-13-CONNOR

"Tout le jeu de la guerre se joue sur la faiblesse du guerrier."

Jean Giono

Connor

Énervé, fatigué de cette situation, je donnais un coup de pied dans une poubelle faisant hurler plusieurs chiens du quartier. Je grimpais à la suite de Charlie, frappant brusquement à la porte de son appartement.

Charlie m'ouvrit tout de suite, tirant la porte sans me jeter un regard et revenant dans la cuisine.

Je suis si prévoyant que ça, c'est effrayant.

Je claquais la porte bruyamment.

Ce soir malgré son numéro de charme qui avait très bien marché sur Cameron, j'y voyais la tristesse. A sa dernière phrase, j'avais bien senti l'indifférence comme si elle m'avait rayé de sa vie. Il n'y avait aucune expression dans son visage. Je ne savais pas pourquoi j'avais eu besoin de monter chez. Cette attraction peut être qui poussait toujours à faire ce que je ne voulais pas.

—Vas-y parle, me dit-elle en se posant sur un siège, les épaules basses. J'écoute, d'ailleurs, je ne fais que ça t'écouter mais laisse moi prendre un café avant sinon je risque de m'endormir.

—Tu n'es pas drôle.

Elle ironisait me montrant que son point d'énervement était proche.

—Désolée Connor mais je suis fatiguée de devoir te supporter. Excuse-moi également de ne plus te faire rire. J'étais en train de me dire, qu'est ce que vous devez vous ennuyer quand je ne suis pas là pour amuser la galerie.

Ses yeux tournaient aux noirs tandis que ses mains s'agitaient devant moi.

—Je vous imagines bien, assis en rond, soupirant de désespoir en vous disant pourvu que Charlie revienne. Elle nous manque tant, rappelle toi comme on aime se moquer et rire d'elle, c'est si poilant.

Son ton était tellement plein de venin. Prête à exploser mais je ne voulais pas qu'elle se sente comme une moins que rien ou qu'elle essaye de devenir une autre. Elle était parfaite comme cela. Ce n'était pas mon but.

Nous y étions enfin. Ce lien qui nous maintenait allait se briser.

—Pourquoi est-ce que tu agis de cette manière, je demandais.

Elle était si acide, ses yeux noirs de colère.

Au bord de la suffocation, la peine ne tarderait pas à tomber.

—Parce que je n'en peux plus, cria t-elle à bout de force.

Mes mots d'excuses ne suffiront jamais mais je te jure qu'après ça, tu sentiras mieux, je te le promets.

J'avais abusé de sa confiance et je lui en demandais tellement de nouvelle chance que c'était du sado masochisme de sa part. Je m'en rendais compte. J'aurais voulu la serrer contre moi mais elle allait me repousser.

Un geste mérité.

—Je n'en peux plus de devoir repousser sans cesse mes sentiments. De faire semblant de ne pas t'aimer alors qu'à chaque fois que ton visage effleure mes pensées, mon cœur bat plus fort. Quand je te vois, je voudrais mourir plutôt que de ne pas être contre toi. Connor, tu ne peux pas m'infliger ça plus longtemps, soit tu acceptes ce qu'il se passe entre nous ou alors tu t'en vas et tu ne reviens plus.

Je sentais mon visage se décomposer et mon sang le quitter. Mon cœur accélérait et je paniquais. Tandis que le visage de Charlie se noyait sous ses larmes.

Les mots prononcés étaient plus tranchants qu'une lame de couteau.

Tu vois, tu l'as dis. Alors Charlie est ce que ça fait du bien ? Je ne le saurais jamais et je m'en veux tellement si tu savais.

—Je te jures que ce n'est pas ce que je veux au fond, je voudrais être celle que tu as besoin, j'ai essayé reprit-elle entre deux sanglots. Mais je n'ai plus le choix car je ne peux pas rester comme ça sans savoir et je ne veux pas me perdre parce que je suis amoureuse de toi.

Enfonce le couteau. Je ne t'en voudrais pas. Fais moi mal parce que je le mérite. Prend toutes les parties de mon cœur et de mon âme si tu le veux.

—Tu m'as fais connaître le paradis, reprit-elle. J'ai vécu ces mois avec toi comme dans un rêve, je me sentais belle, désirée et importante. Tu m'as blessé, trahi et à chaque fois, j'ai ravalé mon aigreur pour te donner une chance supplémentaire mais aujourd'hui, je ne peux plus.

Je sais. Je voudrais prendre ta douleur, cette douleur que je t'ai causé.

Je vis des larmes brûlantes aux coins de ses yeux couler lentement sur ses joues. La voir pleurer en fixant ainsi me faisait comprendre à quel point Charlie pouvait souffrir.  Une dernière supplication de sa part, dans l'ultime but de me faire réagir .

Comment ne pas réagir devant sa beauté et céder à son amour? Mais je ne pouvais pas, il y a trop facteurs à prendre en considération.

Tu vois à quel point je suis lâche et combien je ne te mérites pas.

Mon boulot en premier, c'était dangereux, je n'étais jamais disponible, pouvant disparaître pendant des semaines. Ça c'était mon excuse bidon que je servais à tout le monde. Surtout, je ne me sentais pas prêt à vivre une relation suivie, j'étais assez adulte pour l'admettre. Je voulais me frapper de ne pas y arriver, de le faire pour elle, Charlie en valait la peine.

Elle avait besoin de quelqu'un qui soit à sa hauteur, qui la mérite. Il était temps d'arrêter de jouer et de jouer avec elle. Elle s'essuyait les yeux en tapant du pied, elle s'énervait contre elle même, à cause de moi.

Je voudrais être aussi celui qu'il te faut.

