c'était loin d'être fini. Juste la partie émergée de l'iceberg et j'étais bien décidé à trancher la tête de cet bête.

Une réunion crise organisée alors avec cette nouvelle équipe de l'ATF qui venait se joindre à nous. Ils étaient arrivés dans nos locaux comme des cow-boys à l'assaut du grand Ouest. Leur chef en tête de file. Il ne m'inspirait pas vraiment confiance.

***

—Heasley, je peux vous parler ?

Qu'est-ce que me voulait cet oiseau ? Les derniers sortirent nous laissant seuls dans cette vaste salle puis Rowland, le fameux chef ferma la porte. S'appuyant à moitié sur une table, il me fixait et je commençais à me sentir vraiment mal à l'aise.

—J'ai parcouru attentivement tous les dossiers que vous avez monté pour cette affaire. Ainsi que les précédentes sur lesquelles vous avez bossé. Je suis admiratif.

Un compliment ? Je n'aimais pas cela surtout venant de ce mec. Environ quarante cinq ans, bien conservé, il avait la tête de l'emploi. Une gueule de m'as-tu vu, tout propre sur lui peut-être un peu trop.

—Vous avez un sens inné de l'observation et de la déduction. Un expérience sur le terrain, infiltrations réussies. On sent que vous maîtrisez vos sujets. Un bon agent de terrain, travail propre sans bavure. On ne tarie pas des loges dans les bureaux, sur vous. Votre nom est souvent cité.

Je continuais à le regarder voulant voir où le menait tout ce déballage de louange à mon égard.

—Tout cela pour dire que vous êtes le genre d'homme que je recherche dans mes équipes.

Nous y étions, du léchage en règle. Je comprenais pourquoi il occupait cette place, parfait dans son rôle. Je ne me laissais pas démonter pour autant.

—C'est une proposition d'emploi ?

Un rire sans joie de sa part. Il me prenait pour un gland.

—Tout à fait. J'ai plusieurs équipes dont à Sacramento et à San Diego qui ont des places vacantes et un élément de qualité comme vous serait un réel atout.

La chance inespérée de partir loin et de tout recommencer mais trop alléchante pour que cela vaille le coup.

—Rowland, je suis ravi de cette offre mais pour l'instant, je ne souhaite pas quitter la DEA. Je veux vraiment finir cette affaire.

—Je comprend, sachez que mon offre à une durée illimitée. Je me permets d'insister peut-être lourdement certes mais ne la prenez pas à la légère. Les services de l'ATF ont été taché par des affaires de corruption. J'essaie de lui redorer son blason.

Je hochais la tête sensible à ses révélations. Le temps pour moi de partir n'était pas à l'ordre du jour, pas encore. Je n'avais pas fini ce que j'avais entrepris et ne savais toujours pas si Aydan viendrait faire ses études à l'automne prochain, pas question de faire faux-bon à mon petit frère, pas une deuxième fois.

Le reste était devenu tellement délétère pour moi que je ferais mieux de mettre les voiles.

****

Hey !
On se plonge un peu plus dans la vie de Connor, loin de Charlie. Après tout, il n'est pas que cet homme indécis sur l'amour, non, il a vraiment métier.

J'ai fais pas mal de recherches sur ce milieu et ce n'est pas évident, je vous le dis . Alors si vous avez des suggestions ou des choses qui vous paraisse idiotes ou incompréhensibles dites le moi, ça ne pourra que m'aider .

Pourquoi ce choix de se plonger dans tout cela ?

Hahaha alors là mes jolies, je ne dirais rien de plus mais c'est une grosse part de cette romance qui n'est pas que cela ...

Allez bises 😘😘

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