Je sentis aussi de la colère, contre moi, de ne pas être capable, de mon boulot, de cette ville. Contre elle d'être si belle alors je réagissais comme je le faisais toujours, ça sera plus facile pour Charlie.

Encore pardon pour ce que je m'apprête à faire. Ça me fait plus mal qu'a toi, crois-moi mais je vais nous donner le coup de grâce.

—C'est non Charlie, je commençais. Je ne veux pas être avec toi comme tu le voudrais et tu le savais. Je ne suis pas seul coupable. Toi aussi, tu m'as embrassé. Puis le soir de l'anniversaire de Sasha, tu t'es transformé en démon pour me séduire et me rendre jaloux alors que je t'avais prévenu.

Les mots me taillaient les lèvres comme des bouts de verres. Je saignais en parlant.

—Tu dis que c'est ma faute, cria-t-elle en relevant son dos.

Tu n'es pas coupable, non. Jamais. Charlie, je suis le seul fautif mais je ne sais pas comment faire autrement. Je préfère détruire tes espérances, que tu ressentes cet autre sentiment, celui qui t'aidera à m'oublier.

—Je dis, continuais-je toujours calme. En six mois, j'ai rencontré plusieurs Charlie, tu n'es jamais la même et je ne sais pas comment comprendre tes réactions.

La colère, la haine, crois moi, elles aident. Tu les connais, tu les as approché d'assez prêt pour savoir qu'elles maintiennent en vie.

—Vas-y accable moi encore plus, me cracha au visage Charlie qui avait regagné en intensité. Change de conversations par la même occasion, tu n'es bon qu'à ça. Désolée si ma personnalité, non, mes personnalités ne te plaisent pas, c'est ce que je suis.

—Je n'ai pas dit que tu ne me plais pas.

J'avouais. A point où nous en étions, plus rien ne semblait avoir d'importance. Vérité, mensonge, tout se mélangeaient.

—Non, tu me fais des reproches constamment, tu souffles le chaud et puis le froid. C'est l'hôpital qui se fout de la charité.

Tu vois que je te connais. Je sais faire. Alors tu es fière d'avoir raison Charlie ? Parce que moi, j'ai honte.

Ses joues étaient rouges vif, ses yeux ne pleuraient plus au moins, elle était furieuse. Elle se débarrassa de sa veste et l'envoyait valser à travers la pièce puis avança vers moi. Je reculais, je ne voyais pas très bien à quelle distance je me trouvais de la porte.

—Tu avoues que je te plais, que tu es jaloux des autres hommes mais tu refuses d'être avec moi et tu m'empêches de tourner la page. Pourquoi ?

Tu n'auras pas de réponse. Jamais, je vais enfouir tout cela en moi, l'étouffer jusqu'à ce que il disparaisse.

—Je ne sais pas, ma voix ne fut qu'un murmure.

Je le sais oui. Je n'ignore rien. Je préfère souffrir de cette perte maintenant que de te voir partir un jour parce que je ne serais pas ce que tu voudras et de m'abandonner.

Elle me gifla, ma tête partit sur le côté et je sentis la brûlure de sa main. J'eus un sentiment d'injustice qui retomba, je ne l'avais pas volé. Elle s'écarta de moi d'un pas rapide pour aller dans sa cuisine. L'ilot central metait une barrière entre nous.

Tu m'en ferais subir davantage que je ne bougerais pas d'un iota.

—Va t-en, hurla t-elle. Je ne veux plus jamais te voir.

Tu vas respirer, t'en sortir. Tu es forte, plus forte que moi, je le sais.

—Charlie....

Je regrettais tellement de ne pas pouvoir lui répondre ce qu'elle aimerait. Elle jeta un verre contre le mur d'en face.

—Non, va t'en, je t'en supplie, va t-en.

J'avais eu ma victoire.

—Pardon pour ce que je t'ai fais vivre, je n'aurais pas du laisser cette relation aller si loin entre nous. Je te rend ta liberté.

J'ouvrais la porte mais sa voix m'arrêta dans mon geste. Sans me retourner je l'écoutais son avertissement.

—Un jour tu vas te retrouver seul sans personne parce que tu vas repousser tout ceux qui t'aime et là tu comprendras. Mais il sera trop tard, Connor.

Le fameux coup de grâce. Tu viens de me planter une deuxième et je ne t'en veux . Tu as raison, je le sais.

Je fuyais l'appartement, en claquant la porte bien décidé à ne plus m'approcher de Charlie. Je lui devais, elle avait mal à cause de moi. Je tenais bien trop à elle pour continuer. J'avais appuyé sur ses faiblesses pour qu'elle me déteste et c'était le cas ce soir, je savais qu'elle ne m'approcherait plus.

Nous ne serions pas ami, juste des étrangers. Elle serait plus brillante qu'avant, Charlie avait enfin les armes pour avancer dans sa vie. Nos étoiles s'étaient percutées pour reprendre leurs trajectoires. La mienne sombre, abîmée mais c'était pour elle alors j'étais prêt à même à la laisser s'éteindre.

Pourtant à ses côtés, je m'étais senti avoir des ailes et m'ouvrir au monde. Elle était exigeante mais elle donnait tellement. Je ravalais la boule qui s'était formé dans ma gorge. Charlie était une drogue pour moi et je devais me sevrer. J'allais lui rendre sa liberté qu'elle avait demandé, je le jurais.

Je gagne toujours malgré tout, malgré moi et aujourd'hui pour la première, je déteste cette victoire et je la regrette .

****

Bon bah voilà clap de fin. On remballe.
Noooooon, je déconne 🤣

Je n'ai rien à dire. Je sais ce que vous pensez. Ça me parvient jusqu'aux oreilles.

A l'heure actuelle, je suis cachée sous un monceau du coussin, histoire de me protéger.

Allez Bises (un peu?)

😘😘

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